Pie IX commence par aborder l’hostilité à l’Église dans le monde et particulièrement en Italie avec le gouvernement piémontais. Il condamne les erreurs des temps modernes et leur diffusion chez certains catholiques. Il souligne que la charité doit être donnée à ceux qui ne font pas partie de l’Église et réprouve l’erreur de l’égoïsme et du matérialisme. Le Pape procède à une condamnation énergique des ecclésiastiques et de « certaines sociétés condamnables » du clergé qui, avec l’approbation du gouvernement du Piémont et du Parlement, méprisaient ouvertement le Saint-Siège et répandaient de fausses doctrines.
L’encyclique aborde notamment le sujet du salut hors de l’Église. Commençant par réprimander la croyance que le salut éternel pourrait être atteint même en « vivant dans l’erreur et aliéné de la vraie foi et de l’unité catholique », le Pape reconnaît qu’il existe « ceux qui luttent avec une ignorance invincible au sujet de notre très sainte religion. Observant sincèrement la loi naturelle et ses préceptes inscrits par Dieu dans tous les cœurs et prêts à obéir à Dieu, ils mènent une vie honnête et peuvent atteindre la vie éternelle par la vertu efficace de la lumière et de la grâce divines. » Le Pape réaffirme alors avec force l’enseignement de l’extra Ecclesiam nulla salus et affirme que ceux qui s’opposent à l’enseignement de l’Église ou en sont « obstinément séparés » ne peuvent obtenir le salut éternel. L’encyclique fait l’éloge du clergé, des vierges consacrées et du peuple italien qui sont restés fidèles et se termine sur une note d’espoir.
A nos Fils bien-aimés les Cardinaux, à nos vénérables Frères les Archevêques et Évêques d’Italie.
PIE IX, PAPE
Fils chéris et vénérables frères,
Salut et bénédiction apostolique.
Chacun de vous, Fils chéris et vénérables Frères, peut aisément se figurer de quelle douleur nous sommes atteint par suite de la guerre sauvage et sacrilège faite, en ces temps difficiles, à l’Eglise catholique dans presque tous les pays du monde, et spécialement par suite de celle qui, dans la malheureuse Italie, sous nos yeux mêmes, a été déclarée, il y a plusieurs années, par le gouvernement piémontais, et qui devient de jour en jour plus acharnée.
Toutefois, au milieu de nos graves afflictions, nous éprouvons une joie et une émotion profonde quand nous jetons les yeux sur vous. Vous êtes douloureusement tourmentés par toute sorte d’injustices et de violences, arrachés à votre troupeau, envoyés en exil, et même jetés en prison ; cependant, armés de la force qui vient d’en-haut, vous n’avez jamais cessé, soit par la parole, soit par d’utiles écrits, de défendre courageusement la cause, les droits, la doctrine du Seigneur, de son Église et du Saint-Siège, tout en pourvoyant au salut de votre troupeau. Aussi nous vous félicitons cordialement de ce que vous êtes heureux de subir ces outrages pour le nom de Jésus, et nous emploierons, pour vous donner les louanges que vous méritez, les paroles de notre saint prédécesseur Léon : « Quoique je compatisse de tout mon cœur aux afflictions que vous avez supportées pour la défense de la foi catholique ; quoique je ne considère pas autrement ce que vous avez souffert, que comme si je l’avais enduré moi-même, je sens toutefois qu’il y a plus sujet de se réjouir que de gémir en voyant que, fortifiés par Notre Seigneur JésusChrist, vous êtes restés invincibles dans la doctrine évangélique et apostolique ; et que chassés de vos sièges par les ennemis de la foi chrétienne, vous avez préféré souffrir les douleurs de l’exil plutôt que de vous souiller le moins du monde au contact de leur impiété. »
Et plût au Ciel que nous pussions aussi vous annoncer le terme de si grandes calamités ! Mais la corruption des mœurs qu’on ne saurait jamais assez déplorer et qui se propage continuellement partout à l’aide d’écrits impies, infâmes, obscènes, et de représentations théâtrales ; à l’aide de maisons de péché, établies presque en tous lieux et d’autres moyens dépravés ; les erreurs les plus monstrueuses et les plus horribles disséminées partout ; le croissant et abominable débordement de tous les vices et de toutes les scélératesses ; le poison mortel de l’incrédulité et de l’indifférentisme largement répandu ; l’insouciance et le mépris pour le pouvoir ecclésiastique, pour les choses et les lois sacrées ; l’injuste et violent pillage des biens ecclésiastiques ; la persécution féroce et continuelle contre les ministres des autels, contre les élèves des familles religieuses et les vierges consacrées à Dieu ; la haine vraiment satanique contre le Christ, son Eglise, sa doctrine, et contre ce Saint-Siège apostolique ; enfin, tous ces autres excès presque innombrables commis par les