Plus de 40 cardinaux, évêques et rabbins venus du monde entier ont participé les 28 février et 1er mars 2005 , à New York, au deuxième Symposium judéo-catholique.
Le premier symposium avait eu lieu l’an dernier, organisé par le cardinal Jean-Marie Lustiger, alors archevêque de Paris, et le rabbin Israël Singer, président du Congrès juif mondial. « Cette rencontre qui paraissait impossible, est un don de Dieu », avait souligné le cardinal Lustiger.
Cette année, le symposium regroupait deux fois plus de participants, tant du côté juif que du côté catholique, et tous entendaient souligner que « l’Alliance de l’espoir » est une nouvelle étape dans les relations judéo-catholiques. « Nous n’en sommes plus au rapprochement, mais au faire ensemble », a souligné le Père Patrick Desbois, secrétaire du Comité épiscopal pour les relations avec le judaïsme, cheville ouvrière de ce symposium, dans un entretien accordé aux RCF (réseau des Radios chrétiennes en France), soulignant ainsi que catholiques et juifs étaient passés, depuis le Concile Vatican II, de la réconciliation au dialogue de spécialistes, et maintenant aux actions communes.
Dans un communiqué, les responsables du Symposium mettent en valeur plusieurs de ces actions communes : des centres alimentaires en Argentine et au Brésil destinés aux plus démunis et co-dirigés par des prêtres et des rabbins, des initiatives conjointes en Afrique pour procurer des soins aux malades du sida, ou encore la recherche des fosses communes des victimes juives des Einsatzgruppen nazis en Ukraine, pendant la dernière guerre, sous l’égide d’une fondation judéo-catholique.
« Plus jamais les religions ne doivent servir la guerre », souligne le communiqué qui précise que « cette Alliance de l’espoir n’est dirigée contre personne. Au contraire, elle adresse un appel à tous les leaders religieux et tout d’abord aux leaders musulmans afin qu’au niveau mondial on puisse dire et constater que les religions ne servent plus la guerre mais l’espoir et la paix. »
Parmi les participants à ce symposium figuraient le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, les cardinaux Godfried Danneels de Bruxelles, Claudio Hummes du Brésil, Theodor E. McCarrick de Washington, ou encore Peter Kodwo Appiah Turkson du Ghana. Une délégation de huit prélats français suivait également les travaux, conduite par le cardinal Lustiger et Mgr Ricard, archevêque de Bordeaux et président de la Conférence des évêques de France. Du côté juif, plus de 30 rabbins étaient présents, dont le rabbin Goldschmidt de Moscou, le rabbin Bleich d’Ukraine, le rabbin Bernheim de France et plusieurs rabbins américains.
A l’issue de ce deuxième Symposium, le cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque émérite de Paris, a dressé un bilan positif de la rencontre. Ce rapprochement spectaculaire entre catholiques et juifs orthodoxes vient du fait, explique-t-il, que « la crise de la civilisation contemporaine demande une fidélité accrue de la part des hommes et des femmes qui croient que Dieu, notre créateur, est celui qui donne à l’homme les commandements de la vie. Ceci est commun aux juifs et aux chrétiens, et nos interlocuteurs l’ont compris ». « Ils estiment, ajoute-t-il, que dans cette situation stratégique de la nouvelle civilisation mondiale, nous avons une tâche à accomplir dans ce domaine. Elle peut prendre des figures concrètes de solidarité et d’entraide aux plus pauvres, mais elle joue aussi sur la vision même de l’homme et tous les enjeux que cela représente. »
En conclusion, le cardinal d’origine juive estime que ce n’est pas une alliance des religions en général dont il est question ici, mais il s’agit plutôt d’une redécouverte des sources bibliques de la vision de l’homme. Cette redécouverte permet aux chrétiens et aux juifs d’aborder les différentes religions et de voir comment des hommes de conditions fort diverses, et parfois opposées, peuvent cependant avoir un apport commun et fort utile pour aider à résoudre les problèmes du monde actuel.
Le cardinal Walter Kasper a pour sa part vivement souhaité que le travail entamé à New York entre les autorités catholiques et juives orthodoxes ne reste pas sans lendemain, mais continue dans la durée. C’est la première fois qu’un représentant officiel du Saint-Siège participe à de telles rencontres. Les organisateurs soulignent qu’il s’inscrit ainsi dans le chemin tracé par Jean-Paul II, premier pape à se rendre dans une synagogue, à Rome en 1986, et au mur des Lamentations à Jérusalem, en 2000. Ce ne sont pas de simples visites, mais des « déplacements de fond », précisent-ils, en ajoutant qu’il ne s’agit pas non plus d’une démarche politique ou médiatique, mais d’un dialogue interreligieux profond.
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