Oh, ce sourire d’encouragement de la mère, comme il est capable d’opérer des merveilles !
Tiens-toi droit ! Remonte tes chaussettes ! Fais moins de bruit ! Arrête ! Tu es incorrigible ! Viens ici ! Ne va pas là ! Ne touche pas à ça ! Fais attention ! » Une telle litanie d’avertissements répétée à longueur de journée aurait de quoi lasser les meilleures bonnes volontés. Sans doute, les parents sont obligés d’avertir, de redresser, d’admonester leurs enfants. Mais il est important de les encourager tout autant et même davantage, et pour cela de savoir les féliciter à bon escient. Quelle manière de faire sera la plus stimulante : « Gare à toi si tu n’as pas la moyenne la prochaine fois », ou bien « Mais si, tu es capable d’avoir la moyenne si tu t’appliques, je suis sûr que je pourrai être content de toi » ?
L’optimisme est une grande qualité de l’éducateur. Il lui permet de voir les aptitudes de l’enfant (il y en a toujours), d’espérer en son progrès malgré les difficultés, sans se décourager devant la longueur de la tâche. Il fait naître dans l’enfant la confiance en soi indispensable à toute entreprise.
Alain est désordonné, sa chambre n’est jamais rangée, les chaussettes sales traînent au milieu des Playmobil. Va-t-on lui clamer sur tous les tons qu’il est désordonné et bon à rien alors qu’on lui a déjà dit et répété cinquante fois de ranger ses affaires ? Non, bien sûr ! Cela ne ferait que l’ancrer dans l’idée qu’il ne changera jamais. Il faut lui fixer d’abord un objectif simple, concret, accessible. La réussite sur ce point particulier sera un encouragement pour progresser et faire plus difficile : « Pour apprendre à tenir ta chambre en ordre, tu pourrais faire chaque soir l’effort de ranger tes habits ; ce n’est pas difficile, tu es capable d’y arriver, je t’aiderai à y penser. » Et pendant un temps assez long (un mois, un trimestre…), on l’aide à faire effort sur ce point, en fermant les yeux sur le reste, qui viendra en son temps. « Bravo, tu vois que tu es capable d’être ordonné, tu as pensé tout seul depuis une semaine à ranger tes habits sans que je te le dise, c’est bien. Maintenant que tu sais ranger tes habits, tu pourrais passer à tes cahiers quand tu as fini tes devoirs, Papa va te fabriquer une étagère pour que ce soit plus facile. »
Oh, ce sourire d’encouragement de la mère, comme il est capable d’opérer des merveilles ! « Maman croit en moi, elle pense que je suis capable, cela doit être vrai, je ne vais pas la décevoir. » « C’est bien, mon grand, bravo, je savais bien que tu pouvais réussir, continue. » Dans un tel climat d’encouragement et de tendresse, les âmes des enfants s’épanouissent.
Sans même attendre la réussite, il faut déjà encourager l’effort, comme notre Père du Ciel qui tient compte de notre bonne volonté malgré nos fautes dans le travail de notre sanctification. Alice, 9 ans, a pris toute seule l’initiative de passer l’aspirateur ; certes, elle a oublié d’aspirer derrière la porte et sous le buffet, mais l’essentiel est quelle ait pensé à rendre service, et c’est cela qu’il faut encourager ; on veillera en son temps à lui apprendre à faire le ménage à fond. « Merci, ma chérie, de m’aider à faire le ménage, cela m’aide beaucoup. »
Croire dans les capacités de l’enfant est particulièrement nécessaire avec les tempéraments timides, craintifs, peu entreprenants. Ces enfants ont besoin d’acquérir peu à peu confiance en eux par de petites victoires faciles et répétées et beaucoup d’encouragements. Au contraire, à force d’être perpétuellement repris et corrigés, ils perdraient tous leurs moyens et cesseraient tout effort, persuadés que ceux-ci sont inutiles.
Il est à l’inverse des tempéraments vaniteux, vite satisfaits d’eux-mêmes, ou encore de riches natures qui réussissent facilement ce qu’ils entreprennent. Les encouragements sont alors à mesurer de crainte de flatter leur orgueil. Joseph est très doué pour l’étude et réussit sans se donner beaucoup de mal : « Papa, j’ai eu 17 en maths ! — Oui, mais sans beaucoup travailler ; si tu t’étais plus appliqué, tu aurais peut-être eu 20… » Pour ces enfants, c’est l’intention surnaturelle, l’acquisition des vertus et spécialement de l’humilité qu’il faut encourager. « Joseph, va apprendre tes leçons ! — Pas la peine, je les sais — Alors si tu n’as pas besoin de travailler pour toi, veux-tu surveiller les devoirs de ton petit frère ? Le bon Dieu t’a donné des facilités pour que tu puisses aider les autres, pas pour en jouir en égoïste. » Le système consistant à donner indistinctement à tous les enfants de la famille telle somme d’argent pour toute bonne note supérieure à 15, sous ses apparences d’égalité, n’est pas toujours conforme à la justice. Il ne tient pas compte des différences dans la façon de noter entre les professeurs, et surtout des différences entre les enfants : Joseph, brillant, se verrait bien nanti en argent de poche sans efforts, tandis que son petit frère, moins doué malgré une réelle application, s’en verrait privé, au risque de verser dans la jalousie.
Peut-on d’ailleurs, pour encourager les enfants, leur donner de l’argent quand ils réussissent ? Récompenser ainsi un gros effort peut être un moyen de leur faire toucher du doigt que l’argent ne vient pas tout seul mais qu’il se gagne à la sueur de son front. Cependant, il ne faudrait pas agir de cette façon habituellement, cela risquerait de flatter une tendance à l’avarice et à la vénalité. L’enfant fait des efforts d’abord pour faire plaisir à Jésus, pour faire plaisir à ses parents. La vraie récompense, celle qui compte, c’est le sourire de ses parents.
Sachons nous réjouir avec nos enfants de leurs progrès et rendre justice à leurs efforts, à l’image de notre Père du Ciel qui tient compte même d’un verre d’eau donné en son nom.
Les sœurs de la Fraternité Saint-Pie X
Source : Fideliter n°226, juillet – août 2015