Pie IX

255ᵉ pape ; de 1846 à 1878

8 avril 1862

Lettre encyclique Amantissimus Humani

Sur le soin des églises orientales

Le pape exprime aux évêques uniates toute sa sol­li­ci­tude pour les églises orien­tales. Il désire ardem­ment voir reve­nir dans l’unité de l’Eglise les églises sépa­rées et les engage à redou­bler d’efforts pour atteindre ce but.

Il dénonce et réfute l’affirmation men­son­gère qui vou­drait que le Saint Siège impose, comme condi­tion de la réin­té­gra­tion des églises orien­tales l’abandon de leur rite légi­time au pro­fit du rite latin.

Il ranime le zèle de ces évêques pour déve­lop­per tou­jours plus leur acti­vi­té pour le bien des âmes de leur trou­peau et leur demande un expo­sé clair et pré­cis de la situa­tion de leur dio­cèse afin de pou­voir les appuyer plus effi­ca­ce­ment dans leurs efforts mis­sion­naires auprès de leurs « frères » séparés.

Aux évêques des églises orientales

Pie IX

Vénérables frères, salut et béné­dic­tion apostolique

Comme vous le savez bien, véné­rables frères, Notre Seigneur Jésus-​Christ, notre bie­nai­mé Rédempteur vou­lut déli­vrer tous les hommes de la cap­ti­vi­té du démon, les libé­rer du joug du péché, les appe­ler des ténèbres à son écla­tante lumière et être leur salut. Quand il effa­ça le décret por­té contre nous en le clouant à la croix, il for­ma et éta­blit l’Eglise catho­lique, rache­tée de son sang, comme l’« Eglise du Dieu vivant »[1], le « Royaume des Cieux »[2], « la ville située au som­met d’une mon­tagne »[3], « une ber­ge­rie »[4] et « un seul corps » ferme et vivant d’« un seul esprit »[5], d’une foi, d’une espé­rance, d’une cha­ri­té ; jointe et soli­de­ment unie par les liens des mêmes sacre­ments, de la même reli­gion et de la même doc­trine. Il lui don­na aus­si des chefs qu’il avait choi­sis et appe­lés. En sus, il décré­ta que l’Eglise dure­rait aus­si long­temps que le monde et embras­se­rait tous les peuples et les nations du monde entier. De même, il a vou­lu que qui­conque accepte sa divine reli­gion et sa grâce et per­sé­vère jusqu’au bout obtienne la gloire du salut éternel.

2. Pour assu­rer à tout jamais dans son l’Eglise l’unité et la doc­trine de la foi, le Christ choi­sit l’un de ses apôtres, Pierre, et le dési­gna le prince des apôtres, son vicaire sur terre, la fon­da­tion inébran­lable et la tête de son Eglise. Surpassant tous les autres par la digni­té de son extra­or­di­naire auto­ri­té, pou­voir et juri­dic­tion, il devait nour­rir le trou­peau du Seigneur, for­ti­fier ses frères, diri­ger et gou­ver­ner l’Eglise uni­ver­selle. Non seule­ment, le Christ dési­rait que son Eglise demeure une et imma­cu­lée jusqu’à la fin du monde ; mais il vou­lut aus­si que la plé­ni­tude de la digni­té, du pou­voir, de la juri­dic­tion, de l’intégrité et de la sta­bi­li­té de la foi don­nées à Pierre soient trans­mises dans leur tota­li­té au Pontife romain, le suc­ces­seur de ce même Pierre, qui a été pla­cé sur la chaire de Pierre à Rome, et auquel a été divi­ne­ment confié le soin du trou­peau du Seigneur et la gou­ver­nance suprême de l’Eglise universelle.

