La pauvre place du catéchisme

Importance du catéchisme

Il existe un tra­vail consi­dé­rable d’éducation accom­pli par toutes nos écoles pro­fon­dé­ment catho­liques. En com­plé­ment, pour les enfants qui ne peuvent en pro­fi­ter, le caté­chisme consti­tue une des plus belles œuvres de nos prieu­rés : les prêtres l’accomplissent avec zèle.

« Quiconque brûle encore du zèle de la gloire de Dieu recherche les causes de cette crise reli­gieuse ; cha­cun indique la sienne… Pour nous, sans nier les autres causes, Nous nous ran­geons de pré­fé­rence à l’a­vis de ceux qui voient dans l’i­gno­rance des choses divines la prin­ci­pale cause de la dépres­sion actuelle, de la débi­li­té des âmes et des maux très graves qui s’en­suivent1) » disait saint Pie‑X.

Le caté­chisme doit donc occu­per la pre­mière place dans les acti­vi­tés du pas­teur d’âmes.

Dans notre pays, le caté­chisme est rare­ment trai­té avec l’honneur de pre­mier rang dû à Dieu, et le res­pect dû à la fra­gi­li­té de l’âme des enfants. L’école laïque et les écoles faus­se­ment confes­sion­nelles y ont lar­ge­ment contri­bué. Les vacances qui par­sèment l’année sco­laire ne faci­litent pas non plus la constance néces­saire. Les occa­sions de man­quer sont fré­quentes, et peu de parents rat­trapent alors véri­ta­ble­ment les cours man­qués. Parfois, le caté­chisme est même consi­dé­ré comme une sur­charge ou une acti­vi­té option­nelle de plus.

Obligation du catéchisme

La légis­la­tion de l’Église rap­pelle à plu­sieurs reprises aux prêtres leur obli­ga­tion2) très grave en conscience d’instruire tant ceux qui se pré­parent aux pre­miers sacre­ments que les grands ado­les­cents. Obligation sous peine de péché ! Mais que peuvent-​ils faire quand ce sont les parents qui ne coopèrent pas. Le péché ne change-​t-​il pas de camp ? La loi de l’Église prend la peine de nom­mer aus­si les parents3) : ils sont les prin­ci­paux res­pon­sables qui doivent « assu­rer l’instruction reli­gieuse des enfants qui dépendent d’eux ».

Lorsqu’un enfant est bap­ti­sé, la semence mise dans son âme n’a pas le droit d’être fou­lée aux pieds. Aussi, les parents s’engagent-ils par pro­messe à faire ins­truire leurs enfants des véri­tés néces­saires au Salut, et à les aider à par­ve­nir au Ciel par une pra­tique de la prière et des sacre­ments. Lorsqu’il s’agit de non-​baptisé, le devoir est aus­si grand : quelle res­pon­sa­bi­li­té envers notre Créateur de Lui appor­ter une nou­velle âme afin d’en faire un Élu heu­reux dans le Ciel. Le Salut éter­nel et le juge­ment divin — qui peut sur­ve­nir à tout moment, même pour un enfant — ne sont pas objets d’options, pas plus qu’on ne lais­se­rait la san­té d’un petit dépé­rir sans aucune intervention.

Jusqu’à quel âge ?

Pour le jeune âge, la plu­part des per­sonnes de bon sens sont convain­cues du bien fon­dé du caté­chisme. Cependant, dès que la com­mu­nion solen­nelle est accom­plie, des parents sérieux se laissent cir­con­ve­nir tant par la paresse crois­sante du pré­ado­les­cent que par l’argument du « trop de tra­vail » (sic) : argu­ment qui laisse scep­tique, quand on découvre plu­sieurs années après, à quel point ont aug­men­té les films, les tex­tos, l’usage d’écrans, et de loi­sirs vains de toutes sortes sans que les parents aient pu arrê­ter le processus…

À l’âge où l’esprit s’ouvre à une véri­table matu­ri­té de pen­sée, la per­sé­vé­rance dans cet ensei­gne­ment assure que la reli­gion ne sera pas réduite à un « simple savoir pour enfants », mais condui­ra à une véri­table soif de la Grâce et de l’intimité avec Dieu.

