Mes bien cher amis,
Vous qui dans quelques instants allez recevoir la grâce du sous-diaconat et du diaconat, réfléchissez à ces grâces toutes particulières qui vous seront données. À l’Esprit Saint qui dans quelques instants va descendre dans vos âmes, pour vous faire participer davantage à cette grâce du sacrement de l’ordre qui vous prépare à monter à l’autel.
Pour vous, cher ami, qui allez être ordonné au sous-diaconat, l’Église vous rappellera – dans les prières que l’évêque récitera – vous rappelle que vous vous engagez à son service, dans la chasteté, dans la pureté, dans le détachement des biens de ce monde.
Religieux, sans doute vous avez déjà prononcé les vœux de pauvreté, de chasteté, d’obéissance. Mais cette fois, c’est l’Église elle-même qui vous le demande pour un motif encore plus élevé, celui du sacerdoce ; celui qui vous donnera bientôt le pouvoir d’approcher de Notre Seigneur Jésus-Christ de telle sorte que, comme tous ceux qui ont été choisis par Dieu pour vivre avec Notre Seigneur, pour avoir une intimité particulière avec Notre Seigneur, comme la très Sainte Vierge, comme saint Joseph, comme saint Jean, Dieu a voulu qu’ils soient vierges.
Il a voulu par conséquent, que ceux qui célèbrent les saints mystères, que ceux qui s’approchent de l’autel, vivent aussi dans la virginité. Parce que Dieu est pur ; Dieu est saint ; Dieu est esprit. Et par conséquent, il est normal, il est juste que ceux qui s’approchent de Dieu, dans son intimité, que ceux qui ont un pouvoir sur son Corps, sur son Âme, que ceux-là aussi consacrent leur vie entièrement et sans partage, sans réserve, à Celui qu’ils servent, à Notre Seigneur Jésus-Christ.
Nous prierons pour vous, afin que les grâces du Saint-Esprit descendent en abondance en vous et vous préparent vraiment à recevoir bientôt les ordres plus importants.
Quant à vous, chers amis, qui allez recevoir le diaconat, l’Église insiste dans toutes ses prières et vous donne comme modèle saint Étienne. Et elle en donne l’explication dans les paroles de la forme sacramentelle, dans les paroles du sacrement, lorsque l’évêque vous dira en imposant sa main sur votre tête :
Accipite Spiritum Sanctum ad robur.
En effet, saint Étienne, premier martyr, a montré particulièrement l’exemple de la force et c’est ce don de force que l’Église veut vous donner d’une manière particulière aujourd’hui.
Qu’est-ce donc que ce don de force ? Cette vertu de force que vous devez pratiquer d’une manière particulière, saint Thomas le dit : « La force s’oppose aux obstacles que le monde met entre notre désir d’obtenir le bien, notre volonté d’obtenir le bien ».
Le monde s’oppose au bien moral, au bien spirituel que nous recherchons. Et alors la force vient écarter ces obstacles. Tantôt en menant le combat contre ces obstacles d’une manière positive, d’une manière ferme. Car les deux actes principaux de cette vertu de force, précisément comme le dit saint Thomas : Sustinere … : soutenir le combat ; le soutenir d’une manière permanente, constante, forte, ferme, particulièrement dans la patience et la persévérance. Rechercher le bien malgré les obstacles, continuer, persévérer dans l’effort ; continuer la recherche de ce bien, ce bien qui n’est autre que Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même.
Et vous avez besoin de cette vertu de force d’une manière plus particulière, parce que vous aussi vous approcherez et d’une manière combien plus proche, plus intime, plus réelle, de ces saints Mystères. Vous allez désormais participer aux saints Mystères.
Alors montrez-vous digne, comme le dira aussi l’évêque à la fin de la préface :
In Christo firmi et stabiles perseverent, dignisque successibus de inferiori gradu per gratiam tuam potiora mereantur.
Firmes et stabiles in Christo : fermes et persévérants, immuables in Christo, dans le Christ.
De inferiori gradu per gratimam tuam capere potiora mereantur. De ce grade inférieur du diaconat, que vous puissiez par vos efforts vous rendre digne et par la grâce de Dieu, d’arriver à un degré supérieur : potiora mereantur.
Ce degré supérieur, eh bien, ce sera le sacerdoce, avec la grâce du Bon Dieu. Sacerdoce qui s’approche pour vous, dans six mois. Dans six mois, si le Bon Dieu le veut ; s’il plaît à Dieu, vous deviendrez prêtre.