3. Vous, plus que tout autre, véné­rables frères, savait com­ment ce dogme de notre reli­gion a été una­ni­me­ment et sans cesse décla­ré, défen­du et sou­li­gné dans les synodes par les pères de l’Eglise. En effet, ils n’ont jamais ces­sé d’enseigner que « Dieu est un, le Christ est un, l’Eglise fon­dée sur Pierre par la voix du Seigneur est une[6] » ; les solides fon­de­ments du grand état chré­tien ont été divi­ne­ment éta­bli sur ce rocher, cette pierre stable[7] » ; « cette chaire unique a tou­jours était dési­gnée et consi­dé­rée comme la chaire de Pierre[8] » ; « brillante dans le monde entier, elle main­tient sa pri­mau­té[9] » ; « elle est aus­si la racine et la matrice de laquelle l’unité sacer­do­tale a fleu­ri[10] » ; « elle est non seule­ment la tête mais aus­si la mère et maî­tresse de toutes les églises[11] » ; « elle est la cité-​mère de la pié­té dans laquelle réside la par­faite et com­plète sta­bi­li­té de la reli­gion chré­tienne[12] » ; « et dans laquelle la pré­émi­nence de la chaire apos­to­lique est tou­jours res­té invio­lée[13] » ; « elle repose sur ce rocher que les for­mi­dables portes de l’enfer ne vain­cront jamais[14] » ; « pour elle, les apôtres ont confir­mé par le sang leur ensei­gne­ment[15] » ; « d’elle, les droits de la véné­rable com­mu­nion sont éten­dus à tous[16] » ; « à laquelle l’obéissance et l’honneur sont dus[17] ». « Celui qui déserte l’Eglise croi­ra en vain être dans celle-​ci[18] » ; « qui­conque mange de l’agneau et n’est pas un membre de l’Eglise est sacri­lège [19] » ; « Pierre, qui vit et pré­side dans sa propre chaire, offre la véri­té de la foi à ceux qui la cherchent [20] » ; « Pierre, qui demeure jusqu’à aujourd’hui et demeu­re­ra tou­jours, exerce la juri­dic­tion par ses suc­ces­seurs[21] » ; « il a lui-​même par­lé à tra­vers Léon[22] » ; « le pon­tife romain, qui détient la pri­mau­té sur le monde entier, est le suc­ces­seur du bien­heu­reux Pierre, le prince des apôtres et le vrai vicaire du Christ, la tête de l’ Eglise entière, et le père visible et maître de tous les chré­tiens[23]. » il y a d’autres preuves innom­brables, tirées des témoi­gnages les plus fiables, qui attestent ouver­te­ment et clai­re­ment avec grande foi, exac­ti­tude, res­pect et obéis­sance que tous ceux qui veulent appar­te­nir à l’Eglise du Christ doivent hon­neur et obéis­sance au Siège apos­to­lique et au Pontife romain.

4. Assurément, il est évident qu’une mul­ti­pli­ci­té de choses saintes et une varié­té de rites légi­times ne s’opposent abso­lu­ment pas à l’unité de l’Eglise ; bien au contraire, une telle diver­si­té ren­force la digni­té de cette même Eglise. Aucun d’entre vous, véné­rables frères, n’ignore qu’il existe des gens qui cherchent à trom­per et enduire en erreur spé­cia­le­ment les irré­flé­chis et les inex­pé­ri­men­tés en calom­niant ce Saint Siège. Ils affirment que ce même Siège, pour rece­voir les orien­taux sépa­rés dans l’Eglise catho­lique, exige d’eux l’abandon de leur rite propre et l’adoption de celui de l’Eglise latine. Pourtant, les nom­breuses consti­tu­tions et lettres apos­to­liques de Nos pré­dé­ces­seurs démontrent clai­re­ment que c’est loin d’être vrai. Ils ont, non seule­ment décla­ré avec constance aux orien­taux qu’une telle condi­tion n’avait jamais été envi­sa­gé, mais aus­si affir­mé que leur désir était assu­ré­ment que ces rites des église orien­tales, dans les­quels ne se sont intro­duite aucune erreur contre l’Eglise catho­lique ou l’intégrité morale, soient com­plè­te­ment préservés.

5. Des actes loin­tains, mais aus­si récents de nos défunts pré­dé­ces­seurs confirment clai­re­ment ces décla­ra­tions pré­cises et répé­tées. Il est impos­sible de dire que ce Saint Siège ait jamais enjoints aux évêques, ecclé­sias­tiques ou peuples orien­taux qui sont reve­nus à la foi catho­lique, de chan­ger leurs rites légi­times. De fait, l’universelle cité de Constantinople a récem­ment été témoin de com­ment Notre véné­rable frère, Miletus, arche­vêque de Dramea – à la grande conso­la­tion et joie de tous les hommes de bien – est reve­nu dans le sein de l’Eglise catho­lique avec son rite et ses solen­ni­tés solen­nelles propres et de com­ment une grande mul­ti­tude de gens a célé­bré cet évé­ne­ment par un pro­ces­sion solen­nelle. Insistez, donc, véné­rables frères auprès de votre cler­gé dio­cé­sain pour qu’ils sai­sissent avec zèle toutes les oppor­tu­ni­tés et tous les moyens pour mani­fes­ter et réfu­ter cette calom­nie par laquelle des hommes iniques induisent les inex­pé­ri­men­tés en erreur et essayent de sus­ci­ter l’envie et la haine contre ce Saint Siège.

