Donnons à nos enfants une âme magnanime de chevalier, et nous pourrons chanter en toute vérité « Catholiques et Français, toujours ! » Quelques conseils aux éducateurs.
L’Europe, Bruxelles, le nouvel ordre mondial… la mondialisation progresse à grands pas, et nous nous sentons bien impuissants. Et cependant, il existe un petit moyen bien à notre portée pour lutter contre elle, c’est de former nos enfants à l’amour de notre Patrie. « L’amour de la Patrie », voilà une expression qui semble bien désuète, et pourtant, c’est une part importante du quatrième commandement de Dieu : « Tes père et mère honoreras afin de vivre longuement. » En nous prescrivant d’aimer nos parents, Dieu nous ordonne d’aimer aussi la terre de nos pères, c’est-à-dire la Patrie. Et quand notre Patrie s’appelle la France, qui a donné à l’Église tant de saints et à l’humanité tant d’écrivains, de savants et de héros, voilà un commandement qui est bien facile à respecter.
« On ne peut aimer que ce que l’on connaît. » Pour faire aimer notre France à nos enfants, il faut la leur faire connaître. Notre langue est universellement reconnue pour ses qualités de clarté et de nuance d’expression. Apprenons à nos enfants à bien parler, à bien utiliser les richesses du français, et déjà nous leur aurons fait aimer un peu de notre pays.
De Verdun… au Marengo
Nous pouvons leur faire découvrir les hauts lieux de notre histoire nationale : il y en a tant ! Reims, Paray-le-Monial, le Mont-Saint-Michel, et Versailles, et Alésia… Une visite à Verdun peut marquer durablement un enfant, surtout s’il sait que son arrière-grand-père s’y est battu lui aussi.
Aimons dans notre vie quotidienne à suivre le mode de vie de notre civilisation. Par exemple, le dimanche Maman se donne la peine de cuisiner un poulet Marengo, que suivront un des 365 fromages français et un gâteau traditionnel selon la recette de Bonne Maman. Dans les provinces où le costume régional peut encore être utilisé, n’ayons pas peur de le mettre, par exemple pour la procession de la Fête-Dieu, et de toute façon laissons l’usage du blue jean aux habitants du Texas !
L’amour de la patrie devient plus concret s’il est l’amour d’une province, d’un terroir, d’un village. Les conditions de la vie moderne conspirent à faire de nous des déracinés : il faut déménager pour le travail du papa ou les écoles des enfants. Les vacances sont l’occasion de renouer avec les origines. Heureux les enfants que l’été ramène chaque année dans la vieille maison de Bonne Maman aux meubles de bois cirés chargés de souvenirs et dont le grenier recèle en ses malles d’inestimables trésors ! Tous les petits chemins des environs ont été maintes fois parcourus à pied et à vélo, on connaît l’histoire et la légende du château du village, on savoure l’accent et les expressions du terroir qu’on sait soi-même utiliser. Nous aimerons l’Auvergne avec Henri Pourrat, le Pays d’Auge avec Jean de la Varende, la Provence avec Marcel Pagnol. II existe un roman pour adolescents [1] qui met en scène avec beaucoup de finesse ce besoin naturel de l’homme de connaître ses origines, de pouvoir dire avec fierté : « Je suis de mon pays. »
Fierté sans chauvinisme
Plus profondément encore, il y a des qualités d’esprit et de cœur qui sont propres à chaque patrie et qu’il importe de développer en nos enfants. On dit que les Anglais sont pragmatiques, les Allemands disciplinés, les Suisses propres et ordonnés. Quelle sera la qualité des Français ? Malgré la mode des autocritiques et autres repentances, il serait bien étrange que nous n’en ayons pas au moins une !
Beaucoup d’auteurs s’accordent à dire les Français magnanimes, c’est-à-dire qu’ils ont le goût de ce qui est grand. Dans nos (nombreuses) querelles franco-françaises, il nous faut toujours remonter aux principes, aux grandes idées, et nous ne sommes satisfaits d’un argument que lorsque nous l’avons hissé jusqu’à l’universel. Facilement, il nous faut un grand idéal, et ce n’est pas par hasard que la première croisade a été prêchée au Puy et la deuxième à Vézelay, ou que deux missionnaires sur trois au XIXe siècle étaient français. Péguy fait dire à Dieu : « Ah, ces Français, si je ne les avais pas, qui donc irait me conquérir le monde ? » Enfin, après nous être librement donnés à cet idéal, nous tenons tête à quiconque prétendrait nous faire changer d’avis, telle Jeanne d’Arc affrontant ses juges, seule contre tous, et affirmant : « J’aurais eu cent pères et cent mères, je serais partie quand même (de Domrémy). »
En ce sens, Mgr Marcel Lefebvre avait bien les qualités du Français : toujours il remontait aux principes les plus élevés, comme la défense de la foi, ce qui donne à ses prises de position leur caractère si actuel, parce qu’universel. Son idéal n’était pas moins que le règne de Notre-Seigneur. Enfin, il tint tête avec une sainte liberté aux autorités les plus hautes de l’Église, jusqu’à mourir soi-disant « excommunié », pour défendre l’honneur de Jésus-Christ découronné.
Donnons à nos enfants une âme magnanime de chevalier, et nous pourrons chanter en toute vérité « Catholiques et Français, toujours ! »
Source : Fideliter n° 194, mars-avril 2010
- Jacqueline Royer et Simone La Selve, Une fille pas comme les autres, éditions Élor, 1995. Dans une patrouille de guides d’origines diverses, Joëlle est la seule à ne pas avoir de passé. Une quête palpitante lui permettra, par-delà le drame familial qui lui fut caché, de renouer le fil de son histoire pour devenir enfin « une fille comme les autres ». Non disponible chez Clovis.[↩]