Importance de l’assistance à la Messe

Messe au jardin public de Bordeaux.

Les saints ont plei­ne­ment vécu de cette véri­té catho­lique pour y pui­ser l’aide de Dieu et nous le rendre propice.

La pre­mière « crise sani­taire » que nous avons tra­ver­sée a per­mis à plu­sieurs de se rendre compte com­bien nous avions besoin de la Messe pour nous sanc­ti­fier. Maintenant que nous pou­vons y assis­ter à nou­veau sans beau­coup de contrainte, peut-​être que cette évi­dence s’est un peu estom­pée dans notre esprit. Nous ne nous ren­dons mal­heu­reu­se­ment bien sou­vent compte de l’im­por­tance de quelque chose qu’une fois que nous l’a­vons per­due. Nous ne savons pas ce que l’a­ve­nir nous réserve ou plu­tôt ce que le Bon Dieu va per­mettre comme épreuve pour nous unir à la Passion que subit l’Église actuel­le­ment. En tout cas, ayons soin de res­ter atta­chés à la dévo­tion au Saint Sacrifice de la Messe.
En effet, de tout temps, l’Église a encou­ra­gé les fidèles à assis­ter à la Messe en dehors des dimanches et des fêtes d’o­bli­ga­tion.
Cette insis­tance de l’Église vient d’une évi­dence théo­lo­gique : c’est par sa mort sur la Croix que Notre Seigneur nous a récon­ci­lié avec son Père et nous a méri­té toute grâce. Or qu’est-​ce que la Messe sinon le Sacrifice de la Croix, renou­ve­lé et ren­du pré­sent à nou­veau, chaque jour ?

Le caté­chisme du Concile de Trente enseigne que « Notre-​Seigneur Jésus-​Christ a ins­ti­tué l’Eucharistie pour deux rai­sons : la pre­mière, afin qu’elle ser­vit à notre âme de nour­ri­ture spi­ri­tuelle pour sou­te­nir et conser­ver en elle la vie de la grâce ; la seconde, afin que l’Église pos­sé­dât un Sacrifice per­pé­tuel, capable d’ex­pier nos péchés, et au moyen duquel notre Père céleste, trop sou­vent offen­sé d’une manière grave pour nos ini­qui­tés, pût être rame­né de la colère à la misé­ri­corde et des justes rigueurs du châ­ti­ment à la clé­mence. »
« Si donc nous immo­lons et si nous offrons cette vic­time très sainte avec un cœur pur, une Foi vive et une dou­leur pro­fonde de nos péchés, conti­nue ce caté­chisme, nous obtien­drons infailli­ble­ment misé­ri­corde de la part du Seigneur, et le secours de sa Grâce dans tous nos besoins. Le par­fum qui s’ex­hale de ce Sacrifice lui est si agréable qu’il nous accorde les dons de la grâce et du repen­tir, et qu’il par­donne nos péchés. Aussi l’Église dit-​elle dans une de ses Prières solen­nelles : « Chaque fois que nous renou­ve­lons la célé­bra­tion de ce sacri­fice, nous opé­rons l’œuvre de notre salut. » Car tous les mérites si abon­dants de la Victime san­glante se répandent sur nous par ce Sacrifice non sanglant. »

Le 3 sep­tembre 1988, Mgr Lefebvre sug­gé­rait à juste titre aux membres du Tiers-​Ordre de saint Pie X que cette assis­tance à la Messe était deve­nue plus néces­saire que jamais de nos jours en rai­son de la lutte menée contre la vraie Messe : « On a détour­né la Messe de sa fin, sa fin qui est avant tout pro­pi­tia­toire, qui est avant tout d’ef­fa­cer nos péchés. Sans doute le pre­mier but de la sainte Messe, c’est de rendre gloire au Bon Dieu et de Le remer­cier de tous ses bien­faits. Mais le saint Sacrifice de la Messe n’au­rait pas eu lieu, s’il n’y avait pas eu le Sacrifice du Calvaire. Et le Sacrifice du Calvaire n’au­rait pas eu lieu, sans doute, s’il n’y avait pas eu la néces­si­té de répa­rer nos péchés. Aussi devons-​nous venir à la Messe avec un esprit de contri­tion et de répa­ra­tion de nos péchés. Cet esprit est un esprit répa­ra­teur et un esprit qui nous donne en même temps le cou­rage de sup­por­ter les épreuves de la vie quo­ti­dienne et d’of­frir tout en union avec les souf­frances que Notre Seigneur a subies sur la Croix, union à la Croix de Jésus. Voilà, l’ob­jet par­ti­cu­lier de cette pié­té que saint Pie X nous demande. »

