L’Eglise, maîtresse de la foi et de la liturgie

La litur­gie n’est pas une ques­tion de goût per­son­nel, nos rai­sons d’aimer la messe de tou­jours sont émi­nem­ment plus profondes.

Il existe une rela­tion néces­saire entre le culte et la foi. La litur­gie tra­duit le dogme en for­mules, en gestes. Saint Augustin affirme que la litur­gie est l’expression publique de notre foi. Les fêtes litur­giques sont en quelque sorte un Credo réci­té en une année : la Nativité, la Passion, la sainte Trinité, l’Eucharistie… C’est par la litur­gie que nous nous éle­vons jusqu’à Dieu et que nous pro­fes­sons la foi catho­lique. La manière dont nous prions en dit long sur notre foi. Le car­di­nal Journet disait : « La litur­gie et la caté­chèse sont les deux mâchoires de la tenaille avec laquelle on arrache la foi ».

Il ne suf­fit pas de pro­fes­ser sa foi de manière pri­vée. Pour reprendre les mots du Pape Pie XII : « La litur­gie est le culte public que notre Rédempteur rend au Père comme chef de l’Église ; c’est aus­si le culte ren­du par la socié­té des fidèles à son fon­da­teur et, par Lui, au Père Éternel : c’est, en un mot, le culte inté­gral du Corps mys­tique de Jésus-​Christ, c’est-à-dire du Chef et de ses membres. [1]» La litur­gie consti­tue une fonc­tion vitale de toute l’Église et non seule­ment d’un groupe ou d’un mou­ve­ment déter­mi­né. L’Église rend comme socié­té le culte qu’elle doit à Dieu. En effet, l’homme n’est pas un élec­tron libre, les mou­ve­ments exis­tant au sein des paroisses ne sont pas non plus indé­pen­dants. Nous appar­te­nons à l’Église et nous devons par consé­quent prier et pro­fes­ser notre foi en tant que membre de cette socié­té qu’est l’Église.

Par consé­quent, les règles litur­giques ne peuvent dépendre que de l’autorité de l’Église. C’est elle qui est gar­dienne de la foi. L’Église reçoit alors la charge de veiller sur la sain­te­té du culte divin. Les céré­mo­nies, les rites, les textes, les chants sont sou­mis à l’autorité du Saint Siège. C’est ain­si que les papes ont tou­jours sur­veillé de près les dif­fé­rents rites, pro­hi­bant les uns et per­met­tant les autres. Parmi les dif­fé­rents dicas­tères de la curie romaine, il en existe un spé­cia­le­ment qui régit la litur­gie depuis 1588 : la Sacrée Congrégation des Rites. Elle est impli­quée dans la publi­ca­tion des livres litur­giques et le sou­ci d’unité litur­gique. D’où sa vigi­lance atten­tive qui pré­vient les abus et les dérives. Que nos lec­teurs se ras­surent, une réforme n’est légi­time que dans la mesure où elle conduit au bien com­mun. Le pape ne peut pas faire ce qu’il veut avec la liturgie.

En outre, le prêtre qui célèbre la messe agit au nom de l’Église. C’est ain­si que l’homme s’anéantit devant les exi­gences litur­giques pour ne lais­ser appa­raître que le ministre de l’Église et effa­cer toutes ses par­ti­cu­la­ri­tés sin­gu­lières et per­son­nelles. Parce que les actions litur­giques ne sont pas des actions pri­vées, leur dis­ci­pline dépend uni­que­ment de l’au­to­ri­té hié­rar­chique de l’Église. C’est pour­quoi il n’est per­mis à per­sonne, même au prêtre, ni à un groupe quel­conque, d’y ajou­ter, enle­ver ou chan­ger quoi que ce soit de son propre chef. Vous l’avez com­pris, la litur­gie n’est pas une ques­tion de goût per­son­nel. On ne pré­fère pas la messe tra­di­tion­nelle uni­que­ment par sou­ci d’esthétisme ou parce qu’elle est plus émou­vante que la nou­velle litur­gie issue du concile Vatican II. II n’y a donc pas de liber­té à récla­mer en matière de liturgie.

Quant à nous, nos rai­sons d’aimer la messe de tou­jours sont émi­nem­ment plus pro­fondes. Certes, l’esthétique est un aspect impor­tant qui peut nous émou­voir mais ce qui est essen­tiel, c’est la foi que trans­met la litur­gie. Nous défen­dons la messe tra­di­tion­nelle non parce qu’elle est plus ancienne mais parce qu’elle tra­duit la foi intègre. C’est en fré­quen­tant la litur­gie que notre foi connaî­tra un nou­vel élan. Chassons l’habitude rou­ti­nière d’aller à la messe mais participons‑y avec fer­veur en sui­vant avec curio­si­té les cérémonies.

Source : L’Aigle de Lyon n° 377

Notes de bas de page

  1. Pie XII, Mediator Dei[]