La rencontre de deux âges

La Présentation au Temple par Fra Angelico (1395–1455), détail de fresque, domaine public /Wikimedia Commons

Celle de l’Enfant Jésus, âgé de 40 jours, avec le vieillard Siméon pré­sent au Temple de Jérusalem, est sans doute la seule ren­contre qui, dans l’Évangile, réunisse deux âges aus­si extrêmes.

La litur­gie du 2 février, qui com­mé­more cet évè­ne­ment, le médite ain­si : « Le vieillard por­tait l’Enfant, mais l’Enfant condui­sait le vieillard ». Le vieillard concentre et résume en lui seul la Loi et les Prophètes : il est un homme juste, fidèle aux com­man­de­ments de Dieu ; il vit dans l’attente du Sauveur d’Israël et sous l’inspiration de l’Esprit annonce le Sauveur pro­mis. Quand Siméon porte l’Enfant en ses bras, il accueille le Messie, tant atten­du et espé­ré, des mil­liers d’années durant, par tout un peuple. Et si l’Enfant, de son côté, conduit le vieillard, c’est par la Vie de Dieu, telle une source jaillis­sante, que l’Enfant Jésus apporte avec lui.

La Présentation au Temple par Fra Angelico (1395–1455), fresque, domaine public /​Wikimedia Commons.

S’il y a sur­tout dans cette ren­contre au Temple de Jérusalem, le pas­sage de l’Ancienne Alliance à la Nouvelle, il y a aus­si le pas­sage d’une géné­ra­tion à l’autre. L’ancien accueille le nouveau-​né et le porte, dans ses bras comme dans son cœur, en vue de l’avenir ; l’enfant, par la fraî­cheur et l’espoir d’une nou­velle vie qu’il porte en lui, redonne une deuxième jeu­nesse à ses aînés.

Comment ne pas voir en cette ren­contre d’un jour, l’application d’une belle et sage maxime – « Vénérer les anciens ; aimer les jeunes » – tirée de La Règle de saint Benoît, invi­tant à fixer les rap­ports des plus jeunes et des plus anciens au sein de la com­mu­nau­té des moines. En deux mots choi­sis sont défi­nies les atti­tudes des uns vis-​à-​vis des autres.

Il y a dans la véné­ra­tion « un mélange d’a­mour, d’ad­mi­ra­tion, de res­pect, plein de consi­dé­ra­tion pour celui qui est par­ve­nu à la matu­ri­té à tra­vers une longue expé­rience de vie. Et comme les jeunes sont encore au début du che­min d’ex­pé­rience que les anciens ont déjà par­cou­ru, ces der­niers doivent les aider en les accom­pa­gnant d’un amour plein de com­pré­hen­sion, en appré­ciant même leurs plus petits efforts, en leur fai­sant confiance. En les choi­sis­sant avec sym­pa­thie dans leur propre cœur, en vue des plus belles espé­rances à réa­li­ser dans l’a­ve­nir » (Anna Maria Cànopi, Lecture de la Règle). À méditer…

Source : Apostol n°192 – jan­vier 2025