« Elles m’ont été infligées dans la maison de ceux qui m’aimaient… »

Elles m’ont été infli­gées dans la mai­son de ceux qui m’aimaient…

Prophète Zacharie

Le Christ Notre Seigneur est res­sus­ci­té. Par un acte de sa toute puis­sance il a repris son corps. Jusques dans la mort il reste le Maître. Ma vie nul ne la prend, c’est Moi qui la donne. La tête est dans la gloire, dans la pleine pos­ses­sion de ses moyens divins et pour­tant son corps , le corps mys­tique est à l’a­go­nie. La vie sur­na­tu­relle semble même l’a­voir quit­té. Malgré cette union très étroite, les effets qui devraient rejaillir sur son corps semblent comme empê­chés. Avant la glo­ri­fi­ca­tion, la grâce qui devait la pré­pa­rer semble s’être reti­rée. Pourquoi ? Saint Pie X, dans son allo­cu­tion du 13 décembre 1908, nous donne la rai­son de ce mystère.

En consta­tant ce qui n’a fait qu’empirer jus­qu’à aujourd’­hui : la grande incré­du­li­té de notre époque, où l’in­dif­fé­rence reli­gieuse est même pré­chée, main­te­nant, ordi­nai­re­ment, par ceux qui sont revê­tus de l’au­to­ri­té. Il y voit la cause de l’a­bais­se­ment géné­ral des carac­tères. Nous sommes en effet à une époque où beau­coup rou­gissent de se dire catho­liques, où beau­coup d’autres prennent en haine Dieu, la foi, la révé­la­tion, le culte, ses ministres, tour­nant tout en déri­sion et en sarcasmes.

Pourquoi cette puis­sance, ce réveil du mal dans un monde qui, hier encore, était catho­lique ? Il accuse d’a­bord les bons : deve­nus trop timides, peu­reux dans la pra­tique de la doc­trine chré­tienne, ils ont per­du la force de la foi. Si la géné­ra­tion actuelle a toutes les incer­ti­tudes, toutes les hési­ta­tions de l’homme qui marche à tâtons, c’est le signe évident qu’elle ne tient plus compte de la parole de Dieu qui est le flam­beau qui doit gui­der nos pas. Le cou­rage n’a de rai­son d’être que s’il a pour base une convic­tion. La volon­té est une puis­sance aveugle quand elle n’est pas illu­mi­née par l’in­tel­li­gence, et on ne peut mar­cher d’un pas assu­ré au milieu des Ténèbres. Il y aura du cou­rage quand la foi sera vive dans les cœurs, quand on pra­ti­que­ra tous les pré­ceptes impo­sés par la foi. Car la foi est impos­sible sans les ouvres. Comme il est impos­sible d’i­ma­gi­ner un soleil qui ne don­ne­rait ni lumière ni cha­leur. La foi est une ver­tu infuse – un déploie­ment de la grâce dans notre nature – mais la grâce dépend de notre coopé­ra­tion à tra­vers notre devoir d’é­tat, c’est là que les ouvres inter­viennent. Notre oppo­si­tion dimi­nue au moins la grâce actuelle et refroi­dit la foi qui aura de plus en plus de mal à nous mou­voir, à com­man­der en nous. C’est un cercle vicieux qui conduit à la tié­deur et à la chute.

Et le Saint Pape donne l’exemple des Saints qu’il décla­rait véné­rable, pre­nant spé­cia­le­ment l’exemple de Sainte Jehanne d’Arc :
- Dans son humble pays natal comme au milieu des camps, elle se conserve pure comme les anges.
- Fière comme un lion au cœur de la bataille, elle est rem­plie de pitié pour les pauvres et les mal­heu­reux, simple comme une enfant dans la paix des champs et le tumulte de la guerre, elle demeure tou­jours recueillie en Dieu et elle est tout amour pour la Vierge et la Sainte Eucharistie, comme un ché­ru­bin.
- Appelée par le Seigneur à défendre sa Patrie, elle répond à sa voca­tion par une entre­prise que tous, et elle tout d’a­bord, croyaient impos­sible. Mais ce qui est impos­sible aux hommes est tou­jours pos­sible avec le secours de Dieu.

