Chers amis,
« Bienheureux Pie XII, priez pour nous ! »: Pourrons-nous bientôt faire cette invocation ? Benoit XVI, bien que favorable à la béatification du « Pasteur Angélique », l’a encore retardée pour ne pas déplaire à « nos grands frères dans la foi ».
Dans le précédent CREDO, vous avez lu un sermon fondamental de Mgr Fellay, ainsi que l’action d’un pape, St Pie V, pour arrêter l’invasion Ottomane. Dans ce numéro-ci, nous vous proposons le sermon qu’un autre évêque, le Bx Von Galen, prononça le 3 août 1941 à Münster, ville au cœur le l’Allemagne Nationale-socialiste.
Mais d’abord découvrons ensemble notre « Pasteur Angélique », tel que nous le montre dans son livre Pie XII, mon privilège fut de le servir, sœur Pascalina Lehnart (édtions Tequi). Cette religieuse fut appelée à la nonciature de Munich en 1918 pour être gouvernante et secrétaire du Nonce, Eugénio Pacelli. Elle restera à ce poste jusqu’à la mort de celui qui deviendra Pie XII.
Le Nonce se reposait souvent à Roschach, ville proche de Menzingen. Losrqu’il venait dans cette dernière ville il y célébrait la messe pontificale dans l’église paroissiale. La Maison-Mère de la FSSPX est dans cette ville et bien qu’elle ne soit pas dans les même bâtiments que ceux de sœur Paulina, il ne fait aucun doute que l’image, le souvenir du célèbre Nonce doivent être présents aujourd’hui encore dans cette bourgade devenue historique.
Feuilletons maintenant ce livre passionnant :
L’Allemagne d’Hitler :
Page 51 : « Une chose préoccupait beaucoup le Nonce lorsqu’il quitta l’Allemagne : la montée du national-socialisme ; Comme il avait bien, à l’époque déjà, percé le personnage d’Hitler, ne cessant de mettre l’opinion en garde contre le danger qui menaçait le peuple allemand. On ne voulait pas le croire, et des personnalités de toutes professions et de toutes classes sociales dirent au Nonce, lors de son départ, ce qu’elles attendaient d’Hitler : le redressement et la grandeur du peuple allemand. Elles ne voulaient pas comprendre que le Nonce ne fût pas d’accord avec elles sur ce point. Un jour, je demandai au Nonce si cet homme ne pourrait tout de même pas avoir quelque chose de bon et sortir l’Allemagne de l’ornière… Mais son excellence hocha la tête, en disant : « Ou bien je me trompe vraiment beaucoup, ou bien tout cela ne se terminera pas bien. Cet être-là est entièrement possédé de lui-même : tout ce qui ne lui est d’aucun service, il le rejette ; tout ce qu’il dit et écrit porte l’empreinte de son égoïsme ; c’est un homme à enjamber des cadavres et à fouler aux pieds ce qui est en travers de son chemin – je n’arrive pas à comprendre que tant de gens en Allemagne, même parmi les meilleurs, ne voient pas cela, ou du moins ne tirent aucune leçon de ce qu’il écrit et dit. ‑Qui, parmi tous ces gens, a seulement lu ce livre à faire dresser les cheveux sur la tête qu’est Mein Kampf?… » Plus tard, lorsque l’un de ces hitlériens de l’époque vint à Rome, il me déclara : « Quelle terrible misère, quelle humiliation, quel opprobre ne nous auraient-ils pas épargnés, si en son temps nous avions écouté le Nonce Pacelli ! »
Page 66 : « La situation en Allemagne, en particulier dans le domaine religieux, devint toujours plus insoutenable, et Pie XI se décida à publier une encyclique. Il savait très exactement que personne ne connaissait la situation mieux que son secrétaire d’Etat, et il lui confia ce travail. Comme dans tout ce que faisait le cardinal Pacelli, on commença d’abord par prendre les renseignements les plus précis. Il ne fallait rien négliger, rien omettre. Comme tout fut pesé, étudié ! Comme le cardinal Faulhaber se trouvait justement, lui aussi à Rome, le secrétaire d” Etat le fit venir, et je me rappelle bien que les deux hommes revirent encore une fois tout le travail dans l’appartement privé du Cardinal, avant que le projet du secrétaire d’Etat fût soumis au Saint-Père. C’est que l’évolution funeste de l’Allemagne avait fait déjà souffrir le cardinal Pacelli durant toutes ces années où il lui avait fallu voir ce qu’Hitler essayait de faire d’un peuple que lui-même, pendant une si longue période, avait appris à connaître, à estimer et à aimer.
« En mars 1937, l’encyclique Mit brennender Sorge éclata comme un coup de tonnerre, non seulement en Allemagne, mais dans le monde entier, et révéla la terrible situation. La rage sans bornes avec laquelle ce document capital pour l’histoire du monde fut accueilli et avec laquelle on y répondit, démontre bien à quel point Hitler et sa suite se sentirent touchés. Dieu merci, le chef suprême de l’Eglise avait à ses côtés un homme duquel Hitler ne pouvait pas affirmer qu’il ne connût pas l’Allemagne et les Allemands.
