La seule parole de Dieu suffit

Le Christ et ses disciples saint Pierre, saint Jacques et saint Jean. Crédit : Julian Kumar / Godong

Face au vrai Temple qu’est le Christ, les prêtres du Temple demandent un signe, sans voir que la Vérité se tient déjà devant eux.

Quel signe nous donnes-​tu de ton auto­ri­té, pour agir de la sorte ? Notre-​Seigneur venait de chas­ser les ven­deurs du Temple. L’acte qu’il venait d’accomplir avait pro­fon­dé­ment irri­té les gens de la Synagogue en même temps qu’il les avait sur­pris. Qui était-​il, cet homme qui n’était même pas prêtre ?

Pour nous qui venons après, pour nous qui avons enten­du les paroles de saint Paul, Dieu, dans ces der­niers temps, nous a par­lé par le Fils, ce Fils qu’Il a éta­bli héri­tier de toutes choses, ne jugeons pas trop vite ces gens du Temple dans cette ques­tion qu’ils posent au Seigneur. Le choc pour eux a dû être rude. Remis en cause publi­que­ment par un incon­nu, leur ques­tion n’est-elle pas légi­time ? Elle l’est d’autant plus que leur sacer­doce n’avait qu’un seul but : le Messie, en l’annonçant et en le désignant.

Dans l’ancienne Loi, il suf­fi­sait pour être prêtre d’être issu de Lévi, d’être un homme et de n’avoir aucun défaut cor­po­rel. Aucune céré­mo­nie de consé­cra­tion n’était requise. Le sacer­doce de l’ancien tes­ta­ment était un sacer­doce d’institution humaine. On nais­sait Lévite.

La nais­sance, c’est peut-​être le seul point com­mun entre le sacer­doce de l’Ancienne Loi et celui de Notre-​Seigneur. C’est en effet en nais­sant homme que Notre-​Seigneur est prêtre. L’union des deux natures, humaine et divine, en la per­sonne du Christ fait de Lui l’unique prêtre, le seul pon­tife entre Dieu et les hommes.

Entre le sacer­doce de l’ancienne Loi, certes ins­ti­tué par la Loi mosaïque et légi­time en fonc­tion de sa mis­sion, et le Sacerdoce, il y a une dif­fé­rence infi­nie… dif­fé­rence entre l’annonce et la réa­li­té, entre l’image et la Vérité. Dans la ques­tion des gens de la syna­gogue, nous retrou­vons cette impuis­sance de l’image à prendre conscience qu’elle n’est qu’image. Nous retrou­vons cette impuis­sance de l’intelligence humaine à sai­sir l’Intelligence de Dieu. Qu’aurions-nous pu dire d’autre à leur place ? Notre-​Seigneur le fera remar­quer à saint Pierre, tu es bien­heu­reux Pierre parce que ce n’est ni la chair ni le sang, qui viennent de te faire dire que j’étais le Christ, le Fils du Dieu vivant, mais mon Père qui te l’a révé­lé. Pour recon­naître l’autorité de Jésus, il faut poser un acte de Foi, il faut en nous la grâce de Dieu qui fait connaître, il faut la Paternité divine et donc deve­nir enfant de Dieu.

Cette réa­li­té nous fait admi­rer le geste de Baptiste, grand prêtre lui aus­si, qui prêche dans le désert un bap­tême de péni­tence et qui désigne à ses dis­ciples l’agneau de Dieu, au moment même où, dans le Temple, on immole l’agneau pour le sacri­fice du soir. Il faut qu’Il croisse et que je dimi­nue, saint Jean-​Baptiste pouvait-​il mieux expri­mer ce qu’est l’acte de Foi dans une âme qui recon­naît Dieu ?

Que je dimi­nue. C’est cela qui va man­quer à ces prêtres de l’ancienne Loi. En deman­dant un signe, ils ne s’arrêteront plus de deman­der des pro­diges à Notre-​Seigneur. En quête de tou­jours plus d’assurances, ils ver­ront mais ne croi­ront pas. La réponse que leur fait Notre-​Seigneur est extra­or­di­naire : Détruisez ce temple et en trois jours je le relè­ve­rai. Elle est extra­or­di­naire, parce que nous com­pre­nons que dès la pre­mière heure Notre-​Seigneur n’ignore ni la fin de sa vie, ni ceux qui lui don­ne­ront la mort, ni sa propre résur­rec­tion. Cette pro­phé­tie affirme d’un coup son auto­ri­té : Il est le maître de la Vie, Il est le maître de sa Vie.

Il y eut peut-​être, dans cette passe d’armes, d’autres paroles échan­gées, mais saint Jean n’a rete­nu pour notre ensei­gne­ment que celles-​ci. Peut-​être aus­si que le Seigneur ne vou­lut faire à ces hommes irri­tés et de mau­vaise foi qu’une réponse abrupte et énig­ma­tique, comme pour mesu­rer la lumière de son ensei­gne­ment. Toujours est-​il que nous avons dans cette réponse le cœur de notre Foi, si le Christ n’est pas res­sus­ci­té, notre foi est sans valeur. De signe, nous n’en aurons pas d’autre, que celui de Jonas.

Alors que le Seigneur par­lait du seul vrai Temple à Dieu habite réel­le­ment, du temple de son corps, les Juifs ne son­gèrent qu’au sanc­tuaire maté­riel dont ils étaient si fiers. Ils s’exclamèrent alors, pen­dant quarante-​six ans, on a tra­vaillé à bâtir ce temple, et toi, en trois jours, tu le relè­ve­rais ? L’étrangeté du défi lan­cé par le Seigneur invi­tait l’intelligence de son audi­toire à cher­cher une signi­fi­ca­tion pro­fonde, ou du moins à attendre l’heure où serait don­né le mot de l’énigme. Mais l’humeur des prêtres du temple est mal­veillante. Déjà, ils tournent en déri­sion les paroles du Christ.

L’attitude des dis­ciples, qui ne com­pren­dront que trois ans plus tard ce qui vient d’être dit, est bien dif­fé­rente. Il faut savoir attendre, et quand Dieu parle, il faut le croire sur parole, sans exi­ger aus­si­tôt la pleine démons­tra­tion… Il faut savoir aus­si ne pas deman­der de signe. La seule Parole de Dieu suf­fit… Ceux qui croient, finissent tou­jours par voir clair.