Sermon de Mgr Lefebvre – Pentecôte – Confirmations – 14 mai 1989

Mes chers enfants,

Mes bien chers frères,

Vous avez choi­si la fête de la Pentecôte pour rece­voir et pour assis­ter à la récep­tion du sacre­ment de confir­ma­tion et c’est un bon choix.

En effet, ce jour de la Pentecôte rap­pelle l’effusion du Saint-​Esprit dans l’âme des apôtres et, dans quelques ins­tants, mes chers enfants, par les prières de l’Église et par l’institution de Notre Seigneur Jésus-​Christ, ce sacre­ment va vous don­ner aus­si, le Saint-Esprit.

Vous me direz, mais le Saint-​Esprit nous l’avons déjà reçu au jour de notre bap­tême – et c’est vrai – vous avez reçu le Saint-​Esprit le jour de votre bap­tême puisque le prêtre a dit sur vous au moment du bap­tême : Exit ab eo immunde spi­ri­tus et date locum Spiritui Sancto : « Sors de cette âme, esprit mau­vais et donne la place au Saint-​Esprit ». Car vous savez bien qu’avant d’avoir reçu le bap­tême, nous sommes sous l’emprise du démon par le péché ori­gi­nel qui nous est com­mu­ni­qué par les géné­ra­tions qui viennent depuis qu’Adam et Ève ont péché. Tous les hommes – sauf la très Sainte Vierge Marie – sont sous l’emprise de Satan. Alors, par le bap­tême et par la mort de Notre Seigneur Jésus-​Christ, par le Sang de Notre Seigneur Jésus-​Christ, par les mérites de Notre Seigneur, le prêtre, en pro­non­çant les paroles du bap­tême, chasse le démon et demande à Dieu que l’Esprit Saint des­cende et prenne pos­ses­sion de l’âme de l’enfant qui est baptisé.

Mais les effets du bap­tême sont de faire de nous les enfants de l’Église et c’est notre nais­sance, notre nais­sance à la vie spi­ri­tuelle. Il faut confir­mer cette nais­sance. Ayant gran­di, les années ont pas­sé depuis votre bap­tême, vous avez besoin de cette confir­ma­tion de la grâce du bap­tême pour gar­der la vie chré­tienne, pour défendre votre vie chré­tienne contre les assauts du démon et contre tous les moyens que le démon a à sa dis­po­si­tion aujourd’hui, pour perdre nos âmes.

Alors Notre Seigneur a ins­ti­tué le sacre­ment de confir­ma­tion pour don­ner en plus grande abon­dance, le Saint-​Esprit et nous rendre ain­si plus fort, plus armé contre le démon.

C’est aus­si le moment quand l’on gran­dit d’être davan­tage en dan­ger. Quand l’on est enfant, petit enfant, ce sont les parents qui nous pro­tègent, ce sont les parents qui s’occupent encore de nous. À mesure que nous gran­dis­sons, nous pre­nons en main, en quelque sorte, la res­pon­sa­bi­li­té de nos vies chré­tiennes et par consé­quent, il nous faut à ce moment-​là, avoir des secours par­ti­cu­liers pour évi­ter de nous lais­ser entraî­ner par ce monde per­vers qui essaye de nous détour­ner du Bon Dieu, de nous détour­ner de l’amour du Bon Dieu ; de nous entraî­ner dans la déso­béis­sance aux com­man­de­ments de Dieu. C’est pour cela que Notre Seigneur a jugé bon d’instituer ce sacre­ment de confirmation.

Vous avez pris au bap­tême, la réso­lu­tion de vous atta­cher à Jésus-​Christ pour tou­jours et de renon­cer à Satan et à toutes ses attrac­tions. Eh bien, il faut aujourd’hui, renou­ve­ler cette pro­messe, renou­ve­ler sous l’influence du Saint-​Esprit et dire à Notre Seigneur que vous vou­lez vous atta­cher à Lui et que vous vou­lez Le suivre, obéir à ses com­man­de­ments et renon­cer à tout ce monde qui nous entoure.

Vous avez choi­si aus­si et c’est la Providence qui le per­met, le len­de­main de (l’anniversaire de) l’apparition de Notre-​Dame de Fatima, pour rece­voir cette grâce du sacre­ment de confir­ma­tion. En effet, hier, c’était le 13 mai et c’est le 13 mai 1917 que Notre-​Dame de Fatima est appa­rue aux petits enfants du Portugal.

Si la Sainte Vierge prend le soin de venir au milieu de nous pour nous sup­plier d’avoir pitié de nos âmes, d’avoir pitié de nous-​mêmes, elle nous sup­plie de ne pas oublier que nos âmes sont faites pour le Bon Dieu ; sont faites pour aimer son divin Fils Notre Seigneur Jésus-​Christ et qu’il n’y a pas de salut en dehors de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Alors elle nous a sup­pliés de prier et de faire péni­tence. Prier : Elle a pris elle-​même le Rosaire en main et elle a appris aux petits enfants de Fatima, à réci­ter le cha­pe­let avec elle, pour le salut des âmes, pour qu’eux-mêmes sauvent leur âme et pour qu’ils sauvent les âmes des autres, de leur prochain.

Elle nous demande aus­si de faire péni­tence. Qu’est-ce que cela veut dire, faire péni­tence ? C’est-àdire de ne pas nous atta­cher aux choses de ce monde d’une manière désordonnée.

