Chers amis,
Le vendredi 12 septembre, le Saint Père arrive dans notre France dans le but d’aller prier à Lourdes pour le 150e anniversaire des apparitions de Notre Dame à Sainte Bernadette. C’est aussi la période où il nous faut remettre nos « copies » à l’imprimeur. Il nous est donc impossible de rendre compte des différents discours et sermons qui seront prononcés aussi bien à Paris qu’à Lourdes. Nous vous mettons en compensation l’homélie de Mgr Fellay dite le 15 août à St-Malo après la procession.
Nous vous proposons donc les documents d’un autre successeur de Pierre : Ceux que Saint Pie V a écrits durant son Pontificat pour sauver l’Europe chrétienne de l’envahisseur Ottoman. En date du 29 mai 1566, le Saint Pape écrivait :
« Tandis que Nous considérons la gravité et la dureté, pour le peuple chrétien, des temps où débute Notre pontificat, Notre cœur est ému d’une profonde douleur et accablé d’un immense chagrin, tant par le fait des pertes et calamités présentes que par l’importance des périls qui pressent.
« Dans nombre de provinces en effet, l’introduction des hérésies, non sans causer la pertes des âmes, a détruit l’unité et la concorde du peuple chrétien ; et tandis que les autres nations tout en confessant de bouche la foi catholique, offensent gravement Dieu par des actions et des mœurs en contradiction avec cette confession, la puissance de l’ennemi impie s’est démesurément accrue et elle s’est développée au point que le salut de la chrétienté court le plus grand des dangers.
« Chaque jour en effet, Nous parviennent des lettres Nous donnant des nouvelles des flottes, des troupes d’infanterie et de cavalerie et des préparatifs nécessaires à la guerre sur terre et sur mer, que le très puissant et très cruel Tyran turc prépare et entreprend avec un zèle, un soin et des dépenses peu croyables ; et cela dans le but premier d’attaquer sur terre et sur mer le peuple chrétien, comme dans le but d’abolir et de détruire non seulement la religion chrétienne, mais même, si cela se pouvait, le nom chrétien lui-même.
« C’est à cet immense et si terrifiant danger qui Nous menace que Nous désirons faire obstacle, car, en pleine conscience de la Charge pastorale dont Nous avons été investi, Nous voulons veiller au salut du peuple chrétien, pour lequel nous serions prêt à répandre jusqu’à notre dernière goutte de Notre sang, et à donner Notre vie.
« Mais de même que, à cause de nos péchés et de nos iniquités, nous avons à craindre la juste vengeance de la colère divine, de même, si le peuple chrétien se tourne vers Dieu en faisant pénitence, Nous devons espérer en Dieu qui, dans sa grande bonté et sa miséricorde plus grande que toute malice, ne veut pas la mort des pécheurs mais leur conversion, selon l’invitation qu’Il nous en fait : « Revenez à Moi et Je reviendrai à vous » ; Nous devons espérer (disons-nous), que Dieu se portera au secours de ses fidèles et ne permettra pas que son héritage soit occupé par les Infidèles. Immenses sont les forces de l’ennemi ? Sans doute ! Mais plus grand est Celui qui est en Nous ; plus grand que notre adversaire ; et la puissance du Seigneur est capable de Nous sauver dans de grands dangers aussi bien que dans de plus petits… » (Bulle n°7)
Ecrit d’un autre siècle ? Malheureusement, oui ! Qu’avons-nous vu depuis ? Le Saint Père actuel dans la mosquée Bleue de Constantinople aux côtés d’un Iman, priant tourné vers La Mecque. « Cela sert à quoi de nous convertir ? » ont dit à leur catéchiste des catéchumènes musulmans demeurant en Autriche en voyant ce spectacle retransmis à la télé.
Saint Pie V, devant les désastres causés par les Ottomans dans l’Europe Centrale et sur tout le pourtour de la Méditerranée (Belgrade 1521, Rodhes 1522, Vienne assiégée 1529, razzias sur les côtes de France et d’Espagne 1535, attaque de Nice 1544, …), écrivit au début de l’année 1571 une dernière supplique au roi de France ; car sans la France une croisade ne pouvait être complète :
« Nous avons reçu la lettre que votre majesté vient de Nous adresser. Ce que Votre Majesté Nous dit de la douleur dont elle a été affectée, tant pour la république de la Chrétienté en général, que pour celle de Venise en particulier, Nous le croyons aisément. En effet, parmi les rois chrétiens il me semble appartenir à personne de concevoir de la douleur d’un malheur qui frappe le peuple chrétien, plus qu’à celui qui a reçu par tradition, comme de main en main, le surnom de rois très chrétien que ses ancêtres avait mérité par leurs belles actions contre les Infidèles. Et cependant, dans cette même lettre, il est un point que Nous n’avons pu lire, ni sans étonnement, ni sans un profond chagrin, et sur lequel Nous avons cru devoir Nous expliquer avec votre Majesté, en mettant dans nos plaintes l’accent de liberté qui convient au caractère dont nous sommes revêtu.