Et alors, je suis persuadé que dans votre esprit, dans votre cœur, il y a peut-être, un peu de crainte et de tremblement à la pensée que le sacerdoce est si proche : six mois, c’est peu de chose. Les années ont vite passé et vous voilà près d’assumer cette dignité ineffable, cette dignité que des saints comme saint François d’Assise n’ont pas osé approcher.
Alors, pendant ces six mois, préparez-vous ; préparez-vous vraiment, dans le silence, dans le recueillement, dans la méditation, dans la prière, dans les efforts pour acquérir la vertu. Préparez-vous à cette grande dignité.
Et les circonstances dans lesquelles vous recevrez le sacerdoce, dans lesquelles vous aurez à l’exercer, demandent de vous des vertus toutes particulières.
Pendant les vacances, vous aurez peut-être l’occasion de rencontrer de vos confrères aînés qui sont passés aussi par Écône et qui maintenant exercent leur ministère, exercent le sacerdoce. Ils vous diront combien ils sont heureux d’exercer ce ministère ineffable du sacerdoce, mais aussi combien ils sentent peser sur leurs épaules, une lourde responsabilité. Et combien peut-être, ils souhaiteraient pouvoir ou avoir pu passer encore quelques années de formation. Car lorsqu’il faut donner et non plus recevoir, bien des difficultés se présentent à nous, de toutes sortes.
S’occuper des âmes ; diriger les âmes, les conseiller, les confesser, leur donner la grâce de l’absolution ; conseiller les personnes dans la conduite de leur vie, de leur vie morale, quelle responsabilité !
Monter à l’autel, offrir le Saint Sacrifice de la messe ; s’approcher tous les jours de Notre Seigneur et recevoir des grâces particulières que nul autre ne reçoit que celui qui monte à l’autel. Tout cela est plein de responsabilité et de noblesse en même temps.
Alors préparez-vous pendant ces six mois. Préparez-vous surtout dans l’exercice de la foi. Renouvelez en vous cet esprit de foi. La foi, dans tout ce que vous avez reçu, dans tout ce que vous avez appris. Ayez une foi profonde, une foi en Notre Seigneur Jésus-Christ. Car c’est Lui qui est l’objet de notre foi.
Alors demandez à la très Sainte Vierge Marie et à saint Joseph de vous communiquer leur foi, afin que vous n’ayez jamais d’hésitation, jamais de doute sur la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ et que Notre Seigneur Jésus-Christ est notre Dieu. Il n’y a pas d’autre Dieu que Notre Seigneur JésusChrist, uni au Père et au Saint-Esprit. Nous le répétons à la fin de toutes nos oraisons : In unitate Spiritus Sancti Deus, per omnia sæcula sæculorum : Dieu pour les siècles des siècles.
Alors nous devons y croire ; croire en Notre Seigneur Jésus-Christ et ne pas permettre dans notre esprit, dans notre cœur, dans notre âme, qu’il y ait place pour un autre que Notre Seigneur Jésus-Christ, à qui nous devons rendre tout honneur et toute gloire. Non il n’y a pas d’autre Dieu que Notre Seigneur Jésus-Christ.
Vous devez donc augmenter votre foi. Dites comme les apôtres à Notre Seigneur : « Seigneur, nous croyons, mais augmentez notre foi ».
La foi et l’humilité, l’humilité, parce qu’il faut que nous soyons convaincus que toutes les grâces que nous avons reçues et que surtout la grâce du sacerdoce que nous allons recevoir, nous n’en sommes pas dignes. Nous ne sommes pas dignes d’être associés au sacerdoce éternel de Notre Seigneur Jésus-Christ. Pauvres créatures que nous sommes, pauvres pécheurs, comment serions-nous dignes d’une grâce semblable, sinon par la grâce de Dieu ; sinon parce que Dieu le veut ; sinon parce que Dieu a besoin et a voulu avoir besoin de prêtres. Il a voulu faire participer à des créatures son sacerdoce et alors Il nous a choisis par une grâce insigne.
Mais nous devons rester dans cet esprit d’humilité ; cet esprit du sentiment de notre faiblesse, de notre indignité, devant cette grâce insigne que le Bon Dieu nous a donnée et ne pas avoir une certaine conscience de notre supériorité vis-à-vis des autres parce que nous avons reçu cette grâce.
Si le Bon Dieu nous a donné cette grâce, c’est précisément pour dispenser aux autres les grâces qu’il a mises dans nos mains ; les trésors qu’Il a mis dans nos mains ; qu’Il a mis sur nos lèvres. Alors demeurons dans l’humilité.
