CREDO n° 187 (Juin-juillet 2008)
Chers amis,
L’année 2008 est parsemée de plusieurs anniversaires, qui à première vue n’ont rien a voir les uns avec les autres. Mais en y regardant de plus près ces évènements se tiennent entre eux.
Mai 1958 : sursaut national pour sauver nos départements d’Algérie.
Mai 68 : révolution « douce » qui plonge notre France dans l’anarchie et la tyrannie.
Juin 1988 : Mgr Lefebvre sacre 4 évêques pour maintenir hors de l’eau la Révélation et la Tradition de la foi catholique.
Mais il nous faut noter un premier anniversaire celui des 60 ans de sacerdoce (1948) du RP Maurice AVRIL, lazariste, fondateur de l’œuvre ND de Sallerans, courageux et héroïque défenseur des harkis, rescapés de la guerre d’Algérie. Dans le paragraphe suivant, réservé à mai 1958, nous citerons largement son magnifique livre La XIIe croisade, dans lequel le R.P. nous conte son courageux combat pour maintenir la chrétienté, sinon en Algérie du moins dans les familles kabyles qui avaient servies la France et souhaitaient rester françaises et devenir catholiques.
Mai 1958 : dernier sursaut national et politique. La perte de nos départements français d’AFN avait été prédite depuis 1917 par le Bx Père de Foucauld qui avait écrit à son ami Laperrine :
« Si vous n’en faites pas des chrétiens, dans 50 ans ils vous mettront à la mer ».
Mais pourquoi la France catholique et missionnaire n’a-t-elle pas fait des chrétiens de ces descendants des chrétientés romaines qui existaient avant l’arrivée de l’envahisseur musulman ? Saint Optat, saint Cyprien, saint Fulgence, saintes Perpétue et Félicité mais surtout saint Augustin sont des saints des 3 premiers siècles de la chrétienté. Les 3 premières années qui suivirent la prise d’Alger en 1830 furent des années enthousiastes. Citons pour cela la XIIe croisade du père Avril :
Le général Daumas terminait ainsi son ouvrage sur la Kabylie : « que ferons-nous des Kabyles ? – La réponse est facile répond Caffarel, il faut en faire des Français. – Mais comment y arriver ? – En en faisant des Chrétiens ».
L’illustre Cardinal Pacca recevant à Rome Mgr Dupuch en 1838, s’écriait : « je puis mourir maintenant que mes yeux ont vu se redresser le siège d’Augustin ! ».
Le 5 juillet 1830, le Général Comte de Bourmont pénétrait victorieux dans la casbah. Il ordonnait aussitôt la célébration d’une messe solennelle, à la fin de laquelle, s’adressant à ses troupes et ses aumôniers : « Vous venez de rouvrir avec nous la porte du Christianisme en Afrique. Espérons qu’il y viendra bientôt faire refleurir la civilisation qui s’y éteinte ». Et il fit planter une croix sur le monument le plus élévé d’Alger,la mosquée de la Casbah, devenue très vite l’Eglise Sainte Croix.
Ce même 5 juillet, Pélissier conduisait une colonne d’infanterie, précédée d’un détachement de sapeurs du génie, aux sinistres fossés du fort Bal-el-oued, pour forcer les grilles épaisses des bagnes humides, creusées sous les bastions. Ils rendaient ainsi la liberté à près d’un millier d’esclaves chrétiens.
En 1832, le Duc de Rovigo demandait au Muphti d’Alger et les Oulémas rassemblés, de transformer leur plus belle mosquée en église : « Dieu soit béni, s’écrièrent-ils d’un commun accord, que l’Algérie se réjouisse. On n’accusera plus désormais les Français de ne pas croire en Dieu. Prenez celle de nos moquées qui vous conviendra le mieux. Elle changera de culte sans changer de Dieu ». On choisit la mosquée de Ketchaoua, qui allait devenir cathédrale. On installa un autel de fortune et la statue de la Sainte Vierge dans le mihrab (chaire de l’iman pour la prière). Quelle ne furent pas la stupéfaction et la joie de découvrir le sens des arabesques d’origine qui l’ornaient : « Dieu envoya un Ange à Marie pour lui annoncer qu’elle serait la Mère de Jésus – Marie répondit : comment cela se fera-t-il ? – Et l’ange : par la Toute-Puissance de Dieu ». Ainsi, Marie n’avait jamais cessé de rester Notre Dame d’Afrique, et c’est elle qui accueillait, solennellement ses enfants. Mgr Dupuch devait compléter en faisant inscrire en lettre d’or sur la coupole : le Christ, hier, aujourd’hui et à jamais » (hébr.). Le Christ régnait par Marie.
