Credo n° 189 – Octobre-​novembre 2008

Chers amis,

Le ven­dre­di 12 sep­tembre, le Saint Père arrive dans notre France dans le but d’al­ler prier à Lourdes pour le 150e anni­ver­saire des appa­ri­tions de Notre Dame à Sainte Bernadette. C’est aus­si la période où il nous faut remettre nos « copies » à l’im­pri­meur. Il nous est donc impos­sible de rendre compte des dif­fé­rents dis­cours et ser­mons qui seront pro­non­cés aus­si bien à Paris qu’à Lourdes. Nous vous met­tons en com­pen­sa­tion l’ho­mé­lie de Mgr Fellay dite le 15 août à St-​Malo après la procession.

Nous vous pro­po­sons donc les docu­ments d’un autre suc­ces­seur de Pierre : Ceux que Saint Pie V a écrits durant son Pontificat pour sau­ver l’Europe chré­tienne de l’en­va­his­seur Ottoman. En date du 29 mai 1566, le Saint Pape écrivait :

« Tandis que Nous consi­dé­rons la gra­vi­té et la dure­té, pour le peuple chré­tien, des temps où débute Notre pon­ti­fi­cat, Notre cœur est ému d’une pro­fonde dou­leur et acca­blé d’un immense cha­grin, tant par le fait des pertes et cala­mi­tés pré­sentes que par l’importance des périls qui pressent.

« Dans nombre de pro­vinces en effet, l’introduction des héré­sies, non sans cau­ser la pertes des âmes, a détruit l’unité et la concorde du peuple chré­tien ; et tan­dis que les autres nations tout en confes­sant de bouche la foi catho­lique, offensent gra­ve­ment Dieu par des actions et des mœurs en contra­dic­tion avec cette confes­sion, la puis­sance de l’ennemi impie s’est déme­su­ré­ment accrue et elle s’est déve­lop­pée au point que le salut de la chré­tien­té court le plus grand des dangers.

« Chaque jour en effet, Nous par­viennent des lettres Nous don­nant des nou­velles des flottes, des troupes d’infanterie et de cava­le­rie et des pré­pa­ra­tifs néces­saires à la guerre sur terre et sur mer, que le très puis­sant et très cruel Tyran turc pré­pare et entre­prend avec un zèle, un soin et des dépenses peu croyables ; et cela dans le but pre­mier d’attaquer sur terre et sur mer le peuple chré­tien, comme dans le but d’abolir et de détruire non seule­ment la reli­gion chré­tienne, mais même, si cela se pou­vait, le nom chré­tien lui-même.

« C’est à cet immense et si ter­ri­fiant dan­ger qui Nous menace que Nous dési­rons faire obs­tacle, car, en pleine conscience de la Charge pas­to­rale dont Nous avons été inves­ti, Nous vou­lons veiller au salut du peuple chré­tien, pour lequel nous serions prêt à répandre jusqu’à notre der­nière goutte de Notre sang, et à don­ner Notre vie.

« Mais de même que, à cause de nos péchés et de nos ini­qui­tés, nous avons à craindre la juste ven­geance de la colère divine, de même, si le peuple chré­tien se tourne vers Dieu en fai­sant péni­tence, Nous devons espé­rer en Dieu qui, dans sa grande bon­té et sa misé­ri­corde plus grande que toute malice, ne veut pas la mort des pécheurs mais leur conver­sion, selon l’invitation qu’Il nous en fait : « Revenez à Moi et Je revien­drai à vous » ; Nous devons espé­rer (disons-​nous), que Dieu se por­te­ra au secours de ses fidèles et ne per­met­tra pas que son héri­tage soit occu­pé par les Infidèles. Immenses sont les forces de l’ennemi ? Sans doute ! Mais plus grand est Celui qui est en Nous ; plus grand que notre adver­saire ; et la puis­sance du Seigneur est capable de Nous sau­ver dans de grands dan­gers aus­si bien que dans de plus petits… » (Bulle n°7)

Ecrit d’un autre siècle ? Malheureusement, oui ! Qu’avons-​nous vu depuis ? Le Saint Père actuel dans la mos­quée Bleue de Constantinople aux côtés d’un Iman, priant tour­né vers La Mecque. « Cela sert à quoi de nous conver­tir ? » ont dit à leur caté­chiste des caté­chu­mènes musul­mans demeu­rant en Autriche en voyant ce spec­tacle retrans­mis à la télé.

