Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
N’est-ce pas une délicatesse de la Providence d’avoir permis que notre cher Père Le Boulch soit rappelé à Dieu en cette fin d’année liturgique. Lui qui avait une profonde estime pour la liturgie, qui en a vécu tout au long de sa vie et qui en a communiqué l’estime et l’amour à ses élèves, à ses séminaristes. Voici que c’est le dernier jour de l’année liturgique que nous allons porter le Père Le Boulch à sa dernière demeure.
Comme s’il allait pour l’année liturgique qui vient, commencer la liturgie éternelle, la liturgie du Ciel.
Et si nous scrutons un peu la liturgie, il est dit que le défunt continue de parler Defunctus adhuc loquitur (He 11,4). Et je crois que nous pouvons bien le dire du Père Le Boulch : Defunctus adhuc loquitur : Défunt il continue de parler.
Il continue de parler surtout, mes chers amis, à vous, à nous qui l’avons entouré de si près, par son exemple, il nous a donné une leçon magnifique du choix qu’il fallait faire, de s’attacher avant tout à Notre Seigneur Jésus-Christ et à son règne.
Combien de fois il nous a raconté les décisions qu’il a du prendre vis-à-vis de son monastère de Landevenec, qu’il aimait pourtant de toute son âme. Non seulement il l’aimait, parce qu’il avait choisi d’y passer sa vie bénédictine, mais aussi parce que ses supérieurs l’avaient choisi pour travailler à la construction de son monastère par ses prédications, par ses retraites et c’est ainsi qu’il a aidé d’une manière très efficace ce monastère, à trouver sa grandeur, sa magnificence.
Et malgré cela, quand le Père Le Boulch s’est aperçu que les idées nouvelles, libérales, modernistes s’introduisaient dans son monastère, il n’a pas pu continuer à y vivre. Ce n’était plus son monastère. Ce n’était plus la vraie vie bénédictine. Ce n’était plus vraiment l’honneur de Notre Seigneur qui était recherché avant tout.
Alors, douloureusement, il s’est éloigné de son monastère. Il a réfléchi pendant deux ans et il a pris la décision définitive de quitter son monastère.
Et le Bon Dieu a permis, dans sa miséricorde, que le cher Père Le Boulch retrouve trois familles. Il en perdait une, il en retrouvait trois. Il a retrouvé la famille bretonne à laquelle il était si attaché et particulièrement dans la personne de sa chère sœur. Mère Marguerite, qui elle-même, le comprenant, l’a suivi, l’a entouré de son affection. Et à deux ils ont maintenu cette fidélité à la foi de toujours. Et à elle se sont joints aussi ses frères et sœurs et ses neveux et nièces qui l’entouraient de leur affection.
Et certainement le soutien de sa famille a été pour lui un encouragement dans le choix qu’il avait fait.
Mais le Bon Dieu lui réservait une autre famille, plus grande, plus étendue, la famille d’Écône. Il est venu ici et il y resté jusqu’à ses derniers jours.
Et Dieu sait si au cours des années, il s’est attaché à cette famille, non seulement à ceux qui se trouvaient dans cette maison – et les jeunes prêtres qui ont été ses dirigés peuvent en témoigner – tous ceux qui ont écouté ses cours : cours d’Écriture Sainte, cours de liturgie en particulier. Tous ceux qui ont reçu ses conseils, qui se sont adressés à lui, savent combien il était attaché à cette maison et à toutes les familles qui se regroupaient autour de cette maison, qui se regroupent encore autour de cette maison, familles de religieux, de religieuses. Il est allé combien de fois prêcher des retraites, des récollections, encourager par son exemple et par sa parole tous ceux qui avaient fait ce choix : préférer Dieu, plutôt que de suivre le courant libéral et moderniste qui envahissait l’Église.
Nous lui devons une grande reconnaissance pour tout ce qu’il a fait dans notre chère famille d’Écône.
Et quand je vous disais qu’il avait une troisième famille, oui, en effet, cette troisième famille, c’est la famille valaisanne. Chers Valaisans, qui êtes ici présents, vous êtes les témoins de cet attachement du cher Père Le Boulch à toutes vos familles. Vous pourriez, je pense du moins pour beaucoup d’entre vous, témoigner et donner des exemples de cet attachement du Père Le Boulch à vos familles, à vos enfants. Combien de conseils il a donnés ; combien de directives qui ont facilité la pratique de la religion, qui ont encouragé les jeunes ménages à se maintenir dans la foi catholique. Le Père Le Boulch a été pour vous aussi, un grand exemple.
Et ainsi il a vécu entouré de ses trois familles, avec beaucoup de satisfaction, avec beaucoup de bonheur. Il aimait sa famille bretonne ; il aimait sa famille d’Écône ; il aimait ses familles valaisannes ; il aimait le Valais, il ne voulait plus le quitter et il ne l’a pas quitté.
Remercions le Bon Dieu pour lui. Et je suis sûr que de là-haut, il remercie le Bon Dieu, de la miséricorde qu’il lui a faite, grâce à sa fidélité. C’est un choix douloureux ; c’est un choix difficile ; c’est le choix des martyrs. Les martyrs ont choisi la fidélité. Il est lui aussi un témoin de la foi de toujours. Et on peut dire qu’à travers toutes les vicissitudes de l’Histoire de la Tradition, de l’Histoire d’Écône, le Père Le Boulch n’a pas bougé, n’a pas hésité. Il est toujours resté fidèle, sans aucune hésitation. C’est le grand exemple qu’il nous a donné.
Alors, mes bien chers frères, mes bien chers amis, nous devons, afin d’exprimer notre reconnaissance à ce cher Père, nous devons prier pour lui et c’est ce que nous faisons aujourd’hui dans cette cérémonie. Nous prions avec ferveur, exprimant nos désirs, exprimant notre attachement à ce cher Père, par toutes ces prières magnifiques de la liturgie des défunts. Et nous le ferons avec beaucoup de ferveur et beaucoup de reconnaissance.
Nous l’exprimerons à la fin de cette cérémonie par cette antienne magnifique : In paradisium deducant te Angeli : Oui que les Anges conduisent au Paradis, le cher Père Le Boulch.
Cependant, nous sommes certains que vous demeurez avec nous et que vous demeurerez à Écône et au milieu de nous par votre exemple, par vos prières, par votre intercession auprès de la très Sainte Vierge Marie pour laquelle vous aviez une dévotion toute particulière. Nous sommes persuadé que vous êtes parmi nous, que vous continuez à y demeurer pour le plus grand bien de nos âmes, afin qu’un jour, nous puissions aussi entendre la parole du Seigneur :
Euge, serve bone et fidelis, quia super pauca super multa te constituant intra in gaudium Domini tui (Mt 25,21) : Venez serviteur fidèle. Parce que vous avez été fidèle sur peu de choses, je vous constituerai sur beaucoup de royaumes. Entrez dans la joie du Seigneur.
Qu’un jour, grâce à votre intercession, cher Père Le Boulch, cette parole puisse être prononcée aussi pour nous tous.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.