Dimanche 12 juin 2011

Chartres 2011 : sermon à Villepreux – La quintessence de cet esprit moderniste pénétré dans l’Eglise, c’est le libéralisme

Note : Le style par­lé de ce ser­mon a été conservé

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit, ain­si soit-il

Très chers Abbés,

Mes bien chers frères,

A l’oc­ca­sion de cette Messe de la Pentecôte, au cours de ce pèle­ri­nage, je vou­drais vous par­ler des deux sujets en rap­port avec le thème même de ce pèle­ri­nage et en pre­mier lieu le rap­port entre l’Eucharistie et l’es­prit de répa­ra­tion. Comment l’Eucharistie, sacri­fice, sacre­ment, est la meilleure des répa­ra­tions que nous pou­vons, que nous devons offrir à Dieu, à Notre-​Seigneur Jésus-​Christ et à la Très Sainte Vierge Marie. A pro­pre­ment par­ler, la répa­ra­tion chré­tienne consiste dans la des­truc­tion du péché et la res­ti­tu­tion à Dieu, dans Sa jus­tice et dans Son amour qui ont été bles­sés, bles­sés par le péché et c’est à tra­vers des actes, des œuvres de satis­fac­tion, de sacri­fice, et c’est là en union avec Notre-​Seigneur et avec le Sacrifice de Notre-​Seigneur. C’est-​à-​dire de par l’u­nion dans le Corps mys­tique avec la tête (Notre-​Seigneur) et avec Sa Rédemption.

Pour le dire plus sim­ple­ment, c’est que l’a­mour qui, en Notre-​Seigneur, s’ap­pelle rédemp­tion, l’a­mour qui, dans la Très Sainte Vierge Marie, s’ap­pelle co-​rédemption, cet amour s’ap­pelle en nous répa­ra­tion. Il s’a­git de répa­rer la jus­tice mais aus­si et sur­tout la cha­ri­té, la cha­ri­té de Dieu, la misé­ri­corde de Dieu et de répa­rer l’a­mour misé­ri­cor­dieux, infi­ni, rédemp­teur de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ et de Notre-​Dame, qui ont été mépri­sés, ou qui sont sou­vent outra­gés, mépri­sés et donc le but de la répa­ra­tion c’est de res­ti­tuer l’ordre de la jus­tice mais sur­tout l’ordre de l’a­mour, de l’a­mour. Et puisque la rédemp­tion de Notre-​Seigneur et la co-​rédemption de Notre-​Dame sont les modèles de notre répa­ra­tion, de notre esprit répa­ra­teur, le motif doit être aus­si l’a­mour. Lui rendre amour pour amour. Et les actes qui plaisent le plus à Dieu dans cet esprit de répa­ra­tion sont pré­ci­sé­ment les actes de cha­ri­té, d’a­mour, les actes qui sont péné­trés de l’a­mour de Dieu, de l’a­mour de Notre-​Seigneur, de l’a­mour de la Très Sainte Vierge Marie, de l’a­mour du pro­chain, l’a­mour des pécheurs. Et alors on com­prend le rap­port intime et pro­fond qu’il y a entre la répa­ra­tion et l’Eucharistie car qu’est-​ce que nous pour­rions offrir de plus agréable à Dieu qui res­ti­tue cet ordre de la jus­tice et de l’a­mour que le sacri­fice de Notre-​Seigneur Lui-​même par la Sainte Messe ? C’est dans la com­mu­nion pré­ci­sé­ment qui s’é­ta­blit, cette union de cha­ri­té entre la tête et les membres, entre Notre-​Seigneur et cha­cun de nous, et aus­si entre les membres du Corps mystique.

Nous devons donc en pre­mier lieu, en ce jour, nous résoudre à pra­ti­quer pro­fon­dé­ment cet esprit de répa­ra­tion et tout spé­cia­le­ment par l’as­sis­tance à la Messe, par l’of­frande de la Messe, par la com­mu­nion fré­quente en esprit de répa­ra­tion et aus­si par la dévo­tion eucha­ris­tique en géné­ral. Voyez com­ment, lors des appa­ri­tions du Sacré-​Cœur à sainte Marguerite-​Marie, ce que Notre-​Seigneur demande en répa­ra­tion de son amour mépri­sé et outra­gé, c’est la com­mu­nion répa­ra­trice, c’est l’Heure Sainte, Il demande à sainte Marguerite-​Marie d’of­frir le Saint-​Sacrifice de la Croix en répa­ra­tion, spi­ri­tuel­le­ment par­lant. A Fatima, de même. La pre­mière des choses que l’Ange apprend aux enfants c’est à offrir la com­mu­nion, à offrir Notre-​Seigneur Jésus-​Christ pré­sent dans la Sainte Eucharistie, à offrir la Sainte Messe en répa­ra­tion des péchés et pour la conver­sion des pécheurs.