Saint Pie V, devant les désastres cau­sés par les Ottomans dans l’Europe Centrale et sur tout le pour­tour de la Méditerranée (Belgrade 1521, Rodhes 1522, Vienne assié­gée 1529, raz­zias sur les côtes de France et d’Espagne 1535, attaque de Nice 1544, …), écri­vit au début de l’an­née 1571 une der­nière sup­plique au roi de France ; car sans la France une croi­sade ne pou­vait être com­plète :

« Nous avons reçu la lettre que votre majes­té vient de Nous adres­ser. Ce que Votre Majesté Nous dit de la dou­leur dont elle a été affec­tée, tant pour la répu­blique de la Chrétienté en géné­ral, que pour celle de Venise en par­ti­cu­lier, Nous le croyons aisé­ment. En effet, par­mi les rois chré­tiens il me semble appar­te­nir à per­sonne de conce­voir de la dou­leur d’un mal­heur qui frappe le peuple chré­tien, plus qu’à celui qui a reçu par tra­di­tion, comme de main en main, le sur­nom de rois très chré­tien que ses ancêtres avait méri­té par leurs belles actions contre les Infidèles. Et cepen­dant, dans cette même lettre, il est un point que Nous n’avons pu lire, ni sans éton­ne­ment, ni sans un pro­fond cha­grin, et sur lequel Nous avons cru devoir Nous expli­quer avec votre Majesté, en met­tant dans nos plaintes l’accent de liber­té qui convient au carac­tère dont nous sommes revêtu.

En effet, Votre Majesté désigne le tyran le plus inhu­main, qui est en même temps l’ennemi le plus achar­né de la reli­gion chré­tienne, sous le nom d’Empereur des Turcs, comme si celui qui ne connaît pas le vrai Dieu pou­vait jamais être empe­reur ! Très cher Fils en Jésus-​Christ, don­ner le nom d’empereur à un tyran et à un infi­dèle, ce n’est pas autre chose que d’appeler le mal, bien, et le bien, mal. Votre Majesté ignore-​t-​elle qu’en déco­rant de ce nom l’ennemi de Dieu tout-​puissant, elle scan­da­lise les fidèles ado­ra­teurs de Jésus et leur est une pierre d’achoppement ?

Quant à cette ami­tié for­mée par les rois vos ancêtres d’illustre mémoire, et que Votre Majesté nous écrit vou­loir conser­ver dans l’intérêt même des chré­tiens en géné­ral, Nous pen­sons qu’elle se trompe gran­de­ment. Il ne faut jamais faire le mal pour qu’il en résulte du bien. Votre Majesté ne peut s’exempter de reproche si en vue d’un avan­tage qui lui est per­son­nel ou de tout autre que ce soit, elle pense devoir conti­nuer ses rela­tions ami­cales avec les infi­dèles. Pourquoi, en effet, lier ami­tié avec ceux qui haïssent le Seigneur ? Pourquoi pla­cer sa confiance dans un homme, et encore dans un homme infi­dèle, au lieu de s’en remettre à la Providence de Notre Rédempteur ? Dieu exerce quelques fois jusque sur les fils les châ­ti­ments dus aux parents ; com­bien plus accomplira-​t-​il sa jus­tice sur ceux qui croient devoir imi­ter eux-​mêmes la conduite de leurs pères… » (Falloux, II, p.240–241)

Le jour de la confron­ta­tion navale approche. Le 15 sep­tembre 1571, en la fête de N‑D des Sept-​Douleurs, le Pape met tous les cou­vents de Rome en jeûne et en prière. L’armada pon­ti­fi­cale quitte Messine. Et un matin d’oc­tobre … mais reli­sons Falloux II, pages 268–269 :

« Un jour le tré­so­rier, nom­mé Bussoti, vint, selon le devoir de sa charge, sou­mettre au Pape, en pré­sence de plu­sieurs pré­lats, un tra­vail impor­tant. Tout à coup, Pie V lui impose le silence de sa main, il se lève brus­que­ment, se dirige vers la fenêtre, l’ouvre, et y demeure quelques minutes dans une pro­fonde contem­pla­tion. Son visage, son atti­tude, déce­laient une pro­fonde émo­tion ; puis se retour­nant, trans­por­té, il s’é­crie : « Ne par­lons plus d’af­faires ; ce n’est pas le temps ! Courez rendre grâces à Dieu dans son église, notre armée rem­porte la vic­toire ». Ces mots à peine ache­vés, il congé­dia les assis­tants gran­de­ment sur­pris, et ils n’é­taient pas encore sor­tis que le Saint Pontife se pré­ci­pi­tait, bai­gné de larmes, à genoux dans son ora­toire. Bussoti et les autres pré­lats, témoins pri­vi­lé­giés de ce miracle, allèrent le confier au car­di­naux les plus consi­dé­rés dans Rome et aux per­sonnes les plus émi­nentes en pié­té. Tous ensemble notèrent le jour et l’heure de la vision du Saint Père : sep­tième jour d’oc­tobre, cin­quième heure après midi ».