En effet, Votre Majesté désigne le tyran le plus inhumain, qui est en même temps l’ennemi le plus acharné de la religion chrétienne, sous le nom d’Empereur des Turcs, comme si celui qui ne connaît pas le vrai Dieu pouvait jamais être empereur ! Très cher Fils en Jésus-Christ, donner le nom d’empereur à un tyran et à un infidèle, ce n’est pas autre chose que d’appeler le mal, bien, et le bien, mal. Votre Majesté ignore-t-elle qu’en décorant de ce nom l’ennemi de Dieu tout-puissant, elle scandalise les fidèles adorateurs de Jésus et leur est une pierre d’achoppement ?
Quant à cette amitié formée par les rois vos ancêtres d’illustre mémoire, et que Votre Majesté nous écrit vouloir conserver dans l’intérêt même des chrétiens en général, Nous pensons qu’elle se trompe grandement. Il ne faut jamais faire le mal pour qu’il en résulte du bien. Votre Majesté ne peut s’exempter de reproche si en vue d’un avantage qui lui est personnel ou de tout autre que ce soit, elle pense devoir continuer ses relations amicales avec les infidèles. Pourquoi, en effet, lier amitié avec ceux qui haïssent le Seigneur ? Pourquoi placer sa confiance dans un homme, et encore dans un homme infidèle, au lieu de s’en remettre à la Providence de Notre Rédempteur ? Dieu exerce quelques fois jusque sur les fils les châtiments dus aux parents ; combien plus accomplira-t-il sa justice sur ceux qui croient devoir imiter eux-mêmes la conduite de leurs pères… » (Falloux, II, p.240–241)
Le jour de la confrontation navale approche. Le 15 septembre 1571, en la fête de N‑D des Sept-Douleurs, le Pape met tous les couvents de Rome en jeûne et en prière. L’armada pontificale quitte Messine. Et un matin d’octobre … mais relisons Falloux II, pages 268–269 :
« Un jour le trésorier, nommé Bussoti, vint, selon le devoir de sa charge, soumettre au Pape, en présence de plusieurs prélats, un travail important. Tout à coup, Pie V lui impose le silence de sa main, il se lève brusquement, se dirige vers la fenêtre, l’ouvre, et y demeure quelques minutes dans une profonde contemplation. Son visage, son attitude, décelaient une profonde émotion ; puis se retournant, transporté, il s’écrie : « Ne parlons plus d’affaires ; ce n’est pas le temps ! Courez rendre grâces à Dieu dans son église, notre armée remporte la victoire ». Ces mots à peine achevés, il congédia les assistants grandement surpris, et ils n’étaient pas encore sortis que le Saint Pontife se précipitait, baigné de larmes, à genoux dans son oratoire. Bussoti et les autres prélats, témoins privilégiés de ce miracle, allèrent le confier au cardinaux les plus considérés dans Rome et aux personnes les plus éminentes en piété. Tous ensemble notèrent le jour et l’heure de la vision du Saint Père : septième jour d’octobre, cinquième heure après midi ».
Ce Saint Pape avait, dès septembre 1569, au moment de la révolte des Maures d’Espagne, publié la Bulle « consueverunt » : c’est, à la veille de la croisade, un appel, à la Reine du Très Saint Rosaire :
… Sous l’inspiration de l’Esprit Saint comme on le croit pieusement, le Bienheureux Fondateur de l’Ordre des Frères Prêcheurs … à une époque semblable à la nôtre, quand l’hérésie des Albigeois, maîtresse d’une grande partie de la France, aveuglait une foule de personnes du siècle, et les armait cruellement contre les prêtres et les clercs, Saint Dominique, (disons-nous), levant les yeux au Ciel vers la montagne où trône la Glorieuse Vierge Marie, laquelle a, par sa postérité, brisé la tête du tortueux serpent, détruit, à elle seule, toutes les hérésies et, grâce au fruit de ses entailles, sauvé le monde perdu par la chute originelle de notre premier père – montagne d’où aucune main humaine ne détache la pierre qui, frappée par le bois, fit jaillir les eaux abondantes de la grâce ; Saint Dominique (voulions-nous dire) institua cette manière de prier Dieu si facile, si accessible à tous, si éminemment pieuse, appelée le Rosaire ou Psautier de la Bienheureuse Vierge Marie. Il le fit de cette manière : La Bienheureuse Vierge Marie y était vénérée par cinquante salutations angéliques, dont le nombre rappelle celui des Psaumes de David ; mais après chaque dizaine était dite l’oraison dominicale : cela avec des méditations passant en revue la vie tout entière de Notre Seigneur Jésus-Christ. Après avoir établi cette forme de prière, le Bienheureux Dominique la propagea dans le monde chrétien, soit par lui-même, soit par ses fils. Dès lors, on vit des fidèles enflammés par la prière, embrasés même par la méditation (des mystères de Notre Seigneur Jésus-Christ), se transformer en d’autres hommes ; les ténèbres de l’hérésie se dissipèrent, la foi catholique brilla d’une nouvelle lumière ; et en divers lieux s’établirent par le ministère des religieux de l’Ordre sus-dit, envoyés légitimement pour cela par leurs supérieurs, des associations où s’inscrivirent des confrères nombreux.
