L’autel de la messe

Autel de l'église d'Avenas (69), XIIe siècle.

Qu’est-​ce que l’au­tel dans la litur­gie et quelles sont ses origines ?

La messe catho­lique, sacri­fice du Nouveau Testament, est célé­brée sur un autel. Cet autel com­porte à tout le moins en son centre une pierre consa­crée par l’évêque et incrus­tée de reliques de saints mar­tyrs. Sans cette pierre, qui s’appelle « autel por­ta­tif », il est inter­dit de célé­brer une messe. La plu­part des églises sont elles-​mêmes consa­crées, sur­tout si elles sont cathé­drales ou parois­siales. Dans ce cas l’autel tout entier est consa­cré, pour­vu qu’il soit en pierre.

L’origine de l’autel vient d’abord de l’Ancien Testament, quand Adam, Abel ou Noé éri­geaient pour Dieu des autels en pierre et offraient des sacri­fices très agréables à Dieu, car ils annon­çaient la réa­li­té que nous pos­sé­dons : la messe. L’autre ori­gine nous vient des pre­mières messes célé­brées dans les cata­combes sous la per­sé­cu­tion romaine : les prêtres célé­braient les mys­tères dans des sou­ter­rains (cryptes) sur la pierre tom­bale où repo­sait le corps d’un mar­tyr dans le ren­fon­ce­ment d’une niche (abside). C’est ain­si que le lien était mani­fes­té entre l’immolation du Christ et celle de l’Église, entre le sacri­fice de la Tête et celui des membres.

Après la per­sé­cu­tion, les églises ont été construites en pré­ser­vant ces élé­ments : autel, pierre, mar­tyrs. On a tout de suite ajou­té une conve­nance sym­bo­lique : l’orientation. Le prêtre célèbre la messe face à l’Orient. Le soleil qui se lève à l’Est, en effet, sym­bo­lise magni­fi­que­ment le Christ venant dis­si­per les ténèbres. La messe est donc offerte à Dieu, à la louange du Christ, vers qui le prêtre et les fidèles sont tour­nés. D’ailleurs, aus­si bien à la mai­son que dans les églises, les pre­miers chré­tiens priaient tou­jours vers la Croix pla­cée à l’Orient, en sou­ve­nir du Christ dont la croix fut éri­gée vers l’Ouest, devant le mur ouest de Jérusalem. Lorsque, au début de la messe, le prêtre monte à l’autel et avant qu’il ne l’encense, il s’incline et baise la pierre en disant deux prières, l’une et l’autre pour deman­der la puri­fi­ca­tion et l’effacement de ses péchés. Il invoque les mar­tyrs dont les mérites sont puis­sants pour obte­nir le par­don. Il baise leurs reliques pré­sentes pour les saluer, mais aus­si pour saluer le Christ repré­sen­té par l’autel lui-​même. L’autel est habillé de trois nappes de lin, pour rap­pe­ler le corps du Christ ense­ve­li. C’est ain­si que l’autel de la messe s’identifie au Christ immo­lé, ense­ve­li et glo­ri­fié. « Introïbo ad altare Dei » : Je mon­te­rai à l’autel de Dieu.

Source : Apostol n° 161