Ce qui nous divise
On peut dire que la paix a été le premier et le dernier mot du Sauveur. Il est le Dieu de paix. Il ne s’agit pas, nul n’en doute, d’une paix qui ressemble au sommeil de la mort, paix du tombeau, paix de l’indifférence ou de l’inaction, qui constitue pour une âme le plus funeste état. Il s’agit d’une paix active, entreprenante, féconde, la seule qui convienne aux enfants de Dieu.
Cette paix semble bannie aujourd’hui. Sans parler des agitations politiques, des frémissements des peuples, des guerres terribles qui viennent bouleverser notre pauvre planète, sans parler même des luttes d’idées et de principes qui se livrent dans la région des intelligences ; à ne considérer que notre chère Église et, à l’intérieur de cette Église, nos chers fidèles de la Tradition, ne voyons-nous pas qu’ils n’ont pas toujours entre eux cette concorde, cette harmonie qui serait pour eux un principe de joie et un principe de force ?
On comprend que les libres penseurs soient en guerre les uns avec les autres. On comprend que le protestantisme, issu du libre examen, soit une anarchie intellectuelle permanente. On comprend que le mensonge, l’erreur, l’hérésie ne soit jamais d’accord avec eux-mêmes. Mais ceux qui communient à la vérité totale, plénière, qui récitent de bouche et de cœur, à l’unisson le même Credo et adressent les mêmes formules à leur père qui est au ciel, comment s’expliquer qu’ils ne vivent pas après toujours en paix ? Eh, mon Dieu, c’est l’apôtre Saint-Jacques qui nous donne la réponse après l’avoir dite aux premiers chrétiens :
« Pourquoi y a t il parmi vous des disputes et des querelles ? Cela ne vient-il pas des passions mauvaises ? »
Le mot est juste. Tout au fond, ce qui nous divise, ce sont nos passions mauvaises. C’est pourquoi les membres du Tiers Ordre se feront un devoir, par leur grande vie intérieure, de triompher de leurs passions et d’être des éléments de paix dans leur foyer et leur chapelle. Celui qui est en paix avec lui-même et avec Dieu ne cherche pas de querelles à l’extérieur. Par bonheur, de nombreux témoignages de confrères soulignent le bon esprit général des membres du Tiers Ordre. Cela nous est une grande consolation. Oui, chers tertiaires, si Notre Seigneur, le jour de Pâques commence par nous souhaiter la paix, c’est parce que cette paix vient d’abord du divin ressuscité qui habite en nous par sa grâce. Soyons donc bien fidèles à nous sanctifier, à rechercher d’abord au-dedans de nous les sujets de mécontentement. Non, vivons en paix avec Dieu, avec nous-même et avec le prochain, de cette vraie paix qui vient de Dieu. La paix étant aussi un des fruits de l’humilité, vous lirez plus avant dans votre bulletin, le chapitre consacré à cette indispensable vertu.
Que le Bon Dieu vous bénisse
Abbé François Fernandez