Nous aussi, suivant les traces de Nos Prédécesseurs, voyant cette Eglise de la terre (militante) que Dieu a confié à Nos soins, agitée, à l’heure présente, par tant d’hérésies et de guerres, et cruellement affligée et troublée par la dépravation des mœurs, Nous levons les yeux pleins de larmes, mais aussi remplis d’espérance, vers cette Montagne d’où provient tout secours, et Nous exhortons paternellement dans le Seigneur tous et chacun des fidèles de Jésus-Christ à imiter notre exemple » (bulle n°139, 17 septembre 1569)
C’est ainsi que Saint Pie V durant les six années de son pontificat sauva, non seulement la Sainte Messe, mais aussi la chrétienté. Même si aujourd’hui la Sainte Messe parait sauvée, il n’en va pas de même de la Chrétienté, de la Foi …:
Au début de ce mois de septembre, le Saint Père adressait à l’évêque de Brescia une lettre à l’occasion du trentième anniversaire de la mort de Paul VI. Évoquant le pontificat de ce dernier, le Saint Père souligne « l’ardeur missionnaire, qui le conduisit à entreprendre des voyages délicats, souvent lointains, et à accomplir des gestes de grande valeur ecclésiale, pastorale et œcuménique ».Rappelant que ce Pape est avant tout lié au concile Vatican II, Benoit XVI souligne combien, d’année en année se renforce l’évidente importance de son pontificat pour l’église et le monde :
« un héritage inestimable de magistère et de vertu offert aux croyants et à l’humanité toute entière ». il remercie aussi Paul VI de sa confiance, manifestée en mars 1977 par sa nomination à l’archevêché de Munich et trois mois plus tard, son élévation au cardinalat ». (VIS0809)
Aujourd’hui, c’est la Foi elle-même qui est en péril. Alors comme nous le recommande Mgr Fellay, Supérieur de la FSSPX, sortons nos chapelets chaque jour, comme au temps de Saint Pie V et retrouvons-nous à Lourdes pour fêter le Christ-Roi, afin que Son règne arrive et que Sa volonté soit faite sur la terre comme elle est faite dans les cieux.
Ce dernier dimanche d’octobre la ville de Sainte Bernadette doit être envahie par les pèlerins de la Tradition Il faut que ces trois jours ne soient qu’un immense appel vers le Ciel : « Notre Dame du Très Saint Rosaire, Priez pour nous, Sauvez nous ! »
Le 12 septembre 2008, En la fête du Saint nom de Marie
Jean BOJO
P.S. : les textes historiques sont extraits de : « Saint Pie V, un Pape pour notre temps », de Pierre TILLOY, édité en 1974 par « Forts dans la Foi ».
Pour plus de renseignements
Credo
Revue bimestrielle de l’association « Credo » :
« CREDO, revue bimestrielle, composée par des laïcs, n’est pas une revue d’actualité mais veut être, tant dans le domaine spirituel que temporel, un stimulant pour les fidèles, un ciment pour soutenir la foi catholique, maintenir la Messe de toujours et transmettre toute la Révélation et la Tradition de l’Eglise Catholique, dans le sillage de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie‑X. »
Président de l’association : Jean BOJO
11, rue du Bel air
95300 ENNERY
33 (0)1 30 38 71 07
credocath@aol.com
Secrétariat administratif
2, rue Georges De LaTour
BP 90505
54008 NANCY
Coordonnées bancaires
CCP : 34644–75 Z – La source
Abonnement et ventes
Abonnement simple : 15 euros par an pour 6 numéros
Abonnement et cotisation :
– Membre actif : 30 euros.
– Membre donateur : 40 euros.
– Membre bienfaiteur : 80 euros.
CREDO est en vente dans les chapelles ou à défaut au Secrétariat à Nancy (adresse ci-dessus).