Certains ont l’art de s’absenter juste après le repas, d’autres calculent minutieusement si leurs frères et sœurs en font autant qu’eux… et la maman est un peu désemparée !
Quelle est la mère de famille qui ne désire pour son enfant le bonheur ? Son secret est dans l’oubli de soi, toute maman en a fait l’expérience. Les plus heureux sont ceux qui se donnent ! Voulons-nous donc éduquer les petits à la vraie joie ? Cela commence par le service.
Les enfants ne sont pas toujours serviables. Certains ont l’art de s’absenter juste après le repas ou quand le papa met ses habits de travail ; d’autres calculent minutieusement si leurs frères et sœurs en font autant qu’eux… et la maman, un peu désemparée, ne sait s’il faut les déranger ou attendre que ce soit spontané de leur part. Que faire ? Il y a pourtant, au fond des cœurs d’enfants, un certain héroïsme réel, endormi et caché peut-être. Comment l’éveiller ?
Telle est la question : car il y a bien des manières de solliciter cette générosité, et bien souvent la manière détermine la réponse des enfants. Le service est un épanouissement. Pourquoi ne pas le présenter comme tel ? Sachons percer l’écorce dure et repoussante de l’effort pour découvrir à nos enfants la beauté de l’acte qu’ils ont à poser.
Rendons le service attrayant. Il est une manière enthousiasmante de dire « Fais la vaisselle », « Passe le balai » ou « Mets la table ». Nous pouvons demander gentiment : « Veux-tu me faire plaisir – ou faire plaisir au bon Dieu – et débarrasser la table ?» ou bien « Montre à papa comme tu sais bien balayer » ou bien « Veux-tu faire la vaisselle, l’autre jour, tu l’as si bien faite ! » N’hésitons pas aussi à développer en eux de saines ambitions, en évoquant l’idéal de ce qu’ils peuvent devenir en se surpassant. Oui, le service est plus qu’un sacrifice ou un effort à fournir. Le présenter toujours sous son aspect ardu pourrait décourager certains enfants. C’est pourquoi il est nécessaire de ne pas solliciter leur aide seulement lorsque nous sommes pressées ou agacées : ils se sentiraient alors obligés et répondraient à contrecœur. Le côté âpre de l’acte serait mis en valeur, souvent à cause d’une demande un peu rude. Au contraire, faisons souvent appel à leur héroïsme caché ; il peut nous réserver bien des surprises !
Mais si le petit refuse de se soumettre à la demande ? Doit-on l’y obliger ? Il faudra s’adapter au tempérament de l’enfant, en faisant appel selon le cas à son amour pour sa maman ou à son sens du devoir. S’il demeure récalcitrant, on pourra l’obliger, mais parfois aussi se mettre à l’œuvre à sa place : la honte sera bien plus puissante qu’un discours énervé ! Quant à ceux qui acceptent volontiers, nous les prendrons affectueusement avec nous et travaillerons avec eux au début, en leur expliquant bien comment faire.
Une fois le service rendu, le sourire satisfait de notre gratitude sera pour eux un vrai rayon de soleil. Pour les plus jeunes, il sera accompagné d’un geste d’affection. Nos petits ont besoin que l’on devine leur bonne volonté derrière les déficiences de l’acte ; que l’on constate leurs efforts.
Cela les encourage à recommencer, mais surtout leur montre les qualités qu’ils peuvent et doivent acquérir. Ils manquent d’expérience et de confiance en eux. Vous saurez trouver de bonnes paroles pour les encourager, chacun à sa façon. Certes, l’enfant n’a pas à faire tout ce qu’il veut, mais ne peut-on pas l’aider à vouloir tout ce qu’il doit faire ?
Bien sûr, l’exemple de la maman sera d’un grand poids. C’est par lui que commence cette éducation à l’esprit de service. L’image d’une mère dévouée auprès d’une tante malade, ou pour aider au ménage du prieuré, restera gravé dans l’esprit de l’enfant. Et lorsqu’on est petit, on est si fier de faire comme papa et maman !
Chères mamans, résumons en deux mots l’attitude qui éveillera le dévouement dans les cœurs : soyez encourageantes et surtout faites confiance.
Ne refusons jamais le service qu’un enfant propose, aussi maladroit et contrariant qu’il soit. Combien de jeunes filles actuellement ne savent pas préparer un repas parce que la maman ne les laissait pas faire, sous prétexte que cela allait plus vite de cuisiner elle-même ! Combien d’adolescents recherchent la moto du copain parce que leur père ne les laisse pas tenir en main une perceuse ou une tondeuse !
Ainsi, peu à peu, le travail, jadis si obscur et repoussant, deviendra beau et attrayant. La soif de faire plaisir aux autres transformera la vie de famille ! Vous procurerez le vrai bonheur des enfants en leur faisant goûter cette joie profonde du sacrifice : joie de faire plaisir aux autres et à Dieu. Des petits services rendus naturellement, ils s’élèveront à des actes surnaturels plus profonds. Voilà ce qui les invitera à être toujours plus généreux… et plus heureux !
O Notre-Dame, qui, dans vos obscurs travaux de servante, avez caché votre incomparable sainteté et votre joie de servir le Seigneur, priez pour toutes les mamans !
Source : Fideliter n°186 de novembre-décembre 2008.