Et la deuxième réflexion, c’est le rap­port aus­si intime et impor­tant qui existe et qui doit exis­ter entre l’Eucharistie et la Royauté de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ. « Vrai Roi, Tu l’es dans cette Hostie », et demain nous allons ren­trer en pro­ces­sion avec le Saint-​Sacrement par les rues de Paris, pré­ci­sé­ment dans cette mani­fes­ta­tion, un témoi­gnage de foi en Notre-​Seigneur Jésus-​Christ dans Sa divi­ni­té, dans Sa Royauté. C’est une pro­cla­ma­tion de la Royauté de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, c’est-​à-​dire des Droits de Notre-​Seigneur, les Droits de Dieu qui sont abso­lu­ment mépri­sés, bafoués aujourd’hui.

Saint Pierre Julien Aymard cite cette phrase que la pape Sixte Quint a fait ins­crire sur l’o­bé­lisque qui est sur la place Saint-​Pierre, au milieu de la place Saint-​Pierre : Christus Vincit, Christus Regnat, Christus Imperat ; Illo ab omni malo ple­ven suam defen­dat. A pré­sent, le Christ vainc, est vain­queur, le Christ règne, le Christ, un Père, com­mande. Qu’Il défende, qu’Il pro­tège Son peuple de tout mal ! Voilà la phrase que le Pape a fait ins­crire là. Eh bien, saint Pierre Julien Aymard dit : « Cela se réa­lise spé­cia­le­ment et plei­ne­ment par l’Eucharistie car c’est pré­ci­sé­ment dans l’Eucharistie et par l’Eucharistie, par le sacri­fice et sacre­ment que Notre-​Seigneur Jésus-​Christ est vain­queur, qu’Il règne, qu’Il com­mande et qu’Il protège.

Demain, nous devons ren­trer dans Paris, dans ces dis­po­si­tions, tout d’a­bord de foi, d’es­pé­rance dans Notre-​Seigneur, une foi vive dans Sa Toute-​Puissance, dans Sa Royauté, une confiance inébran­lable, sûre, dans Son secours, et sur­tout pleins d’a­mour, d’un amour répa­ra­teur pour Notre-​Seigneur. Nous devons com­pen­ser pré­ci­sé­ment le mépris de Ses droits divins et sacrés et sur­tout le droit de Son amour car aus­si la cha­ri­té engendre le droit.

Voyez com­bien peu Notre-​Seigneur est hono­ré comme roi. Il n’y a plus de socié­tés, il n’y a plus de nations qui Le pro­clame Roi, il n’y a plus une nation qui ait gar­dé Sa Loi dans ses lois. Il n’y a plus d’ins­ti­tu­tion qui pro­clame cette royau­té de Notre-​Seigneur et, hélas, il n’y a pra­ti­que­ment plus d’ec­clé­sias­tiques qui pro­clament la royau­té de Notre-​Seigneur. Donc Notre-​Seigneur ne règne plus ni dans les socié­tés, ni dans les ins­ti­tu­tions, ni, hélas, dans l’Eglise. Eh bien, il s’a­git non seule­ment, quant à nous, de recon­naître ces droits, de les appli­quer dans notre vie, il s’a­git aus­si de répa­rer ces outrages qu’Il reçoit conti­nuel­le­ment, non seule­ment dans l’Eucharistie mais dans Sa royau­té et dans Ses droits, et il s’a­git aus­si de répa­rer afin d’ob­te­nir de Sa misé­ri­corde qu’Il règne à nou­veau et tout d’a­bord dans l’Eglise, dans la hié­rar­chie catho­lique. S’il y a une chose qui est claire et indis­cu­table, c’est qu’ils L’ont décou­ron­né. Car la quin­tes­sence de cet esprit moder­niste péné­tré dans l’Eglise, c’est le libé­ra­lisme, il n’y a rien d’autre, tel que Mgr Lefebvre nous l’a­vait bien dit. C’est le libé­ra­lisme. Or c’est pré­ci­sé­ment la doc­trine libé­rale qui a décou­ron­né Notre-​Seigneur Jésus-​Christ. C’est le libé­ra­lisme et le libé­ra­lisme catho­lique qui Le décou­ronne au sein même de la Sainte Eglise. Eh bien, nous devons pro­cla­mer ces véri­tés, nous devons com­pen­ser envers Notre-​Seigneur, nous devons répa­rer afin d’ob­te­nir un retour de cette Royauté de Notre-​Seigneur. Et il est évident que pour cela il faut tout d’a­bord qu’Il règne dans nos âmes, dans nos cœurs car le règne de Notre-​Seigneur, Son royaume est un royaume d’a­mour et c’est par la cha­ri­té qu’Il règne, c’est par l’a­mour qu’Il règne. Et donc nous devons vrai­ment nous éta­blir dans l’a­mour de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, mais vrai­ment. Vraiment. C’est bien le Saint-​Esprit qui répand la cha­ri­té et l’a­mour de Dieu et de Notre-​Seigneur dans nos cœurs et nous devons deman­der donc en ce jour à la Très Sainte Vierge Marie qu’Elle nous attire ces dons du Saint-​Esprit, nous en avons besoin, de tous ces dons, esprit de véri­té, de sain­te­té, de force, de conso­la­tion, esprit de prière mais aus­si esprit d’a­mour qui nous donne le vrai amour du Christ. Notre-​Seigneur dans l’Evangile que nous lisons en ce dimanche et hier même, Vigile de la Pentecôte, Notre-​Seigneur nous rappelait :

