Pie XII

260ᵉ pape ; de 1939 à 1958

21 février 1943

Allocution à l'Académie pontificale des sciences

La valeur objective de la connaissance scientifique

Table des matières

L’allocution sui­vante pro­non­cée par le Saint-​Père à l’Académie Pon­tificale des sciences est l’un des docu­ments les plus carac­té­ris­tiques de l’am­pleur de la docu­men­ta­tion et de la pré­ci­sion des idées de Pie XII dans le domaine scien­ti­fique qui éton­naient même les plus com­pé­tents de ses auditeurs.

Dans cette solen­nelle assem­blée, hono­rée de la pré­sence de Mes­sieurs les car­di­naux, d’illustres diplo­mates, de hauts per­son­nages et d’insignes savants, Nous voyons en vous, encore une fois, excel­len­tis­simes aca­dé­mi­ciens, les sages et infa­ti­gables inves­ti­ga­teurs de la nature et de l’univers, que cer­tai­ne­ment vous ne ces­sez pas d’admirer, s’il est vrai ce que Platon met dans la bouche de Socrate et qu’il ensei­gna à son dis­ciple Aristote, à savoir que pour l’amant de la sagesse le sen­ti­ment qui domine prin­ci­pa­le­ment en lui est celui de l’admiration [1], atten­du qu’en dehors de ce sen­ti­ment, la phi­lo­so­phie, de quelque façon qu’on la com­prenne, n’a pas d’autre prin­cipe. Vous admi­rez l’univers, des confins très pro­fonds du ciel étoi­lé jusqu’à la plus infime struc­ture de l’atome ; et dans la gran­diose magni­fi­cence du monde créé, vous voyez le temple de l’ordre et de la puis­sance divine. Vous connais­sez, vous admi­rez la gran­deur illi­mi­tée de la machine de l’univers, dont le moins qu’on puisse louer est l’immensité de ses espa­ces, la mul­ti­tude des corps et des élé­ments, la rapi­di­té des mouve­ments, la varié­té et la beau­té des par­ties ; tan­dis que — ain­si que Nous l’observions déjà dans Notre der­nier dis­cours devant cette Académie — la chose la plus admi­rable à consi­dé­rer est la dis­po­si­tion de l’ordre qui dis­tingue et unit tout, entre­lace et enchaîne tout, har­monise les natures irra­tion­nelles dis­cor­dantes elles-​mêmes avec tant de fidé­li­té et d’union réci­proques que, tout en lais­sant cha­cune agir sui­vant l’instinct dif­fé­rent de sa propre incli­na­tion, toutes par­tant d’un même prin­cipe sans le savoir conspirent à une même fin sans le vou­loir [2]. Cet ordre uni­ver­sel, vous le contem­plez, vous le mesu­rez, vous l’étudiez ; il n’est pas ni ne peut être le fruit d’un besoin abso­lu aveugle, non plus que du hasard et de la for­tune ; le hasard est une concep­tion de l’imagination ; la for­tune, un rêve de l’igno­rance humaine. Dans l’ordre, vous cher­chez une rai­son qui le gou­verne ab intrin­se­co, une orga­ni­sa­tion de la rai­son dans un monde qui, même sans vie, se meut comme s’il vivait et agit selon son des­sein comme s’il com­pre­nait ; en un mot, vous cher­chez la loi qui, préci­sément, est une ordon­nance de la rai­son de Celui qui gou­verne l’uni­vers et l’a fixée dans la nature et dans les mou­ve­ments de son ins­tinct inconscient.

Importance de la question.

Dans cette recherche des lois qui gou­vernent le monde, vous allez à la ren­contre de Dieu et vous en cher­chez les traces lais­sées par lui lorsqu’il en eut accom­pli la créa­tion ; pour Nous, Nous admi­rons vos conquêtes dans les immenses domaines de la nature. Les recher­ches expé­ri­men­tales des der­nières décen­nies, tout en se rat­ta­chant aux études et aux tra­vaux de la fin du siècle pas­sé, ont abou­ti à des décou­vertes et à des trou­vailles d’une impor­tance capi­tale, pour ne citer que les trans­for­ma­tions arti­fi­cielles du noyau ato­mique, la dés­in­té­gra­tion de l’atome, les mer­veilles du micro­cosme dévoi­lées par le micro­scope pour élec­trons. Les pro­grès scien­ti­fiques ont conduit à la connais­sance de nou­velles lois dans les phé­no­mènes de la nature et éclai­ré d’une lumière nou­velle la ques­tion de l’essence et de la valeur des lois phy­siques. Il n’existe pas, peut-​être, de pro­blème qui inté­resse et occupe autant aujourd’hui les émi­nents explo­ra­teurs du monde natu­rel — phy­si­ciens, chi­mistes, astro­nomes, bio­logues et phy­sio­logues — et ceux qui s’occupent de phi­lo­so­phie natu­relle, que la ques­tion des lois qui régissent l’ordre et l’action des matières et des phé­no­mènes agis­sant dans notre globe et dans l’univers. Il s’agit, en effet, de ques­tions fon­da­men­tales, dont la solu­tion est non moins déci­sive pour l’objet et le but de toute science natu­relle qu’im­portante aus­si pour la com­pré­hen­sion méta­phy­sique, basée sur la réa­li­té objective.