6. Depuis que Nous avons été pla­cé sur la chaire de Pierre par un plan caché de la divine pro­vi­dence et éle­vé au gou­ver­ne­ment suprême de l’Eglise uni­ver­selle, Nous Nous sommes effor­cé de rem­plir les devoirs de Notre minis­tère apos­to­lique ain­si que la direc­tion et la sol­li­ci­tude des églises l’exige de Nous. Parce que Nous Nous repo­sons entiè­re­ment sur l’aide divine, Nous ne crai­gnons pas les des­truc­tions, atten­tats et attaques néfastes et sacri­lèges par les­quels, dans ces temps troubles, les enne­mis de la reli­gion catho­lique entre­prennent de saper ses fon­da­tions, si cela était seule­ment pos­sible. Seul Nous pré­oc­cupe inces­sam­ment le bien spi­ri­tuel et le salut de tous les peuples.

7. En effet, la cha­ri­té Nous presse et rien ne peut nous être plus agréable que d’assumer avec grande réso­lu­tion tous les soins, tra­vaux, déli­bé­ra­tions néces­saires pour fomen­ter l’entrée de tous les peuples dans l’unité de la foi, la crois­sance de la connais­sance de Dieu et la recon­nais­sance de Notre Seigneur Jésus-​Christ comme « la voie, la véri­té, la vie : assu­ré­ment la voie d’une vie sainte, la véri­té de la doc­trine divine et la vie du bon­heur éter­nel[24]. »

8. Vous n’ignorez pas non plus, véné­rables frères, avec quel amour sin­gu­lier et zèle assi­du, nous avons, depuis le début de Notre suprême pon­ti­fi­cat, consa­cré nos soins pater­nels à cette por­tion choi­sie du trou­peau de Notre Seigneur confié à Notre vigi­lance. Notre lettre la plus récente, publiée le 7 du mois de jan­vier der­nier, vous démontre tou­jours plus Notre désir pro­fond du bien et de la pros­pé­ri­té des églises orientales.

9. Dans cette même lettre, Nous avons éta­bli une congré­ga­tion spé­ciale dépen­dant de la pro­pa­ga­tion de la foi qui lui sera d’une grande aide, elle qui est constam­ment sur­char­gée par de nom­breuses affaires. Ce nou­veau dépar­te­ment, en s’occupant rapi­de­ment des affaires des églises orien­tales, est d’un grand secours pour la Congrégation de la foi. Nous espé­rons que Notre sol­li­ci­tude et atten­tion pour les églises orien­tales pro­fi­te­ra leur spi­ri­tuel­le­ment. Nous avons pleine confiance que ce dépar­te­ment si récem­ment éta­bli ne s’écartera jamais d’aucune manière de sa fonc­tion ; qu’en s’occupant de vos affaires, il contri­bue­ra par tous les moyens à l’unité catho­lique, au suc­cès de vos églises, à la pro­tec­tion de la tota­li­té de vos rites légi­times et au bon­heur spi­ri­tuel de tous les fidèles.

10. Pour que cette congré­ga­tion puisse accom­plir conscien­cieu­se­ment la tâche que Nous lui avons confiée et diri­gé son zèle et ses efforts vers une plus grande pros­pé­ri­té de vos églises, il est abso­lu­ment néces­saire qu’elle com­prenne les besoins spi­ri­tuels des peuples orien­taux. Puisque, véné­rables frères, vous connais­sez par­fai­te­ment la condi­tion et l’état du trou­peau qui vous est confié, vous com­pren­drez sage­ment com­bien il est impor­tant que vous Nous infor­miez aus­si­tôt que pos­sible de tous ce qui concernent vos églises et vos trou­peaux. Il est, aus­si essen­tiel que vous Nous envoyez un rap­port sur l’état de votre dio­cèse dans lequel vous expli­que­rez avec soin tout ce qui le concerne pour Nous per­mettre de sub­ve­nir aux néces­si­tés des fidèles qui en dépendent.