Le processus de déchristianisation des âmes

À cet âge de la pré­ado­les­cence, une forte majo­ri­té d’enfants pri­vés de toute ins­truc­tion reli­gieuse deviennent des « parois­siens pas­sifs » : pen­dant deux ou trois ans encore, on peut avoir la chance de les voir à la messe, mais soi­gneu­se­ment « assis » — sur­tout pen­dant la com­mu­nion ; quant à la confes­sion, inutile de dire qu’elle dis­pa­raît pro­gres­si­ve­ment de l’horizon. Pourquoi s’en éton­ner : bien des parents n’en sont pas sou­cieux pour eux-mêmes.

Alors que l’intelligence se struc­ture vers sa per­fec­tion adulte, elle ne reçoit plus jamais cet expo­sé adap­té selon sa forme péda­go­gique (3) à leur nou­velle matu­ri­té. N’auront-ils pas un savoir trop pauvre pour un adulte sur « l’Incarnation du Verbe de Dieu, la par­faite res­tau­ra­tion du genre humain opé­rée par Lui, la recherche de la grâce, qui est le prin­ci­pal secours pour l’ac­qui­si­tion des biens éter­nels, l’au­guste Sacrifice ou aux Sacrements, par les­quels nous obte­nons et conser­vons la grâce4) » comme nous le rap­pelle saint Pie‑X ?

« Nous affir­mons que là où l’es­prit est enve­lop­pé des ténèbres d’une épaisse igno­rance, il est impos­sible que sub­sistent une volon­té droite ou de bonnes mœurs. Car, s’il est pos­sible à celui qui marche les yeux ouverts de s’é­car­ter du che­min droit et sûr, ce dan­ger menace cer­tai­ne­ment celui qui est atteint de céci­té » ajoute-​t-​il.

Il est à craindre que ceux qui n’ont pas obéi aux lois graves de l’Église ne voient jamais s’affermir la Foi de leurs enfants. Il est vrai que l’éducation est un art dif­fi­cile ; même si on met de son côté toutes les chances spi­ri­tuelles, Dieu réserve par­fois cer­taines épreuves car le salut d’une âme réclame tou­jours la réponse libre de l’intéressé et bien des prières et des sacri­fices des parents. Mais lorsque rien n’est fait, la per­sé­vé­rance reli­gieuse tient alors du miracle.

Aimons par-​dessus tout à don­ner à nos enfants l’amour des véri­tés qui seules sont éternelles.

« Cette doc­trine de Jésus-​Christ nous enseigne aus­si la sagesse de l’es­prit, qui nous garde de la pru­dence de la chair ; la jus­tice, qui nous fait rendre à cha­cun ce qui lui est dû ; la force, qui nous dis­pose à tout souf­frir, et d’un cœur magna­nime, pour Dieu et en vue du bon­heur éter­nel ; la tem­pé­rance enfin, qui nous porte à aimer la pau­vre­té même pour le règne de Dieu, et, plus encore, à nous glo­ri­fier dans la croix, en mépri­sant l’i­gno­mi­nie.4) »

Abbé Jean-​Pierre Boubée, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X, en la fête de Notre-​Dame du Saint Rosaire

  1. Encyclique Acerbo nimis — Saint Pie‑X — (15 Avril 1905 []
  2. Par exemple, le canon 1330, 1331 (code 1917 []
  3. Canon 1335 (code 1917 []
  4. Encyclique Acerbo nimis — Saint Pie‑X — (15 Avril 1905 [] []

FSSPX

M. l’ab­bé Jean-​Pierre Boubée est prêtre depuis 1978. Après avoir connu la vie parois­siale en zone dif­fi­cile, à Mantes-​la-​Jolie, il a été direc­teur de deux lycées-​collèges et a for­mé de nom­breuses géné­ra­tions dans les œuvres de jeunesse.