« Celui qui a et qui garde Ma parole, c’est celui-​là qui M’aime et alors Mon Père l’ai­me­ra et Nous vien­drons à lui et Je Me mani­fes­te­rai à lui », et peu avant Il avait dit aux apôtres : « Si vous gar­dez Mes com­man­de­ments, vous M’aimez, alors Mon Père vous aime­ra et Moi aus­si et Nous vien­drons à vous et Nous ferons en vous Notre demeure ».

Donc c’est Notre-​Seigneur Lui-​même qui nous envoie le Saint-​Esprit qui répand la cha­ri­té dans nos âmes et qui per­met que nous aimions Notre-​Seigneur et Notre-​Seigneur en nous. « Si vous gar­dez Mes com­man­de­ments, vous M’aimez ». La preuve de l’a­mour, ce sont les œuvres, ce sont nos actions. C’est notre vie. Celui qui contre­dit dans ses œuvres Notre-​Seigneur, il n’aime pas par­fai­te­ment Notre-​Seigneur et s’il Le contre­dit gra­ve­ment, s’il ne veut pas la même chose que Notre-​Seigneur, alors il n’est pas du tout dans l’a­mour du Christ, et il n’a pas le Saint-​Esprit, il n’a pas Dieu.

Demandons donc en ce jour tout par­ti­cu­liè­re­ment à Notre-​Dame de nous atti­rer le Saint-​Esprit et les dons du Saint-​Esprit. Voyez les apôtres, ils étaient tièdes, ils étaient crain­tifs, ils étaient lâches avant de rece­voir le Saint-​Esprit et au jour de la Pentecôte, le Saint-​Esprit s’est mani­fes­té exté­rieu­re­ment par un vent impé­tueux, par des langues de feu qui signi­fient jus­te­ment cette action inté­rieure dans les cœurs des apôtres qui ont été péné­trés d’es­pé­rance, de force, de grâce et d’amour.

Eh bien, deman­dons ces grâces à la Très Sainte Vierge Marie qui était elle aus­si au cénacle, de nous atti­rer les dons du Saint-​Esprit, l’ef­fu­sion des dons du Saint-​Esprit et sur­tout spé­cia­le­ment qu’Elle nous donne cette dévo­tion eucha­ris­tique répa­ra­trice et aus­si que par l’Eucharistie nous pro­cla­mions, nous défen­dions, nous éta­blis­sions le Règne de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ sur les socié­tés, mais avant sur la Sainte Eglise, sur l’Eglise, sur les hommes d’Eglise, mais avant sur nous-mêmes.

Ainsi-​soit-​il.

Mgr Alfonso de Galarreta

FSSPX Premier assistant général

Mgr Alfonso de Galarreta, né en Espagne en 1957, a été sacré évêque auxi­liaire de la Fraternité Saint-​Pie X le 30 juin 1988 par Mgr Marcel Lefebvre. Ayant exer­cé de nom­breuses res­pon­sa­bi­li­tés notam­ment comme Supérieur du dis­trict d’Amérique du Sud et direc­teur du sémi­naire de La Reja, il est actuel­le­ment Premier Assistant du Supérieur géné­ral de la Fraternité.