Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
N’oublions pas que dans la tradition de l’Église, la fête liturgique de l’Épiphanie a toujours été considérée comme l’une des plus importantes de l’année.
En effet, la manifestation de Notre Seigneur Jésus-Christ au monde n’est-elle pas un événement considérable pour l’humanité, pour le salut de nos âmes, pour l’œuvre accomplie par Notre Seigneur dans l’Incarnation, et la Rédemption ?
L’antienne du Magnificat des deuxièmes vêpres de cette fête me semble exprimer d’une manière bien adéquate la grandeur du mystère de l’Épiphanie :
Tribus miraculis ornatum diem sanctum colimus, dit l’antienne : Aujourd’hui nous fêtons trois grands mystères.
Hodie Stella Magos duxit ad præsepium : L’Étoile a conduit les Mages à la Crèche.
Hodie vinum ex aqua factum est ad nuptias : L’eau a été transformée en vin aux noces, de Cana.
Hodie in Jordane a Joanne Christus baptizari voluit, ut salvaret nos : Au Jourdain, saint Jean Baptiste a baptisé Notre Seigneur pour la Rédemption de nos péchés.
Trois miracles en effet, trois événements importants. Il semblerait à première vue que ces événements n’ont pas un lien profond entre eux. Et pourtant, au contraire, ces trois miracles ont une union profonde dans l’effusion de l’Esprit Saint que Dieu a voulu nous donner par son Incarnation pour accomplir sa Rédemption
Propter nimiam caritatem suam, qua dilexit nos (Ep 3,4). Parce qu’il nous a aimés d’un amour infini, le Bon Dieu a appelé les Mages ; Il a appelé par l’intermédiaire des Mages, toute l’humanité, toutes les âmes.
Et les phrases, les mots qui sont exprimés dans l’Écriture et qui manifestent les sentiments des Mages lorsqu’ils ont vu l’Étoile (sont clairs). Ils ont dit : Ecce Stella (…) magni Régis est : Voici l’Étoile du Grand Roi : Eamus et quæramus : Allons, cherchons-Le ; cherchons le Grand Roi.
Eux au moins, ont eu cette magnifique disposition d’âme qui, à l’appel de l’Étoile, à l’appel de Dieu, comme les bergers à l’appel des anges, ont répondu : Nous voici. Où est le Roi pour que nous allions l’adorer ?
Et ils sont partis ; ils se sont mis en route et ils ont trouvé l’Enfant entouré de sa Mère et de saint Joseph.
Ne vous semble-t-il pas que cet appel nous a été aussi adressé à chacun d’entre nous ? Cette étoile est venue illuminer nos âmes et nous demander d’aller à Jésus. Et par quel événement cet appel a‑t-il été manifesté et comment s’est-il manifesté à nous et quel a été le résultat de notre réponse ? Eh bien c’est le baptême.
Et précisément, le troisième miracle cité ce jour, c’est le miracle du baptême de Notre Seigneur.
Oui, Notre Seigneur a voulu être baptisé, pour nous communiquer l’Esprit Saint – dont Lui certes n’avait pas besoin – dont Il était rempli. Mais Il a voulu… c’est saint Jean lui-même qui le dit : Nous serons baptisés, Hic est, qui baptizat in Spiritu sancto (Jn 1,33) : dans le baptême de l’Esprit Saint, que Notre Seigneur a reçu.
Et alors, ne pensez-vous pas que lorsque nos parents ont pris la décision, après notre naissance, de nous porter à l’Église, n’était-ce pas la réponse – notre réponse – implicite, inconnu, bien sûr de nous, nous en étions inconscients ; mais cependant dès notre naissance ; l’Étoile nous est apparue, l’appel de Dieu, l’appel des anges, l’appel de l’Église. Et nos parents ont répondu pour nous et sont allés nous conduire : Eamus e inquiramus eum, ont dit nos parents : Allons et cherchons Celui qui a été annoncé par l’Étoile. Et nos parents savaient bien où le trouver, dans l’Église, dans l’Église catholique Jésus est présent. Et ils nous ont conduit pour recevoir le baptême de l’Esprit. Et nous avons été inondés par la Lumière de l’Esprit, par la charité de l’Esprit Saint, par cette communication et cette sanctification que Notre Seigneur Jésus-Christ a données aux eaux du baptême par son propre baptême.
