1er décembre 432

Saint Leonce

Les saints frères Léonce et Castor sont nés à Nîmes de parents renom­més. Ces frères étaient dévots, et géné­reux en aumônes. Tandis que saint Castor et son épouse entrèrent cha­cun en reli­gion, Castor fon­dant le monas­tère de Mananque près d’Apt, avant d’être élu una­ni­me­ment évêque d’Apt, saint Léonce devint évêque de Fréjus((Acceptus fut évêque de Fréjus en 374.)).

Vers l’an 391, saint Léonce reçoit la visite de pèle­rins inso­lites : les saints Honorat, Caprais et Jacques, aspi­rant à la vie ana­cho­ré­tique, et que, n’ayant pu trou­ver un désert sur d’autres rivages médi­ter­ra­néens, la Providence ramène en Provence. Ils se lient d’amitié avec l’évêque de Fréjus. Pour ne pas s’éloigner de cet homme de Dieu, ils cherchent une retraite aux alen­tours : saint Léonce les amène à l’archipel de Lérins. L’île prin­ci­pale com­porte les ruines d’une cité romaine antique, mais ce qui fait l’appréhension de tous les côtiers, c’est qu’elle est enva­hie de ser­pents. Honorat conforte ses dis­ciples par ces ver­sets du psaume 90 : Vous mar­che­rez sur l’aspic et le basi­lic, et vous fou­le­rez aux pieds le lion et le dra­gon, et de l’Evangile : Voici que je vous ai don­né le pou­voir de mar­cher sur les ser­pents et les scor­pions. Les ser­pents en effet dis­pa­rurent de l’île. Saint Léonce vou­lut ordon­ner Honorat prêtre pour offi­cier sur cet îlot paci­fié, Honorat dut s’y sou­mettre mal­gré son humble pro­tes­ta­tion. La com­mu­nau­té construi­sit une église et le monastère.

Une nou­velle héré­sie com­men­ça avec Pélage, dès 405, qui prê­chait à Rome, niant tant le péché ori­gi­nel que la néces­si­té de la grâce de Dieu pour le salut. Entretemps, comme une puni­tion salu­taire, les Vandales et les Suèves sac­cagent la Gaule dès 407, Rome est pillée par les Wisigoths en 408, et les Burgondes enva­hissent la pro­vince Viennoise en 413, comme pour for­cer les chré­tiens à sol­li­ci­ter la grâce de Dieu. L’hérésie sui­vant Pélage en Afrique, quatre conciles s’y tinrent pour condam­ner le péla­gia­nisme entre 412 et 418 ; saint Augustin y par­ti­ci­pait. Héros, évêque d’Arles, et Lazare, évêque d’Aix, chas­sés par les bar­bares, et réfu­giés en Palestine, sus­ci­tèrent en 415 le concile de Diospolis (ou Lydde, comme il se lit au cha­pitre IX des Actes de Apôtres), où Pélage se ren­dit et trom­pa les qua­torze évêques grecs en se démar­quant de sa propre héré­sie. Saint Augustin, par la suite, aura à cœur de démon­ter les cir­con­lo­cu­tions hypo­crites de Pélage. Le pape saint Innocent 1er écri­vit une lettre le 27 jan­vier 417, rap­pe­lant la néces­si­té du bap­tême pour le salut, même pour les enfants, et excom­mu­nia Pélage.

Saint Léonce a la confiance du nou­veau pape, saint Boniface 1er, qui lui envoie un cour­rier trai­tant des agis­se­ments de l’évêque de Valence. Saint Castor, frère de saint Léonce, décède le 2 sep­tembre 420. Cassien, Abbé de St-​Victor de Marseille, dédia ses dix pre­mières Conférences à saint Léonce vers l’an 423. Saint Honorat deve­nant arche­vêque d’Arles en 426, après près de 35 ans d’abbatiat, St Maxime de Château-​Redon1 devient le nou­vel Abbé de Lérins. Les saints Honorat et Jacques décèdent le 16 jan­vier 429 à Arles.

Tandis qu’en 431, le péla­gia­nisme est condam­né en Orient au concile d’Ephèse, le nou­veau pape, Saint Célestin 1er, écrit à saint Léonce une lettre contre l’hérésie qu’on appel­le­ra semi-​pélagienne, péla­gia­nisme atté­nué, qui atteint Cassien à Marseille, et bien­tôt Faustus, anglais entré à Lérins en 420~30, qui en devien­dra l’Abbé en 4342. Le semi-​pélagianisme, plus sub­til, sera plus long à dis­si­per : Faustus recon­naît la néces­si­té de la grâce pour être sau­vé, mais il pré­tend que Dieu attend le vou­loir du pécheur pour le puri­fier, alors que l’Eglise enseigne, comme l’a expo­sé saint Augustin, que Dieu est à l’origine de la conver­sion du pécheur. L’erreur de Faustus ne sera condam­née qu’en 529, au concile d’Orange.

De nos jours, on entend cer­tains moder­nistes, nou­veaux semi-​pélagiens, sur­es­ti­mer le mérite de l’homme, et sous-​estimer la néces­si­té de la grâce…

Quant à saint Léonce, mar­tyr selon cer­tains, il s’est endor­mi dans le Seigneur le 1er décembre 432, ayant diri­gé le dio­cèse de Fréjus plus de qua­rante ans. Théodore lui suc­cède. L’église cathé­drale de Fréjus est dédiée à saint Léonce qui est le patron du dio­cèse de Fréjus-Toulon.

Abbé L. Serres-Ponthieu

  1. Fêté le 27 novembre. []
  2. Et évêque de Riez vers 452 ? (St Maxime devint évêque de Riez en 433 et décé­da en 460). []