Changements dans le concept de la loi physique. Lois dynamiques et lois statiques.

Une véri­table et rigide loi dyna­mique repré­sente une stricte norme régu­la­trice de l’être et de l’action des choses, au point d’en exclure toute excep­tion d’ordre natu­rel. Découverte par induc­tion à la suite de l’observation et de l’examen de nom­breux cas par­ti­cu­liers sem­blables, elle per­met de pré­voir, et sou­vent même de cal­cu­ler par anti­ci­pa­tion, d’une manière déduc­tive, d’autres cas par­ti­cu­liers dans le champ de son appli­ca­tion, comme font la loi de la gra­vi­té, les lois de la réflexion et de la réfrac­tion de la lumière, la loi de la cons­tance du rap­port des poids dans les com­bi­nai­sons chi­miques et tant d’autres. Mais le concept de loi phy­sique n’a pas tou­jours été le même, et il est bon de suivre les chan­ge­ments de sa for­ma­tion et de son éva­lua­tion au cours des cent der­nières années. Au début du siècle pas­sé, on connais­sait déjà la loi de la conser­va­tion de la masse ; puis vint la connais­sance d’importantes lois de l’optique, de l’électricité, et sur­tout de la chi­mie phy­sique ; décou­vertes cou­ron­nées enfin par celle des lois géné­rales de l’énergie. Il n’est donc pas éton­nant si, à la nais­sance du monisme maté­ria­liste, la loi de la méca­nique a été exal­tée comme une déesse sur l’autel de la science et si à son domaine abso­lu sont venus se plier, en sujet et vas­sal, non seule­ment le monde de la matière, mais encore le royaume de la vie et de l’esprit, l’uni­vers n’était donc que l’empire sans limite du mou­ve­ment ; et, sui­vant une telle concep­tion, ain­si que l’a expo­sé plas­ti­que­ment Du Bois-​Reymond [3] dans son dis­cours Ueber die Grenzen des Naturerkennens [4], il devait exis­ter une for­mule uni­ver­selle méca­nique, telle qu’un génie uni­ver­sel, ou un esprit « lapla­cien », grâce à la connais­sance de cette loi, serait capable de com­prendre plei­ne­ment tout ce qui arrive dans le pré­sent et ne devrait ren­con­trer rien d’incertain, atten­du que devant ses yeux se pré­sen­te­raient clai­re­ment aus­si bien le pas­sé ense­ve­li que le plus loin­tain ave­nir. Cette idée a aus­si été expri­mée par le grand mathé­ma­ti­cien Henri Poincaré quand il écri­vait : « Tout phé­no­mène, si minime qu’il soit, a une cause, et un esprit infi­ni­ment puis­sant, infi­ni­ment bien infor­mé des lois de la nature, aurait pu le pré­voir dès le com­men­ce­ment des siècles » [5]. Le pos­tu­lat sur la « cau­sa­li­té phy­sique close » n’admettait donc aucune excep­tion ni aucune inter­ven­tion au cours des acti­vi­tés phy­siques, par exemple, par un miracle. Mais ce pos­tu­lat équi­vaut à l’ancien prin­cipe sui­vant lequel, étant don­né la cause, même suf­fi­sante, l’effet suit néces­sai­re­ment ; sen­tence dont le grand doc­teur d’Aquin, d’accord avec le phi­lo­sophe de Stagire, démon­tra la faus­se­té, atten­du que toute cause, même suf­fi­sante, n’est pas telle que son effet ne soit impos­sible à empê­cher, au moins par un libre acte humain. En d’autres termes : tout effet a néces­sai­re­ment une cause, mais pas tou­jours une cause néces­sai­re­ment agis­sante, car il y a aus­si d’autres causes qui agissent libre­ment [6].