ennemis acharnés de la religion catholique, et sur lesquels nous sommes forcé de pleurer chaque jour, semblent prolonger et ajourner le moment désiré où il nous sera donné de voir le plein triomphe de notre sainte religion, de la vérité et de la justice. Ce triomphe, cependant, ne pourra manquer, quoiqu’il ne nous soit pas accordé de connaître le temps que lui a fixé le Seigneur tout-puissant, lui qui règle et gouverne toutes choses avec son admirable providence, et les tourne à notre avantage. Quoique le Père céleste permette que sa sainte Eglise militante soit tourmentée, dans ce pèlerinage misérable et mortel, par diverses calamités, par des afflictions diverses ; néanmoins, comme elle est fondée par Notre-Seigneur Jésus-Christ sur une pierre immobile, invulnérable, non seulement elle ne peut jamais être renversée ni ébranlée par aucune force, par aucune violence, mais encore, « loin de diminuer, elle s’accroît par le fait même de ces persécutions, et le champ du Seigneur se revêt toujours d’une moisson plus abondante, tandis que les grains qui tombent un à un renaissent multipliés. »
C’est là, Fils chéris et vénérables Frères, ce que nous voyons aussi se produire dans ces temps déplorables, par un bienfait spécial du Seigneur. Il est vrai, l’Épouse immaculée du Seigneur est à cette heure vivement affligée par les impies ; cependant elle triomphe de ses ennemis. Oui elle en triomphe et sur elle jettent un merveilleux éclat, soit la foi, l’amour, le respect envers nous, envers la Chaire de saint Pierre, et l’admirable constance à défendre l’unité catholique, qui vous distinguent particulièrement, vous et nos autres vénérables Frères, les évêques de tout le monde catholique ; soit le nombre si grand des œuvres pieuses de religion et de charité chrétienne qui, grâce à Dieu, vont chaque jour se multipliant davantage dans l’univers ; soit la sainte lumière de la foi, qui chaque jour brille d’un nouvel éclat dans des contrées si nombreuses ; soit l’amour et le zèle ardents des catholiques envers l’Eglise, envers nous et envers ce Saint-Siège ; soit enfin la gloire insigne et immortelle du martyre. Vous savez, en effet, que, spécialement dans le Tonkin et dans la Cochinchine, les évêques, les prêtres, les laïques et même les faibles femmes, les adolescents et les petites filles, imitent les exemples des anciens martyrs, bravent avec un courage invincible, avec une héroïque vertu les tourments les plus atroces, heureux de pouvoir donner dans l’exil leur vie pour le Christ. Toutes ces choses doivent être pour nous comme pour vous d’une grande consolation, au milieu des afflictions cruelles qui nous accablent.
Mais, les fonctions de notre ministère apostolique exigent absolument que nous défendions avec toute la sollicitude et tous les efforts possibles la. cause de l’Eglise qui nous a été confiée par Notre-Seigneur Jésus-Christ lui-même, et que nous réprouvions tous ceux qui ne craignent pas de combattre et de fouler aux pieds cette Eglise, ses droits sacrés, ses ministres et ce Siège Apostolique. Aussi, nous confirmons, par cette lettre, nous déclarons et nous condamnons de nouveau, en général et en particulier, tout ce que dans plusieurs de nos allocutions consistoriales et dans d’autres lettres, nous avons été obligé, au grand regret de notre âme, de déplorer, de signaler, de condamner.
Et ici, Fils chéris et vénérables Frères, nous devons rappeler de nouveau et blâmer l’erreur considérable où sont malheureusement tombés quelques catholiques. Ils croient en effet qu’on peut parvenir à l’éternelle vie en vivant dans l’erreur, dans l’éloignement de la vraie foi et de l’unité catholique. Cela est péremptoirement contraire à la doctrine catholique. Nous le savons et vous le savez, ceux qui ignorent invinciblement notre religion sainte, qui observent avec soin la loi naturelle et ses préceptes, gravés par Dieu dans le cœur de tous, qui sont disposés à obéir au Seigneur, et qui mènent une vie honorable et juste, peuvent avec l’aide de la lumière et de la grâce divine, acquérir la vie éternelle ; car Dieu voit parfaitement, il scrute, il connaît les esprits, les âmes, les pensées, les habitudes de tous, et dans sa bonté suprême, dans son infinie clémence, il ne permet point qu’on souffre les châtiments éternels sans être coupable de quelque faute volontaire. Mais nous connaissons parfaitement aussi ce dogme catholique : qu’en dehors de l’Eglise on ne peut se sauver, qu’il est impossible d’obtenir le salut éternel en se montrant rebelle à l’autorité et aux décisions de cette Eglise, en demeurant opiniâtrement séparé de son unité et de la communion du Pontife romain, successeur de Pierre, à qui a été confiée par le Sauveur la garde de la vigne.
