Vues apologétiques sur l’Islam

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Qu’est-​ce que l’is­lam ? En quoi est-​il incom­pa­tible avec le catholicisme ?

I – Sources

Mahomet a appe­lé sa reli­gion Islam, ce qui signi­fie « rési­gna­tion ». Cette reli­gion se trouve : a) dans le livre sacré de l’Islam, qui contient sa révé­la­tion écrite, le Coran ; b) dans la révé­la­tion orale, trans­mise par le canal de la tra­di­tion, la Sunna. 

2. Le Coran est avant tout un texte des­ti­né à être réci­té dans le cadre des céré­mo­nies reli­gieuses. D’un bout à l’autre, c’est Allah qui parle (toute cita­tion est intro­duite par l’in­va­riable for­mule : « Allah a dit », tan­dis que l’in­cise « le Prophète a dit » ren­voie à la Sunna). Le Coran est consi­dé­ré comme incréé en ce sens que le texte trans­mis est en tous points conforme à un ori­gi­nal qui sub­siste au ciel, éter­nel comme la parole de Dieu, alors qu’en réa­li­té il est l’œuvre authen­tique et per­son­nelle de Mohammed : la cri­tique ne laisse place à aucun doute sérieux. Le texte que nous pos­sé­dons est une recen­sion exé­cu­tée par les soins du calife Othman (644–656) : celui-​ci a ras­sem­blé toutes les anciennes copies à par­tir des­quelles il éta­blit le texte le plus sûr et prit soin de faire arrê­ter la dif­fu­sion de rédac­tions et de copies à carac­tère pri­vé où four­millaient incor­rec­tions et variantes. Cette édi­tion se com­pose de 114 sou­rates ou cha­pitres de lon­gueur très inégale (de 3 à 280 ver­sets). On dénombre au total 6200 ver­sets. Les sou­rates sont clas­sées selon l’ordre décrois­sant, sans aucun sou­ci logique ni chro­no­lo­gique. Il est essen­tiel au Coran d’être rédi­gé en langue arabe : toute tra­duc­tion est peccamineuse. 

3. La Sunna est éty­mo­lo­gi­que­ment la cou­tume. C’est un ensemble de règles tirées de la vie et de l’en­sei­gne­ment de Mohammed, recueil infaillible, puisque le Prophète fut spé­cia­le­ment ins­pi­ré d’en-​haut pour en mettre au point la sub­stance. La Sunna peut se pas­ser du Coran, mais non le Coran de la Sunna.
De fait, les musul­mans ortho­doxes se qua­li­fient de « sun­nites », c’est à dire de gens de la Sunna. Celle-​ci com­plète et explique le Coran. 

2 – Doctrine. 

4. Cette reli­gion com­porte six dogmes principaux : 

  • a. L’existence d’un seul Dieu créa­teur, Allah, qui seul doit être ado­ré, étant exclue la Trinité des per­sonnes divines ; 
  • b. L’existence des Anges, qui sont les envoyés de Dieu et les gar­diens des hommes ;
  • c. La mis­sion divine des pro­phètes, dont Mahomet est le plus grand ; 
  • d. La révé­la­tion du Livre sacré, qui est appe­lé Al Coran (lec­tion­naire, prédication) ; 
  • e. L’immortalité de l’âme et la résur­rec­tion des corps ; mais dans le para­dis pro­mis par Mahomet, les fidèles vaque­ront aux plai­sirs sen­sibles et char­nels plu­tôt qu’à la vision de Dieu ; 
  • f. Le fata­lisme, qui est la néga­tion de la liber­té humaine, enfin, est clai­re­ment ensei­gné dans de nom­breux textes du Livre sacré, même si, ailleurs, on affirme par­fois appa­rem­ment une cer­taine part de liber­té humaine.

5. Les pré­ceptes concernent peu les actes inté­rieurs de l’âme, ce sont sur­tout des pres­crip­tions externes.

Sont pro­hi­bés : le vin, la viande de porc, les images [1], les jeux de hasard, etc. Sont obli­ga­toires : la réci­ta­tion d’une espèce de cre­do (dans lequel on dit : « Il n’y a de Dieu que Dieu, et Mahomet est son pro­phète »), cinq prières par jour, des ablu­tions, des jours de jeûnes (le jeûne du rha­ma­dan dure un mois), un pieux pèle­ri­nage [2], des aumônes, et la cir­con­ci­sion. Il n’y a pas de rite de sacri­fice pro­pi­tia­toire. En plus de tous ces pré­ceptes, est com­man­dée la guerre sainte contre les infi­dèles, que Dieu, par le minis­tère de ses sol­dats, veut conver­tir ou punir. Les Musulmans qui meurent dans cette guerre par­viennent aus­si­tôt au para­dis. C’est ain­si que le fana­tisme s’est accru. Enfin, la poly­ga­mie et le divorce sont per­mis au bon plai­sir du mari, et les infi­dèles peuvent être réduits en servitude. 

