Le zèle pour la pleine communion

Vitrail : la profanation du Temple

Comment le roi Ezéchias a envi­sa­gé le retour à la pleine communion. 

Les livres his­to­riques de l’Ancien Testament (sur­tout les Juges, les livres de Samuel et des Rois, les Chroniques), racontent l’histoire d’Israël comme une suc­ces­sion d’infidélités et de réformes jusqu’au der­nier châ­ti­ment divin, qui abou­tit à la chute de Jérusalem devant les troupes de Nabuchodonosor. L’auteur sacré en tire les leçons.

Dès le règne de Roboam (10e s. av. JC), fils de Salomon, dix tri­bus se séparent de Juda et Benjamin et consti­tuent le royaume d’Israël dont la capi­tale sera Samarie. Leur pre­mier roi, Jéroboam, croit pou­voir assu­rer l’unité de son royaume en éta­blis­sant le culte de plu­sieurs veaux d’or dans les fron­tières du royaume pour détour­ner le peuple du Temple de Jérusalem. Le schisme conduit au dévoie­ment du vrai culte.

Le règne du roi Ezéchias de Juda (fin du 8e s. av. JC) se situe après les règnes désas­treux de l’usurpatrice Athalie et du roi Achaz, des­cen­dants de la funeste Jézabel. Les faux cultes triomphent dans le royaume, jusqu’au Temple même de Jérusalem pro­fa­né sous Achaz, et Ezéchias s’efforce de les extir­per. A l’occasion de la puri­fi­ca­tion du Temple, il songe à faire célé­brer solen­nel­le­ment la fête de Pâque, et invite les tri­bus sépa­rées à s’y joindre : le zèle pour la pleine communion !

La pleine com­mu­nion, mais pas à n’importe quel prix : il fau­dra que les fidèles se rendent au Temple de Jérusalem, le lieu du vrai culte. On les y exhorte en stig­ma­ti­sant la faute de leurs prédécesseurs : 

Ne faites pas comme vos pères et vos frères, qui se sont reti­rés du Seigneur, du Dieu de leurs pères, et qui ont été livrés par Lui à la mort, comme vous voyez. N’endurcissez pas vos cœurs comme vos pères.

II Chroniques 30, 7–8

On sait dési­gner le péché.

Pourtant, beau­coup se moquent des envoyés du roi Ezéchias (Ibidem v.10). Mais tant pis pour eux, on ne chan­ge­ra pas le culte pour eux : le culte est d’abord adres­sé à Dieu. On en pro­fite pour détruire les autels des faux cultes (II Chr. 30, 14 ; 31, 1).

On ne méprise pas les règles du culte : alors que les fidèles doivent offrir leurs propres vic­times, ceux qui n’ont pas res­pec­té les règles de pure­té légale sont rem­pla­cés par des lévites (30, 15–17).

Toutefois, beau­coup viennent et mangent la Pâque sans avoir pro­cé­dé aux rites usuels de puri­fi­ca­tion ; il est dif­fi­cile de contrô­ler tout, et les désordres de la période pas­sée les excusent de ces négli­gences ; Ezéchias pense devoir lais­ser pas­ser cette entorse à des exi­gences de rites seule­ment exté­rieurs, comp­tant sur la misé­ri­corde de Dieu pour ceux qui ont déjà fait l’effort de venir. Et Dieu bénit cette œuvre (30, 18–20).

La fête est un tel suc­cès qu’elle est pro­lon­gée d’une semaine : joie pure, sans équi­voque parce qu’il s’agit du vrai culte et du vrai Dieu, sans qu’on s’imagine devoir jus­ti­fier l’apostasie sous pré­texte de misé­ri­corde. L’unité se fait dans la vérité.

Aujourd’hui, de doctes plumes sou­cieuses de l’unité ecclé­siale, en par­ti­cu­lier à l’occasion des polé­miques sur la per­sé­cu­tion du rite tra­di­tion­nel de la messe par Rome, se plaignent que le lec­tion­naire de la litur­gie tra­di­tion­nelle ne laisse pas assez de place à la Bible hébraïque, et donc au Dieu de Jésus-​Christ[1]… En véri­té, sans aller jusqu’à la manière très par­ti­cu­lière dont le pro­phète Elie conçoit le dia­logue inter­re­li­gieux[2], il est en effet urgent de retrou­ver le sens de la vraie com­mu­nion en redé­cou­vrant par la lec­ture de l’Ancien Testament com­ment la « pas­sion de l’unité » est illus­trée dans la Sainte Ecriture : selon la véri­té et la pié­té. On attend que les auto­ri­tés offi­cielles de l’Eglise se conforment à la doc­trine ren­fer­mée dans l’Ancien Testament. Comme le dit saint Jérôme, « l’ignorance de l’Ecriture est igno­rance du Christ » !

Notes de bas de page
  1. Grégory Solari, « Pèlerinage de Chartres : « Il faut dire à la jeu­nesse en marche qu’il existe une autre voie » », La Croix, 9 juin 2025.[]
  2. Cf. III Rois, 18.[]