Ce Saint Pape avait, dès sep­tembre 1569, au moment de la révolte des Maures d’Espagne, publié la Bulle « consue­ve­runt » : c’est, à la veille de la croi­sade, un appel, à la Reine du Très Saint Rosaire :

… Sous l’inspiration de l’Esprit Saint comme on le croit pieu­se­ment, le Bienheureux Fondateur de l’Ordre des Frères Prêcheurs … à une époque sem­blable à la nôtre, quand l’hérésie des Albigeois, maî­tresse d’une grande par­tie de la France, aveu­glait une foule de per­sonnes du siècle, et les armait cruel­le­ment contre les prêtres et les clercs, Saint Dominique, (disons-​nous), levant les yeux au Ciel vers la mon­tagne où trône la Glorieuse Vierge Marie, laquelle a, par sa pos­té­ri­té, bri­sé la tête du tor­tueux ser­pent, détruit, à elle seule, toutes les héré­sies et, grâce au fruit de ses entailles, sau­vé le monde per­du par la chute ori­gi­nelle de notre pre­mier père – mon­tagne d’où aucune main humaine ne détache la pierre qui, frap­pée par le bois, fit jaillir les eaux abon­dantes de la grâce ; Saint Dominique (voulions-​nous dire) ins­ti­tua cette manière de prier Dieu si facile, si acces­sible à tous, si émi­nem­ment pieuse, appe­lée le Rosaire ou Psautier de la Bienheureuse Vierge Marie. Il le fit de cette manière : La Bienheureuse Vierge Marie y était véné­rée par cin­quante salu­ta­tions angé­liques, dont le nombre rap­pelle celui des Psaumes de David ; mais après chaque dizaine était dite l’oraison domi­ni­cale : cela avec des médi­ta­tions pas­sant en revue la vie tout entière de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Après avoir éta­bli cette forme de prière, le Bienheureux Dominique la pro­pa­gea dans le monde chré­tien, soit par lui-​même, soit par ses fils. Dès lors, on vit des fidèles enflam­més par la prière, embra­sés même par la médi­ta­tion (des mys­tères de Notre Seigneur Jésus-​Christ), se trans­for­mer en d’autres hommes ; les ténèbres de l’hérésie se dis­si­pèrent, la foi catho­lique brilla d’une nou­velle lumière ; et en divers lieux s’établirent par le minis­tère des reli­gieux de l’Ordre sus-​dit, envoyés légi­ti­me­ment pour cela par leurs supé­rieurs, des asso­cia­tions où s’inscrivirent des confrères nombreux.

Nous aus­si, sui­vant les traces de Nos Prédécesseurs, voyant cette Eglise de la terre (mili­tante) que Dieu a confié à Nos soins, agi­tée, à l’heure pré­sente, par tant d’hérésies et de guerres, et cruel­le­ment affli­gée et trou­blée par la dépra­va­tion des mœurs, Nous levons les yeux pleins de larmes, mais aus­si rem­plis d’espérance, vers cette Montagne d’où pro­vient tout secours, et Nous exhor­tons pater­nel­le­ment dans le Seigneur tous et cha­cun des fidèles de Jésus-​Christ à imi­ter notre exemple » (bulle n°139, 17 sep­tembre 1569)

C’est ain­si que Saint Pie V durant les six années de son pon­ti­fi­cat sau­va, non seule­ment la Sainte Messe, mais aus­si la chré­tien­té. Même si aujourd’­hui la Sainte Messe parait sau­vée, il n’en va pas de même de la Chrétienté, de la Foi …:

Au début de ce mois de sep­tembre, le Saint Père adres­sait à l’é­vêque de Brescia une lettre à l’occasion du tren­tième anni­ver­saire de la mort de Paul VI. Évoquant le pon­ti­fi­cat de ce der­nier, le Saint Père sou­ligne « l’ar­deur mis­sion­naire, qui le condui­sit à entre­prendre des voyages déli­cats, sou­vent loin­tains, et à accom­plir des gestes de grande valeur ecclé­siale, pas­to­rale et œcu­mé­nique ».Rappelant que ce Pape est avant tout lié au concile Vatican II, Benoit XVI sou­ligne com­bien, d’an­née en année se ren­force l’é­vi­dente impor­tance de son pon­ti­fi­cat pour l’é­glise et le monde :

« un héri­tage ines­ti­mable de magis­tère et de ver­tu offert aux croyants et à l’hu­ma­ni­té toute entière ». il remer­cie aus­si Paul VI de sa confiance, mani­fes­tée en mars 1977 par sa nomi­na­tion à l’archevêché de Munich et trois mois plus tard, son élé­va­tion au car­di­na­lat ». (VIS0809)

Aujourd’hui, c’est la Foi elle-​même qui est en péril. Alors comme nous le recom­mande Mgr Fellay, Supérieur de la FSSPX, sor­tons nos cha­pe­lets chaque jour, comme au temps de Saint Pie V et retrouvons-​nous à Lourdes pour fêter le Christ-​Roi, afin que Son règne arrive et que Sa volon­té soit faite sur la terre comme elle est faite dans les cieux.

Ce der­nier dimanche d’oc­tobre la ville de Sainte Bernadette doit être enva­hie par les pèle­rins de la Tradition Il faut que ces trois jours ne soient qu’un immense appel vers le Ciel : « Notre Dame du Très Saint Rosaire, Priez pour nous, Sauvez nous ! »

Le 12 sep­tembre 2008, En la fête du Saint nom de Marie

Jean BOJO

P.S. : les textes his­to­riques sont extraits de : « Saint Pie V, un Pape pour notre temps », de Pierre TILLOY, édi­té en 1974 par « Forts dans la Foi ».

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