C’est aussi l’heure de la rentrée … du catéchisme !
Madame Dupont, conseillère municipale « de gauche », découvre le dernier bulletin de notes de Jonathan, élève en classe de troisième au collège Robespierre : ouf ! Son grand a une bonne moyenne en maths, on pourra envisager une section S, et pourquoi pas Maths sup’ après… Et de rêver d’un Jonathan occupant un poste prestigieux et bien rétribué dans une grande entreprise… Quelle maman n’a pas de grandes ambitions pour son fils ?
Madame Durand, mère de famille au foyer, ouvre l’enveloppe du bulletin trimestriel de Mayeul, élève en troisième au collège du Sacré-Cœur. En tête des autres matières, elle lit : « Catéchisme : premier avec 18 sur 20. » L’appréciation sur la discipline est très élogieuse : Mayeul a très bon esprit, s’occupe bien des petits de son équipe, sait rendre service. Et Maman de rêver un peu : que sera son fils plus tard ? Un solide père de famille nombreuse ? Un prêtre, peut-être ? Quelle maman n’a pas de grandes ambitions pour son fils ?
Oui, c’est toute une conception de la vie qui se révèle dans la manière dont les parents regardent les bulletins scolaires de leurs enfants. Qu’attendent-ils de leur école ? Qu’on enseigne à leurs enfants les équations du deuxième degré ? Certes, mais « les païens n’en font-ils pas autant ? » Ont-ils inscrit leurs enfants dans les écoles de la Tradition seulement parce que la discipline y est meilleure, qu’on n’y applique pas les méthodes modernes et déplorables et que les résultats au bac y sont spectaculaires ? Ces raisons sont bonnes, tout à fait louables, certes, mais ce n’est pas l’essentiel : « il fallait faire ceci et ne pas oublier cela », ne pas oublier qu’une école catholique est d’abord et avant tout… catholique.
Il est non seulement normal, mais fondamental, que ce soit le catéchisme qui occupe la première place des matières enseignées. C’est lui qui donne l’esprit à tout l’enseignement. C’est lui qui affirme les principes dont tout le reste de la vie scolaire ne sera que l’application.
Parce qu’on y a appris que nous sommes tous enfants de notre Père céleste, les élèves pratiqueront le respect mutuel au lieu de se battre comme des sauvages ; parce qu’on y a vu l’exemple que Notre-Seigneur nous a donné du don de soi, les enfants seront invités à un effort particulier pour le carême au lieu de vivre en égoïstes satisfaits ; parce qu’on y enseigne que nous sommes marqués par les restes du péché originel, les enfants apprendront l’esprit de pénitence (manger de tout au réfectoire, respect de la discipline, confort limité) au lieu de laisser libre cours à leurs instincts déréglés. Ainsi l’école catholique ne se limite-t-elle pas à un rôle d’enseignement, mais c’est toute une éducation qui est donnée, dans le prolongement de l’éducation catholique reçue en famille.
Il est donc important que les parents manifestent à leurs enfants tout l’intérêt qu’ils portent à cet aspect de la vie de l’école. Les leçons de catéchisme doivent être aussi bien sues, si ce n’est plus, que les règles de grammaire, et la conduite de l’enfant mérite encore plus de sollicitude que ses aptitudes scolaires. Que les parents n’oublient pas de commenter l’aspect « moral » d’une bonne ou d’une mauvaise note ; par exemple, un enfant qui a eu 12 sur 20 en maths à force de persévérance et d’application doit être plus félicité qu’un autre qui a obtenu 15 sur 20 sans se donner trop de peine grâce à ses facilités ; et la mauvaise note est-elle due à de la paresse, à de la dissipation, à un manque de compréhension ou à une étourderie ? La réprimande sera adaptée en conséquence.
N’ayez cependant pas peur en nous lisant que la formation proprement scolaire des enfants soit pour autant négligée dans les écoles catholiques, et que, sous prétexte de vouloir former des saints, on en oublie de former des savants. Si l’enfant a travaillé les vertus morales d’ordre, de persévérance, de loyauté, de discipline de soi… qui ne voit que son travail de classe en bénéficiera tout le premier ? L’apprentissage des questions de catéchisme aura formé le cœur, c’est le but essentiel, mais il aura bien tout autant exercé la mémoire. « Cherchez tout d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît. » Tout le reste… même le bac !
Source : Fideliter n°209, Septembre Octobre 2012