Lettre n° 14 de Mgr Lefebvre aux Amis et Bienfaiteurs de la FSSPX de mars 1978

Chers Amis et Bienfaiteurs,

a Providence per­met cette dou­lou­reuse crise de l’Eglise pour notre sanc­ti­fi­ca­tion et pour don­ner plus d’éclat à l’or pur de sa doc­trine et de ses moyens de Rédemption. Cette pas­sion de l’Eglise est un grand mys­tère, car elle atteint sur­tout sa Hiérarchie, ses clercs, qui semblent ne plus savoir ce qu’ils sont et ce pour­quoi ils ont été institués.

Le Père du men­songe, Satan, comme l’appelle Notre Seigneur a le talent extra­or­di­naire de décou­vrir des mots aux­quels il prête un sens nou­veau de telle sorte que par leur ambi­guï­té il fait pas­ser l’erreur des­truc­trice qui ren­verse les socié­tés les mieux éta­blies. Il l’a trou­vé dans cet « œcu­mé­nisme » conci­liaire qui a créé une Liturgie œcu­mé­nique, une Bible œcu­mé­nique, un caté­chisme œcu­mé­nique, unis­sant la véri­té et l’erreur, mariant le vrai et le faux.

Le fruit le plus désas­treux de ce mariage c’est la Messe Catholico-​protestante, source désor­mais empoi­son­née qui pro­duit des ravages incal­cu­lables : aban­don de l’Eglise, aban­don de la vraie foi, sacri­lèges, déchi­re­ment de l’unité de l’Eglise, pro­li­fé­ra­tion de toutes sortes de cultes indignes de l’Eglise.

Mais il est une consé­quence à laquelle on ne songe pas assez c’est la des­truc­tion des Etats catho­liques qui ne trouvent plus dans la Sainte-​Messe, la source de l’unité poli­tique basée sur l’unité de la foi catho­lique. Désormais l’Etat catho­lique doit lui aus­si se trans­for­mer en Etat œcu­mé­nique, plu­ra­liste, et bien­tôt laïque et neutre sinon athée, confor­mé­ment au docu­ment œcu­mé­nique du Concile au sujet de la Liberté religieuse.

La Messe œcu­mé­nique mène logi­que­ment à l’apostasie, on ne peut ser­vir deux maîtres, on ne peut s’alimenter à la Vérité et à l’erreur indif­fé­rem­ment. C’est l’erreur qui flatte nos mau­vais pen­chants qui l’emportera sur la Vérité plus aus­tère et plus exigeante.

Il faut à tout prix demeu­rer atta­chés à la Vérité sans mélange. Pie IX a dénon­cé avec vigueur ces catho­liques libé­raux qui croient pou­voir unir l’erreur et la Vérité, le bien et le mal, afin de plaire aux hommes de leur temps.

Que cet œcu­mé­nisme empoi­son­né nous vienne par la Hiérarchie ou non ce n’est pas le canal qui importe, c’est le poi­son qu’il faut refu­ser d’avaler. Il s’agit d’une obéis­sance stricte à Notre Seigneur, à l’Eglise de tou­jours, à tous les Successeurs de Pierre. Nous gar­de­rons donc la Liturgie catho­lique, la Bible et le caté­chisme catholiques.

Et c’est bien pour cela qu’il nous faut avoir des prêtres catho­liques et des Séminaires catho­liques, des reli­gieux et des reli­gieuses catho­liques, actifs et contem­pla­tifs. L’Eglise catho­lique ne peut pas périr.

Chacun, à sa place dans l’Eglise, doit s’efforcer de demeu­rer catho­lique et de main­te­nir l’Eglise catho­lique. C’est sur cette réso­lu­tion et sa réa­li­sa­tion que nous serons jugés par notre Divin Sauveur.

Chers Amis et Bienfaiteurs, nous devons à vos prières et à votre géné­ro­si­té d’avoir pu réa­li­ser la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X avec ses 40 prêtres, bien­tôt 56, ses 3 Séminaires avec 150 sémi­na­ristes, ses frères, ses reli­gieuses, ses oblates.

Nous sommes sur le point d’acquérir les immeubles néces­saires pour nos Séminaires amé­ri­cain et alle­mand. Nous espé­rons ouvrir un collège-​séminaire en Allemagne et un en France, une mai­son d’exercices spi­ri­tuels dans le nord de l’Italie, un début de grand Séminaire en Argentine, un prieu­ré à Madrid.

D’autre part les voca­tions nom­breuses pour le Carmel nous obligent à venir en aide à la fon­da­tion du Carmel et bien­tôt au monas­tère des cis­ter­ciennes. Les mai­sons contem­pla­tives sont néces­saires à la sain­te­té de l’Eglise. Elles ne le seront que dans la mesure où elles gardent leurs saintes traditions.

Vous pou­vez envoyer vos cor­res­pon­dances à ces fon­da­tions : pour les Carmélites à la Maison St-​Pie X de Suresnes, et pour les Cisterciennes à Notre Dame du Pointet. Les adresses com­plètes sont indi­quées ci-joint.

Par cette liste vous pou­vez vous rendre compte de nos besoins. Nous prions en ce mois de mars notre grand inten­dant, Saint Joseph, afin qu’il sus­cite de nou­veaux bien­fai­teurs et nous Le remer­cions de sa pater­nelle sol­li­ci­tude à notre égard. Nous n’avons pas de dettes et nous ne capi­ta­li­sons pas. Ce qui nous est don­né ne tarde pas à ser­vir à l’édification de l’Eglise et à sa vraie rénovation.

Nous sou­hai­tons que nos mai­sons soient des centres de fer­veur, de pié­té, d’accueil fra­ter­nel sur­tout pour les prêtres qui dési­rent par­ta­ger la vie spi­ri­tuelle et l’apostolat de nos prêtres.

Nous accueillons aus­si volon­tiers des voca­tions de Frères auxi­liaires de nos prêtres et des agré­gés, qui s’unissent dans la prière et le tra­vail aux membres de la Communauté. Ils peuvent s’adresser, comme les futurs prêtres, aux Supérieurs des dis­tricts ou des Prieurés, qui les met­tront en rela­tion avec les mai­sons de formation.

Dans ce monde qui mécon­naît son Sauveur et Maître, Notre Seigneur Jésus-​Christ, il est plus que jamais néces­saire que des âmes géné­reuses se fassent ses hérauts par la parole, par l’exemple, et par l’habit. Chaque autel détruit, chaque paroisse ou cha­pelle qui ferme repré­sente une vic­toire pour le démon et des âmes qui se perdent.

Que vos prières et vos sacri­fices inter­viennent auprès de Notre Seigneur par l’intercession de la Vierge Immaculée pour que ne cesse pas, mais aug­mente, la pré­di­ca­tion de Jésus et de Jésus crucifié.

Que Dieu vous bénisse.

+ Marcel LEFEBVRE
en la fête de Saint Joseph 19 mars 1978

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Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.