Le Carême qui va commencer est une occasion toute trouvée pour apprendre quelques « gestes pauvres » à nos enfants !
Dans notre contexte de crise économique, les difficultés financières sont le lot de bien des familles nombreuses. Mais il ne suffit pas d’être matériellement pauvre pour bénéficier de la béatitude annoncée par Notre-Seigneur ; celui-ci a en effet proclamé heureux les pauvres en esprit, c’est-à-dire ceux qui ont fait de la pauvreté une vertu, en n’étant ni attachés à ce qu’ils possèdent, ni envieux de ce qu’ils n’ont pas. Comment donc aider nos enfants à acquérir l’esprit de pauvreté ? Proposons d’abord quelques exemples de « gestes pauvres » à pratiquer dans la vie quotidienne.
Pauvreté dans la nourriture : on ne jette pas les restes alimentaires, ni le pain sec, mais maman sait les dissimuler habilement dans une autre recette ou les transformer en une délicieuse « soupe surprise ». Le goûter est constitué de pain et de confiture ou chocolat, les biscuits sont réservés au dimanche.
Pauvreté dans l’habillement : les vêtements sont raccommodés et non jetés au moindre accroc. Au changement de saison, on sort les cartons où sont stockés les vêtements trop petits des aînés pour chercher ce qui est à la taille des plus jeunes – occasion, peut-être, de passer un bon moment en famille ! Les aînés non plus ne sont pas toujours vêtus de neuf, car on organise des bourses aux vêtements entre familles. La garde-robe est d’ailleurs limitée à ce qui est nécessaire, point n’est besoin de dix pull-overs.
Pauvreté dans les affaires scolaires : on n’achète pas chaque année trousse, cartable et crayons neufs. En fin d’année scolaire, les pages inutilisées des cahiers, proprement coupées, serviront l’année suivante de brouillons. Plutôt que des fournitures signées de grandes marques ou de personnages à la mode, on choisira des affaires plus simples, quitte à personnaliser par exemple la couverture des cahiers avec une jolie photographie.
Pauvreté dans les cadeaux : au jouet coûteux, on préférera un objet plus simple qui tirera sa valeur de ce qu’il a été confectionné par papa ou maman, comme un cerf-volant ou une poupée de chiffon, et de temps en temps on offrira, plutôt qu’un jouet, un cadeau utile comme un vêtement, un cartable, ou une étagère.
« Un pauvre est soigneux » : plusieurs de ces conseils ne peuvent être pratiques qu’à condition que l’enfant apprenne à être soigneux avec ses affaires, à faire en sorte qu’elles durent, à ne pas les égarer, car se procurer des affaires neuves pour remplacer celles perdues coûtent de l’argent à papa, qui travaille dur. Pour cela, au départ en pension, l’enfant recevra une liste de ce qu’il emporte, pour qu’il vérifie que tout est bien là au retour, et toutes ses affaires seront marquées à son nom. Il devra se donner de la peine pour rechercher ce qui aura pu être perdu. Il ne grimpera pas aux arbres revêtu de ses habits du dimanche et veillera à bien reboucher ses crayons feutres…
Il va sans dire que l’esprit d’économie n’est pas l’avarice. Pourvoyons l’enfant de ce dont il a raisonnablement besoin. La parcimonie fait plus de mécontents que d’hommes vertueux. Il s’agit simplement de considérer que les biens matériels ne sont pas l’essentiel dans la vie et qu’ils ne procurent pas le bonheur, et de préférer ce qui est simple et modeste à ce qui sent le luxe et la mollesse. Mais si l’enfant voit ses besoins matériels essentiels satisfaits par ses parents, il sera cependant bon qu’ il ne le regarde pas comme un dû, et par conséquent qu’on l’initie à dire merci pour ce qu’il reçoit.
L’enfant apprendra aussi à prêter ce qui est à lui à ses frères et sœurs afin que le soin de ses affaires ne tourne pas à la possession jalouse ; les affaires sont faites pour servir ! De même il partagera cadeaux et confiseries reçues. Les enfants manifestent facilement une belle générosité si on leur propose un motif surnaturel, par exemple en puisant dans leur tirelire pour aider telle mission en pays pauvre, en se privant de friandises pendant le carême au profit de telle bonne œuvre.
L’habitude d’être économe fera acquérir à l’enfant de la maturité, témoin par exemple cette réflexion de Pauline Martin, sœur de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, pensionnaire à onze ans, alors que sa grande sœur lui parlait pendant l’étude : « Ne perdons pas notre temps, car c’est de l’argent à papa et maman. »
Habitué à être économe, l’enfant éprouvera facilement des joies toutes simples lors d’un petit changement dans les habitudes, par exemple pour un petit cadeau ou un pique-nique. Ces joies, les enfants gâtés et blasés ne les connaissent pas, eux à qui rien ne semble extraordinaire car ils ont tout à souhait. Oui, bienheureux les pauvres car leur vraie richesse est dans les Cieux.
Source : Fideliter