11. Nous serions gran­de­ment conso­lé si cha­cun de vous, en rap­por­tant soi­gneu­se­ment les affaires de son dio­cèse res­pec­tif, indique le nombre de fidèles et des ecclé­sias­tiques qui les servent ; la pro­cé­dure uti­li­sée pour s’occuper de ces fidèles en ce qui concerne la foi, mais aus­si la morale ; l’instruction du cler­gé en matière de doc­trine ain­si que son édu­ca­tion ; la méthode et les moyens employés pour assu­rer l’instruction du peuple dans notre très sainte reli­gion et son inté­gri­té morale ; le plan selon lequel ce même peuple est encou­ra­gé et édu­qué quo­ti­dien­ne­ment à une plus grande pié­té et inté­gri­té morale. Nous sou­hai­tons aus­si connaître l’état de vos écoles et le nombre de leurs élèves. Vous savez bien, véné­rables frères, que les affaires sacrées et publiques dépend de la juste, salu­taire et reli­gieuse édu­ca­tion des enfants. Il est indis­pen­sable que, dès leur plus tendre enfance, ils soient sco­la­ri­sés dans des écoles catho­liques dans les­quelles, appre­nant avec assi­dui­té la véri­té de notre reli­gion et de nos com­man­de­ments, ils ne courent pas le dan­ger d’avoir l’esprit souillé par de mau­vais principes.

12. Si vous avez besoin de livres, n’hésitez pax à Nous le faire savoir et, en même temps, infor­mez Nous de lceux qui vous semblent les plus appro­priés pour l’enseignement dog­ma­tique du cler­gé, pour pro­mou­voir l’éducation du peuple, pour réfu­ter les ensei­gne­ments des non catho­liques et pour fomen­ter la pié­té des fidèles. Mais sur­tout, puisque vous Nous avez appris que, dans cer­tains lieux, on use de livres litur­giques ou rituels dans les­quels des erreurs appa­raissent ou des chan­ge­ments ont été intro­duits arbi­trai­re­ment, il sera de votre devoir de Nous signa­ler ces livres et s’ils ont jamais été approu­vés par le Saint Siège. Précisez aus­si si, selon votre juge­ment, ils contiennent des erreurs à cor­ri­ger ou des abus à abo­lir. Nous vou­lons encore apprendre de vous quel pro­grès l’unité catho­lique a fait dans votre dio­cèse, quels obs­tacles s’y sont oppo­sés et quels sont les moyens appro­priés pour les écar­ter en sorte que l’unité puisse avan­cer et s’accroître de jour en jour.

13. Assurément, véné­rables frères, vous consta­tez l’amour et le sérieux que Nous por­tons à vos églises orien­tales et l’ardeur avec laquelle Nous espé­rons voir notre très sainte foi, reli­gion et pié­té péné­trer, gran­dir et fleu­rir chez les peuples orien­taux. Nous ne dou­tons pas que vous consa­cre­rez tout votre éner­gie et votre esprit à pro­té­ger et pro­pa­ger notre reli­gion et à pro­cu­rer le salut de votre troupeau.

14. Dans ces temps lamen­tables, des hommes hos­tiles ne cessent de plan­ter des épines dans le champ du Seigneur, d’abord avec des livres des­truc­teurs et éphé­mères et, ensuite, avec des sup­po­si­tions mons­trueuses et dépra­vées clai­re­ment oppo­sées à la foi catho­lique et au dogme. En consé­quence, vous com­pre­nez jus­te­ment com­bien vous devez tra­vailler et être constam­ment sur vos gardes pour gar­der vos ouailles éloi­gner de ces pâtures empois­son­nées, pour les gui­der vers le salut éter­nel et pour les impré­gner tou­jours plus des ensei­gne­ments de l’Eglise catholique.