Hélas ! Tous ces beaux projets étaient sciés au départ : « l’exercice de la religion musulmane restera libre » déclarait le général de Bourmont dans le 5e article de la capitulation d’Alger le 5 juillet 1830. Le lendemain, il faisait crier au quatre coins de la ville conquise : « pour les Coulouglis, fils de Turcs et pour les arabes habitant le territoire d’Alger : nous respectons votre religion sacrée, car sa Majesté le Roi protège toutes les religions ». Quelques mois plus tard la monarchie de Juillet, issue d’une révolution anti-religieuse refusa aux arabes la liberté de conscience, les força à rester dans l’Islam…
Le premier évêque d’Alger de 1838 à 1846, Mgr Dupuch a subi toutes les persécutions parce qu’il gênait la politique antireligieuse officielle. A Philippeville, encore sans église, on construisit en priorité une mosquée, ce qui fit scandale même parmi les arabes. Le ministre de la guerre écrivit à Mgr Dupuch pour « désaprouver tout acte de prosélytisme » et une autre fois pour lui préciser que la « population catholique était la seule dont le clergé eût à s’occuper en Algérie ». Le 10 novembre 1845, le Directeur de l’Intérieur ordonnait « de faire enlever des salles de l’Hôpital civil les signes du culte extérieur… et de supprimer toute prière publique ». Mgr Dupuch sera acculé à fuir dans une barque qui rejoindra le bateau en haute mer.
En 1867 Napoléon III n’écrivait-il pas au Cardinal Lavigerie : « Vous avez, Monsieur l’Archevêque, une grande tâche à remplir, celle de moraliser les 200 000 colons catholiques. Quand aux arabes, laissez au Gouvernement le soin de les discipliner et de les habituer à notre domination ». Il avait déjà écrit au Maréchal Pélissier le 6 février 1863 : « l’Algérie n’est pas une colonie proprement dite, mais un royaume arabe ».
Le 14 décembre 1940, alors que j’attendais le car de Blida à la place du Gouvernement, un musulman, une notabilité, vu son maintien et sa tenue, me fixe loguement dans les yeux avant de m’asséner cette phrase terrible : « pourquoi refusez-vous de nous convertir, serions-nous si méprisables ? Peu de saisons passeront avant que vous ne le regrettiez amèrement ! ».
Quelle terrible interpellation ! Nous payons aujourd’hui les conséquences de ce refus. Ces rappels des passages ci-dessus sont extraits de l’excellent et dramatique livre du RP Maurice AVRIL « La XIIe croisade » paru en 1990 qu’il faut relire aujourd’hui. Il relate le combat mené par ce père Lazariste pour convertir et baptiser les familles de Harkis, abandonnées non seulement par le Gouvernement républicain d’alors, mais aussi par nos évêques : « Il faut les aider à rester de bons musulmans, à pratiquer leurs fêtes, à ne pas devenir athées » : telles furent les consignes données par Mgr de Dignes en 1962 au RP Avril, qui partit en larmes de l’évéché …
Mai 1968 : Une nouvelle période révolutionnaire s’installe dans notre pays : Révolution douce, pas de guillotine, pas de pontons de Rochefort, pas d’Ile Madame, pas de carmélites de Compiègne ! Etrange ? Non, car la Révolution conciliaire, ce « 1789 dans l’Eglise », était passée par là. Satan avait enfin pris le contrôle du siège de Pierre « Les fumées de Satan… ». En 1793, Il avait coupé le lien reliant le Temporel à Dieu en guillotinant le Roi de France, Lieutenant du Christ. Après une accalmie, pendant laquelle la France missionnaire s’ouvrit sur les cinq continents (Pas moins de 50 fondations d’Ordres et/ou Congrégations de Religieux et Religieuses entre 1800 et 1880, sans compter les Oeuvres sociales, mises sur pied par des laïcs catholiques), sauf en Afrique du Nord (voir RP Avril, ci-dessus) où le cardinal Lavigerie, principal artisan du funeste « ralliement » de Léon XIII, le 12 novembre 1890, porte un toast à la République et fait jouer la Marseillaise lors d’un banquet d’officiers de Marine (Quid 1994).
