Samedi 7 juin 2014 : sermon du pèlerinage de Chartres par M. l’abbé de La Rocque

Qui est ce dieu de Jésus ? Pour ma part, je ne connais que Jésus Dieu

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit, ain­si soit-il,

Chers pèle­rins,

Vous voi­ci déjà nom­breux, réunis autour de l’au­tel, autour de ce magni­fique thème de notre pèle­ri­nage de cette année, la Victoire de l’Agneau.

Malgré les averses et autres adver­si­tés, c’est une vic­toire que pen­dant trois jours vous allez célé­brer, chan­ter, magni­fier, loin de ce pes­si­misme de cer­tains qui se repaissent dans l’at­tente, et fina­le­ment dans l’u­nique espé­rance, d’un châ­ti­ment, vous venez dire, mani­fes­ter, témoi­gner de la pré­sence, de la vic­toire de Notre-​Seigneur Jésus-Christ.

Qui dit vic­toire, dit com­bat et donc, vous vous éloi­gnez tout autant de cet opti­misme béat, de cet iré­nisme, de ceux qui vou­draient igno­rer la lutte que les puis­sances des ténèbres opèrent jour après jour contre le Royaume de Dieu. Et c’est pour­quoi cette vic­toire que vous célé­brez est celle de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ. Avec ce thème, nous ren­trons au cœur de notre reli­gion en ce qu’elle a de plus beau, un Dieu qui s’est fait homme afin d’être pour nous notre sau­veur, notre libé­ra­teur. Un Dieu qui nous a tant aimés qu’Il nous a don­né son Fils.

Puisse l’Esprit-​Saint, au cours de ces trois jours, vous don­ner de péné­trer inti­me­ment cette puis­sance extra­or­di­naire d’a­mour, de la cha­ri­té de Dieu pour nous, à tra­vers ce grand mys­tère de la Rédemption. Notre-​Seigneur Jésus-​Christ en quelque sorte a vou­lu comme se por­ter res­pon­sable de nos fautes, de nos péchés. Il a vou­lu les prendre sur lui, parce que lui seul Agneau inno­cent, lui seul Agneau de Dieu, pou­vait dans sa chair vaincre le péché, vaincre nos offenses, ren­ver­ser le Prince des ténèbres. Oui, saint Paul constam­ment s’ex­ta­sie­ra de cette magni­fique réa­li­té qui défi­nit notre reli­gion. En ceci, dit-​il aux Romains, l’a­mour de Dieu – il uti­lise un mot très moderne – en ceci l’a­mour de Dieu a écla­té pour nous en ce qu’il nous a don­né son Fils, qui est mort pour nous alors que nous étions morts par nos péchés. C’est cette immense, cette infi­nie cha­ri­té dont il importe de vous lais­ser péné­trer tout au cours de ces trois jours. Lui, ecce Agnus Dei, lui le véri­table Agneau pas­cal. Là s’ac­com­plit ce qui n’é­tait que figure dans l’Ancien Testament.

Mais vous le savez, lors de cette pre­mière pâque, libé­ra­trice de simples des­potes humains, en cette pre­mière pâque, il ne s’a­gis­sait pas sim­ple­ment d’im­mo­ler l’a­gneau, il fal­lait encore le consom­mer, plus, appli­quer sur le lin­teau de sa porte le sang de l’a­gneau afin d’é­car­ter le pas­sage, la pâque, le pas­sage de l’Ange exter­mi­na­teur. Ce mys­tère de la vic­toire de l’a­gneau se doit encore d’être appli­qué, jour après jour, sur cha­cun d’entre nous pour béné­fi­cier de sa vic­toire, la faire nôtre. Il importe que nous aus­si, nous soyons mar­qués par le sang vic­to­rieux de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ. Et voi­là pour­quoi le Bon Dieu dans son infi­nie misé­ri­corde, a vou­lu que ce sacri­fice vic­to­rieux reste per­pé­tuel­le­ment pré­sent au sein de son Eglise, la Messe, renou­vel­le­ment du Saint Sacrifice de la Croix. Amour de Dieu, tou­jours en acte, chaque jour opé­rant sur nos autels. Ecce Agnus Dei, vous dit jour après jour le prêtre en vous pré­sen­tant la Sainte Hostie. Oui, c’est par Lui, c’est par Lui, avec Lui et en Lui que nous avons le salut, que nous pou­vons aller à Dieu, que nous pou­vons chan­ter la gloire de Dieu. Par Lui, avec Lui, en Lui et pour Lui.

