Le voile, occasion de polémique

Le mépris d’une longue cou­tume (celle de por­ter un fou­lard ou une man­tille) favo­rise une indé­pen­dance dif­fi­ci­le­ment conci­liable avec la vraie piété.

Femmes et jeunes filles doivent être voi­lées à l’église, et il est bon que les mamans accou­tument les petites filles à cette dis­ci­pline, parce qu’elle favo­rise le recueille­ment indi­vi­duel et général.

C’est tel­le­ment évident que les reli­gieuses sont voi­lées en permanence.

Une belle che­ve­lure chez une femme n’est certes pas un péché, mais dans une église on doit pri­vi­lé­gier tout ce qui favo­rise l’humilité, le recueille­ment, le res­pect de ce qui a tou­jours été recom­man­dé par l’Église.

Dès l’origine du chris­tia­nisme, l’apôtre saint Paul, qui avait tout de même le sens des choses de Dieu, demande aux femmes d’avoir la tête couverte.

Il est cer­tain qu’une femme qui cherche à atti­rer les regards sur soi, ne se voile pas la tête.

Il serait faux bien sûr de conclure hâti­ve­ment que toutes les femmes qui ne sont pas voi­lées à l’église, cherchent à atti­rer les regards.

Les femmes qui ne sont pas habi­tuées à por­ter un voile, auront, certes, beau­coup de mal à s’y mettre. Elles trou­ve­ront quan­ti­té de bonnes rai­sons pour refu­ser cette contrainte.

Ce n’est pas éton­nant, la vie chré­tienne est aus­si faite de bonnes habi­tudes, et les mau­vaises sont un obs­tacle réel au pro­grès spirituel.

On ne peut nier que le port du voile est une volon­té de l’Église, très ancienne et très constante.

Cette volon­té de l’Église n’est donc pas un effet de mode. Avoir la tête cou­verte, c’est à cela qu’il faut se sou­mettre. C’est donc plus une affaire de volon­té que d’intelligence. Voilà pour­quoi sur ce sujet, il faut ban­nir ques­tions et objec­tions, et s’efforcer de pra­ti­quer ce qui est deman­dé, même si par ailleurs un tout petit brin de réflexion devrait suf­fire pour convaincre les plus obstinés.

Il ne fau­drait pas se faire com­plices des suites de l’esprit conci­liaire qui habi­tue, même chez nous, à un cer­tain mépris sys­té­ma­tique et quasi-​épidermique pour tout ce qui rap­pelle la Tradition.

Les men­ta­li­tés en ont été chan­gées, et même celles des nôtres en subissent l’influence, hélas.

Le pape Jean XXIII, en ouvrant les fenêtres au monde, pour faire entrer un peu d’air frais et nou­veau dans l’Église, a fait s’envoler beau­coup de choses, entre autres, les man­tilles et toutes les règles clas­siques de modestie.

« Je vous loue mes frères, de ce qu’en toutes choses vous vous sou­ve­nez de moi et gar­dez mes pré­ceptes tels que je vous les ai don­nés. Or, je veux que vous sachiez que le chef de tout homme, est le Christ ; le chef de la femme, l’homme ; et le chef du Christ, Dieu.

Tout homme qui prie ou pro­phé­tise la tête cou­verte, désho­nore sa tête.

Et toute femme qui prie ou pro­phé­tise la tête décou­verte, désho­nore sa tête ; car c’est comme si elle était rasée.

C’est pour­quoi, si une femme ne se voile pas, qu’elle soit ton­due. Or, s’il est hon­teux à une femme d’être ton­due ou rasée, qu’elle voile sa tête. » (I Cor., 11, 2–4)

Ici, saint Paul demande aux femmes chré­tiennes de se cou­vrir la tête durant le culte divin.

Il donne deux rai­sons à son décret, l’une théo­lo­gique, l’autre morale.

La raison théologique

La vraie gloire et l’honneur de tout être est de main­te­nir la place que Dieu lui a assignée.

Or, Dieu même a éta­bli une dif­fé­rence entre les sexes. Nous devons donc mani­fes­ter une telle dif­fé­ren­cia­tion dans tous les moments de notre vie, par­ti­cu­liè­re­ment dans nos actes reli­gieux publics qu’on lui adresse.

L’homme fut créé le pre­mier. La femme fut créée dépen­dante de l’homme. Le fait de se cou­vrir la tête était le signe qui met­tait cette dépen­dance en évidence.

En pre­mier lieu, les hommes aus­si bien que les femmes ont été créés par Dieu et pour Dieu.