Page 172 : « un jour que les cardinaux nouvellement créés se trouvaient à Rome, je rencontrai tout à fait par hasard le cardinal Von Galen : « Venez avec moi, me dit-il avec son affabilité habituelle, il faut que je vous raconte une belle chose ». Lorsque nous nous fûmes assis, il me raconta comment Pie XII lui avait répété de mémoire divers passages des sermons faits par lui du temps de Hitler, comme si le Pape les avait appris par cœur ; le Saint-Père n’avait pas cessé de le remercier pour tout ce qu’il avait fait, souffert et enduré, et avait montré combien il s’était associé aux événements et aux épreuves de tous. Il m’a rappelé beaucoup de choses que j’avais moi-même oubliées depuis longtemps. – « Oui, Saint-Père, lui dis-je, mais combien de mes meilleurs prêtres n’ai-je pas envoyés en camp de concentration, et même à la mort, pour avoir répandu mes sermons ! » Pie XII dit que c’était justement la terrible certitude de savoir que des représailles seraient exercées sur des milliers de gens qui l’avait, lui aussi, si souvent contraint de se taire. … Ce fut une rencontre si cordiale, si amicale que je n’avais pas remarqué qu’il s’était écoulé plus de deux heures ». Les yeux humides le cardinal conclut en ces termes : « Pour rien au monde, je ne voudrais avoir manqué ces deux heures ! Même pas pour la pourpre ! »
La Sainte Messe du Nonce :
Page 14 : « Ce fut une expérience merveilleuse, qui ne cessa de se renouveler pendant quarante ans. A elle seule, son apparition, dans cette chapelle particulière toute simple, donnait à l’ensemble une note solennelle. Il y avait sa génuflexion – magnifique témoignage de sa foi ; son signe de croix – souverain, et cependant plein de modestie ; sa façon de se préparer, de revêtir les habits liturgiques -, et puis… la sainte messe ! C’était une véritable redécouverte – si bouleversante, si convaincante qu’elle vous comblait de ravissement et vous donnait la certitude qu’il ne pouvait y avoir nulle part d’autre Vérité que celle-là – même si l’on ne pensait pas cela exactement en ces termes, mais plutôt que l’on sentit seulement que tout, ici, était absolument authentique. Après cette première célébration en commun, je ne manquai plus une occasion, durant toutes ces quarante années et plus d’assister à sa messe.
« Mais je n’étais pas la seule à en garder pareille impression. Lors du Katholikentag de Munich, le 27 août 1922, au cours duquel l’archevêque de l’époque, Mgr Michael von Faulhaber, prononça un discours, ce fut le nonce qui célébra la grand-messe pontificale. Après la cérémonie, l’archevêque vint aussitôt me trouver à la nonciature et me dit : « J’ai assisté à la messe la plus bouleversante de ma vie. Il n’y a qu’un saint pour la célébrer ainsi ! » Sur quoi, je répondis : « C’est chaque jour le même événement, Excellence ! »
Page 23 : « Lorsque son Excellence se trouvait dans la maison et y célébrait la messe conventuelle, aucun des enfants ne manquait à la chapelle, même le jour de la semaine où ils avaient le droit de faire la grasse matinée. Et l’on n’inventait plus de prétexte, non plus, pour manquer le chapelet chaque soir. Comme il était édifiant pour les enfants de voir le profond recueillement avec lequel le Nonce officiait ou récitait le chapelet ! Et si, d’abord,ils n’y allèrent que parce qu”« Il » était là, par la suite, ils disaient eux-mêmes qu’ils avaient appris à aimer la prière devant l’exemple convaincant qu’il leur donnait. Bien des années plus tard, une ancienne élève de Stella Maris m’écrivait encore : « … Si je n’ai jamais connu l’échec dans ma foi ; si j’ai toujours, au milieu d’un entourage sans religion, pu maintenir bien haut mon idéal ; si je le maintien aujourd’hui dans ma famille et le transmets à mes enfants – je le dois au magnifique exemple que le Nonce Pacelli nous a donné à Stella Maris, lorsque j’étais enfant. »
Page 28 : « A la nonciature de Munich, Frère Andréas servait très bien la messe, avec beaucoup de dignité, et comme je lui en faisais un jour la remarque, il eut cette réflexion : « Regardez Son Excellence, il dit la messe comme un saint, alors on n’a plus qu’à s’appliquer. »
Page 56 : « Quels beaux moments offrait le début de matinée avec la messe… Pour elle, le cardinal a toujours assez de temps. Rien ne peut venir lui raccourcir cette heure, même si le travail presse. Et sa « journée » se termine à 2 heures du matin !
Jean BOJO
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