Éditorial par l’abbé Gonzague Peignot

Chacun à notre place, modestement, avec la grâce de Dieu, nous nous efforçons de rester fidèles à la Tradition catholique, à l’Église catholique telle qu’elle a toujours été, à l’enseignement constant de l’Évangile.
Nous fréquentons des lieux de culte, chapelles ou églises, des prieurés, des couvents, des écoles catholiques, des maisons de retraite spirituelle. Nous lisons des livres, des revues qui éclairent et soutiennent notre foi et notre vie chrétienne. Nous appartenons parfois même à des tiers-ordres, à des confréries. Nous participons à des pèlerinages.
L’édifice actuel de la Tradition, dans l’Église, est pour nous un héritage
Mais tout cet édifice qui nous a permis de conserver la foi et la pratique religieuse, et constitue par là même le moyen pour nous de rester pleinement catholiques dans un monde qui renie ouvertement le Christ, nous ne l’avons pas construit, nous ne l’avons pas bâti, nous ne l’avons pas acquis, nous ne l’avons pas fondé, nous ne l’avons pas organisé.
Tout cela, nous l’avons reçu comme on reçoit un héritage, et nous en bénéficions « gratuitement » parce que d’autres avant nous l’ont construit, bâti, acquis, fondé, organisé, au prix de leurs peines, de leurs travaux, de leurs souffrances, de leurs sacrifices, de leurs prières persévérantes.
Mais il y a plus encore que ces « œuvres », pourtant si nécessaires, vitales même. Ce qui explique le développement de toutes ces institutions, c’est qu’alors que nous n’étions probablement pas encore là, peut-être même pas encore nés, des hommes et des femmes, des prêtres, des évêques, bref des chrétiens, des catholiques, alors que la tempête était en train de ravager l’Église, ont su discerner, grâce à la lumière du Saint-Esprit, et faire le choix éclairé, sous l’inspiration de la grâce, de rester indéfec- tiblement fidèles à la Tradition de l’Église, et de ne pas tenir compte des nouveautés destructrices.
Parmi eux, comment ne pas citer Mgr Marcel Lefebvre qui, non content d’avoir combattu pour la Tradition durant le concile Vatican II, accepta de renoncer à un repos légitime et mérité afin de porter secours aux âmes abandonnées et inquiètes, et fonda pour cela la principale société religieuse fidèle à la Tradition, au péril de sa réputation ? Nous ne serions pas là sans lui, sans ses paroles si éclairantes, sans ses décisions si judicieuses, sans ses actions si courageuses. Oui, il est nécessaire de le reconnaître, Mgr Lefebvre a été un guide pour nous tous durant sa vie, et il demeure aujourd’hui un phare pour nous conduire à bon port dans la tempête que continue à traverser l’Église.
Les pionniers de la Tradition méritent notre reconnaissance et donnent l’exemple de la fidélité.
D’autres que Monseigneur, toutefois, ont participé, contribué, coopéré et soutenu cette édification. Trop souvent, ils ont été oubliés. Il est plus que convenable de les rappeler à notre mémoire, car sans eux, la Tradition de l’Église n’aurait pas bénéficié d’un tel développement en France et dans le monde.
Quelle doit être alors notre attitude vis-à- vis de ces « pionniers de la Tradition » dont nous sommes les modestes héritiers ? Elle doit être double.
Nous devons d’abord exprimer notre immense reconnaissance, notre admiration sincère et notre piété filiale à l’égard de ceux qui eurent la lucidité et le courage de garder la Tradition et de nous la transmettre : « Louons ces hommes illustres, les pères dont nous sommes les descendants » (Si 44,1). Ils méritent notre vénération, nos hommages et, plus que cela, nos prières.
Ensuite, et c’est plus essentiel encore, car sans cela leur combat aurait été vain, nous devons rester fidèles, absolument fidèles, obstinément fidèles, courageusement fidèles à ce qu’ils nous ont transmis.
La longueur du combat dont nous ne voyons pas la fin, sa monotonie, son caractère répétitif et donc parfois décourageant, risque de nous induire à composer, à transiger, à édulcorer. « Faudrait-il être toujours si rigides, si intransigeants, si catégoriques ? N’y a‑t-il pas avec le Ciel des accommodements possibles ? »
Dans tout ce qui touche notre foi, notre vie chrétienne, il ne peut y avoir de demi-mesure : le demi-chrétien n’est tout simplement pas un vrai chrétien. Les « pionniers de la Tradition » nous donnent sur ce point un exemple éclatant : il leur aurait été si facile d’accepter les idées nouvelles, tout à l’époque les y portait. Mais où serait l’Église s’ils avaient cédé ? Où serions-nous nous-mêmes ? Et où seront nos successeurs si nous lâchons par faiblesse, par pusillanimité ? Prenons la résolution irrévocable de ne céder jamais aux sirènes de la nouveauté, et de rester inébranlablement fidèles à la Tradition immuable de l’Église, c’est-à-dire, en définitive, à Notre-Seigneur Jésus-Christ lui-même.
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