Le séminaire Saint-​Pierre de Cardross (vidéo)

Ce curieux édi­fice est un témoi­gnage immo­bile et silen­cieux des illu­sions ecclé­sias­tiques ayant mar­qué les années autour du concile Vatican II.

Il sera peut être dif­fi­cile de com­prendre l’immeuble qui res­semble main­te­nant à un gigan­tesque par­king aban­don­né. Lors de son ouver­ture en 1966, un an après la clô­ture du concile Vatican II (1962–1965), le sémi­naire Saint Pierre de Cardross situé près de Dumbarton en Ecosse, était recon­nu comme une archi­tec­ture très vision­naire et tour­née vers l’avenir, à l’i­mage de l’Eglise que sou­hai­tait un puis­sant cou­rant pro­gres­siste rem­pli d’illu­sions devant les idées du monde moderne. La socié­té Gillespie, Kidd & Coia avait été char­gée au début des années 50 de conce­voir le rem­pla­ce­ment de l’ancien bâti­ment du sémi­naire endom­ma­gé lors d’un incen­die en 1946. Les plans furent été fina­li­sés en 1961 et ache­vés cinq ans plus tard. Rempli de bois et de verre dans la coque en béton moderne, le bâti­ment a été conçu dans un style « brutaliste ».

Ce sémi­naire était des­ti­né à accueillir plus de 100 jeunes lévites, mais l’ou­ver­ture au monde entre­prise par les libé­raux au concile Vatican II n’ayant pas abou­ti au « prin­temps de l’Eglise » escomp­té, ce bâti­ment n’a jamais rem­pli son objec­tif. Le nombre de sémi­na­ristes a fon­du comme neige au soleil et le cruel déclin de l’Eglise catho­lique en Écosse a ren­du impos­sible l’en­tre­tien du sémi­naire dont la concep­tion moderne dans l’es­prit du célèbre archi­tecte Le Corbusier a signi­fié, comme bien sou­vent, des pro­blèmes chro­niques d’entretien. Moribond, ce lieu de for­ma­tion ecclé­sias­tique fer­ma défi­ni­ti­ve­ment ses portes en février 1980 pour deve­nir… un centre de dés­in­toxi­ca­tion jus­qu’en 1987. Depuis, c’est l’a­ban­don total.

En 2019, l” archi­dio­cèse de Glasgow, pro­prié­taire de l’é­di­fice, a décla­ré que le sémi­naire Saint-​Pierre avait été dégra­dé par le feu, la pluie et le van­da­lisme et a qua­li­fié le bâti­ment de « ruine ». Ronnie Convery, direc­teur des com­mu­ni­ca­tions, a décla­ré que le bâti­ment était un « alba­tros autour du cou » de l’ar­chi­dio­cèse. Une réa­li­té bien éloi­gnée des rêves uto­piques cares­sés avec tant d’es­poir par les moder­nistes 50 ans aupa­ra­vant. Cette aven­ture est mal­heu­reu­se­ment à mettre en paral­lèle avec bien d’autres simi­laires dans de nom­breux dio­cèses catho­liques. Les leçons en seront-​elles tirées ?

Le séminaire à ses débuts

Le séminaire aujourd’hui

Film du séminaire en 1972 (durée : 20 minutes)

Documentaire Space and light réa­li­sé par Murray Grigor’s en 1972.