Cependant, un homme de la capa­ci­té de Virchow [7] pro­non­çait, à la XLVIIe Assemblée annuelle des savants et des méde­cins alle­mands, en 1874, les graves paroles sui­vantes : « Ce n’est certaine­ment pas une pré­somp­tion de la science de la nature si nous affir­mons que les lois natu­relles sont abso­lu­ment effi­caces dans toutes les cir­cons­tances et ne sont sou­mises à sus­pen­sion en aucun temps. » Mais Virchow n’avait pas vu toutes les cir­cons­tances des évé­ne­ments du pas­sé ni de ceux de l’avenir ; et c’était, de sa part, une véri­table pré­somp­tion, que le déve­lop­pe­ment scien­ti­fique des der­nières décen­nies laisse faci­le­ment recon­naître. L’épais maté­ria­lisme d’alors s’est avé­ré depuis long­temps insou­te­nable ou s’est trans­for­mé en ce téné­breux ange de lumière (cf. Eph., vi, 12 ; II Cor., xi, 14), qui se couvre du man­teau de l’esprit et du pan­théisme ; et l’affirmation que les lois natu­relles ne souffrent aucune excep­tion a été tel­le­ment ébran­lée par le pro­grès de la science exacte, qu’aujourd’hui c’est tout juste si l’on ne tombe pas dans l’autre excès qui consiste à ne par­ler que de règles moyennes, de normes sta­tis­tiques et de lois de pro­ba­bi­li­té. Pareille façon de pen­ser est per­mise dans la mesure où de très nom­breuses lois du monde sen­sible ou macro­cosme mani­festent un carac­tère sta­tis­tique — car elles n’expriment pas la façon de se com­porter de chaque être, mais le pro­ces­sus moyen d’un nombre immense d’êtres sem­blables — et ain­si se prêtent à être trai­tées au moyen du cal­cul des probabilités.

Mais vou­loir voir seule­ment des lois sta­tiques dans le monde est une erreur de nos temps ; c’est pour ain­si dire s’écarter de la nature de l’esprit humain — lequel

Solo da sen­sa­to apprende
Cio che fa pos­cia d’intelletto degno [8]

— c’est affir­mer que l’on peut se pas­ser de l’ancienne concep­tion rigi­de­ment dyna­mique de la loi natu­relle et qu’elle est deve­nue vide de sens. Bien plus, le récent posi­ti­visme s’est avan­cé si loin, à côté du conven­tion­na­lisme, qu’il a mis en doute la valeur même de la loi causale.

Qu’est-​ce que la science ?

Cette pen­sée posi­ti­viste est à bon droit reje­tée par la saine phi­lo­so­phie. Qu’est-ce, en effet, que la science, sinon la connais­sance cer­taine des choses ? Et com­ment est-​il pos­sible d’acquérir cette con­naissance si l’on ne scrute pas les prin­cipes et les causes des choses dont pro­cède la démons­tra­tion de leur être et de leur nature et de leur action ? Vous obser­vez, vous scru­tez, vous étu­diez et vous sou­met­tez la nature à l’expérimentation pour en com­prendre les prin­cipes et les causes intrin­sèques, pour péné­trer les lois qui règlent sa consti­tu­tion et son action, pour agen­cer le pro­ces­sus de ces lois, pour en déduire une science avec des prin­cipes, des causes et des conclu­sions qui en découlent logi­que­ment. Vous cher­chez donc la régu­la­ri­té et l’ordre dans les divers règnes de la créa­tion, et quelle richesse n’a pas décou­vert l’esprit inves­ti­ga­teur de l’homme !

Le système des lois naturelles.

a) Dans le monde inorganique.

Voici, en effet, pour ne citer que quelques exemples, dans le macro­cosme des phé­no­mènes pure­ment physico-​chimiques, les nom­breuses lois par­ti­cu­lières de la méca­nique des corps solides, liquides et gazeux ; les lois de l’acoustique et de la cha­leur, de l’électricité, du magné­tisme et de la lumière ; les lois de la réac­tion et de l’équi­libre chi­mique dans la chi­mie inor­ga­nique et orga­nique : lois parti­culières qui sou­vent s’élèvent et deviennent des normes plus hautes et plus géné­rales, de manière à faire com­prendre et recon­naître un grand nombre de groupes de phé­no­mènes natu­rels qui, tout d’abord, sem­blaient pri­vés de toute rela­tion interne, et cela en ver­tu d’une loi supé­rieure. Voici les lois du mou­ve­ment des pla­nètes qui se rat­tachent à la loi uni­ver­selle de la gra­vi­ta­tion. Les célèbres équa­tions de Maxwell n’ont-elles pas jeté un pont entre les phé­no­mènes de l’optique et de l’électricité ? Et tous les phé­no­mènes natu­rels dans le monde inor­ga­nique ne sont-​ils pas sou­mis à la loi de la constance et de l’entropie ? Si, jusqu’à ces der­niers temps, on connais­sait deux lois constantes : celle de la conser­va­tion de la masse et celle de la conser­va­tion de l’énergie, les plus récentes recherches ont prou­vé par des faits tou­jours plus convain­cants que toute masse est équi­va­lente à une quan­ti­té déter­mi­née d’énergie et vice ver­sa. D’où il suit que les deux anciennes lois de conser­va­tion sont rigou­reu­se­ment des appli­ca­tions spé­ciales d’une loi supé­rieure plus géné­rale, laquelle dit : dans un sys­tème fer­mé, mal­gré tous les chan­ge­ments, même là où se trouve une notable trans­for­ma­tion de masse en éner­gie ou vice ver­sa, la somme de tous les deux reste constante. Cette loi supé­rieure de constance est une des clés dont se sert aujourd’hui le phy­si­cien de l’atome pour péné­trer dans les mys­tères du noyau atomique.

