Saint Pie X

257ᵉ pape ; de 1903 à 1914

23 mai 1908

Allocution au Pèlerinage National français

Je vous remer­cie, Vénérable Frère, des sen­ti­ments qu’en votre nom, au nom dos évêques pré­sents et des pèle­rins accou­rus de tous les points de la France, vous Nous avez expri­més à l’oc­ca­sion de Notre jubi­lé sacerdotal.

Je vous remer­cie de tout ce que vous ajou­tez et que je ne me sens point la force de reprendre, car le cœur a ses exi­gences et L’émotion que me fait éprou­ver votre pré­sence ne me per­met­tra pas de par­ler longtemps.

Je vous remer­cie de cette démarche que vous faites pour m’ap­por­ter vos hom­mages et l’at­tes­ta­tion de votre allé­gresse à l’oc­ca­sion de ce jubi­lé en même temps que l’af­fir­ma­tion de votre obéis­sance et de votre atta­che­ment an Saint-Siège.

Je vous remer­cie spé­cia­le­ment à cause des cir­cons­tances où vous ac­complissez ce pèle­ri­nage. Si vous étiez venus après avoir reçu de Nous quelque motif de conten­te­ment tem­po­rel, quelque avan­tage maté­riel, Nous pour­rions pen­ser que c’est pour quelque satis­fac­tion d’ordre secon­daire que vous êtes venus véné­rer les tom­beaux des apôtres et voir le Pape.

Mais vous venez après que nous avons dû, mal­gré le sacri­fice que cela Nous coû­tait per­son­nel­le­ment et la répu­gnance contre laquelle Nous avons lut­té, repous­ser les pré­sents insi­dieux d’un gou­ver­ne­ment qui cher­chait à rendre esclave l’Église de France, à déta­cher les fidèles de leurs évêques et par consé­quent du Pape. Les avan­tages offerts n’étaient qu’apparents, maté­riels, et Nous avons jugé en pré­sence de Dieu qu’il fal­lait les repous­ser pour conser­ver intact le dépôt qui Nous a été confié et sau­ver les prin­cipes sur les­quels repose l’existence même de L’Église.

nous avons dû […] repous­ser les pré­sents insi­dieux d’un gou­ver­ne­ment qui cher­chait à rendre esclave l’Église de France […] et Nous avons jugé en pré­sence de Dieu qu’il fal­lait les repous­ser pour conser­ver intact le dépôt qui Nous a été confié et sau­ver les prin­cipes sur les­quels repose l’existence même de L’Église.

C’est avec dou­leur que Nous avons dû plu­sieurs fois déjà vous im­poser de grands sacri­fices. Je souffre moi-​même de ne pou­voir être au milieu de vous, dans vos villes et vos cam­pagnes, pour mon­trer par le fait que je suis prêt à tout souf­frir pour gar­der le dépôt que le Christ m’a confié.

Votre venue à Rome en ces cir­cons­tances et quelques heures à peine après la publi­ca­tion de Notre récente déci­sion, est une nou­velle preuve qui m’assure que vous êtes ani­més de la vraie foi, des vrais sen­ti­ments chré­tiens catho­liques, que vous êtes de vrais fils de la sainte Église.

Je vous féli­cite de cette obéis­sance dont, au nom de tous, Monseigneur vient de faire la solen­nelle pro­tes­ta­tion, sans me cau­ser d’ailleurs aucune sur­prise. Car je connais la géné­ro­si­té des Français, je sais leur atta­che­ment dont j’ai reçu déjà des preuves si nom­breuses. Je sais que les catho­liques fran­çais sont dis­po­sés à tout, à la croix s’il le faut, et au mar­tyre, pour conser­ver la foi qui a tou­jours été la gloire là plus pré­cieuse de la France jus­te­ment appe­lée la Fille aînée de l’Église.

Je sais que les catho­liques fran­çais sont dis­po­sés à tout, à la croix s’il le faut, et au mar­tyre, pour conser­ver la foi qui a tou­jours été la gloire là plus pré­cieuse de la France jus­te­ment appe­lée la Fille aînée de l’Église.

Je vous remer­cie de ces conso­la­tions récon­for­tantes pour mon cœur.

Je vou­drais que vous puis­siez lire dans mon esprit et dans mon cœur ; vous y ver­riez à quel point le Pape aime la France, qu’il est vrai­ment votre Père, qu’il veut uni­que­ment votre bien tem­po­rel et spirituel.

Je vous remer­cie de tout ce que vous faites pour sou­te­nir l’Église dans la situa­tion pré­caire où ses enne­mis l’ont pla­cée. Je sais vos sa­crifices pour main­te­nir, en dépit de la spo­lia­tion uni­ver­selle, vos églises, les Séminaires, vos évêques et vos prêtres. Je sais que vous êtes dis­po­sés à les main­te­nir non pas seule­ment une année mais jus­qu’au jour où la main toute-​puissante du Seigneur aura rai­son de ceux qui ont mené la France à de tels malheurs.

Chaque matin, durant le Saint Sacrifice de la messe, lorsque je prie pour mes fils répan­dus dans le monde entier, ma pre­mière pen­sée est pour les catho­liques de France. Je demande au Seigneur de les con­server dans la foi, de leur don­ner la force néces­saire pour les saintes luttes de son Église jusqu’au moment où son­ne­ra l’heure mar­quée par lui pour la victoire.

Chaque matin, durant le Saint Sacrifice de la messe, lorsque je prie pour mes fils répan­dus dans le monde entier, ma pre­mière pen­sée est pour les catho­liques de France.

Monseigneur, vous avez fait appel à la bien­heu­reuse Barat qui, demain, sera expo­sée pour la pre­mière fois aux hon­neurs des autels. Vous avez aus­si rap­pe­lé le véné­rable Eudes et la bien­heu­reuse Marguerite-​Marie pour mon­trer que le culte du Sacré Cœur doit beau­coup à la France. Oui, que ces Bienheureux inter­cèdent pour leur patrie devant le trône de Dieu. Qu’ils obtiennent que de la basi­lique de Montmartre se répande sur la France une effu­sion de grâces. Que de ce Cœur divin, d’où est sor­tie la sainte Eucharistie, la France reçoive la grâce de reve­nir péni­tente et dévouée dans les bras du Père qui l’attend avec tant d’amour.

Que la béné­dic­tion du Seigneur des­cende sur tous, évêques, prêtres, familles, parents, enfants…

De retour chez vous, dites à tous que le Pape aime les Français, qu’il les porte dans son cœur, qu’il leur veut toute la pros­pé­ri­té pos­sible en ce monde et dans le ciel.

13 décembre 1908
Prononcé après la lecture des décrets de béatification des Vénérables Jeanne d'Arc, Jean Eudes, François de Capillas, Théophane Vénard et ses compagnons.
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