Leurs âmes res­pec­tives immor­telles lui sont éga­le­ment pré­cieuses. Mais secon­dai­re­ment, les femmes furent créées comme com­pagnes de l’homme, c’est à dire que la femme fut créée pour l’homme et non l’homme pour la femme.

La raison morale 

La rai­son morale pour laquelle les femmes chré­tiennes doivent se cou­vrir la tête durant le culte divin, a quelque chose à voir avec la modestie.

Saint Paul s’était trou­vé, dans les com­mu­nau­tés chré­tiennes, avec des femmes un peu légères qui allaient au temple tête décou­verte ; elles ne cou­vraient pas leur beau­té, réso­lues à expo­ser leurs attri­buts, leurs attractions.

Saint Paul n’acceptait pas une telle chose, encore moins dans le temple chré­tien. Il écrit donc

« C’est pour­quoi la femme doit mon­trer qu’elle est sous la puis­sance de l’homme en cou­vrant sa tête à cause des anges. » (I Cor XI, 10)

Saint Paul se réfère au voile, et il men­tionne les anges, ces esprits purs, pour incul­quer le fait que seules des consi­dé­ra­tions spi­ri­tuelles devraient pré­va­loir dans notre culte de Dieu et aucune vani­té sensuelle.

La che­ve­lure de la femme pour­rait arri­ver à être objet de sa vani­té, puisque c’est une de ses gloires phy­siques la plus évi­dente et la plus osten­ta­toire, et elle le sait.

C’est d’ailleurs la rai­son pour laquelle elle prend bien soin de sa che­ve­lure et la porte avec élégance.

Elle devrait donc, à l’église, occul­ter et voi­ler hum­ble­ment cette gloire qui est sienne, elle qui se trouve en pré­sence du Très Haut qui nous observe depuis le tabernacle.

Chacun de nous devrait venir au temple en concen­trant son atten­tion sur Dieu, se tenir de telle manière à ne pas cau­ser des dis­trac­tions au pro­chain, déro­bant par là l’attention due à Dieu.

Pourquoi cette atten­tion à Notre-​Seigneur ? Pour éle­ver notre esprit vers Lui, pour l’adorer, pour lui don­ner toute la gloire possible.

C’est le pape saint Lin, suc­ces­seur de saint Pierre qui décrète que les femmes aient tou­jours la tête cou­verte dans une église.

Le canon 1262, § 2 dit :

« Les hommes, à l’église, ou en dehors d’elle (comme dans le cas des pro­ces­sions publiques dans la rue) quand ils assistent aux fonc­tions sacrées, auront la tête décou­verte (…) quant aux femmes, la tête couverte. »

Qu’est ce que demande saint Paul ?

Qu’est ce qu’établit saint Lin ?

Qu’est ce que codi­fie saint Pie X ?

Qu’est ce que pres­crit le Droit canon ?

Qu’est ce que cano­nise la pra­tique mul­ti­sé­cu­laire de l’Église ?

Que les femmes, quel que soit leur âge et leur condi­tion, aient dans l’é­glise, la tête couverte.

Fidèles filles de l’Église catho­lique, les bonnes chré­tiennes, au long des siècles, ont tou­jours obéi à cette humble pra­tique, ce qui les a cer­tai­ne­ment élevées.

Pourquoi donc abandonnèrent-​elles cette cou­tume de se cou­vrir la tête ces der­nières décennies ?

Ce fut seule­ment le moder­nisme démo­lis­seur qui atta­qua l’Église avec ses mul­tiples facettes, sub­ver­sives, qui peu à peu chan­gea cette sainte tradition.

Quant à nous, nous devons main­te­nir les tra­di­tions de l’Église romaine, non seule­ment la Messe tra­di­tion­nelle, mais aus­si la foi tra­di­tion­nelle et toutes les pra­tiques et dis­po­si­tions traditionnelles.

C’est pour cela que fut fon­dée la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X et c’est pour cela que nous, prêtres, nous sommes ici au soin des âmes.

Si les prêtres, char­gés de veiller aux droits de Dieu et de l’Église, nous ne décla­rons pas, n’avisons pas, n’exhortons pas, d’une part nous serons plus sévè­re­ment jugés que les laïcs ; d’autre part si nous n’accomplissons pas nos devoirs envers les fidèles, nous ne les aide­rons pas à accom­plir leurs devoirs envers Notre-Seigneur.

Quand on songe à Madame Élisabeth dont la der­nière demande sera, sur l’échafaud, de res­ter tête cou­verte pour aller à Dieu, il y a de quoi être saisi.

Source : Acampado n°211 – février 2025