15. afin de pou­voir atteindre plus sûre­ment ce but, ins­pi­rez constam­ment le zèle des pas­teurs des âmes pour que, dans l’exercice conscien­cieux de leur devoir, ils annoncent inlas­sa­ble­ment la bonne nou­velle de l’Evangile aux sages et aux insou­ciants. Incitez-​les à secou­rir le peuple chré­tien par tout tra­vail bon et saint. Exhortez-​les à ins­truire par­ti­cu­liè­re­ment les gar­çons et les igno­rants des preuves de la foi catho­lique afin qu’ils soient gui­dés dans la dis­ci­pline morale. Admonestez sans cesse vos prêtres dio­cé­sains pour que, médi­tant sérieu­se­ment sur le minis­tère qu’ils ont reçu de Notre Seigneur, ils s’y livrent avec fer­veur. Qu’ainsi, ils donnent au peuple chré­tien l’exemple de toutes les ver­tus, soient assi­dus à la prière, cultivent par­fai­te­ment les sciences sacrées et consacrent tout leur pou­voir à obte­nir le salut éter­nel des fidèles.

16. Mais aus­si, afin d’avoir tou­jours sous la main des tra­vailleurs dili­gents et indus­trieux pour culti­ver la vigne du Seigneur, n’épargnez aucun effort, véné­rables frères, pour que, dès le com­men­ce­ment, les meilleurs ensei­gnants forment les jeunes clercs à la pié­té. Qu’ils soient for­més dans un véri­table esprit ecclé­sial et très soi­gneu­se­ment ins­truits, sur­tout en Ecriture Sainte et dans les sciences sacrées, contre tout dan­ger d’erreur. Bien sûr, véné­rables frères, nous n’ignorons abso­lu­ment pas les nom­breuses dif­fi­cul­tés aux­quelles vous avez été expo­sé dans l’exercice de votre minis­tère épis­co­pal. Trouvez récon­fort dans le Seigneur, et, vous sou­ve­nant du pou­voir de sa force, soyez les ambas­sa­deurs de ce Christ qui don­na sa vie pour ses bre­bis et nous lais­sa l’exemple pour que nous mar­chions sur ses pas.

17. Chacun sait de quelle uti­li­té et hon­neur ont été les familles de moines pour l’Eglise catho­lique en Orient. Par l’intégrité de leurs vies, le gra­vi­té de leur conduite et la renom­mée de leur dis­ci­pline reli­gieuse, ils se sont effor­cés de pré­sen­ter le modèle des bonnes œuvres aux fidèles, d’enseigner la jeu­nesse, de se per­fec­tion­ner eux-​mêmes dans la connais­sance des saintes Ecritures et les études et de tra­vailler avec zèle pour leurs évêques. Dans la déplo­rable insta­bi­li­té du temps pré­sent, ces saintes familles, pré­cieuses sem­bla­ble­ment à la chré­tien­té et au pou­voir civil, ont été détour­né, en cer­tains lieux, de la dis­ci­pline de leur ordre propre ou ont com­plè­te­ment dis­pa­ru. Puisque il serait d’un grand béné­fice pour notre reli­gion que ces saintes familles soient res­tau­rés et brillent à nou­veau de leur pre­mier éclat par­mi les nations orien­tales, Nous deman­dons ins­tam­ment que vous Nous expri­miez vos sen­ti­ments sur ce sujet ain­si que la manière de mener à bien cette rénovation.

18. Nous sommes convain­cu que vous, véné­rables frères, non seule­ment satis­fe­rez avec joie et bonne volon­té Nos dési­rs et Nos requêtes, mais qu’aussi vous Nous révè­le­rez tout autre pré­oc­cu­pa­tion que vous pen­sez devoir être men­tion­né pour le plus grande bien-​être de notre très sainte reli­gion dans ces contrées – et ce non seule­ment pour le cler­gé mais aus­si pour les fidèles.

19. La lettre ency­clique du car­di­nal pré­fet du concile de notre congré­ga­tion vous fera savoir com­bien il nous serait agréable de jouir de votre pré­sence pour la pro­chaine Pentecôte quand, grâce à Dieu, Nous célé­bre­rons la cano­ni­sa­tion solen­nelle de nom­breux saints. En cette occa­sion, si la situa­tion de votre dio­cèse le per­met, Nous aurions plai­sir à vous voir, vous accueillir avec amour et rece­voir de vous le rap­port sur votre diocèse.

20. Entre temps, véné­rables frères, conti­nuez de rem­plir votre minis­tère avec une ardeur et des efforts renou­ve­lés. Avec le plus grand sérieux, ayez à cœur de pro­cu­rer le salut de vos fidèles, les admo­nes­tant et exhor­tant tout à la fois à per­sé­vé­rer plus fer­me­ment dans la foi catho­lique ; à obser­ver reli­gieu­se­ment tous les com­man­de­ments de Dieu et de sa sainte Eglise et à mar­cher digne­ment, agréables à Dieu et fruc­tueux dans les bonne œuvres.