Le Père Calmel de son côté, rap­pe­lait l’im­por­tance de la Messe et de l’as­sis­tance à la Messe dans les moments dif­fi­ciles, en par­ti­cu­lier quand il y va de la liber­té de l’âme de pou­voir pen­ser, agir, vivre en catho­lique : « Tout chré­tien sait, en effet, même si sa for­ma­tion reli­gieuse est rudi­men­taire, la supé­rio­ri­té incom­pa­rable de la Messe sur la prière pri­vée ou publique. Non que la Messe dis­pense de la prière pri­vée ou publique, puis­qu’au contraire elle ne se célèbre que tout envi­ron­née de prière. Seulement la Messe est d’un autre ordre. C’est le Sacrifice même du Seigneur ; le sacri­fice unique, indé­pas­sable, à jamais effi­cace de la Croix du Seigneur qui est ren­du pré­sent, qui touche le monde par le rite sacra­men­tel. La Messe est le som­met de la prière pri­vée et publique ; elle dépasse extra­or­di­nai­re­ment cette prière ; elle l’at­tire dans le sacri­fice du Christ ; elle lui per­met de deve­nir plei­ne­ment digne du Père des Cieux en la fai­sant deve­nir plei­ne­ment chrétienne. »

Les saints ont plei­ne­ment vécu de cette véri­té catho­lique sur l’im­por­tance de l’as­sis­tance à la Messe pour y pui­ser l’aide de Dieu et nous le rendre pro­pice. Prenons l’exemple de sainte Jeanne d’Arc, elle qui fut pri­vée de la Messe pen­dant son incar­cé­ra­tion à Rouen et qui, par bien des côtés, pré­fi­gurent la situa­tion actuelle du fidèle, pri­vé, à des degrés divers, de la vraie Messe, par les auto­ri­tés civiles et reli­gieuses.
Quand elle était toute jeune à Domrémy, « elle allait volon­tiers et sou­vent à l’é­glise » témoi­gne­ront ceux qui l’ont connu à cette époque. « Quand elle enten­dait son­ner la Messe, si elle était aux champs elle s’en venait à la ville et à l’é­glise pour entendre la Messe ».
Un prêtre témoi­gne­ra aus­si lors du pro­cès de réha­bi­li­ta­tion de la sainte : « si Jeanne avait eu de l’argent à elle, elle l’au­rait don­né à son curé pour faire dire des Messes. Ce curé disait que chaque jour quand il célé­brait, elle était à la Messe. » Ces habi­tudes reli­gieuses, Jeanne d’Arc les entre­tint si bien pen­dant son ado­les­cence, qu’elle y demeu­ra fidèle toute sa vie et les por­ta jus­qu’au milieu des camps mili­taires. Son cha­pe­lain, frère Pasquerel, lui disait autant que pos­sible la Messe tous les jours à laquelle elle assis­tait pieu­se­ment.
Ensuite, pen­dant sa cap­ti­vi­té à Rouen, l’une des pri­va­tions dont la Pucelle souf­frit le plus, fut d’être pri­vée de la Messe. Ne pou­vant ame­ner ses juges à lui per­mettre d’en­tendre la Messe et com­mu­nier, la cap­tive obtint quelque temps, du prêtre qui la condui­sait de la pri­son à l’au­dience, un dédom­ma­ge­ment ines­pé­ré. Moins impi­toyable que le tri­bu­nal, Jean Massieu per­mit à Jeanne de s’ar­rê­ter dans la cha­pelle du châ­teau et d’y ado­rer, au pied du taber­nacle, le Sauveur qu’elle ne pou­vait rece­voir sacra­men­tel­le­ment. Un jour, cepen­dant, la porte de la cha­pelle ne s’ou­vrit pas : le pro­mo­teur d’Estivet avait remar­qué la condes­cen­dance de Massieu et la lui avait bru­ta­le­ment reprochée. »

Prenons donc exemple sur la pié­té eucha­ris­tique de sainte Jeanne d’Arc. Allons pui­ser au pied de l’Autel du Saint-​Sacrifice, au moment où Celui-​ci est célé­bré, les grâces néces­saires pour notre sanctification.

« Sommes-​nous dans l’af­flic­tion ? dit saint Jean Chrysostome, nous trou­vons à la sainte Messe, toutes sortes de conso­la­tions. Sommes-​nous acca­blés de ten­ta­tions ? allons entendre la sainte Messe et nous y trou­ve­rons la manière de vaincre le démon. »

Source : La Trompette de Saint-​Vincent n°26