Car les paroles du Christ Notre-Seigneur sont parfaitement claires : « S’il n’écoute pas l’Eglise, regarde-le comme un païen et comme un publicain. – Qui vous écoute m’écoute, qui vous méprise me méprise, et qui me méprise méprise Celui qui m’a envoyé. – Celui qui ne croira pas sera condamné. – Celui qui ne croit pas est déjà jugé. – Celui qui n’est pas avec moi est contre moi, et celui qui n’amasse pas avec moi dissipe. » Aussi l’apôtre Paul dit que ces hommes sont « corrompus et condamnés par leur propre jugement ; et le Prince des Apôtres assure qu’ils sont des « maîtres menteurs, qu’ils introduisent des sectes de perdition, qu’ils renient le Seigneur, et attirent sur eux une prompte ruine ».
A Dieu ne plaise cependant que les fils de l’Eglise catholique soient jamais les ennemis de ceux qui ne nous sont pas unis par les mêmes liens de foi et de charité ; ils doivent au contraire s’empresser de leur rendre tous les services de la charité chrétienne, dans leur pauvreté, dans leurs maladies, dans toutes les autres disgrâces dont ils sont affligés ; de les aider toujours, de travailler principalement à les tirer des ténèbres des erreurs où ils sont plongés misérablement, à les ramener à l’Eglise, cette mère pleine d’amour, qui ne cesse jamais de leur tendre affectueusement ses mains maternelles, de leur ouvrir les bras pour les établir et les affermir dans la foi, l’espérance et la charité, pour les faire fructifier en toutes sortes de bonnes œuvres et leur faire obtenir le salut éternel.
Maintenant, Fils chéris et vénérables Frères, nous ne pouvons passer sous silence une autre erreur, un autre mal des plus funestes qui séduit misérablement, dans ces temps malheureux, qui trouble les esprits et les cœurs. Nous voulons parler de cet amour-propre, de cette ardeur effrénée et nuisible qui porte un trop grand nombre d’hommes à n’avoir en vue, à ne chercher que leurs intérêts et leurs avantages, sans avoir le moindre égard pour leur prochain ; nous voulons parler de ce désir insatiable de dominer et d’acquérir, qui les pousse à amasser avidement et par tous les moyens, au mépris même de toutes les règles de l’honnêteté et de la justice, et à entasser sans relâche des trésors. Uniquement préoccupés des choses de la terre, oublieux de Dieu, de la religion et de leur âme, ils mettent misérablement tout leur bonheur à acquérir de l’or et des richesses. Que ces hommes se rappellent et méditent sérieusement ces graves paroles du Christ, notre Seigneur : « Que sert à l’homme de gagner le monde, s’il perd son âme ? » Qu’ils réfléchissent attentivement à ce qu’enseigne l’apôtre Paul : « Ceux qui veulent s’enrichir, dit-il, tombent dans la tentation et dans les filets du diable, dans beaucoup de désirs inutiles et nuisibles qui plongent les hommes dans la ruine et dans la perdition ; car la cupidité est la racine de tous les maux ; aussi quelques-uns en y cédant ont dévié de la foi et se sont engagés dans mille douleurs. »
Les hommes doivent assurément, chacun selon sa condition propre et spéciale, travailler à se procurer les choses nécessaires à la vie, soit en cultivant les lettres et les sciences, soit en exerçant les arts libéraux ou professionnels, soit en remplissant des fonctions privées ou publiques, soit en se livrant au commerce ; mais il faut absolument qu’ils fassent tout avec honnêteté, avec justice, avec probité, avec charité ; qu’ils aient toujours Dieu devant les yeux, et qu’ils observent avec le plus grand soin ses commandements et ses préceptes.
