Lettre n° 12 de Mgr Lefebvre aux Amis et Bienfaiteurs de la FSSPX de mars 1977

Chers Amis et Bienfaiteurs,

ous conti­nuons et avec la béné­dic­tion de Dieu nous conti­nue­rons parce que la Tradition ne peut pas ne pas conti­nuer à trans­mettre la Révélation jusqu’à la fin des temps. Dieu s’est révé­lé à nous en Notre Seigneur Jésus-​Christ. Cette Révélation est ce qu’elle est et sera tou­jours ce qu’elle a été. Nous devons la rece­voir comme elle nous a été donnée.

Et cette Révélation s’est close avec le der­nier des Apôtres, afin que nous gar­dions les yeux fixés sur ce Jésus qui est l’auteur et le consom­ma­teur de notre foi (S. Paul, Héb. XII, 2).

Cette Révélation que saint Paul a reçue lui aus­si, il la résume dans ces mots : « Je n’ai pas cru devoir vous mani­fes­ter autre chose que Jésus et Jésus cru­ci­fié » (I Cor. II, 2).

La Croix de Jésus résume toute notre foi et donc toute notre conduite, toutes nos réac­tions, nos atti­tudes, notre vie exté­rieure et inté­rieure. Elle nous inculque non seule­ment les véri­tés néces­saires à notre salut, mais aus­si la voie du salut, le com­bat qu’il faut mener pour y arri­ver, la manière de mener ce com­bat contre tout ce qui s’oppose à notre salut en nous et autour de nous. La croix est donc le ferment et la loi de la civi­li­sa­tion chré­tienne qui est la civi­li­sa­tion du salut des âmes par Jésus crucifié.

Tenter d’une manière ou d’une autre de dimi­nuer les ensei­gne­ments révé­lés par la Croix, sous le pré­texte du déve­lop­pe­ment his­to­rique de la socié­té, de la conscience his­to­rique, de l’évolution, etc., c’est fer­mer les voies du salut et livrer les hommes à d’autres hommes, sans aucun espoir divin, sans lumière divine, sans vie divine. C’est faire de ce monde l’antichambre de l’Enfer.

C’est ce qu’on nous pré­pare en éli­mi­nant l’idée de com­bat contre l’erreur par la Liberté reli­gieuse, de com­bat contre l’hérésie, l’athéisme, le laï­cisme, le com­mu­nisme par un œcu­mé­nisme qui livre l’Eglise aux mains de ses enne­mis, de com­bat contre le péché en éli­mi­nant la loi au pro­fit de la conscience.

Cette nou­velle atti­tude des res­pon­sables de l’Eglise est une néga­tion de la Croix de Notre Seigneur. Nous deman­der de suivre cet esprit sous-​jacent dans le Concile et clai­re­ment expri­mé dans les Réformes et dans la pra­tique de l’Eglise conci­liaire, c’est nous deman­der de renier Jésus cru­ci­fié. Nous ne le pou­vons pas.

Grâce à Dieu, nos sémi­na­ristes et nos jeunes prêtres com­prennent bien ces choses et ne veulent pas, eux non plus, aban­don­ner Jésus cru­ci­fié. Ils le mani­festent par leur habit, par leur vie quo­ti­dienne, par leur pré­di­ca­tion, mais sur­tout et essen­tiel­le­ment par le Saint Sacrifice de la Messe.

Cette année encore, nous aurons de nom­breux aspi­rants pour le Séminaire et pour nos novi­ciats de frères et de sœurs. Les mai­sons se mul­ti­plient puisque nous en avons une dans le Québec au Canada et une autre à Genève. Pour répondre à toutes les demandes de prêtres, il fau­drait en ordon­ner une cen­taine par an !… Cette année, s’il plaît à Dieu, ils seront qua­torze et vingt sous-​diacres. Cinq frères pren­dront l’habit ain­si que cinq reli­gieuses, et trois reli­gieuses feront profession.

Nous espé­rons pou­voir vous annon­cer bien­tôt que les fon­da­tions de la cha­pelle du Séminaire d’Ecône sortent de terre !… Ce sera un tra­vail impor­tant. Nous savons que nous pou­vons comp­ter sur vous pour nous aider à ter­mi­ner le Séminaire par une cha­pelle digne de l’honneur et de l’adoration que nous devons à Notre Seigneur.

Nous devons sur­tout prier et faire péni­tence pour deman­der à Notre Seigneur, par l’intercession de la Vierge Marie et de saint Joseph, de déli­vrer sa Sainte Eglise de ceux qui veulent à tout prix la rui­ner, et arri­ver à la grande apostasie.

Que Dieu vous bénisse en recon­nais­sance de tout ce que vous faites en faveur de notre œuvre de vraie réno­va­tion de l’Eglise.

+ Marcel LEFEBVRE
en la fête de Saint-​Joseph, 19 mars 1977

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.