Mes bien cher amis,
Mes bien chers frères,
Dans sa magnifique encyclique Quas primas du pape Pie XI instaurant la fête du Christ-Roi, le pape explique pourquoi Notre Seigneur Jésus-Christ est vraiment roi et il en donne deux raisons profondes, deux raisons particulières. Sans doute il y a toutes les preuves scripturaires. Vous venez de lire l’Évangile, de l’entendre, dans lequel Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même se proclame roi et de nombreux passages des psaumes et du Nouveau Testament expriment la même qualité de Notre Seigneur Jésus- Christ : Il est Roi !
Mais le pape Pie XI prend soin d’approfondir les raisons de cette royauté. La première est ce que l’Église appelle l’union hypostatique, l’union de la Personne divine avec la nature humaine. Notre Seigneur est Roi parce qu’il est Dieu. Et en effet, il n’y a pas deux personnes en Notre Seigneur Jésus- Christ ; il n’y a pas une personne humaine et une personne divine ; il n’y a qu’une seule Personne : la Personne divine qui a assumé directement, sans passer par l’intermédiaire d’une personne humaine, une âme humaine et un corps humain. Par conséquent, lorsque l’on parle de Jésus-Christ, nous disons la Personne de Jésus-Christ.
Or cette Personne de Jésus-Christ est une Personne divine. Certes Jésus-Christ est Dieu et homme puisqu’Il a assumé une âme humaine et un corps humain.
Ainsi, l’âme humaine de Notre Seigneur Jésus-Christ et son corps sont devenus tellement unis intimement à Dieu, que l’on ne peut pas les séparer et de telle sorte que c’est la Personne de Notre Seigneur Jésus-Christ tout entière qui est divinisée, qui est divine et qui divinise son âme et son corps.
Et par conséquent, Notre Seigneur Jésus-Christ tel qu’il se présentait sur les routes de Palestine, tel qu’il s’est présenté même à Bethléem comme Enfant, Notre Seigneur Jésus-Christ est Roi. Non seulement. Il a le caractère de la royauté, mais l’Église nous enseigne que par cette union de Dieu à la nature humaine, à l’âme et au corps humain que Notre Seigneur Jésus-Christ a assumés, Notre Seigneur est essentiellement, par nature, le Sauveur, le Prêtre et le Roi. Essentiellement.
Il ne peut pas ne pas être le Sauveur, parce qu’Il est le seul à pouvoir dire qu’il est Dieu. Il est le seul à pouvoir dire qu’Il est le Prêtre, le Pontife, Celui qui fait vraiment le lien entre le Ciel et la terre. Il est le seul aussi à pouvoir dire qu’il est le Roi. Et s’il n’est pas roi selon ce monde pour un territoire donné et même seulement pour la terre, pour les hommes, en effet Notre Seigneur est Roi, non seulement de la terre, mais Il est le Roi du Ciel.
Voilà la première raison profonde de la royauté de Notre Seigneur Jésus-Christ. Et cela nous devons en être convaincus, afin de voir en Notre Seigneur Jésus-Christ notre Roi, notre Roi à nous personnellement. Notre Seigneur Jésus-Christ est notre Roi.
Mais Il l’est aussi pour une seconde raison et c’est encore le pape Pie XI qui l’explique très bien. Notre Seigneur Jésus-Christ est Roi par conquête. Par quelle conquête ? Parce que Notre Seigneur Jésus-Christ nous a conquis tous par son Sang, par sa Croix, par le Calvaire : Regnavit a ligno deus : « Dieu a régné par le bois », c’est-à-dire par la Croix. En effet, Notre Seigneur Jésus-Christ a conquis, par un droit, un droit strict, toutes les âmes, quelles qu’elles soient. Toutes les âmes qui seront créées par Dieu et qui vivront un seul instant ici-bas sur cette terre, elles sont de droit, les sujets de Notre Seigneur Jésus-Christ. Parce qu’il les a conquises par son Sang ; Il doit les racheter ; Il veut les racheter ; Il désire les racheter toutes et y appliquer son Sang, son divin Sang, afin de racheter les âmes et de les porter à Dieu et de les conduire à Dieu.
Oui, Notre Seigneur Jésus-Christ, par son Sang et par sa Croix, est de droit aussi notre Roi. Et c’est pourquoi dans les premiers siècles après la Paix de Constantin, lorsque les chrétiens ont pu présenter la Croix officiellement dans leurs églises, dans leurs temples, dans leurs lieux de réunion, ils représentaient habituellement Notre Seigneur Jésus-Christ comme Roi, couronné, couronné de la couronne des rois. Car le Christ est bien notre Roi et Il l’est bien par la Croix.
