Comment fixer notre attention en récitant le Chapelet ?
Bien souvent, c’est un peu découragés que nous récitons notre chapelet, parce que nous ne parvenons pas à en méditer les mystères, ou parce que notre pensée, notre imagination, nos regards volettent comme des papillons jusqu’au signe de croix final et « libérateur » ; nous nous tendons en tentant de fixer notre attention aux mots du Je vous salue, Marie, ou à telle intention de prière : c’est dommage, même si ce n’est pas totalement inutile, évidemment.
Nous nous privons finalement de l’essentiel : l’éducation de notre âme par notre Bonne Mère du Ciel, secours des chrétiens et cause de notre joie.
Pour bien réciter son chapelet, il est bon de se rappeler certaines fresques de Fra Angelico où figurent, à côté de Notre Dame, des saints d’une autre époque que la sienne. Ce n’est pas si anachronique que cela. En effet, la contemplation des mystères du rosaire se poursuit à travers les siècles, y compris le vingt-et-unième, et ils sont toujours d’une grande actualité pour le bien des âmes.
« Dire le Rosaire, affirme le P. Calmel, c’est avant tout passer du temps avec la Vierge, Mère de Dieu, en nous souvenant de son union aux mystères du Christ ; lui présentant notre requête afin qu’elle-même la présente à Jésus, nous remettant pour toutes choses à sa prière, qui ne peut être que parfaitement agréable au Cœur de son Fils. (…) Les pensées que nous pouvons former pendant la récitation du Rosaire ou du chapelet, les intentions que nous pouvons exprimer, tout cela est précieux. Mais ce qui a plus de prix encore, ce qui permet à Marie de faire notre éducation spirituelle, ce qui lui facilite, si on peut dire, sa tâche d’intercession c’est, avant tout, la disposition première où nous devons être de passer du temps auprès d’elle ».
Ainsi, lors de la dizaine du troisième mystère joyeux, par exemple, nous nous plaçons en esprit dans la crèche, et, tout en égrenant les Je vous salue, Marie, nous nourrissons notre âme du mystère de la naissance de Jésus, sous la conduite de sa Mère qui fait passer dans notre cœur l’esprit de pauvreté. Cela est si simple, puisque c’est la Sainte Vierge qui fait tout, doucement, maternellement, spirituellement. Il nous suffit de la laisser faire.
Les mystères du rosaire deviennent comme des « berlingots » spirituels qui tournent dans notre cœur.
La récitation du chapelet, cœur à cœur avec Notre Dame, loin d’être alors gâtée par mille distractions, devient une merveilleuse… distraction au sein de nos activités, un rendez-vous reposant, fructueux, pacifiant. Comme les pèlerins d’Emmaüs avec Jésus, notre cœur devient brûlant avec Marie, car Elle nous rend la vertu aimable, désirable, facile et les mystères de notre religion plus accessibles.
« Ce n’est pas en collant servilement à ce qui se passe, mais en s’élevant vers ce qui demeure qu’on répond le plus profondément aux besoins de l’homme moderne qui, sous les oripeaux éphémères de l’actualité, ressent les besoins de l’homme éternel (…) Tout ce qui n’est pas de l’éternité retrouvée est du temps perdu » (Gustave Thibon).
Passer du temps avec son chapelet, auprès de Marie, n’est jamais du temps perdu.