Pareil sys­tème scien­ti­fique du macro­cosme riche­ment consti­tué et bien orga­ni­sé ren­ferme indu­bi­ta­ble­ment un grand nombre de lois sta­tiques qui, cepen­dant, étant don­né la mul­ti­tude des élé­ments, atomes, molé­cules, élec­trons, pho­tons, etc., ne le cèdent en rien en sûre­té et en exac­ti­tude, aux lois stric­te­ment dyna­miques. En tout cas, elles sont fon­dées et comme ancrées sur des lois rigi­de­ment dyna­miques du micro­cosme, bien que la connais­sance des lois micro­cosmiques soit encore presque incon­nue quant à ses détails, quelque puis­sants que soient les efforts faits au cours des nou­velles et ardues recherches pour péné­trer dans l’activité mys­té­rieuse de l’intérieur de l’atome. Peu à peu ces voiles pour­ront tom­ber, et alors appa­raî­tra le carac­tère appa­rem­ment non cau­sal des phé­no­mènes micro­cos­miques : un nou­veau règne mer­veilleux de l’ordre, de l’ordre même dans les plus petites par­ti­cules sera découvert.

Véritablement sur­pre­nantes se pré­sentent à nous ces méthodes pro­fondes des recherches sur l’atome, non seule­ment parce qu’elles dévoilent à nos regards la connais­sance d’un monde aupa­ra­vant incon­nu, dont la richesse, la mul­ti­pli­ci­té et la régu­la­ri­té semblent en quelque sorte riva­li­ser avec les sublimes gran­deurs du fir­ma­ment, mais encore en rai­son des effets gran­dioses et impré­vi­sibles que la tech­nique peut en attendre. A ce pro­pos, Nous ne pou­vons Nous empê­cher de faire men­tion d’un admi­rable phé­no­mène dont a par­lé le Nestor de la théo­rie phy­sique, Max Planck [9], Notre aca­dé­mi­cien, dans un récent article Sinn und Grenzen der exak­ten Wissenschaft (Sens et limites de la science exacte) [10]. Les sin­gu­lières trans­for­ma­tions de l’atome ont, pen­dant de longues années, occu­pé seule­ment les ama­teurs de la science pure. Surprenante, assu­ré­ment, était la gran­deur de l’énergie qui par­fois s’y déve­lop­pait ; mais parce que les atomes étaient extrê­me­ment petits, on ne pen­sait pas sérieu­se­ment qu’ils pussent acqué­rir de l’importance, même pour la pra­tique. Aujourd’hui, au contraire, cette ques­tion a revê­tu un aspect inat­ten­du par suite des résul­tats de la radio­ac­ti­vi­té arti­fi­cielle. Il est, en effet, éta­bli que dans la désa­gré­ga­tion que l’on fait subir à un atome, si cet atome est bom­bar­dé par un neu­tron, deux ou trois neu­trons se trou­vent libé­rés, dont cha­cun se lance de lui-​même et peut ren­con­trer et désa­gré­ger un autre atome d’uranium. C’est ain­si que se mul­ti­plient les effets, et il peut arri­ver que le choc constam­ment crois­sant des neu­trons sur des atomes d’uranium fasse aug­men­ter en peu de temps le nombre des neu­trons deve­nus libres et pro­por­tion­nel­le­ment la somme d’énergie qui se dégage d’eux jusque dans des pro­por­tions for­mi­dables et à peine ima­gi­nables. D’après un cal­cul spé­cial, il résulte que, de cette façon, un mètre cube de pous­sière d’oxyde d’uranium, en moins d’un cen­tième de seconde, se trans­forme en une éner­gie suf­fi­sante pour pro­je­ter jusqu’à 27 kilo­mètres un poids de 1 mil­liard de tonnes : somme d’énergie sus­cep­tible de rem­pla­cer pen­dant de nom­breuses années l’action de toutes les grandes cen­trales élec­triques du monde entier. Planck ter­mine son article en fai­sant obser­ver que bien qu’on ne puisse encore son­ger à mettre tech­ni­que­ment à pro­fit un si redou­table pro­grès, ce der­nier pré­pare cepen­dant la voie à une série de pos­si­bi­li­tés, de manière que l’idée de la construc­tion d’une machine d’uranium ne peut être regar­dée comme une pure uto­pie. Cependant, il impor­te­rait sur­tout qu’on ne lais­sât pas s’effectuer ce pro­grès sous forme d’explosion ; il fau­drait en frei­ner le cours avec des moyens chi­miques adap­tés et effi­caces par leur vigi­lance. Sinon, il pour­rait en résul­ter, non seule­ment au lieu même de l’explosion, mais pour notre pla­nète tout entière, une dan­ge­reuse catastrophe.

b) Dans les sphères de la vie végétative et sensitive.