6. Il y a trois prin­ci­pales sectes chez les Musulmans [3] ; elles se dis­tinguent les unes des autres prin­ci­pa­le­ment par le refus ou l’ac­cep­ta­tion de la tra­di­tion et de la hiérarchie. 

3 – Critique

7. Il y a de nom­breuses véri­tés par­tielles dans l’Islamisme, prin­ci­pa­le­ment le mono­théisme, que le Coran a pro­pa­gé au sein de peuples plus ou moins bar­bares. Ces véri­tés peuvent faci­le­ment s’ex­pli­quer, parce qu’elles ont été emprun­tées au judaïsme et au chris­tia­nisme. Mais Mahomet s’est écar­té de la doc­trine du Christ en niant les Mystères de la Trinité et de l’Incarnation. Et rien ne prouve qu’il fut envoyé par Dieu. Il a dit lui-​même ne pas pou­voir opé­rer de miracles, en ajou­tant que ceux-​ci n’é­taient pas néces­saires. Font pareille­ment défaut dans sa reli­gion des fruits émi­nents de sain­te­té. Bien plus, il y a des signes contraires, à savoir la vio­lence et une concu­pis­cence effré­née, la vio­la­tion de l’u­ni­té et de la sain­te­té du mariage. 

8. Saint Thomas montre dans la Somme contre les gen­tils, au cha­pitre 6 du livre I, que Mahomet a pour­sui­vi une voie contraire au chris­tia­nisme : « Mahomet a atti­ré le peuple par la pro­messe des volup­tés char­nelles, que la concu­pis­cence de la chair pousse à dési­rer. Il a aus­si livré des pré­ceptes conformes à ces pro­messes, en lais­sant libre cours à la concu­pis­cence de la chair, pré­ceptes aux­quels les hommes char­nels sont plus prompts à obéir. Il n’a pas même appor­té d’en­sei­gne­ments de la véri­té, si ce n’est au sujet de choses acces­sibles à l’in­tel­li­gence natu­relle de n’im­porte quelle per­sonne un peu ins­truite. Pis encore ! Les choses vraies qu’il a ensei­gnées, il les a mêlées de bien des fables et de doc­trines com­plè­te­ment erro­nées. Il n’a pas non plus adjoint de signes sur­na­tu­rels, qui n’ac­com­pagnent qu’un témoi­gnage conforme à l’ins­pi­ra­tion divine, puisque l’o­pé­ra­tion visible qui ne peut être que divine, montre que le doc­teur de la véri­té est ins­pi­ré invi­si­ble­ment. Mais il a dit qu’il avait été envoyé muni de la force des armes, signes qui ne font pas défaut aux bri­gands et aux tyrans. Ce ne sont donc pas des hommes sages dans les sciences divines et accou­tu­més aux réa­li­tés divines et humaines qui ont cru en lui au com­men­ce­ment mais des hommes bes­tiaux demeu­rant dans le désert abso­lu­ment igno­rants de toute doc­trine divine, et grâce à la mul­ti­tude des­quels il a sou­mis les autres à sa loi par la force des armes. Il n’y a aucun oracle des pro­phètes l’ayant pré­cé­dé qui lui rende témoi­gnage. Mais bien plus il cor­rompt presque tous les ensei­gne­ments de l’Ancien et du Nouveau Testament par un récit plein de fic­tions comme il appa­raît à qui­conque exa­mine sa loi. Ainsi, ceux qui ajoutent foi à sa reli­gion font preuve de crédulité ». 

9. Ajoutons que le fata­lisme inhé­rent à l’Islam favo­rise la paresse et que la confu­sion des deux pou­voirs tem­po­rel et spi­ri­tuel y engendre faci­le­ment la tyran­nie. Enfin, l’Islam a mon­tré dans le cours des siècles des signes de plus en plus évi­dents de cor­rup­tion et de fai­blesse, intel­lec­tuelle et morale. Il est bien infé­rieur au christianisme.

Extrait du De reve­la­tione du Père Garrigou-​Lagrange, Livre II, Chapitre IX, article 2, § 2 et 3

Traduit du latin par M. l’abbé Jean-​Michel Gleize

Source : Courrier de Rome n° 642

Notes de bas de page
  1. Ce pré­cepte reprend celui de la loi mosaïque inter­di­sant les repré­sen­ta­tions du divin[]
  2. C’est le pèle­ri­nage à la Mecque, que tout croyant doit faire au moins une fois dans sa vie.[]
  3. Le Père Garrigou-​Lagrange n’est pas expli­cite sur ce point ; actuel­le­ment, les deux sectes prin­ci­pales sont le sun­nisme et le chiisme.[]