Retrouvons-nous 5 minutes, 10 minutes au pied de la croix en compagnie de Notre-Dame. Demandons-lui de nous dévoiler les secrets de son Cœur souffrant.
« La Mère des douleurs se tenait debout, en larmes, près de la croix. »
Stabat Mater
Les petits voyants qui ont eu le privilège de voir Notre-Dame, et en particulier ceux de La Salette et de Pontmain qui l’ont vue pleurer, ont témoigné par la suite que jamais, sur aucun visage humain, ils n’avaient vu une douleur qui s’en approche, même de loin ! C’est d’ailleurs ce que nous dit la liturgie elle-même : « O vous tous qui passez par le chemin, regardez et voyez s’il est une douleur pareille à ma douleur ! ». D’où vient donc une souffrance d’une telle intensité au Cœur de notre Mère ?
Car il s’agit bien de son Cœur : la compassion est une affaire de cœur. Pour compatir, il faut aimer. Compatir, c’est aimer jusqu’à partager la souffrance d’un être qui nous est cher, la souffrir avec lui, comme lui. Plus nous aimons, plus nous pouvons compatir.
Contempler Notre-Dame de compassion, c’est contempler le Cœur Immaculé, transpercé d’un glaive de douleur…
Chez Notre-Dame, tout se passe au-dedans. Et si une telle douleur apparaît sur son visage humain, que se passe-t-il dans l’intime de son Cœur ? Voilà une question qu’il faut lui poser : approchons tout près d’elle, et, à notre tour, essayons de compatir à ses douleurs : Notre-Dame connaît mieux que personne qui est Jésus : Elle vivait de la foi, comme nous, mais d’une foi combien plus vive, plus pénétrante ! Elle voyait, sur la Croix, des yeux de la foi, le propre Fils de Dieu, Dieu Lui-même, la sainteté même, la bonté infinie, en proie à d’horribles souffrances, Lui innocent. Elle Le voyait souffrir pour réparer l’honneur de Dieu blessé par le péché, souffrir à cause de ses créatures, pour les sauver, et à quel prix !
Et ce Jésus, plus que personne, Notre-Dame L’aime : En acceptant de devenir sa Mère, le jour de l’Annonciation, elle reçut dans son cœur humain un amour maternel qui approchait, dans toute la mesure possible à une créature, de l’amour du Père pour son divin Fils : elle est vraiment Mère de Dieu et elle a pour son Fils un amour d’une intensité dont nous ne pouvons avoir la moindre idée. Elle L’aime comme son Fils, avec toute la tendresse d’un cœur maternel ; elle L’aime comme son Dieu, avec toute la révérence, l’adoration, la profondeur d’une âme parfaitement pure !
Notre-Dame perçoit avec une acuité unique la profondeur des souffrances de Jésus : Cet amour met leurs deux Cœurs à l’unisson et tout ce que souffre l’un, l’autre le souffre également. Or, si les souffrances de Jésus dans son corps dépassent tout ce qu’on peut imaginer, que dire des souffrances de son âme ? Car ses créatures, Il les aime, Il n’épargnera rien pour les arracher à la mort éternelle. Et cependant, quelle ingratitude de la part des hommes, de nous tous qui sommes si insensibles… Et tant d’âmes, qui malgré tout refuseront cet Amour et se damneront ! Quelle douleur pour son Sacré-Cœur ! Voilà la grande souffrance du Cœur Immaculé, qui pénètre dans le Cœur de Jésus à une profondeur unique. Elle souffre de voir souffrir Jésus, elle souffre aussi, comme Lui, de voir que beaucoup d’âmes, ses propres enfants, ne profiteront pas de cette Rédemption surabondante.
Notre-Dame entre de tout son être dans le Plan de Dieu : En elle, pas la moindre révolte, aucun retour sur elle-même. Elle adhère, dans la foi, à tout ce que le Père veut pour son Fils et pour elle. Le Sacré-Cœur et le Cœur Immaculé sont parfaitement à l’unisson, tout donnés, tout plongés dans la Volonté du Père.
Notre-Seigneur, pris de compassion pour la veuve de Naïm, avait ressuscité son fils et le lui avait rendu. Mais pour sa Mère et pour Lui, Il veut ce surcroît de douleur, causé par leur souffrance réciproque. Leurs deux Cœurs se comprennent si bien ! Notre-Dame est à la hauteur : elle vit à ce niveau-là. Elle qui n’a jamais accompli que la Volonté de Dieu, elle veut pleinement tout ce que Dieu veut, sans résistance, sans retard, sans demi-mesure : Fiat !
Notre-Dame offre son divin Fils, et elle s’offre avec Lui. Toute sa vie, elle a tout donné et s’est donnée, complètement, sans retour. Le don d’elle-même de chaque instant creusant en son âme une nouvelle capacité d’amour, était suivi d’un autre don dépassant encore le précédent… Quelle montée vertigineuse dans l’amour de Dieu ! Arrivée au pied de la croix, avec quelle perfection elle offre son Fils, et s’offre elle-même avec Lui ! Unissant son sacrifice à celui de son divin Fils, elle devient notre mère, dans toute la réalité du mot, elle nous enfante à la vie de la grâce : corédemptrice, avec Jésus elle sauve les âmes… O combien nos âmes lui ont coûté cher !
Malgré ce martyre, Jésus et Marie éprouvent une joie immense. Leur amour réciproque donne la mesure de leur souffrance, il donne aussi la mesure de leur joie : joie d’être totalement dans ce plan de Dieu, joie de la rédemption, de la Gloire rendue à Dieu, du salut des âmes… joie à laquelle nous contribuons en ouvrant nos âmes à la grâce, en profitant pleinement des grâces de la Rédemption.
Quelle joie pour Notre-Seigneur de voir qu’une âme s’est donnée à Dieu sans marchander. C’est l’Immaculée, elle est là au pied de sa Croix… Elle est pleine de Dieu, c’est pour cela qu’elle est debout. Quelle force ! Tout cela doit nous remplir d’une joie débordante, car elle est aussi notre mère…
Chers fidèles, cette joie sera la nôtre si nous savons partager les souffrances de notre Mère au pied de la croix. Y a‑t-il une joie plus grande pour un enfant que de pouvoir consoler sa mère ? Et puis, consoler Notre-Dame, n’est-ce pas le privilège d’une âme chrétienne ?
Écoutons ce que disait Sœur Lucie : « Je désirais souffrir tous les martyres pour offrir réparation au Cœur Immaculé de Marie, ma chère Mère, et lui retirer une à une toutes les épines qui le déchirent, mais j’ai compris que ces épines sont le symbole des nombreux péchés qui se commettent contre son Fils et se communiquent au Cœur de sa Mère. Oui, parce que par eux beaucoup d’autres de ses fils se perdent éternellement »
A nous de consoler notre Mère, de tout faire pour éviter le péché, cause de tant de souffrances, et pour le réparer. Et puis laissons-nous éduquer par elle : elle n’a pas de plus grand désir que de nous voir lui ressembler.
Cette année, la fête de Notre-Dame de compassion tombera le vendredi 31 mars. Retrouvons-nous tous, ce jour-là, au pied de la croix, restons‑y ne serait-ce que 5 minutes, 10 minutes, en compagnie de Notre-Dame, demandons-lui de nous dévoiler les secrets de son Cœur souffrant, ce sera la meilleure manière de la consoler, et avec elle de consoler le Cœur de Jésus !
Les sœurs de la Fraternité Saint-Pie X sont placées sous le patronage de Notre-Dame de Compassion.