Si, main­te­nant, des champs illi­mi­tés du monde inor­ga­nique nous nous éle­vons vers les sphères de la vie végé­ta­tive et sen­si­tive, nous y trou­vons un monde nou­veau de lois dans la pro­prié­té, dans la mul­ti­tude, dans les varié­tés, dans la beau­té, dans l’ordre, dans la qua­li­té et dans l’utilité des natures qui emplissent le monde ter­restre. A côté des nom­breuses lois du monde inor­ga­nique, nous consta­tons, en outre, des lois spé­ci­fi­que­ment supé­rieures, des lois propres de la vie, qu’on ne peut rame­ner aux lois pure­ment physico­chimiques, de sorte qu’il est impos­sible de consi­dé­rer les êtres vivants comme n’étant que de pures sommes de com­po­sants physico-​chimi­ques. C’est un nou­veau et mer­veilleux hori­zon que la nature nous pré­sente ; qu’il Nous suf­fise de rap­pe­ler, à titre d’exemple : les lois du déve­lop­pe­ment des orga­nismes, les lois des sen­sa­tions internes et externes, et par-​dessus tout la fon­da­men­tale loi psycho-​physique. La vie supé­rieure spi­ri­tuelle, elle aus­si, est régie par des lois de nature, ain­si qua­li­fiées sur­tout parce que les défi­nir avec pré­ci­sion devient d’autant plus dif­fi­cile que ces lois occupent un rang éle­vé dans l’ordre de l’être.

Réalité objective de la connaissance.

Ce sys­tème admi­rable et ordon­né de lois qua­li­ta­tives et quanti­tatives, par­ti­cu­lières et géné­rales, du macro­cosme et du micro­cosme, se pré­sente aujourd’hui aux yeux du savant dans son enchaî­ne­ment en grande par­tie dévoi­lé et décou­vert. Et pour­quoi le disons-​Nous décou­vert ? Parce qu’il n’est pas pro­je­té ni construit par nous dans la nature, grâce à une pré­ten­due forme sub­jec­tive innée de la con­naissance ou de l’intelligence humaine ni non plus façon­né artifi­ciellement au pro­fit et pour l’usage d’une telle éco­no­mie de pen­sée et d’étude, c’est-à-dire pour rendre plus aisée notre connais­sance des choses ; il n’est pas davan­tage la conclu­sion d’ententes ou de con­ventions de savants inves­ti­ga­teurs de la nature. Les lois natu­relles existent, pour ain­si dire, incar­nées et secrè­te­ment opé­rantes au plus pro­fond de la nature, et nous, par l’observation et l’expérimentation, nous les recher­chons et les découvrons.