La Révolution de Vatican II pas encore terminée, les clercs, non seulement désertent, mais beaucoup préparent Mai 68. Dès 1964, il y eu la scission CFTC/CFDT. Des R.P., comme le dominicain Cardonnel, « entrent dans la danse » : « Pas de Révélation sans Révolution » et des appels à la grève générale sont lancés par ces personnages. Les soutanes disparaissent au profit du complet veston et de la malette de VRP. Cette Révolution fut douce, car Satan avait dit par la bouche de Camille Desmoulins (1760–1794): « Ce sont les despotes maladroits qui se servent des baïonnettes, l’art de la tyrannie est de faire la même chose avec des juges ».
Depuis cette nouvelle poussée révolutionnaire, où « aucune Loi morale ne doit être au-dessus des lois de la République » (J.Chirac), les tenants et défenseurs de la Loi naturelle (Sinaï), sacralisée par le Christ (Golgotha) et transmise (en principe) par le successeur de Pierre, sont trainés devant les tribunaux. Les défenseurs de la Culture de Vie sont diabolisés. Un mot de travers et hop ! devant le juge, qui, lui, n’ayant plus de Crucifix dans son prétoire, condamne à sa guise, selon le désir de son Ministre, ou de « sa » Ministre.
Depuis 1975, 220 000 avortements sont pratiqués légalement chaque année.
« Quand elles viennent nous voir ce sont des pleurs avant, des pleurs après. Elles disent : Je suis obligée, je suis obligée ». « on a réalisé que cette femme avortait en fait sous la contrainte… cette femme est maintenant brisée, or elle méritait de garder son enfant ». « Ce n’est pas parce que je pratique des IVG que je suis pour l’IVG. 99% des gynécologues vous diront la même chose. Nous n’aimons pas cela ». « Il y a trente ans j’allais en prison si je pratiquais l’avortement, aujourd’hui je vais en prison si je refuse d’en pratiquer ! Le pire, vous savez ce que c’est ? C’est qu’on me demande de faire ça avec le sourire » :
Ce sont quelques réponses faites à Sabine Faivre et qui sont relatée dans son livre : La vérité sur l’avortement aujourd’hui, Editions Téqui, 2006).
Nous pouvons ajouter qu’aujourd’hui, c’est à l’autre bout de notre vie terrestre que le législateur républicain s’attaque :
« Dès que l’on dépasse 60–65 ans, l’homme vit plus longtemps qu’il ne produit et coûte cher à la société … Je suis, pour ma part, en tant que socialiste contre l’allongement de la vie parce que c’est un leurre… L’euthanasie sera un des instruments essentiels de nos sociétés futures… » :
Propos effrayants de M. Attali, hier conseiller de M. Mitterand et aujourd’hui de M. Sarkozy ! Chers amis, qui êtes en retraite, si par malheur vous devez êtres hospitalisés prenez la précaution de recevoir le sacrement de l’Extrême Onction. Ce monde court à sa perte.
1988 : La Révolution est arrivée à son terme. Satan, comme nous venons de le voir, s’est emparé non seulement du Royaume de Marie, mais également du Trône du Vicaire du Christ. Après avoir décapité le Roi de France, lien reliant le Temporel à Dieu, Il a réussi à couper le lien reliant la Terre avec le Ciel en détruisant la Ste Messe de toujours. Il règne avec l’argent à la place du Christ : « Nul ne peut servir deux maîtres… ». Tout semble perdu…
Eh bien, non ! Un évêque fait front avec courage. Après plusieurs mois d’angoisse, Mgr Lefebvre sacre quatre évêques. L’espoir revient ! L’espoir est là ! La Rome révolutionnaire l’a bien compris (l’actuel successeur de Pierre fut un élément important dans la préparation de cette Révolution Vaticane). Elle fait tout ce qu’elle peut pour nous esseuler et nous détruire. Nous vivons cela en ce moment : beaucoup de nos amis, prêtres et fidèles, signent ce nouveau « ralliement ». Les Médias, écrits ou parlés, ne sont plus présents lorsqu’il s’agit de la Fraternité, fondée par Mgr Lefebvre et au sein de laquelle nous oeuvrons pour garder la Foi et la Tradition de notre Sainte Eglise, Catholique et Apostolique.
