« Mon Dieu, j’espère… »

Crédit : Pascal Deloche / Godong

Nos enfants peuvent se sen­tir écra­sés sous la masse d’informations dépri­mantes qui tuent toute espé­rance. Comment faire gran­dir en eux cette belle vertu ?

L’eau coule sur le front de la petite Éléonore, pen­dant que le prêtre pro­nonce les paroles sacra­men­telles qui font d’elle une enfant du bon Dieu. La Trinité sainte habite main­te­nant l’âme de ce joli pou­pon blanc qui, pas­sé les émo­tions de la céré­mo­nie, a repris son doux som­meil ! Avec sa vie, Dieu lui a aus­si don­né trois grandes ver­tus, les ver­tus théo­lo­gales : la foi, l’espérance et la cha­ri­té. Si la foi et la cha­ri­té nous sont bien fami­lières, l’espérance est sou­vent la grande oubliée. Pourtant, nous devons nous dis­po­ser par les actes de notre vie quo­ti­dienne à sa crois­sance, opé­rée par Dieu.

L’acte d’espérance, que les enfants en gran­dis­sant appren­dront et qu’il est bon de répé­ter chaque jour, nous l’enseigne : nous atten­dons de Dieu, avec une ferme espé­rance, le Ciel et sa grâce sur cette terre pour y par­ve­nir. C’est bien là une atti­tude d’enfant : nous appuyer sur Dieu pour aller à lui et rece­voir de lui ce dont nous avons besoin. Pour l’enfant éle­vé dans une famille chré­tienne authen­tique, cette ver­tu sera com­prise plus faci­le­ment : ne s’appuie-t-il pas sur son père et sa mère pour pro­gres­ser en tout domaine et ain­si leur faire plai­sir ? N’a‑t-il pas besoin d’eux pour tout ?

Les obstacles

En gran­dis­sant, selon les enfants, deux défauts vont consti­tuer un obs­tacle au déve­lop­pe­ment de l’espérance. Certains auront ten­dance à avoir confiance en eux d’une manière exa­gé­rée. Il est bien néces­saire que les enfants peu à peu prennent des ini­tia­tives, mais dans la dépen­dance de Dieu, de leurs parents. Sans cette dis­po­si­tion, ce sera le règne de la pré­somp­tion, voire de la paresse. « Pourquoi apprendre cette leçon ? Je la connais déjà et j’ai com­pris ! Je n’ai pas besoin de la réci­ter. » Parfois, l’enfant devra faire de petites expé­riences pour com­prendre ensuite avec ses parents son erreur : « Tu vois, Thomas, tu as cru que tout seul tu pou­vais y arri­ver et ce n’est pas le cas. Maintenant, il fau­dra te sou­ve­nir que tu as besoin de l’aide de Papa : il est d’ailleurs là pour cela ! »

D’autres enfants seront ten­tés par le décou­ra­ge­ment : « Je suis nul ; jamais, je n’y arri­ve­rai. » Chères mères, votre sou­rire et votre bon­té seront le pre­mier remède à ce ter­rible mal qui peut faire beau­coup de ravages. Les tout pre­miers efforts de l’enfant, ses pre­miers pas et pro­grès divers s’appuieront sur vos encou­ra­ge­ments. Les mots employés, l’expression de votre visage y contri­bue­ront gran­de­ment : les enfants y sont très sen­sibles, même à neuf ou dix ans. Après une remarque, n’oublions pas de mettre un peu de pom­made sur le cœur endo­lo­ri : « Tout est fini, oublié et aban­don­né dans le cœur de Jésus. Nous allons lui deman­der son aide et je suis sûre que tu feras mieux la pro­chaine fois. »

Le monde actuel est dur, les dif­fi­cul­tés ne manquent pas : les médias s’emploient d’ailleurs à trans­mettre toute la noir­ceur de ce monde sans Dieu et donc à tuer l’esprit chré­tien. Veillons à ce que les sou­cis, les pro­blèmes poli­tiques ou éco­no­miques, les mésen­tentes entre parents, les cri­tiques, n’envahissent pas l’atmosphère de nos mai­sons. Certes, il ne faut pas vivre dans l’illusion ; mais nos enfants peuvent se sen­tir écra­sés sous cette masse d’informations dépri­mantes qui tuent toute espé­rance. Peu à peu, avec l’aide de leurs parents, ils appren­dront à les regar­der avec cet esprit chré­tien qui consi­dère moins le nombre, la quan­ti­té du désastre ou toutes les autres cir­cons­tances sur les­quelles habi­tuel­le­ment on s’arrête impres­sion­né, que le secours indé­fec­tible de Dieu pour sa créa­ture. La beau­té et la gran­deur d’une âme en état de grâce qui aime son Créateur et Père et veut le ser­vir, sont sans com­pa­rai­son avec tous les pro­blèmes de ce monde qui passe.

Le bonheur éternel

La ver­tu d’espérance nous fait dési­rer le Ciel, bien mys­té­rieux pour nous qui ne sommes que des pèle­rins sur cette terre et à qui il n’a pas été don­né encore de contem­pler ce bon­heur. Comment donc pré­sen­ter le Ciel à Éléonore et lui en don­ner le désir ? Si, dès le plus jeune âge, sa mère lui a appris à aimer Jésus, à lui faire plai­sir, le para­dis sera le lieu où l’on retrou­ve­ra Jésus pour être tou­jours avec lui. « Avec Jésus, on est tou­jours content ; on ne peut plus souf­frir : on ne peut que l’aimer. » Cette joie peut être com­pa­rée à celle éprou­vée, lorsque l’on retrouve le père, après une absence plus ou moins longue. Au fond, le Ciel, la vie chré­tienne sont avant tout une ques­tion d’amour et vos tout-​petits, chères mères, y sont très ouverts, par­fois même plus que nous ne pour­rions l’imaginer ! A l’occasion d’un décès dans la famille, la ques­tion de l’au-delà pour­ra éga­le­ment être évo­quée. « Le grand-​père ne vien­dra plus jamais s’asseoir au coin du feu ! Mais sa place est meilleure au Ciel que sur la terre : il ne nous a quit­tés que pour aller à Dieu », nous dit joli­ment et jus­te­ment le poète Louis Tournier.

Si l’espérance fleu­rit dans nos familles, dans ces temps trou­blés, terre fer­tile pour cette belle ver­tu, vos petits devien­dront des chré­tiens zélés, des apôtres heu­reux et entre­pre­nants. Comment ne pas l’être quand on sait que notre Père du Ciel sait tout, peut tout et nous aime ?

Source : Fideliter n° 247 – janvier-​février 2019

Les Sœurs de la Fraternité Saint-​Pie X, basées à Saint-​Michel en Brenne, ont pour rôle de com­plé­ter et faci­li­ter l’apostolat sacer­do­tal. Elles éditent notam­ment le fameux caté­chisme par cor­res­pon­dance. Découvrir leur voca­tion.

Fideliter

Revue bimestrielle du District de France de la Fraternité Saint-Pie X.