Ne dites pas que la matière n’est pas une réa­li­té, mais une abs­trac­tion façon­née par la phy­sique ; que la nature est en soi insai­sis­sable par l’esprit ; que notre monde sen­sible est un autre monde à part, tan­dis que le phé­no­mène, qui est l’apparence du monde exté­rieur, nous fait son­ger à la réa­li­té des choses qu’il cache. Non ! la nature, c’est la réa­li­té, et une réa­li­té qu’on peut connaître. Bien que les choses paraissent et soient muettes, elles ont cepen­dant un lan­gage qui nous parle, qui sort de leur sein, comme l’eau d’une source per­ma­nente. Leur lan­gage, c’est leur cau­sa­li­té qui par­vient à nos sens avec la vue des cou­leurs et du mou­ve­ment, avec le son des métaux, le bruit des tem­pêtes, les cris des ani­maux, avec la dou­ceur du miel et l’amertume du fiel, avec le par­fum des fleurs, avec la dure­té, le poids et la cou­leur de leur matière, impri­mant en nous une image, une res­sem­blance qui est pour notre esprit un moyen pour nous conduire à la réa­li­té des choses. Aussi vous ne par­lez pas de l’image ou de la res­sem­blance de notre intel­li­gence, mais des choses elles-​mêmes et vous savez dis­tin­guer le phé­no­mène de votre monde sen­sible de la sub­stance des choses, les appa­rences de l’or de l’or lui-​même, comme les appa­rences du pain du pain lui-​même de la sub­stance duquel vous faites une nour­ri­ture pour l’assimiler et l’iden­tifier avec la sub­stance de votre corps. Le mou­ve­ment des choses vers nous cause en nous une simi­li­tude ; sans simi­li­tude il ne sau­rait y avoir de confor­mi­té de notre intel­li­gence avec les choses réelles, et sans simi­li­tude la connais­sance est impos­sible ; quant à nous, nous ne pou­vons dire qu’une chose quel­conque soit vraie si elle n’a pas quelque adé­qua­tion à notre intel­li­gence. Les choses d’où notre esprit tire la science mesurent notre esprit et les lois que nous trou­vons ou pui­sons en elles ; mais elles sont mesu­rées par l’éternelle intel­li­gence divine, dans laquelle sont toutes les choses créées, comme dans l’esprit de tout arti­san se trouvent toutes les œuvres de sa com­pé­tence [11]. Que font la main et l’esprit du savant ? Ce der­nier découvre et dévoile les choses créées, les dis­tingue, les classe, non pas à la façon de celui qui suit du regard des oiseaux en plein vol, mais comme celui qui en est en pos­ses­sion et en recherche la nature et les pro­priétés intrin­sèques. Lorsque Lothaire Meyer et Mendelejew [12] ran­gèrent, en 1869, les élé­ments chi­miques dans ce simple tableau, regar­dé aujourd’hui comme le sys­tème natu­rel des élé­ments, ils étaient pro­fon­dé­ment convain­cus qu’ils avaient trou­vé un ordre régu­lier fon­dé sur les pro­prié­tés et ten­dances inté­rieures de ces élé­ments, une clas­si­fi­ca­tion sug­gé­rée par la nature, dont le déve­lop­pe­ment pro­gressif pro­met­tait les plus pro­fondes décou­vertes sur la consti­tu­tion et l’être de la matière. De fait, c’est de ce point que par­tit la recherche ato­mique moderne. Au temps de la décou­verte, la sus­dite éco­no­mie men­tale n’était pas prise en consi­dé­ra­tion, car ce sché­ma pri­mi­tif offrait encore de nom­breuses lacunes ; il ne pou­vait non plus s’agir de conven­tion, car les qua­li­tés de la matière elle-​même impo­saient un tel clas­se­ment. Ce n’est là qu’un exemple par­mi beau­coup d’autres qui montre que les plus grands génies du pas­sé et du pré­sent ont eu la noble per­sua­sion qu’ils étaient les hérauts d’une véri­té iden­tique et la même pour tous les peuples et toutes les races qui foulent le sol du globe et regardent le ciel ; une véri­té qui s’appuie essen­tiel­le­ment sur une adae­qua­tio rei et intel­lec­tus, laquelle n’est pas autre chose que la confor­mi­té acquise, plus ou moins par­faite, plus ou moins accom­plie, de notre intel­li­gence avec la réa­li­té objec­tive des choses natu­relles, dans laquelle consiste la véri­té de notre savoir.

Réfutation du phénoménisme.

Mais ne vous y trom­pez pas, de même que ces phi­lo­sophes et ces savants esti­mèrent que nos facul­tés cog­ni­tives ne connaissent que leurs propres chan­ge­ments et sen­sa­tions, de même ils furent ame­nés à dire que notre intel­li­gence n’arriverait à acqué­rir la science que par les res­sem­blances reçues des choses, et c’est pour­quoi seules les images des choses, et non les choses elles-​mêmes, seraient l’objet de notre science et des lois que nous for­mu­lons concer­nant la nature. Erreur mani­feste ! Ne sont-​ce pas les mêmes choses, celles que vous conce­vez et celles dont parle, rai­sonne et dis­cute votre science ? Vous parlons-​Nous à vous-​mêmes ou bien aux images qui se forment dans Notre œil en vous voyant ici pré­sents ? Si donc, ce que vous com­pre­nez et connais­sez n’étaient que les images de vos sen­sa­tions, il s’ensuivrait que toutes vos sciences phy­siques, des étoiles à l’atome, du soleil à la lampe élec­trique, des miné­raux aux cèdres du Liban, des microbes à l’homme et aux phar­ma­ciens pour ses mala­dies, ne trai­te­raient pas des choses qui sont en dehors de votre âme, mais seule­ment de ces espèces ou images intel­li­gibles que vous contem­plez aus­si en rêve au-​dedans de votre âme. La science qui exalte un Copernic et un Galilée, un Kepler et un Newton, un Volta et un Marconi, et d’autres fameux et bien méri­tants inves­ti­ga­teurs du monde phy­sique qui nous entoure exté­rieu­re­ment, serait un beau rêve d’esprit éveillé ; un beau fan­tôme du savoir phy­sique ; l’appa­rence rem­pla­ce­rait la réa­li­té et la véri­té des choses ; et d’une chose serait tout aus­si vraie l’affirmation que sa néga­tion. Non ! la science n’est pas la science des rêves ou des images des choses, mais celle des choses elles-​mêmes, au moyen des images que nous recueillons d’elles, car, ain­si que l’enseigne, après Aristote, le Docteur angé­lique, la pierre ne peut être dans notre âme, mais bien l’image ou la figure de la pierre qui, sem­blable à elle-​même, se repro­duit dans nos sens puis dans notre intel­li­gence, afin que, par cette res­sem­blance, elle puisse être et qu’elle soit dans notre âme et dans notre étude et nous fasse reve­nir à elle en nous rame­nant à la réa­li­té [13].

