La puissance du Rosaire : l’Autriche sauvée des Soviétiques

Le 21 novembre 2020, le Supérieur géné­ral de la Fraternité Saint-​Pie X a lan­cé une croi­sade du Rosaire pour obte­nir que la messe puisse être célé­brée de nou­veau avec une totale liber­té, et pour obte­nir de nom­breuses voca­tions. Peut-​être estimera-​t-​on que le cha­pe­let est une arme déri­soire pour atteindre ces objec­tifs. La Très Sainte Vierge Marie nous a pour­tant lais­sé dans l’histoire récente un signe cer­tain de sa puis­sance dans la Croisade du Rosaire qui déli­vra l’Autriche du com­mu­nisme au sor­tir de la Seconde Guerre mondiale. 

Au soir de la défaite du 3e Reich, l’Autriche est divi­sée par les vain­queurs en zones occu­pées. Les Russes reçoivent en par­tage Vienne et ses envi­rons, ils tiennent ain­si en mains les régions les plus riches du pays et pos­sèdent la clef de l’Europe, car qui tient Vienne tient l’Europe. Aux élec­tions de novembre 1945, les com­mu­nistes n’arrivent cepen­dant pas à rem­por­ter la vic­toire mais, à les entendre, ce n’est que par­tie remise : « Nous ne sommes qu’au début de la guerre en Autriche, et cette guerre nous la gagne­rons » (dans le jour­nal La voix du peuple). On ne sau­rait être plus clair, sur­tout lorsqu’on se sait appuyé par de nom­breuses troupes d’occupation !

Cependant l’année sui­vante, reve­nant de cap­ti­vi­té, le Père Petrus Pavlicek, fran­cis­cain, se rend à Mariatzel, le sanc­tuaire marial de l’Autriche. Il y prie pour libé­rer son pays du joug com­mu­niste qui tente de l’étouffer lorsqu’il entend une voix inté­rieure lui dire : « Faites ce que je vous dis, priez le Rosaire et il y aura la paix ».

Au bout d’un an de réflexion, le Père se décide et lance une « Croisade du Rosaire pour la répa­ra­tion des offenses faites à Dieu, la conver­sion des pécheurs et la paix du monde », spé­cia­le­ment en Autriche.

1948 : 10 000 per­sonnes sont ins­crites et non des moindres puisque l’on compte par­mi elles le chan­ce­lier autri­chien Leopold Figl. Le nombre de croi­sés pro­gresse toujours.

1949 : Élections géné­rales ; la prière du Rosaire s’intensifie, le couvent des fran­cis­cains est visi­té en quelques semaines par 50 000 per­sonnes. Les com­mu­nistes n’obtiennent que cinq sièges mais la ten­sion monte et tous savent que, déçus par leur résul­tat déri­soire, les com­mu­nistes veulent arri­ver à leur fin en s’appuyant sur la force armée et enle­ver par un coup d’état le pouvoir.

Le Père Petrus reprend alors l’offensive mariale et orga­nise une prière publique offi­cielle devant prendre fin le 12 sep­tembre, jour de la fête du Saint Nom de Marie où Vienne com­mé­more avec faste sa libé­ra­tion de l’étau turc en 1683. L’archevêque craint une décon­ve­nue, mais le chan­ce­lier fait au prêtre cette magni­fique réponse : « Père Petrus, si nous ne sommes que deux, je viens : pour la patrie, cela vaut la peine. » 35 000 per­sonnes seront pré­sentes le soir der­rière le chan­ce­lier cha­pe­let et cierge en mains !

La réplique est ful­gu­rante : les com­mu­nistes dès la fin du mois lancent une grève géné­rale et tentent un putsch. Mais les syn­di­cats anti­com­mu­nistes réagissent et ces ten­ta­tives échouent. À cette époque la croi­sade du Rosaire compte 200 000 membres.

Une défaite ne peut abattre la puis­sance com­mu­niste, le ministre russe des affaires étran­gères, le célèbre Molotov, l’indiqua clai­re­ment au chan­ce­lier autri­chien lors d’une ren­contre : « N’ayez aucune espé­rance. Ce que nous, Russes, pos­sé­dons une fois, nous ne le lâchons plus ».

Et le Père Petrus reprend son bâton de pèle­rin. En avril 1955, la croi­sade compte 500 000 membres. Le 13 mai le chan­ce­lier Figl convo­qué à Moscou com­prend que cette fois-​ci les Russes sont réso­lus à agir et à le faire avec promp­ti­tude. Il note à la sor­tie de l’entrevue : « Aujourd’hui, jour de Fatima, les Russes se sont encore dur­cis. Prions la Mère de Dieu pour qu’elle aide le peuple autrichien ».

Le sort en est jeté. La force appar­tient aux Russes … Et pour­tant dix jours plus tard Moscou accorde son indé­pen­dance à l’Autriche, sans rai­son appa­rente. Le der­nier sol­dat russe quit­te­ra en octobre sui­vant la terre autri­chienne. Notre Dame du Rosaire a vain­cu, ain­si que le recon­naissent les auto­ri­tés lors de la fête d’action de grâces orga­ni­sée sur la Place des Héros à Vienne.

La Très Sainte Vierge Marie l’a ensei­gné à Fatima, sœur Lucie nous a aver­tis : « Il n’existe aucun pro­blème, si dif­fi­cile soit-​il, qu’il soit tem­po­rel ou spi­ri­tuel, per­son­nel ou fami­lial, natio­nal ou inter­na­tio­nal que nous ne puis­sions résoudre par la prière du Rosaire ».

Aujourd’hui où ce n’est pas seule­ment un sol qui est enva­hi, mais l’Église qui subit la dure loi d’envahisseurs. À l’heure où la bataille est enga­gée pour que toutes les âmes ne tombent pas en une ser­vi­tude ter­rible, et alors que l’adversaire antique semble rem­por­ter la vic­toire, il nous revient de nous croi­ser pour répondre à la demande de Notre Dame à Fatima.

Humainement tout est per­du. Aussi l’heure de Dieu peut-​elle son­ner, enfin ; mais elle ne reten­ti­ra que lorsque ses enfants répon­dront avec foi à ses dési­rs et se tour­ne­ront, cha­pe­let en mains, vers la Reine des Armées redou­table pour ses enne­mis. Faudrait-​il que cette heure tarde en rai­son de notre négli­gence ? Il ne se peut. Il nous revient la joie et l’honneur de triom­pher par le Rosaire dont nous serons les croi­sés et les apôtres.

L’espérance est fille du Rosaire. La vic­toire aus­si. Notre-​Dame, régnez par votre Rosaire sur nos intel­li­gences et nos cœurs pour que, met­tant en Vous seule notre espé­rance, nous puis­sions chan­ter sous peu l’hymne d’action de grâces.

(D’après un article de l’Abbé Y. Le Roux).