Lettre n° 18 de Mgr Lefebvre aux Amis et Bienfaiteurs de la FSSPX d’avril 1980

Chers Amis et Bienfaiteurs,

n ce jour, au novi­ciat de la Fraternité Saint Pie X de Saint-​Michel-​en-​Brenne, 8 pos­tu­lantes ont pris l’habit et 4 novices ont fait pro­fes­sion ; l’an pro­chain 11 novices feront pro­fes­sion. Il fau­drait vrai­ment être de par­ti pris pour ne pas recon­naître la fer­veur et la foi pro­fonde de cette com­mu­nau­té, en même temps que sa joie rayon­nante fruit évident de l’Esprit Saint. On y est bien loin du Pentecôtisme ou des cha­ris­ma­tiques, mais tout sim­ple­ment dans la grande tra­di­tion de la vie reli­gieuse de l’Eglise catholique.

Ce qui importe dans l’Eglise, aujourd’hui comme hier et comme demain, c’est de vivre de la foi pour vivre de la grâce et ain­si se pré­pa­rer à la vie éter­nelle. Saint Jean dans sa pre­mière Epître nous dit, dans la Liturgie de ce jour, « Celui qui est né de Dieu a vain­cu le monde, et la vic­toire qui a vain­cu le monde, c’est notre foi. Qui en effet a vain­cu le monde si ce n’est celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ».

Si c’est là le résu­mé et la sub­stance de notre foi, nous devons donc dans toute notre vie chré­tienne hono­rer Jésus comme Dieu et, par consé­quent évi­ter, comme l’a tou­jours ensei­gné et pra­ti­qué l’Eglise : d’assimiler Jésus aux fon­da­teurs des fausses reli­gions, ce qui serait blas­phé­ma­toire, évi­ter tout com­pro­mis avec les néga­teurs de la divi­ni­té de Notre-​Seigneur, tout faux oecu­mé­nisme ; lut­ter contre l’athéisme et le laï­cisme afin de faire régner Notre-​Seigneur sur les familles et les socié­tés ; gar­der le culte, le sacri­fice de la Messe, les sacre­ments ins­ti­tués par Notre-​Seigneur selon les rites consa­crés par vingt siècles de tra­di­tion, ain­si hono­rer digne­ment Notre-​Seigneur et être assu­ré de rece­voir Sa Grâce.

C’est parce que les nou­veau­tés qui ont enva­hi l’Eglise depuis le Concile dimi­nuent l’adoration et l’honneur dus à Notre-​Seigneur et impli­ci­te­ment jettent un doute sur sa divi­ni­té que nous les refu­sons, les nou­veau­tés ne viennent pas de l’Esprit Saint, ni de Son Eglise, mais de ceux qui ont l’esprit imbu du moder­nisme et de toutes les erreurs que véhi­cule cet esprit condam­né avec tant de cou­rage et d’énergie par saint Pie X. Le Saint Pape disait aux Evêques de France, à pro­pos du « Sillon » : « Les vrais amis du peuple ne sont ni les révo­lu­tion­naires, ni les nova­teurs, mais les traditionalistes ».

Que les nova­teurs du Concile et d’après le Concile com­prennent ce lan­gage qui est d’ailleurs celui de l’Eglise depuis Saint Paul !

On ne peut espé­rer une vraie réno­va­tion de l’Eglise sans un retour à la Tradition. L’Eglise ne peut se conten­ter de sacre­ments dou­teux, d’un ensei­gne­ment ambi­gu ; ceux qui ont intro­duit ces doutes et cette ambi­guï­té ne sont pas des dis­ciples de l’Eglise. Quelles qu’aient été leurs inten­tions, ils ont tra­vaillé contre l’Eglise. Les résul­tats désas­treux de leur tra­vail dépassent tout ce qu’on pou­vait ima­gi­ner. Ce ne sont pas les appa­rentes excep­tions de quelques régions qui infirment ces résul­tats. Quand Luther a intro­duit la langue ver­na­cu­laire dans la Liturgie, les foules se sont pré­ci­pi­tées dans les églises. Qu’en est-​il depuis ?

Il est conso­lant de consta­ter que, dans le monde catho­lique, le sens de la foi des fidèles rejette ces nou­veau­tés et s’attache à la Tradition. C’est de là que revien­dra le vrai renou­veau de l’Eglise. Et c’est parce que ces nou­veau­tés ont été intro­duites par le cler­gé infes­té de moder­nisme, que l’œuvre la plus urgente, la plus néces­saire dans l’Eglise est la for­ma­tion d’un cler­gé pro­fon­dé­ment catho­lique. Nous nous adon­nons à cette œuvre de toute notre âme, aidés désor­mais par nos 80 jeunes prêtres et encou­ra­gés par la pré­sence de nos 210 grands sémi­na­ristes. Les états d’Amérique du Sud et d’Amérique Centrale nous donnent les plus grands espoirs.

L’Eglise a été sau­vée de l’Arianisme, elle le sera aus­si du Modernisme. Notre-​Seigneur triom­phe­ra ; quand bien même, humai­ne­ment par­lant, tout semble déses­pé­ré. Ses voies ne sont pas les nôtres. Aurions-​nous choi­si la croix pour triom­pher de Satan, du monde et du péché ?

Nos qua­rante mai­sons dis­per­sées dans le monde mani­festent que Dieu peut tout faire de rien. Dieu veut bien se ser­vir de nous, II se sert aus­si de vous, chers Amis et Bienfaiteurs. Que Dieu vous bénisse et vous garde dans Sa Charité et dans Sa Paix !

+ Marcel Lefebvre
Saint-​Michel-​en-​Brenne, 13 avril 1980

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Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.