Les récentes décou­vertes de la psy­cho­lo­gie expé­ri­men­tale attestent elles aus­si, ou plu­tôt confirment que ces res­sem­blances ne sont pas le pur pro­duit d’une acti­vi­té sub­jec­tive auto­nome, mais des réac­tions psy­chiques à des sti­mu­lants indé­pen­dants du sujet et pro­ve­nant des choses elles-​mêmes ; réac­tions conformes aux dif­fé­rentes qua­li­tés et pro­priétés des choses, et qui varient comme varie le stimulant.

Les images, donc, que les choses natu­relles, soit par la voie de la lumière et de la cha­leur, soit par la voie du son, du goût et de l’odeur ou d’une autre manière, laissent leur marque dans les organes de nos sens et au moyen des sens inté­rieurs par­viennent à notre intel­lect agent, ne sont que l’instrument qui nous est four­ni par la nature, notre pre­mière maî­tresse du savoir, pour se faire connaître par nous, mais il n’est pas moins vrai que nous pou­vons exa­mi­ner, étu­dier un tel ins­tru­ment, faire des recherches sur lui et réflé­chir sur ces images et sur tout ce qu’elles nous repré­sentent de la nature et sur la voie par laquelle elles se font les sources de nos connais­sances du monde qui nous entoure. De l’acte par lequel notre intel­lect a l’idée de la pierre nous pas­sons à l’acte qui consiste à com­prendre com­ment notre intel­li­gence a l’idée de la pierre ; acte qui favo­rise le pre­mier, parce que l’homme, en nais­sant sans idées innées et sans les rêves d’une vie anté­rieure, entre vierge d’images et de science dans le monde, étant né et fait — ain­si que Nous l’avons déjà rap­pe­lé — pour « apprendre des sens seule­ment ce qu’ensuite il rend digne de son intelligence ».

Conclusion.

Admirez, ô inves­ti­ga­teurs de la nature et des lois qui la gou­vernent, au centre de l’univers maté­riel, la gran­deur de l’homme, à la pre­mière ren­contre duquel avec la lumière, saluée par lui avec un gémis­se­ment enfan­tin, Dieu montre ouvert le théâtre de la terre et du fir­ma­ment, avec toutes les mer­veilles qui l’enchantent et attirent ses yeux inno­cents ! Ce théâtre, qu’est-il sinon le fon­de­ment et le pre­mier objet de toute connais­sance humaine qui com­mence à par­tir de là, avec mille et mille images que la nature, notre maître, verse et répand dans nos sens avides ? Vous en demeu­rez stu­pé­faits en vous-​mêmes ; vous scru­tez vos actes internes, vous vous repliez en vous-​mêmes pour en cher­cher les sources et vous les trou­vez dans ces sens internes, dans ces puis­sances et ces facul­tés dont vous faites l’objet d’une nou­velle science de vous-​mêmes, de votre intime nature rai­son­nable, de votre sen­ti­ment, de votre intel­li­gence et de votre volon­té. Voici la science de l’homme et de ses lois cor­porelles et psy­chiques ; voi­ci l’anatomie, la phy­sio­lo­gie, la méde­cine, la psy­cho­lo­gie, l’éthique, la poli­tique et cette somme de sciences qui, même au milieu de ses erreurs, est un hymne à Dieu, à ce Dieu qui, en façon­nant l’homme, lui insuf­fla un esprit vital, supé­rieur à celui des autres êtres vivants, fait à son image et à sa res­sem­blance. Le macro­cosme exté­rieur maté­riel dit ain­si de lui-​même une grande parole au micro­cosme inté­rieur spi­ri­tuel : l’un et l’autre dans leur force agis­sante sont sou­ve­rai­ne­ment réglés par l’Auteur des lois de la matière et de l’esprit, au sujet des­quelles, comme du suprême gou­vernement de Dieu dans le monde, pour ne pas rete­nir plus long­temps votre atten­tion, Nous Nous réser­vons de par­ler, s’il plaît à Dieu, en une autre occa­sion. Mais les chan­ge­ments de l’esprit qui écoute la voix et contemple les mer­veilles de l’univers, par­fois sont ter­ribles, par­fois lui donnent le ver­tige, par­fois le sou­lèvent et lui font faire sur le che­min de la science des pas plus gigan­tesques que les mouve­ments régu­liers des pla­nètes et des constel­la­tions du ciel jusqu’à l’élever au-​dessus du monde phy­sique maté­riel de son étude, jusqu’au monde spi­ri­tuel qui se trouve par-​delà le monde créé pour louer « l’Amour qui met en mou­ve­ment le soleil et les autres astres ».

