Mères de prêtres

Madame Sarto

Si l’on avait deman­dé à Marguerite Sanson, petite cou­tu­rière de Riese en Italie, épouse du pauvre pay­san Jean-​Baptiste Sarto, ce qu’elle vou­lait faire de son petit Joseph, et si elle avait répon­du, comme la mère du Cardinal Pie : « un pape », elle aurait annon­cé l’avenir.

Veuve avec huit enfants, Marguerite éle­va sa famille en chré­tienne vaillante. Ce n’est pas une vaine for­mule, mais la réa­li­té même, qu’exprima Joseph, deve­nu le car­di­nal Sarto, en atten­dant d’être le pape saint Pie X, quand il fit impri­mer ces lignes, sur l’image mor­tuaire de sa maman : Le car­di­nal Joseph Sarto, avec son frère et ses sœurs, implore la cha­ri­té d’un suf­frage pour l’âme très regret­tée de sa bien-​aimée mère, Marguerite Sanson, qui, nour­rie d’une vraie pié­té, le 2 février 1894, consom­ma par la mort du juste une vie de tra­vail et de sacrifice.

Marguerite Sarto, mère de Saint Pie X

Madame de Ségur

La mère de Mgr de Ségur est cette com­tesse de Ségur, née Sophie Rostopchine, qui écri­vit, pour la biblio­thèque Rose, tant de livres bien connus. 

Elle accueillit d’abord avec peine, le des­tin que mani­fes­ta l’aîné de ses enfants, Gaston, de se diri­ger vers le sacerdoce.

Mais, raconte Mgr de Ségur dans le volume tou­chant inti­tu­lé : Ma mère, sou­ve­nir de sa vie et de sa sainte mort (1875), l’expérience se char­gea de lui mon­trer que ma sainte et belle voca­tion venait de Dieu, et qu’elle m’apportait, non pas du bon­heur, mais le bon­heur. Que de fois elle m’a dit depuis, en se moquant d’elle-même : « Je me déso­lais de ce qui devait me réjouir, et je ver­sais des larmes amères sur ce qui devait faire ma conso­la­tion, le bon­heur et la joie de ma vieillesse ! »

Madame de Ségur, mère de Mgr de Ségur

Madame Bouffier

Combien d’autres exemples il y aurait à citer ! 

C’est par exemple, celle de deux jésuites, les pères Gabriel et Ernest Bouffier. Ernest, le plus jeune, mou­rut en 1860. Gabriel eut la dou­lou­reuse mis­sion de por­ter la nou­velle à la mère, âgée de 78 ans. Elle dit : « J’étais prête à ce sacri­fice. Quand vous nous avez écrit, il y a cinq semaines, que l’état du père Ernest ne s’améliorait pas, j’ai prié, comme je le fai­sais tou­jours. Je me suis trou­vée dans une cha­pelle ornée de fleurs. C’étaient des fleurs rares et pré­cieuses que l’on ne voit pas dans nos jar­dins. Étonnée de toutes ces belles choses, et sur­tout de ces belles fleurs que je n’avais jamais vues, je m’écriai : « Oh ! les belles fleurs ! Où a‑t-​on pu trou­ver d’aussi belles fleurs ? » Alors j’entendis comme un bruit léger der­rière l’autel. Et une voix qui me dit : “Elles ont été cueillies dans ton jar­din”. Je com­pris alors que Dieu me deman­dait le sacri­fice de mon fils, et que le père Ernest était mûr pour le Ciel. » 

On admire à bon droit, Cornélie, la mère des Gracques, mon­trant ses enfants à des dames romaines qui deman­daient à voir ses bijoux et leur disant : « Voilà mes joyaux ! ». 

Aux joyaux de Cornélie, on pré­fè­re­ra encore la fleur sacer­do­tale épa­nouie dans le jar­din maternel.

Notre-​Dame du sacerdoce

Source : Le Phare Breton n°8