30, 60 ou 100 !

Représentation de la parabole du semeur (Evangile de la Séxagésime). Avec l'inscription suivante : « Tout le genre humain est appelé par Dieu mais seul seront sauvés les élus qui persévèrent dans la foi chrétienne »

Extraordinaire fécon­di­té !

Jésus nous invite à faire fruc­ti­fier la parole divine selon la mesure don­née à chacun.

« D’autres grains sont tom­bés dans la bonne terre, et ils ont don­né du fruit à rai­son de cent, ou soixante, ou trente pour un. »

Mt 9,13

La para­bole du semeur, que la litur­gie pro­pose avant le temps de Carême, évoque dif­fé­rents cas où les grains tombent sans pro­duire du fruit. Mais quand les grains tombent en bonne terre, la para­bole évoque encore une triple fécon­di­té pos­sible : 30, 60 ou 100 pour un !

Ce sont des chiffres qui dépassent de loin la nor­male.
Un ren­de­ment de 10 était consi­dé­ré comme une belle récolte. Par ces chiffres hyper­bo­liques, Jésus mani­feste l’extraordinaire fécon­di­té que peut avoir la parole divine enten­due, accueillie de bon cœur et géné­reu­se­ment mise en pratique.

Les Pères de l’Église ont essayé de décou­vrir quels étaient ces trois degrés de fécon­di­té. Parfois ils font cor­res­pondre tel ren­de­ment à telle classe d’hommes : aux gens mariés, le 30 pour un ; aux vierges et aux moines, le 60 pour un ; aux mar­tyrs, le 100 pour un. Saint Jérôme pro­pose aus­si d’y voir les ren­de­ments à diverses époques du salut : sous la Loi, 30 pour un ; au temps des pro­phètes, 60 pour un ; à l’ère actuelle de l’Évangile, 100 pour un.

D’autres fois, ils font cor­res­pondre tel ou tel ren­de­ment aux mérites per­son­nels. Produire du fruit 30, 60 ou 100 pour un, c’est sau­ver par la sain­te­té de sa vie, 30, 60 ou 100 âmes de la dam­na­tion éter­nelle ! Quant à saint Augustin, il inter­prète ain­si : quand on a besoin de lut­ter contre l’a­mour des biens tem­po­rels pour lui dis­pu­ter la vic­toire, on donne un ren­de­ment de 30 ; quand on tient cet amour des biens ter­restres, domp­té et sou­mis, de sorte qu’on réprime avec faci­li­té ses moindres mou­ve­ments, lors­qu’il veut se sou­le­ver, on donne un ren­de­ment de 60 ; quand, enfin, cet amour des réa­li­tés de la terre est entiè­re­ment domi­né, de manière qu’il n’excite plus la moindre émo­tion dans notre âme, on a atteint le ren­de­ment maxi­mal de 100 pour un.

Quoi qu’il en soit, Jésus nous invite à faire fruc­ti­fier la parole divine selon la mesure don­née à chacun.

Source : Apostol n° 171