Le pape institue le ministère de catéchiste

Pape François. Crédit photo : Antoine Mekary / Godong

Publié le 11 mai 2021, mais signé le 10 mai, le motu pro­prio du pape François Antiquum minis­te­rium ins­ti­tue un nou­veau minis­tère, celui de catéchiste.

Pour sai­sir exac­te­ment ce dont il s’agit, il faut d’abord rap­pe­ler ce que le terme de “minis­tère” recouvre aujourd’hui, et la manière dont il a été introduit.

Un terme très général à l’origine

Le mot dési­gnait autre­fois « l’ensemble des fonc­tions du prêtre ain­si que des ser­vices et acti­vi­tés atta­chés à sa fonc­tion ». Il était de fait syno­nyme de « sacerdoce ».

Il pou­vait être spé­ci­fié pour dési­gner une fonc­tion ou un ensemble par­ti­cu­lier de fonc­tions : minis­tère parois­sial, minis­tère des autels. Ce sens est tou­jours actuel.

C’est pour­quoi le prêtre, et plus géné­ra­le­ment le clerc, était sou­vent dési­gné par le nom de ministre : ministre de l’autel, ministre du culte.

Introduction d’un sens spécifique

Le pape Paul VI, dans son motu pro­prio Ministeria quae­dam, du 15 août 1972, a déter­mi­né un sens plus limi­té du terme de “minis­tère”, en réfor­mant la dis­ci­pline des ordres mineurs. Ces quatre ordres tra­di­tion­nels : por­tier, lec­teur, exor­ciste et aco­lyte, fai­saient par­tie inté­grante des étapes menant au sacer­doce. Ils étaient donc reçus par tout futur prêtre.

Cette dis­ci­pline a été conser­vée dans la Tradition, qui conti­nue à confé­rer – désor­mais avec l’aval de Rome – ces quatre ordres mineurs.

La réforme a consis­té à sup­pri­mer ces quatre fonc­tions en tant que par­tie du sacre­ment de l’ordre – en même temps qu’elle sup­pri­mait le sous-​diaconat – et à rem­pla­cer l’ensemble par deux « minis­tères » : lec­teur et acolyte.

Ils cor­res­pondent à un ser­vice vis-​à-​vis de la parole et de l’autel. Le terme de minis­tère est expli­ci­te­ment don­né par le pape Paul VI pour rem­pla­cer l’expression « ordre mineur ». Il ajoute aus­si­tôt que, de ce fait, leur col­la­tion ne doit pas être dénom­mée « ordi­na­tion », mais « institution ».

Le sens nou­veau et spé­ci­fique du minis­tère désigne donc une fonc­tion stable, éta­blie dans l’Eglise pour un but bien déter­mi­né, confiée à un laïc de manière per­ma­nente. Il faut ajou­ter que, réser­vés aux hommes par Paul VI, les minis­tères ont été ouverts aux femmes par François.

Le ministère de catéchiste

Comme le sou­ligne le motu pro­prio Antiquum minis­te­rium, la pos­si­bi­li­té d’établir de nou­veaux minis­tères était déjà ins­crite dans le texte de Paul VI, Ministeria quae­dam, qui don­nait jus­te­ment comme exemple celui de « caté­chiste ». Le nou­veau minis­tère ins­ti­tué par le pape François com­porte donc les mêmes pro­prié­tés que ceux qui existent déjà.

Il est bien évident que l’Eglise n’a pas atten­du ce motu pro­prio pour confier la tâche de caté­chiste à des laïcs, et qu’elle n’a pas non plus atten­du Vatican II pour « prendre conscience » de l’importance de cette fonc­tion, comme semblent le pen­ser certains.

Donner un titre et une ins­ti­tu­tion à une fonc­tion qui est déjà exer­cée, pour­quoi pas ? Mais la logique interne de la créa­tion de ces minis­tères, rap­por­tée plus haut, est insi­dieuse et fon­dée sur une vision défor­mée du sacerdoce.

Les ser­vants de messe, qui accom­plissent la fonc­tion des ordres mineurs de lec­teur et d’acolyte, reçoivent une délé­ga­tion ponc­tuelle pour accom­plir un rôle dévo­lu au cler­gé. L’institution des minis­tères de lec­teur et d’acolyte a don­né à des laïcs, de manière per­ma­nente, le pou­voir de rem­pla­cer par­tiel­le­ment le cler­gé au cours de la messe.

Les caté­chistes qui assistent le prêtre, à cause du manque de cler­gé ou pour des rai­sons de langue, comme dans les pays de mis­sion en par­ti­cu­lier, reçoivent une délé­ga­tion tem­po­raire de l’évêque, à tra­vers le prêtre, pour être asso­ciés à l’enseignement de l’Eglise. L’institution du minis­tère de caté­chiste donne à des laïcs, de manière per­ma­nente, un rôle qui revient par nature au clergé.

Comme le disait déjà Paul VI, et comme le répète François, se rap­por­tant à la consti­tu­tion Lumen gen­tium du Concile, c’est la dis­tinc­tion entre « le sacer­doce com­mun des fidèles et le sacer­doce minis­té­riel ou hié­rar­chique » qui est visée. La dif­fé­rence essen­tielle entre l’Ordre et le sacer­doce com­mun est en train de disparaître.

Le sacre­ment de l’ordre se trouve ain­si pro­gres­si­ve­ment par­ta­gé entre clercs et laïcs, entre prêtres et fidèles. A tel point que des ten­dances théo­lo­giques actuelles se pro­noncent désor­mais pour un par­tage du culte entre ces deux « sacerdoces ».

Source : Fsspx.Actualités