Mais nous ne pouvons le dissimuler, nous éprouvons une amère douleur de voir en Italie plusieurs membres de l’un et de l’autre clergé tellement oublieux de leur sainte vocation, qu’ils ne rougissent pas de répandre, même dans des écrits désastreux, de fausses doctrines, d’exciter les esprits des peuples contre nous et contre ce Siège Apostolique, d’attaquer notre pouvoir temporel et celui du Saint-Siège, d’en favoriser impudemment, avec ardeur et toute espèce de moyens, les déloyaux ennemis, lesquels sont aussi les ennemis de l’Eglise catholique. Ces ecclésiastiques se détachent des évêques, de nous, de ce Saint-Siège, et forts de la protection et du secours du gouvernement piémontais et de ses administrateurs, poussent la témérité jusqu’à oser établir, au mépris absolu des peines et des censures ecclésiastiques, des sociétés tout à fait condamnables sous les noms de « clérico-libérales, de secours mutuel, d’émancipatrice du clergé italien » et d’autres encore, animées du même esprit pervers ; et, quoique les évêques leur aient justement interdit d’exercer leur ministère sacré, ils ne tremblent pas, intrus qu’ils sont, d’en remplir criminellement les fonctions dans plusieurs églises. C’est pourquoi nous réprouvons et nous condamnons et ces détestables sociétés et la conduite coupable de ces ecclésiastiques. Nous avertissons en même temps, nous exhortons de plus en plus ces malheureux de faire pénitence, de rentrer en eux-mêmes, de veiller à leur salut, de réfléchir sérieusement que « Dieu n’éprouve pas de plus grands déplaisirs qu’en voyant des prêtres, chargés de corriger les autres, donner eux-mêmes le mauvais exemple » ; enfin de méditer attentivement sur le compte rigoureux qu’ils devront rendre un jour au tribunal du Christ. Plaise à Dieu, qu’accueillant nos avertissements paternels, ces infortunés ecclésiastiques veuillent bien nous donner la consolation que nous recevons des membres des deux clergés, lorsque, malheureusement trompés et induits en erreur, ils reviennent à nous chaque jour pleins de repentir, implorant ardemment et d’une voix suppliante le pardon de leur égarement et l’absolution des censures ecclésiastiques.
Vous le savez parfaitement, Fils chéris et vénérables Frères, tous les genres d’écrits impies sont sortis des ténèbres, remplis d’hypocrisies, de mensonges, de calomnies, de blasphèmes ; des écoles sont confiées à des maîtres non catholiques ; des temples sont destinés aux cultes étrangers. Vous savez le grand nombre des autres artifices vraiment sataniques, les ruses et les efforts qu’emploient ces ennemis de Dieu et des hommes, dans la malheureuse Italie, pour y renverser de fond en comble l’Eglise catholique, si jamais ils le pouvaient, pour dépraver, pour corrompre chaque jour davantage les peuples, et spécialement la jeunesse, pour arracher de tous les cœurs notre foi et notre religion sainte.
Aussi, nous n’en doutons pas, Fils chéris et vénérables Frères, fortifiés par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et sous la noble inspiration de votre zèle épiscopal, vous continuerez, comme vous l’avez fait jusqu’ici, à la gloire de votre nom, de vous opposer constamment, d’un commun accord et avec un redoublement d’ardeur, comme un mur autour de la maison d’lsraël, de combattre le bon combat de la foi, de préserver des embûches des ennemis les fidèles confiés à votre surveillance, de les avertir, de les exhorter sans relâche à conserver avec constance cette sainte foi sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu, que l’Eglise catholique a reçue de Jésus-Christ par l’intermédiaire des Apôtres et qu’elle continue d’enseigner, à rester fermes et inébranlables dans notre divine religion, la seule vraie, la seule qui prépare le salut éternel, celle enfin qui assure à un si haut point la paix et le bonheur de la société temporelle.
Ne cessez donc, surtout par le ministère des curés et des autres ecclésiastiques que recommandent l’intégrité de leur vie, la gravité de leurs mœurs, une doctrine saine et solide, de prêcher, de catéchiser les peuples commis à votre sollicitude, de leur enseigner continuellement et avec soin lies mystères, la doctrine, les préceptes et la discipline de notre auguste religion. Car vous le savez très bien : une grande partie des maux vient ordinairement de l’ignorance des vérités divines nécessaires au salut, et, par conséquent, vous comprenez parfaitement qu’on ne doit négliger ni soins, ni efforts pour éloigner des peuples un tel malheur.