Cet amour qui a créé, meut et gou­verne l’univers, gou­verne et régit aus­si l’histoire et le pro­grès de l’humanité tout entière et dirige tout en vue d’une fin, cachée à notre esprit dans le brouillard des années, mais fixée par Dieu de toute éter­ni­té pour cette gloire que racontent de lui les cieux et qu’il attend de l’amour de l’homme, auquel il a accor­dé de rem­plir la terre et de la sou­mettre par son tra­vail. Puisse cet amour émou­voir et diri­ger le désir de la bonne volon­té des puis­sants et de tous les hommes afin qu’ils fra­ter­nisent entre eux, qu’ils tra­vaillent dans la paix et dans la jus­tice, qu’ils s’enflamment au feu de l’immense et bien­fai­sante cha­ri­té de Dieu et qu’ils cessent d’inonder de sang et de sillon­ner de ruines et de pleurs cette terre, où tous, sous n’importe quel ciel, nous sommes pla­cés pour mili­ter, comme enfants de Dieu, pour une vie éternelle­ment bienheureuse.

Source : Documents pon­ti­fi­caux de sa sain­te­té Pie XII, année 1943, Edition Saint-​Augustin Saint-​Maurice – D’après le texte ita­lien des A. A. S., XXXV, 1943, p. 69 : cf. la tra­duc­tion fran­çaise des Actes de S. S. Pie XII, t. VI, p. 32. Les sous-​titres sont ceux du texte original.

Notes de bas de page
  1. Dans Θεαίτητος, n. XI.[]
  2. Cf. Bartoli, Delle gran­dezze di Cristo, c. II.[]
  3. Emile Du Bois-​Reymond est un phy­sio­lo­giste alle­mand, né à Berlin en 1818, mort en 1896. Académicien et pro­fes­seur, il intro­duit dans l’étude des phé­no­mènes vitaux les méthodes employées dans les sciences pure­ment phy­siques. Il a écrit des ouvrages sur l’électricité ani­male, sur la phy­sique des nerfs et des muscles, etc.[]
  4. Sur les limites de la connais­sance de la nature, Leipzig, 1907.[]
  5. Science et méthode, p. 65.[]
  6. Cf. In libros Peri her­me­neias, l. 1er, c. IX, lect. XIV, n. 11.[]
  7. Rodolphe Virchow, méde­cin et homme poli­tique alle­mand (1821–1902), pro­fes­seur d’Univer­sité et dépu­té au Reichstag. Comme méde­cin, il a atta­ché son nom à la fon­da­tion de la patho­lo­gie cel­lu­laire dont il don­na la théo­rie dans un ouvrage publié en 1858, et dont il fit l’application dans de nom­breuses mono­gra­phies consa­crées à diverses mala­dies. Il s’est occu­pé aus­si d’études d’anthropologie et d’ethnologie his­to­riques.[]
  8. Voici la tra­duc­tion de ces vers 40–42 du chant IV, du Paradis de Dante : « C’est ain­si qu’il convient de par­ler à votre génie humain, car il apprend seule­ment par le mode du sen­ti ce qu’il rend ensuite digne de par­ve­nir à l’intellect ».[]
  9. Max Planck, phy­si­cien alle­mand, né à Kiel en 1858, mort en 1947, pro­fes­seur et direc­teur de l’Institut de phy­sique théo­rique à Berlin. Ses tra­vaux scien­ti­fiques ont trait à la cha­leur, à l’énergie, à l’électricité. Il est l’auteur de la théo­rie des quan­ta ; ces quan­ta sont des quan­ti­tés dis­con­ti­nues (comme des paquets sépa­rés), sous les­quels est émise la cha­leur, se pro­page la lumière, et d’une façon géné­rale l’énergie.[]
  10. Dans l’Europäische Revue de février 1942.[]
  11. Cf. S. Thomas d’Aquin, De veri­tate, q. I à II.[]
  12. Jules Lothaire Meyer, chi­miste alle­mand (1830–1895), pro­fes­seur de chi­mie en diverses Universités d’Allemagne, a écrit, en par­ti­cu­lier : Les poids ato­miques des élé­ments (1883), Le sys­tème natu­rel des élé­ments (1889).

    Dimitri Ivanovitch Mendelejew [de nos jours, on écrit Mendeleïev], chi­miste russe (1834–1907), char­gé de la chaire de chi­mie à l’Université de Saint-​Pétersbourg, a écrit de nom­breux tra­vaux scien­ti­fiques sur des sujets divers. C’est dans son livre : La loi pério­dique des élé­ments chi­miques (1879) que se trouve la fameuse clas­si­fi­ca­tion (ou tableau) des élé­ments connus à son époque où ils sont ran­gés par ordre de poids ato­mique crois­sant et par valence.[]

  13. Cf. S. Thomas, Ia, q. 76, a. 2 ad 4.[]