Et demeurons aussi avec l’humilité, dans la confiance en Dieu. Vous aurez beaucoup de difficultés, beaucoup, d’épreuves – peut-être de santé – épreuves dans les difficultés du ministère, épreuves devant l’incompréhension, l’ignorance, la résistance à la grâce, de ceux qui vous entourent.
Remplis d’espoir, remplis de zèle, vous voudriez convertir le monde, j’en suis sûr. Alors vous allez sans doute vous trouver peut-être devant une désillusion d’une certaine manière, en vous disant : Je pensais qu’avec la grâce de Dieu, j’aurais pu convertir de nombreuses âmes. Et les âmes se ferment ; et les âmes ne reçoivent pas cette grâce du Bon Dieu, ou ne les reçoivent pas comme nous espérions qu’elles auraient pu les recevoir.
Alors, vous souffrirez ; ce sera une épreuve. Épreuve parce que vous douterez peut-être de vous-même. Mais si vous doutez de vous-même mes chers amis, ne doutez jamais de la grâce du Bon Dieu. Ayez confiance en Dieu. Que votre confiance soit tout en Dieu et non pas en vous et non pas dans les moyens humains et non pas dans vos dons humains.
Car il n’y a pas de proportion entre la grâce et nos propres dons. Vous le savez bien. L’histoire de l’Église est là qui nous le montre. Des hommes simples, des hommes faibles, des hommes qui humainement parlant n’ont pas de dons extraordinaires, ont eu des résultats incroyables, inouïs, dans leur apostolat.
Pensez au saint Curé d’Ars par exemple. Alors si le Bon Dieu nous a choisis, ce n’est pas en raison de nos qualités humaines. Il nous a demandé de venir ; Il nous a choisis pour être remplis de sa grâce et par conséquent nous devons avoir confiance en Dieu, confiance en Lui. C’est Lui qui fait tout. Si nous avons confiance en nous, alors nous serons susceptibles de découragement et peut-être de désespoir. Mais si nous avons confiance en Dieu, alors nous serons forts, appuyés sur la grâce du Bon Dieu, persuadés que nous faisons le travail du Bon Dieu. Si vraiment nous sommes à son service, alors nous aurons cette confiance, cet espoir et cette fermeté.
Firmes et stabiles in Christo : Fermes et stables et permanents in Christo Jesu. Voilà ce que vous dit l’évêque.
Et alors vous serez au service de l’Église et c’est encore ce que l’évêque vous dira dans quelques instants.
Si vous avez besoin de cette vertu de force contre toutes les puissances démoniaques qui sont autour de nous, eh bien vous en avez besoin pour servir l’Église. Comme la tribu de Lévi avait été choisie pour le service du Temple, ainsi vous êtes choisis pour le service de l’Église. Et c’est cela aussi qui doit faire votre honneur et votre fierté. Être au service de l’Église catholique, de l’Église fondée par Notre Seigneur Jésus-Christ, avec les moyens que Notre Seigneur Jésus-Christ lui a donnés ; avec la foi que Notre Seigneur Jésus-Christ lui a donnée ; avec les vertus que Notre Seigneur Jésus-Christ continue de lui donner. Voilà ce que l’Église demande de vous ; voilà ce qu’elle va vous exprimer dans quelques instants ; voilà ce pourquoi, tous ensemble, nous prierons pour vous.
Les ordinations sont la raison d’être du séminaire. Un séminaire sans ordinations ne serait pas un séminaire. Les jours des ordinations sont des jours de lumière, des jours vraiment remplis de la lumière du Saint-Esprit, de la charité du Saint-Esprit. Car c’est pour cela que vous êtes ici ; c’est pour cela que vous faites des études ; c’est pour cela que vous venez prier ici tous les jours, afin de recevoir les grâces de l’ordination. Le séminaire prépare des prêtres. Et alors ces étapes continuelles, vous mettent certainement devant les yeux l’idéal de votre apostolat, l’idéal du séminaire.
Remercions le Bon Dieu qui veut bien que nous puissions aujourd’hui, participer à cette ordination et demandons au Bon Dieu de répandre sur ceux qui vont être l’objet de ses grâces particulières, de répandre en abondance ses grâces, afin que ses prêtres soient toujours plus donnés à son service et plus près de Notre Seigneur Jésus-Christ, comme l’ont été Jésus et Marie.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.