Alors nous devons nous demander, en conséquence de ces principes, de cette nature de Notre Seigneur Jésus-Christ Roi et de cette conquête que Jésus a faite de nos cœurs et de nos âmes – par sa mort sur la Croix –, nous devons nous demander si vraiment Notre Seigneur Jésus-Christ est en pratique, quotidiennement, dans toutes nos actions, dans toutes nos pensées, est-Il vraiment notre Roi ?
Et alors, le pape Pie XI poursuit dans son encyclique la manière dont Notre Seigneur Jésus- Christ doit être Roi pour nous. Il doit être le Roi de nos intelligences. Oui, de nos pensées, parce qu’il est la Vérité. Jésus-Christ est la Vérité parce qu’il est Dieu. Alors est-ce que vraiment Notre Seigneur Jésus-Christ est le roi de nos pensées ? Est-ce qu’Il est vraiment Celui qui oriente toutes nos pensées, nos réflexions, notre vie intellectuelle, la vie de notre foi ? Est-ce que vraiment Notre Seigneur Jésus-Christ est Celui qui est la lumière de nos intelligences ?
Et Notre Seigneur Jésus-Christ est encore le Roi de nos volontés. Il est la Loi. Si les tables de la Loi se trouvaient dans l’Arche d’Alliance, dans l’Ancien Testament, elles représentaient précisément Notre Seigneur Jésus-Christ qui est aujourd’hui dans nos tabernacles.
Mais avec quelle supériorité aujourd’hui ! Nous avons aujourd’hui la Loi dans nos tabernacles, dans nos arches d’alliance. Ce ne sont plus des prières froides, c’est Notre Seigneur Jésus-Christ Lui- même. Celui qui est la Loi. Le Verbe de Dieu est la Loi par qui tout a été fait, en qui toutes choses ont été créées. Et Il est la Loi non seulement des âmes, des esprits, des volontés, mais Il est la Loi de toute la nature.
Toutes les lois que nous découvrons dans la nature viennent de Notre Seigneur Jésus-Christ ; viennent du Verbe de Dieu. Et lorsque l’on pense que toutes la créature suit les lois de Dieu, que ce soit les lois physiques, les lois chimiques, les lois de la nature, nature végétative, de la nature sensible, de la nature animale, ces lois sont suivies impeccablement. Et nous, nous qui devons précisément suivre la loi de Dieu, qui est inscrite dans nos cœurs, d’une manière intelligente et d’une manière libre, nous devrions justement, à cause de notre liberté nous attacher à cette loi qui est le chemin de notre bonheur, le chemin de la vie éternelle.
Les hommes se sont détournés de la loi. Alors Notre Seigneur Jésus-Christ doit être, doit redevenir le Roi de nos volontés. Et nous devons conformer nos volontés à sa loi, à sa loi d’amour, à sa loi de charité, à ces deux commandements qu’il a donnés et qui Lui-même a dit, renferment tous les commandements : « Aimer Dieu, aimer son prochain ». Ce n’est qu’un seul et même commandement. C’est Lui qui l’a dit. Alors est-ce que vraiment, nous conformons nos volontés à la loi de Notre Seigneur Jésus-Christ ? Est-ce que Jésus est le Roi de nos volontés ?
Enfin, Jésus doit être – c’est encore le pape Pie XI qui le dit – doit être le Roi de nos cœurs.
Est-ce que nos cœurs sont vraiment attachés à Notre Seigneur Jésus-Christ ? Est-ce que nous avons conscience que Notre Seigneur Jésus-Christ est tout pour nous ? Omnia in omnibus, Jésus-Christ est tout et Il est en toutes choses. Il est Celui… in ipso omnia constant, dit saint Paul. En Lui tout est soutenu ; en Lui nous vivons ; en Lui nous sommes ; en Lui nous nous mouvons. C’est ce que dit saint Paul dans son discours à l’Aréopage : In ipso vivimus, In ipso movemur, In ipso sumus. En Lui nous sommes. Il tient tout dans sa main.
Alors nous devons nous demander ce que devaient penser la très Sainte Vierge et saint Joseph. Je pense que c’est là un exemple admirable pour nous. Si nous voulons vraiment que Jésus-Christ soit vraiment notre Roi, essayons de nous imaginer ce que devait être Nazareth : Jésus, Marie, Joseph.
