Le saint Nom de Marie

Adoration des Mages, cathédrale de Strasbourg (XIVe siècle). Crédits photo : Fred de Noyelle / Godong.

Représentons-​nous l’arrivée de l’archange Gabriel chez la Sainte Vierge le jour de l’Annonciation. Avec quel res­pect et révé­rence prononça-​t-​il le saint Nom de Marie : « Ne crai­gnez pas, Marie, vous avez trou­vé grâce devant Dieu[1] ».

D’après saint Bernard[2], le Nom de Marie signi­fie : Étoile de la mer. De fait, cette expres­sion s’applique par­fai­te­ment à Notre Dame :

  • De même que l’étoile émet ses rayons sans se cor­rompre, ain­si Marie, sans perdre sa vir­gi­ni­té, a mis au monde le Fils de Dieu.
  • Les étoiles paraissent toutes petites dans le ciel ; en réa­li­té, elles sont sou­vent immenses, dépas­sant lar­ge­ment la taille de la terre. Ainsi, la Sainte Vierge semble insi­gni­fiante, cachée à Nazareth et pour­tant sa sain­te­té, son amour de Dieu dépassent ceux des plus grands anges et de tous les saints.
  • Comme une étoile qui indique la route à suivre sur la mer téné­breuse et agi­tée du monde, ain­si Marie est l’Étoile qui nous conduit au bon port du Ciel.

Écoutons le chantre de Marie, saint Bernard, auquel nous devons la triple invo­ca­tion qui achève le Salve Regina : O cle­mens, O pia, O dul­cis Virgo Maria :

« Où que tu sois, ô mor­tel, si tu es bat­tu par les vagues de cette mer secouée par des vents mau­vais, ne détourne pas ton regard de la lumière de cette étoile, si tu veux échap­per aux dan­gers. Si tu es secoué par les flots de l’orgueil, de l’ambition, de la médi­sance, de l’envie, regarde l’Étoile, invoque Marie. Si la colère, l’avarice, les ten­ta­tions de la chair menacent, comme des vents furieux, la barque de ton âme, regarde Marie, invoque Marie. Au milieu des périls, des angoisses, des doutes, que ta prière et ta pen­sée ne s’éloignent jamais de ton cœur et de tes lèvres. En pen­sant à Elle, tu ne te per­dras pas. En te confiant à Elle, tu ne mour­ras pas. Si Elle te tient dans sa main, tu ne tom­be­ras pas ; sous sa pro­tec­tion, tu n’as rien à craindre ».

Ces accents d’un amour ardent pour Notre Dame célèbrent les gran­deurs du Nom de Marie et nous incite à la sup­plier, à mettre en Elle toute notre confiance. Ah, si je l’avais fait à telle occa­sion dan­ge­reuse, si j’avais recou­ru à Elle avec confiance au moment de la ten­ta­tion, je ne me serais jamais pré­ci­pi­té dans l’abîme de la faute !

O Marie, toute pure­té, toute dou­ceur, faites désor­mais votre très saint Nom soit l’air que je res­pire, la lumière qui me guide, la force qui me soutienne.

Au Ciel, notre bonne Mère voit tout ce qui nous arrive, entend par­fai­te­ment nos prières, voit toutes nos misères. Une anec­dote de la vie de saint Bernard nous l’enseigne : Alors qu’il salua un jour la Sainte Vierge en voyant une de ses sta­tues et en pro­non­çant ces deux mots : Ave Maria, voi­là qu’il vit la sta­tue s’animer aus­si­tôt et s’incliner en disant : Ave Bernarde.

Les démons redoutent à tel point la Reine du Ciel, que, s’ils entendent seule­ment son Nom, ils fuient à l’instant celui qui le pro­nonce, comme pour échap­per à un feu qui les brûle.

Relisons avec fer­veur la col­lecte de la Messe du Saint Nom de Marie : Nous vous prions, ô Dieu tout-​puissant d’accorder à vos fidèles, qui se réjouissent dans le Nom et sous la pro­tec­tion de la très sainte Vierge Marie, d’être, par sa pieuse inter­ces­sion, libé­rés de tous les maux ter­restres et de méri­ter d’accéder aux joies éter­nelles dans le Ciel. Ainsi soit-​il.

Notes de bas de page
  1. Luc 1, 30[]
  2. Deuxième homé­lie sur Missus est.[]