Ainsi nous avons répondu à l’appel de Dieu. Le baptême est nécessaire, indispensable pour recevoir cet Esprit du Seigneur. Si quelqu’un ne reçoit pas le baptême de l’eau et de l’Esprit, dit Notre Seigneur à Nicodème, il ne pourra pas entrer dans le royaume des Cieux.
Quelle phrase terrible et en même temps importante. Si nous ne sommes pas baptisés, du baptême de l’eau et de l’Esprit, c’est-à-dire un baptême valide, un baptême qui remplit vraiment nos âmes de l’Esprit Saint, nous ne pourrons pas entrer dans le royaume des Cieux.
Sans doute, il y a trois baptêmes : le baptême du martyre, baptême du sang, le baptême de désir et le baptême de l’eau. Mais le baptême de désir est en définitive ce baptême de l’eau désiré explicitement, implicitement, par les personnes qui se soumettent à la volonté du Bon Dieu et que le Bon Dieu estime disposées à recevoir cette grâce du baptême, du baptême de désir.
Mais cependant, ce que Jésus a voulu d’une manière normale, d’une manière générale, c’est le baptême de l’eau. Dès le prédication des apôtres, trois mille personnes ont été baptisées. C’est la porte d’entrée, d’entrée dans la famille divine, dans la famille de la très Sainte Trinité. C’est l’entrée, le commencement de notre filiation divine, notre union à Notre Seigneur Jésus-Christ, au Bon Dieu. Et recevant cet Esprit Saint, nous aurons à accomplir notre vocation. Notre vocation qui sera de réaliser l’amour de Dieu et l’amour du prochain, par l’exercice des vertus chrétiennes. Vertus théologales, et vertus morales, naturelles et surnaturelles. Ce sera notre rôle, chacun à notre place.
Mais le Bon Dieu, Notre Seigneur, a voulu donner un caractère particulier à la grâce qu’il entendait nous donner au mariage chrétien. Non pas que Notre Seigneur ait placé le mariage au-dessus du sacerdoce, mais Il a voulu à l’entrée même de sa vie publique. Il a voulu sanctifier le mariage. Et le sanctifier d’une manière tout à fait particulière, par un miracle tout spécial, en transformant l’eau en vin.
Pourquoi cela ? Pourquoi cette transformation de l’eau en vin ? Il est clair que c’est le symbole de la transformation qui s’opère dans le sacrement de l’Eucharistie par le vin qui se transforme dans le Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ, source de l’Esprit Saint, source de la charité.
Notre Seigneur a voulu signifier par là, que l’Eucharistie devait être l’aliment de ceux qui sont unis dans les liens du mariage, mais aussi de tous ceux qui ont une vocation à remplir. Et par le fait même que Notre Seigneur faisait là une allusion évidente au sacrement de l’Eucharistie, Il faisait aussi une allusion au sacerdoce. Pas d’Eucharistie, sans le sacerdoce.
Ainsi, dans ces trois miracles qui sont signifiés aujourd’hui par la liturgie de l’Église, se trouve exprimée d’une manière admirable toute l’œuvre que Notre Seigneur Jésus-Christ a voulu réaliser ici-bas : l’œuvre de sa Rédemption.
Il appelle ; Il appelle par les anges. Il appelle par l’Étoile. Ces anges, cette étoile, ce sont en réalité et en vérité maintenant les prêtres, les religieux, les religieuses et tous les chrétiens.