Or, c’est notre ten­dance. Nous avons un désordre pro­fond en nous, avec les suites du péché ori­gi­nel et nous avons ten­dance à ne nous occu­per que des choses maté­rielles, des choses sen­sibles, des choses de ce monde et à oublier les choses spi­ri­tuelles ; oublier que nous avons une âme et que notre âme est bien plus impor­tante que notre corps. Le monde des esprits est bien plus impor­tant que le monde des corps. Ce n’est rien la terre et tout ce qu’elle ren­ferme et tous ces astres que nous voyons. Ce n’est rien à côté du monde spi­ri­tuel, à côté du monde des anges, des archanges, de tous les élus du Ciel. Ce n’est rien à côte du Bon Dieu qui est Esprit et qui est le Temple dans lequel se trouvent toutes ces âmes qui sont dans le Ciel.

Alors nous devons pen­ser que nous sommes faits pour ce monde-​là. Nous ne sommes pas faits pour res­ter ici-​bas. Ce n’est pas vrai. Il n’y a jamais per­sonne qui reste (sur la terre) tout le monde (qui nous a pré­cé­dé) est parti.

Alors pre­nons de bonnes réso­lu­tions de nous atta­cher aux choses essen­tielles, aux choses fon­da­men­tales, au bien de nos âmes. Sauver nos âmes. Et c’est pour cela que vous allez rece­voir le sacre­ment de confir­ma­tion, qui va vous aider.

Vous me direz : Mais je ne vois pas le Saint-​Esprit. Quand les apôtres ont reçu le Saint-​Esprit, il y a eu une flamme au-​dessus de leur tête, qui indi­quait qu’ils rece­vaient le Saint-​Esprit. Mais nous, nous n’allons pas avoir cette petite flamme au-​dessus de nos têtes pour mon­trer que le Saint-​Esprit est venu en nous.

Et puis, ils ont fait des miracles. Après ils ont par­lé des langues ; ils ont mani­fes­té qu’ils avaient le Saint-​Esprit (en eux).

Le Bon Dieu a vou­lu cela pour le début de l’Église, pour fon­der l’Église, pour encou­ra­ger les pre­miers chré­tiens. Il ne per­met plus actuel­le­ment, géné­ra­le­ment, ces miracles par­ti­cu­liers. Mais voyez­vous, si je vous demande : Est-​ce que vous voyez votre âme ? – Non, je sais que j’ai une âme, mais je ne la vois pas.

Et pour­tant vous y croyez et c’est elle qui vous anime. C’est elle qui vous fait prendre toutes vos déci­sions dans votre vie, c’est l’âme. C’est l’âme qui vous fait faire les bons choix et les mau­vais choix. Nous avons une âme et nous ne la voyons pas. Alors ce n’est pas parce que nous ne voyons pas le monde des esprits, que le monde des esprits n’existe pas. Il ne faut pas se faire d’illusions.

Alors, deman­dons aujourd’hui, d’une manière par­ti­cu­lière, au Bon Dieu, de croire à l’existence de nos âmes et de tout faire pour gar­der nos âmes dans l’amour du Bon Dieu, dans l’amour du pro­chain, dans l’obéissance aux com­man­de­ments de Dieu.

Demandons-​le à la très Sainte Vierge Marie.

Je disais ce matin, dans ma pré­di­ca­tion, il est abso­lu­ment cer­tain que les apôtres ont reçu le SaintEsprit par l’intermédiaire de la très Sainte Vierge Marie. Les papes ont tou­jours ensei­gné cela, Marie était rem­plie du Saint-​Esprit, parce qu’elle n’a pas été sou­mise au péché ori­gi­nel. Et donc, elle a été rem­plie du Saint-​Esprit bien avant les apôtres. Et c’est par la très Sainte Vierge que le Saint-​Esprit est venu aux apôtres.

Alors, aujourd’hui aus­si, nous pen­sons et nous devons être sûrs, que ces grâces nous viennent par l’intermédiaire de la très Sainte Vierge Marie. Par consé­quent la grâce de confir­ma­tion que vous allez rece­voir vous vien­dra aus­si par votre bonne Mère du Ciel. Confiez-​vous à la très Sainte Vierge Marie.

J’espère que vous avez tous votre Rosaire en poche et que vous le réci­tez, quand vous vous sen­tez dans la ten­ta­tion, quand vous sen­tez le décou­ra­ge­ment, dans les dif­fi­cul­tés, dans les épreuves. Prenez votre cha­pe­let et réci­tez le chapelet.

Demandez à la Vierge Marie, à notre bonne Mère du Ciel de vous venir en aide et vous ver­rez, le Rosaire est une prière très effi­cace. La très Sainte Vierge est tou­jours venue dans ses appa­ri­tions, avec le Rosaire en main, mon­trant par là, com­bien elle tenait à la prière du Rosaire.

Que le Bon Dieu vous bénisse. Et vous pou­vez être assu­rés que toutes les per­sonnes ici-​présentes, qui vous entourent en ce moment, au sacre­ment de confir­ma­tion, vont prier pour vous à l’occasion de ce sacre­ment et deman­der que le Bon Dieu vous donne beau­coup de grâces.

Les par­rain et mar­raine vou­dront bien suivre les enfants et mettre leur main droite sur l’épaule droite de leur filleul, en res­tant debout der­rière le confir­mand, mani­fes­tant ain­si le témoi­gnage de leur pré­sence devant le sacre­ment de confir­ma­tion et en même temps, la res­pon­sa­bi­li­té qu’ils prennent, d’aider leur filleul à gar­der la grâce du sacre­ment de confir­ma­tion et à gar­der la grâce de la vie chrétienne.

N’oubliez pas non plus, mes enfants, de venir avec le petit papier qui vous a été don­né, avec votre nom, afin que l’évêque puisse dire votre nom pour (rece­voir) le sacre­ment de confirmation.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.