Nous nous devons d’encourager et soutenir nos amis picards qui depuis plus de six mois célèbrent la messe dominicale dans la rue, avec l’immense dédain, pour ne pas dire plus, de Mgr d’Amiens. Le dimanche 20 avril m’étant rendu à Amiens pour assister à la messe célébrée sur le parvis de la cathédrale, durant l’office nous avons appris qu’a l’interieur Mgr avait autorisé un office anglican à la même heure. Les Pères Lazaristes, désservant la paroisse Sainte-Anne d’Amiens, étaient prêts à nous laisser l’usage de cette église : refus catégorique de l’évêque …
Nos ferventes prières doivent toujours soutenir nos actions. L’Espérance est une des trois vertus théologales, avec la Foi qu’il faut garder fermement et la Charité qu’il faut pratiquer sans ménagement. Mgr Lefebvre ne s’est jamais découragé et son œuvre couvre maintenant les cinq continents. Nous n’avons donc pas le droit de baisser les bras. Soyons toujours et partout les Témoins de Notre Seigneur, comme Il nous l’a expréssement demandé.
En ce mardi 13 mai, anniversaire des apparitions de Fatima
Jean BOJO
P.S. : Il nous est impossible de passer sous silence le Jubilé sacerdotal de Père Maurice AVRIL. Pour cela il convient de nous remémorer les principales dates de sa vie, telle que nous la rappelle Catholiques et Français d’AFN et d’outre-mer (04 42 88 56 19):
-Né à Oran, le 11 janvier 1923, de parents pieux et musiciens.
‑Entre au petit séminaire d’Alger en 1923 puis au grand séminaire en 1939. Mobilisé en 1943.
‑Entre chez les Lazaristes en 1945. Ordonné prêtre à Alger en 1948.
‑Directeur du séminaire d’Oran, professeur de philosophie. Fonde la Maitrise Vittoria.
‑1951 : Rome, à l’Institut des langues orientales et à l’Université pontificale de Musique sacrée. Licencié en chant grégorien.
‑1954 : Nommé Directeur du séminaire de Constantine. Fonde la Manécanterie des Rossignols du Rhumel, primée en 1957 au congrès international des Petits chanteurs à la Croix de Bois.
‑Concerts en France et en Italie dont un devant le Pape Pie XII.
‑1958 : Fonde l’Oeuvre des séjours d’été en France des petits Harkis orphelins et nécessiteux.
1960 : fonde le petit Séminaire de Bône.
1962 : doit fuir l’Algérie avec 130 enfants, dont ses séminaristes. S’installe à Salérans. Organise la petit séminaire et l’année suivante le grand séminaire, ainsi qu’un centre d »hégerement pour les Rapatriés.
‑1963–1972 : se dévoue entierement pour les Harkis, leur évangélisation. Création dans toute le France de patronages pour les Harkis et des études surveillées. A Salérans : Colonies de vacances, Camp de Noël et de Pâques, Centre éducatifs pour les 14–16 ans qui n’avaient pu suivre des études normales du fait des évènements. Création pour les dames de Centres d’alphabétisation aboutissant au certificat d’Etudes. Visites des hameaux de Forestage.
‑1972 : ouverture d’une école hors contrat pour les enfants des familles de la Tradition.
‑1975 : Fondation de l’Oeuvre religieuse de la Sainte Messe pour séminaristes, religieuses et frères.
‑1991 : Opération Liban et affectation de l’école de Salérans aux petits libanais orphelins ou nécessiteux pour reconstruire un Liban chrétien.
‑Et depuis 40 ans la défense obstinée, avec la permission de ses Supérieurs Majeurs de « la cause urgente et prioritaire : Ramener les riverains de la Méditerranée à leur Christianisme d’origine ».
Pour ces 60 ans de sacerdoce, cinq festivités sont prévues :
- Marseille le samedi 28 juin
– La Norgard le dimanche 13 juillet
‑Salérans en août
‑Paris le dimanche 14 septembre
‑au Liban du vendredi 17 au dimanche 18 octobre.
Se renseigner, après 20 00, aux numéros suivants, au choix : 04 91 40 35 28 ou 04 91 07 16 22 ou 04 28 88 56 19
Pour plus de renseignements
Credo
Revue bimestrielle de l’association « Credo » :
« CREDO, revue bimestrielle, composée par des laïcs, n’est pas une revue d’actualité mais veut être, tant dans le domaine spirituel que temporel, un stimulant pour les fidèles, un ciment pour soutenir la foi catholique, maintenir la Messe de toujours et transmettre toute la Révélation et la Tradition de l’Eglise Catholique, dans le sillage de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie‑X. »
Président de l’association : Jean BOJO
11, rue du Bel air
95300 ENNERY
33 (0)1 30 38 71 07
credocath@aol.com
Secrétariat administratif
2, rue Georges De LaTour
BP 90505
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