Que devait penser Marie de Jésus ? Que devait penser Joseph de Jésus ? Il est incroyable… c’est un grand mystère, un mystère insondable de la bonté, de la charité de Dieu, de penser qu’Il a permis à deux créatures choisies par Lui, de vivre avec Lui. Pour saint Joseph pendant trente ans, pour la très Sainte Vierge pendant trente-trois ans, vivre dans l’intimité de Jésus, dans l’intimité de Celui qui est Dieu ; de Celui sans lequel ni Marie, ni Joseph ne pouvaient parler, ne pouvaient penser, ne pouvaient vivre.
Marie portant Jésus dans ses bras, portait Dieu dans ses bras. Comme le dit si souvent l’Évangile : Ce n’est pas Jésus qu’elle portait, mais c’est Jésus qui la portait. Car Jésus était beaucoup plus grand qu’elle, puisqu’il était son Dieu.
Pensons à ce que pouvait avoir dans son esprit, dans sa volonté, dans son cœur, la très Sainte Vierge Marie, vivant avec Jésus, le voyant agir, le voyant avec ses petits camarades, le voyant travailler avec saint Joseph. Eh bien, nous aussi, nous avons la joie de vivre avec Notre Seigneur.
Si sous la frêle enveloppe de son corps, la très Sainte Vierge Marie adorait le Dieu vivant – car elle le savait –, elle savait que c’était le Dieu vivant qu’elle avait dans sa maison ; elle le savait par l’annonce de l’ange et Joseph le savait parfaitement aussi.
Eh bien, nous, nous savons que nous avons dans nos tabernacles aussi, sous la frêle enveloppe de l’Eucharistie, Jésus vivant. Jésus est là. Non seulement nous L’avons dans nos tabernacles, mais nous L’avons d’une manière encore, – je dirai – plus intime que la très Sainte Vierge Marie et que saint Joseph ; lorsque Notre Seigneur se donne Lui-même en nourriture à nous-mêmes. Songeons que vraiment, dans nos corps, dans nos cœurs, nous portons Jésus ; nous portons le Dieu qui nous porte. Car sans Lui aussi, nous ne pourrions ni vivre, ni exister ; ni dire une seule parole ; ni penser une seule idée.
Alors ce Dieu, nous Le portons en nous, dans l’Eucharistie. Demandons à Notre Seigneur Jésus-Christ, lorsque nous Le recevons en nous, qu’Il soit notre Roi. Il a le droit d’être notre Roi. Qu’Il nous donne, les pensées de la très Sainte Vierge Marie et de saint Joseph, qu’Il nous donne la volonté soumise à Sa Loi, de la très Sainte Vierge Marie et de saint Joseph. Qu’il nous donne les cœurs de Marie et de Joseph vis-à-vis de Lui. Ces créatures qu’il a choisies de toute éternité pour être ses gardiens, pour être celles qui ont vécu avec Lui.
Demandons-leur, demandons à Marie et à Joseph de nous aider à vivre sous le doux royaume de Notre Seigneur Jésus-Christ. Car nous savons et nous espérons qu’un jour nous serons dans ce royaume et que nous Le verrons dans sa splendeur, dans sa gloire.
Comme nous le disons si souvent, lorsque nous récitons l’Angélus : ut per passionem et crucem, ad resurreciónis gloriam perveniam.
Pour que par sa Passion et par sa Croix nous parvenions à la gloire de sa Résurrection.
Eh bien, que nous aussi, nous devons passer maintenant par la Passion et par la Croix de Jésus sur la terre. Un jour nous parviendrons à la gloire de sa Résurrection. Cette gloire qui illumine le Ciel, qui est le Ciel, Car Dieu est le Ciel. Car Notre Seigneur Jésus-Christ est le Ciel. En Lui nous vivrons avec la grâce de Dieu, par la grâce de Dieu, si nous l’avons déjà comme Roi ici-bas, alors nous L’aurons comme Roi de gloire pendant toute l’éternité.
Demandons à la très Sainte Vierge Marie et à saint Joseph aujourd’hui, non seulement pour nous, mais aussi pour nos familles, pour tous ceux qui nous entourent ; pour que ceux-là viennent à la lumière de Notre Seigneur Jésus-Christ qui Le connaissent mal, qui ne lui obéissent pas, qui s’éloignent de Lui ; ayons pitié de toutes ces âmes qui ne connaissent pas le Roi d’amour et de gloire en qui nous avons le bonheur de croire, que nous avons le bonheur d’aimer.
Demandons à Notre Seigneur Jésus-Christ, à Marie et à Joseph, de convertir toutes ces âmes à Jésus-Christ.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.