Avant de terminer cette lettre, nous ne pouvons nous abstenir de donner des éloges mérités au clergé d’Italie ; car, pour l’immense majorité, il demeure attaché à cette chaire de Pierre, à nous, à ses prélats ; jamais il n’a abandonné le droit chemin, mais, suivant les illustres exemples de ses évêques, et souffrant toutes sortes d’épreuves avec la plus grande patience, il remplit admirablement son devoir. Nous espérons certainement qu’avec l’aide du secours divin, ce même clergé correspondra dignement à la grâce de sa vocation, et s’appliquera à donner des preuves de plus en plus éclatantes de sa piété et de sa vertu.
Eloges également mérités à tant de vierges. consacrées à Dieu : arrachées violemment de leurs monastères, dépouillées de leurs revenus et réduites à la mendicité, elles n’ont pas pour cela renié la foi qu’elles avaient jurée à l’Epoux ; mais supportant avec toute la constance possible leur condition déplorable, elles ne cessent ni la nuit ni le jour de lever au ciel leurs mains suppliantes, de prier Dieu pour le salut de tous, de leurs persécuteurs mêmes, et d’attendre patiemment la miséricorde du Seigneur.
Nous sommes heureux de donner aussi les louanges qu’ils méritent aux peuples d’Italie : admirablement animés de sentiments catholiques, ils détestent tant d’impie manœuvres dirigées contre l’Eglise, ils se font une gloire suprême de payer un tribut de piété filiale, de respect et d’obéissance à ce Saint-Siège, à nous et à leurs évêques ; bien qu’empêchés par des difficultés et des périls très sérieux, ils ne laissent pas néanmoins de manifester journellement, de toutes les manières, l’amour et le dévouement incomparables qu’ils ont pour nous, d’alléger, soit par les dons recueillis de toutes parts, soit par d’autres offrandes, le poids accablant de gêne où nous nous trouvons et où se trouve le Siège Apostolique.
Au milieu de tant d’amertumes, au sein de la tempête violemment déchaînée contre l’Eglise, ne perdons jamais courage, Fils chéris et vénérables Frères. Le Christ n’est-il pas notre conseil et notre force ? Sans lui nous ne pouvons rien, mais par lui nous pouvons tout ; car en affermissant les prédicateurs de l’Evangile et les ministres des sacrements : « Voici, dit-il, que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation des siècles. » Ne savons-nous pas positivement aussi que les portes de l’enfer ne prévaudront jamais contre l’Eglise ? Elle a toujours été, toujours elle sera immuable sous la garde et sous la protection de Jésus-Christ Notre Seigneur qui l’a édifiée, qui était « hier, qui est aujourd’hui et qui sera aussi dans les siècles. »
Ne cessons pas, cependant, Fils chéris et vénérables Frères, d’offrir jour et nuit, avec un zèle toujours plus ardent et dans l’humilité de notre cœur, des supplications et des prières : demandons à Dieu, par l’entremise de Jésus-Christ, de dissiper cet affreux ouragan, de faire que sa sainte Eglise respire après tant de calamités, qu’elle jouisse dans tout l’univers de la paix et de la liberté, objet de tous nos vœux, qu’elle remporte sur ses ennemis de nouveaux et d’éclatants triomphes ; demandons que ceux qui sont égarés, soient tous éclairés par la divine lumière de la grâce, reviennent de l’erreur au chemin de la vérité et de la justice, qu’ils produisent de dignes fruits de pénitence, qu’ils aient éternellement la crainte et l’amour du saint nom de Dieu.
Et pour obtenir que dans son immense miséricorde Dieu exauce plus facilement nos ardentes prières, invoquons le patronage puissant de l’immaculée et très sainte vierge Marie, mère de Dieu ; réclamons aussi les suffrages des apôtres Pierre et Paul, et de tous les bienheureux habitants des cieux. Ah ! que, par leurs supplications puissantes auprès de Dieu, ils implorent pour tous la miséricorde et la grâce en temps opportun, qu’ils éloignent efficacement toutes les calamités, tous les périls dont l’Eglise est affligée partout, et spécialement en Italie.
Enfin, comme un témoignage indubitable de notre bienveillance particulière envers vous, nous donnons affectueusement et du fond du cœur, la bénédiction apostolique à vous-mêmes, Fils chéris et vénérables Frères, ainsi qu’au troupeau confié â vos soins.
Donné à Rome, près Saint-Pierre, le 10e jour d’août de l’année 1863, la 18e de notre pontificat,
Pie IX, Pape