21. Dans votre habi­tuelle gen­tillesse, rece­vez avec une affec­tion pater­nelle ceux qui, à Notre grande joie, revienne au sein de l’Eglise ; déployez tous vos soins à les nour­rir avec fer­veur des mots de la foi. Qu’ainsi for­ti­fiés par le don spi­ri­tuel de la grâce, ils per­sé­vèrent fer­me­ment et marche avec ardeur et constance dans le che­min du Seigneur, sui­vant fidè­le­ment la voie qui mène à la vie. Au nom de votre admi­rable reli­gion, n’abandonnez jamais la bon­té, la patience, la gen­tillesse et la dou­ceur en essayant de rame­ner le pauvre errant : guidez-​le dans l’unique ber­ge­rie et res­tau­rez en lui l’espérance de l’héritage éternel.

22. Dans les dra­ma­tiques dif­fi­cul­tés qui assaillent votre minis­tère épis­co­pal en ces temps ter­ribles, met­tez votre confiance dans la grâce du Seigneur Jésus-​Christ, gar­dant pré­sent à l’esprit que ceux qui enseignent la jus­tice à beau­coup brille­ront comme des étoiles pour toute l’éternité. Finalement, Nous vou­lons vous assu­rer, véné­rables frères, de la bien­veillance avec laquelle Nous comp­tons sur vous dans le Seigneur. Nous n’omettrons pas dans cha­cune de Nos prières, de sup­plier hum­ble­ment et ins­tam­ment Dieu de vous com­bler des dons les plus riches de sa bon­té. Que ceux-​ci des­cendent aus­si abon­dam­ment sur le trou­peau choi­si confié à votre vigilance.

23. En confir­ma­tion de tout ce que Nous avons dit et en signe de Notre bonne dis­po­si­tion à votre égard, Nous vous accor­dons affec­tueu­se­ment, véné­rables frères, la béné­dic­tion apos­to­lique du plus pro­fond de Notre cœur, à vous et à tout le cler­gé et les fidèles laïques confiés à votre soin.

Donné à Rome, en la basi­lique saint Pierre, le 8 avril 1862, dans la sei­zième année de Notre pontificat.

Source : Traduction par nos soins à par­tir du texte anglais publié sur le site du Vatican.

Notes de bas de page
  1. I Tim. 3, 15.[]
  2. Mt. 13, 45.[]
  3. Mt. 15, 14.[]
  4. Jn, 10, 16.[]
  5. Eph. 4, 4.[]
  6. St. Cyprian, lettre 40.[]
  7. St Cyril d’Alexandrie, In Joan. Lib. II, c. 42.[]
  8. St. Optatus de Milevis, 2. Cont. Parmen., bk. 2, chap., 2.[]
  9. 2ème concile de Nicée, Act. 2.[]
  10. St. Cyprian, lettres 15 et 55.[]
  11. Pélagius, 11, 1ère lettre aux évêques orien­taux, et le concile de Trente, ses­sion 7 sur le bap­tême, can. 3.[]
  12. Lettre syno­dale de Jean de Constantinople au pape Hormisdas ; aus­si Sozomen, Histoire ecclé­sias­tique, liv. 3, chap. 3.[]
  13. St. Augustin, lettre 62.[]
  14. St Augustin, In psalm contra part. Donat.[]
  15. Tertulien, de præs­cript., 36.8.[]
  16. St Ambroise, lettre 12 à Damase.[]
  17. Concile d’éphèse, Act. 4.[]
  18. St Cyprian, de Unit. Ecclesiæ.[]
  19. St Jérôme, lettre 15 à Damase.[]
  20. St Pierre Chrysologue, lettre à Euthyches.[]
  21. Concile d’Ephèse.[]
  22. Concile de Chalcédoine, Act. 2.[]
  23. Concile de Florence dans son décret Union Græcorum.[]
  24. St Léon, 2ème ser­mon sur la résur­rec­tion du Seigneur.[]
19 mars 1895
Sur la méthode à suivre et la concorde à garder dans l'avancement du catholicisme en orient
  • Léon XIII