Ce mys­tère si beau, si char­gé de l’a­mour de Dieu, vous savez hélas com­bien il est remis en cause aujourd’­hui. Désormais, on veut s’a­dres­ser à Dieu indé­pen­dam­ment de Jésus-​Christ hors du salut qu’il nous a appor­té. Et c’est avec une infi­nie tris­tesse que nous voyons le repré­sen­tant même de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ sur cette terre, prier indé­pen­dam­ment de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ. Réunir un chef d’é­tat de reli­gion juive, un chef d’é­tat de reli­gion musul­mane, pour ensemble prier en faveur de la paix. Est-​ce là leur nou­velle pen­te­côte qui écarte Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, qui fait fi de la Rédemption ? Vous l’a­vez vu, atter­ré, se recueillir devant le mur des lamen­ta­tions, prier sans Notre-​Seigneur Jésus-​Christ. Que dis-​je, par les mots mêmes de sa prière, bafouer Notre-​Seigneur Jésus-​Christ. S’adressant d’a­près ces mots : O Seigneur, Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, Dieu de Jésus le naza­réen. Ce sont les mots mêmes employés, écrits. Jésus n’est-​il que com­pa­rable à Abraham, Isaac et Jacob ? Qui est ce dieu de Jésus ? Pour ma part, je ne connais que Jésus Dieu. C’est la foi catho­lique elle-​même qui nous le dit, ce Dieu incar­né qui est venu nous sauver.

Devant ce qui est le drame d’une âme chré­tienne, notre seule pro­fonde réac­tion pos­sible est pré­ci­sé­ment celle de la croix. Vous le savez, la Rédemption même nous le dit, seule la croix de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ sauve. Ce ne peut pas être, ce ne doit pas être une simple réa­li­té spé­cu­la­tive dans nos têtes. Il faut que ce soit une réa­li­té vécue en cha­cun d’entre nous, rendre pré­sente aujourd’­hui et main­te­nant la croix de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, la croix rédemp­trice de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, pour le salut du monde d’aujourd’hui.

Aimez, aimez à vous retrou­ver autant que pos­sible au pied du sacri­fice de la croix renou­ve­lé sur les autels chaque jour, aimez à aller à la Messe, non seule­ment le dimanche, mais autant que vous le pou­vez en semaine. Aimez vous unir à la croix rédemp­trice. N’ayez pas peur de lais­ser la croix habi­ter en par­tie vos vies. N’en ayons pas peur. Nous le savons, Notre-​Seigneur, sur cette terre, est cloué à la croix, uni à la croix. Et c’est là sans doute que vous Le trou­ve­rez d’une manière si intime que cela vous sur­pren­dra. Aimez cela.

C’est fina­le­ment ce que pen­dant trois jours vous allez faire. Vous allez unir votre prière, vous allez unir vos efforts, vous allez unir vos sacri­fices, votre cha­ri­té fra­ter­nelle au sein d’un cha­pitre, vous allez unir tout cela à la croix rédemp­trice de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ. Vous allez lun­di après-​midi, nom­breux, très nom­breux, suivre Notre-​Seigneur Jésus-​Christ Hostie, vous allez chan­ter à la face d’un monde dépri­mé, vous allez chan­ter cette vic­toire appor­tée par la croix, appor­tée par l’Hostie, appor­tée par Notre-​Seigneur Jésus-​Christ. Laissez-​vous habi­ter par cette puis­sance de l’Esprit-​Saint afin d’être ain­si ses témoins non seule­ment ces trois jours mais chaque jour de votre vie. Lui-​même, Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, s’é­tant fait notre avo­cat désor­mais dans les Cieux, vous le demande, vous serez mes témoins, dit-​Il à ses dis­ciples, vous serez mes témoins en Judée et en Samarie et à tra­vers toute la terre. Les douze apôtres n’ont pas enva­hi toute la terre. Vous, l’Eglise catho­lique, si.

C’est par vous que Notre-​Seigneur Jésus-​Christ veut conti­nuer à chan­ter sa vic­toire et à la rendre opé­rante sur les âmes.

Invoquons donc Notre-​Dame des Victoires afin qu’au cours de ce pèle­ri­nage, elle vous anime de cet amour qui habi­tait son âme. Qu’elle vous rende tou­jours plus dis­po­nible à la grâce de Dieu pour non seule­ment chan­ter ses mer­veilles mais qu’à tra­vers vous, aus­si, Dieu puisse faire de grandes choses.

Ainsi soit-​il.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit, ain­si soit-il.

Abbé Patrick de La Rocque, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X

Transcription : Y. R‑B pour LPL

FSSPX

M. l’ab­bé Patrick de la Rocque est actuel­le­ment prieur de Nice. Il a par­ti­ci­pé aux dis­cus­sions théo­lo­giques avec Rome entre 2009 et 2011.