Ah ! Il y a encore les devoirs à faire ! » Voilà un refrain qu’il n’est pas rare d’entendre dans nos familles. Mais ces fameux devoirs scolaires, ne pourraient-ils pas passer pour autre chose qu’une corvée ?
Pourquoi donc donner des devoirs aux enfants ? Nous conviendrons que tout élève doit par lui-même assimiler l’enseignement qui lui est donné en classe, apprendre ses leçons et faire des exercices de répétition. Autrement, la plupart des élèves risqueraient fort d’avoir des difficultés dans leurs études. Mais les devoirs du soir ont d’abord des buts éducatifs non négligeables.
Nous parlons de devoirs : ce mot lui-même exprime l’obligation que l’enfant a de les accomplir. Aussi, ils sont pour l’éducateur un moyen d’inculquer au petit écolier le sens du devoir et de la responsabilité. Devant la tâche l’enfant formera sa volonté car les devoirs, quoiqu’il en coûte, devront toujours être faits et bien faits. Vu sous cet angle, nous saurons faire aimer le travail.
Maintenant que nous sommes convaincus que les devoirs ne doivent pas être pris comme une corvée dont il faut se débarrasser le plus vite possible, notre élève sera déjà mieux disposé à les faire. Pour mettre en branle les énergies dont il est capable, intéressons-nous à ses études avec une curiosité affectueuse. S’intéresser c’est se rendre disponible, partager ses émotions, ses chagrins, ses joies, ses regrets pour élever l’enfance à sa maturité. Les enfants seront encouragés par notre enthousiasme. Si nous estimons le travail, ces minutes de labeur quotidien, nos enfants le sentiront et n’auront pas envie de les expédier mais ils le prendront à cœur. Nous nous intéresserons aux études de nos enfants non seulement en étant disponibles pour répondre à leurs questions mais aussi en les interrogeant lors d’une lecture ou d’une leçon récitée. L’intérêt et le désir de s’instruire se développeront et le travail sera fait plus aisément. Si la mère doit se montrer disponible le soir pour ses enfants, ne négligeons pas le rôle important du père, surtout auprès de ses garçons.
Mais notre disponibilité ne signifie pas « faire à sa place ». C’est lui qui doit réfléchir, apprendre, à nous de le placer dans de bonnes conditions. L’enfant travaillera dans une atmosphère silencieuse. Il ne parlera pas d’autre chose tout en travaillant ou il ne se déplacera pas à tout moment. Il est nécessaire de fixer le lieu et l’heure du début du travail et l’enfant quittera aussitôt ses autres occupations. Il est important aussi de fixer la durée du travail pour éviter le « vite fait mal fait » de celui qui va se débarrasser de son travail mais aussi pour que l’enfant ne traîne pas et ne perde pas son temps en jeux et rêveries. Il faut cependant laisser l’enfant travailler à son rythme et lui donner le temps de réfléchir. Plus l’enfant est petit plus sa réflexion est lente. Veillons donc à ne pas réfléchir à sa place. Si nous intervenons à la moindre difficulté, l’enfant ne peut s’habituer à l’effort, apprendre à franchir les obstacles. En principe, les parents ne devraient pas être obligés de recommencer les explications à la maison. S’il en était ainsi, un entretien avec la maîtresse serait nécessaire… Il arrive que des enfants ne soient pas attentifs en classe parce qu’ils savent qu’à la maison leurs parents y suppléeront…
En le questionnant nous aiderons l’enfant à réfléchir. A nous de le guider, de s’assurer qu’il a compris, de l’encourager et de le rendre, en grandissant, toujours plus responsable. Cette autonomie s’acquiert petit à petit mais elle commence dès le cours préparatoire. Ne sachant pas lire, la présence d’un adulte est indispensable mais pour commencer à se prendre en main l’enfant ne pourrait-il pas prendre lui-même son livre, l’ouvrir à la page, vérifier et ranger son matériel quand l’étude est terminée ? Au cours élémentaire guidons l’élève afin qu’il sache apprendre, seul et d’une façon intelligente, ses leçons. Avant de le lancer dans un exercice assurons-nous, en l’interrogeant, qu’il comprend les consignes. Progressivement, l’écolier se prend en main et au cours moyen il devient capable de faire ses devoirs seul, même s’il sollicite parfois quelques explications. Cette autonomie n’enlève cependant pas la charge pour l’adulte de contrôler si les devoirs sont bien faits, les leçons sues… Dès les plus petites classes n’acceptons pas la peu près.
Nous le voyons, éduquer un enfant à bien faire ses devoirs demande de la patience, de la persévérance, mais n’est-ce pas consolant de voir nos enfants prendre goût aux études, leur intelligence se développer, leur volonté s’affermir ? N’est-ce pas aussi un moyen de mieux connaître nos enfants, d’avoir avec eux des entretiens fructueux ? D’aucuns diront que leurs enfants préfèrent jouer et que pour les faire travailler, c’est chaque jour un combat. Certes et si ce combat dure rappelons-nous qu’il ne sera jamais sans bienfait. Ayons cette consolation d’avoir montré à nos petits rebelles l’exemple de l’accomplissement de notre devoir d’état, de leur avoir appris à faire le leur. C’est ici que se trouve la sainteté et si le bon Dieu ne récompense pas toujours dès cette terre nos peines et fatigues, il ne nous les rendra que plus au Ciel.
Source : Fideliter n° 197, septembre – octobre 2010.