Que l’on n’exa­gère donc pas, par consé­quent, les dif­fi­cul­tés quand il s’a­git de pra­ti­quer tout ce que la foi nous impose pour accom­plir nos devoirs, pour exer­cer cet apos­to­lat fruc­tueux de l’exemple que le Seigneur attend de cha­cun de nous. Les dif­fi­cul­tés viennent de ceux qui les exa­gèrent, de qui se confie en lui-​même et non dans les secours du Ciel. de qui cède lâche­ment, inti­mi­dé par les raille­ries et les déri­sions du monde, par où il faut conclure que de nos jours plus que jamais la force prin­ci­pale des mau­vais, c’est la lâche­té et la fai­blesse des bons, et tout le nerf du règne de Satant réside dans la mol­lesse des chré­tiens.
Les mots du Saint Pape sont donc très forts, qui accusent cet esprit de ral­lie­ment de l’a­go­nie du monde et de l’Eglise, empê­chant la Foi d’ob­te­nir son déve­lop­pe­ment nor­mal, tous ses effets qui nous sau­ve­raient ! Oh ! Ajoute-​t-​il, s’il m’é­tait per­mis, comme le fai­sait la pro­phète Zacharie, de deman­der au divin Rédempteur :

- « Que sont ces plaies au milieu de vos mains ?« 
La réponse ne serait pas dou­teuse :
- « Elles m’ont été infli­gées dans la mai­son de ceux qui m’ai­maient.
Et le Saint Pape com­mente : par mes amis qui n’ont rien fait pour me défendre et qui en toute ren­contre se sont ren­dus com­plices de mes adver­saires. Et à ces reproches, qu’en­courent les chré­tiens pusil­la­nimes et inti­mi­dés de tous les pays, ne peuvent se déro­ber un grand nombre de chré­tiens de France…
- Que dirait-​il aujourd’­hui, quand le ral­lie­ment com­porte tou­jours une clause de silence à tra­vers des mots diplo­ma­tiques de l’ac­cord offi­ciel, clause à laquelle les signa­taires montrent une révé­rence toute spé­ciale ?
- Que dirait-​il aujourd’­hui, quand l’a­pos­to­lat de l’exemple est si for­te­ment et si sou­vent empê­ché par le lâche res­pect humain ? Quand si peu de chré­tiens vivent comme des chré­tiens, comme s’il n’é­tait pas nor­mal d’être en porte à faux avec un monde qui est en guerre avec son Dieu ? Il faut, comme les preux de Juda, au retour de la cap­ti­vi­té, recons­truire le temple d’une main, c’est à dire cher­cher à se sanc­ti­fier, pen­dant que l’autre est armée de l’é­pée pour se défendre contre l’ennemi.

Ainsi, avant d’ac­cu­ser de noirs com­plots, – des machi­na­tions savantes de pou­voirs aux forces très supé­rieures aux nôtres – regar­dons d’a­bord si nous sommes fidèles. Souvenons-​nous des plaies dans les mains du Sauveur faites par ses amis – ceux de sa mai­son – pas par ses enne­mis. A cette condi­tion de fidé­li­té, le Pape pro­met­tait le salut à la France. N’inversons pas les causes et les effets !

Alors, sur­sum cor­da – HAUT LES COEURS – Que la Foi soit notre seule lumière, qu’elle des­cende jus­qu’au plus pro­fond de notre cœur, qu’elle devienne vrai­ment le motif de toutes nos actions sans com­pro­mis, quoi­qu’il en coûte, et nous sau­ve­rons non seule­ment notre âme mais l’Eglise, la France et le monde.