Nous devons tous être des anges, être des étoiles, pour ceux qui ne sont pas encore unis à Notre Seigneur Jésus-Christ, pour les amener, les amener à quoi ? les amener où ? à Notre Seigneur JésusChrist. Par quel moyen ? Par le baptême, pour les laver dans le Sang de Jésus-Christ et leur donner la grâce, grâce sanctifiante que Notre Seigneur Jésus-Christ a voulu signifier par son baptême, baptême de l’Esprit Saint. L’Esprit Saint était présent sur Notre Seigneur Jésus-Christ par la colombe qui représentait l’Esprit Saint. Cette sanctification, ce feu de la Vérité et de l’amour qui remplit les âmes par le baptême, voilà ce que nous devons désirer pour tous ceux qui n’ont pas le baptême.
Prier, pour qu’ils aient au moins le baptême de désir, afin de pouvoir participer vraiment à l’Esprit Saint et à la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et puis ensuite, réalisant notre vocation là où nous sommes – la vocation que le Bon Dieu nous a donnée – la réaliser particulièrement par le moyen de l’Eucharistie, par le soutien de l’Eucharistie, par l’aliment de l’Eucharistie, par ce Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ qui est comme un vin généreux qui coule dans nos veines et qui nous remplit du désir d’aimer Dieu et d’aimer notre prochain et de tout faire pour contribuer, collaborer à la réalisation de la Rédemption, le grand mystère de la Rédemption.
Ce sont donc là, les pensées de l’Église qui nous sont ainsi suggérées par cette magnifique antienne, au cours des deuxièmes vêpres.
Puissions-nous, mes chers amis, et vous mes bien chers frères, puissions-nous vivre de cette foi, de la foi en Notre Seigneur Jésus-Christ, source de l’Esprit Saint, source de notre filiation divine, source de la purification de nos âmes, de l’éloignement du péché, pour être tout entiers à Dieu et accomplir ainsi notre vocation, chacun à notre place, selon la volonté de Dieu.
Mais hélas, on doit constater aujourd’hui, que précisément, c’est la foi qui disparaît. On ne vit plus en union avec Notre Seigneur ; on ne croit plus même à la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ. La religion de Notre Seigneur Jésus-Christ devient une religion parmi les autres. C’est presque blasphémer que de faire dire une chose pareille. Car il n’y a qu’un Roi ; il n’y a qu’un vrai Roi : le Grand Roi. Signum magni Régis, disent les Mages. L’Étoile est vraiment le signe du Grand Roi et il n’y en a point d’autre.
Alors pour nous, prenons la résolution de vivre notre foi, de la vivre dans nos églises, dans nos chapelles ; de garder à nos chapelles, à nos églises, ce caractère de la foi, si beau, si entraînant, si encourageant. On se demande comment l’on a pu transformer nos temples, nos églises, en des temples protestants. Alors que tout nous aide et nous sanctifie, aide à garder la foi dans nos églises telles que l’Église les avait conçues, dans la tradition.
Gardons la foi aussi, partout où nous sommes. Dans nos cellules, dans notre vie quotidienne, mettons des signes de notre foi : le Crucifix, des images pieuses, des Images saintes qui nous élèvent, qui nous placent dans cette ambiance de la famille des élus, à laquelle nous sommes appelés et non pas des images profanes et quelquefois honteuses, qui détournent nos regards de Dieu, de Notre Seigneur Jésus-Christ. Soyons dignes de la Sainte Église catholique, de la Tradition et gardons la foi, afin de participer un jour à la gloire du Bon Dieu.
Les Rois Mages ont trouvé, avec Jésus la Vierge Marie et saint Joseph. Aimons à vivre dans la compagnie de Jésus et de Marie et de Joseph. Ce sera pour nous un moyen de garder la foi. Car rien qu’à penser à ce que Marie et Joseph pouvaient dans leur cœur, exprimer devant l’Enfant-Jésus, devant l’Enfant-Jésus adoré par les bergers et par les Mages, quelle joie pour eux, la révélation du mystère de cet Enfant qui est devant eux : l’Enfant-Dieu.
Pour nous aussi, demandons à la Vierge Marie et demandons à saint Joseph qu’ils nous communiquent leur foi.
Que nous ayons toute notre vie, la foi qu’eux-mêmes ont eue jusqu’à leur dernier soupir, afin de pouvoir partager un jour, leur joie dans le Ciel.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.