Anastasie d’Illyrie († 304), dite la Veuve
ou Pharmacolytria (la Guérisseuse), martyre.
Sainte Anastasie[1] figure dans le Canon romain[2] de la Messe et dans la litanie des saints. Elle est née d’un père païen d’une illustre famille romaine[3] et d’une mère chrétienne. Saint Chrysogone, (qui est aussi cité dans le canon de la Messe de la liturgie latine et fêté le 24 novembre dans le missel romain) était son tuteur et l’instruisit de la Foi.
Son père la força à se marier à un païen, Publius. En vertu de cette contrainte qui invalidait un tel mariage, elle garda la chasteté. Elle visitait les chrétiens emprisonnés et les soignait. Publius le découvrit et la fit mettre sous bonne garde à son domicile. Puis Publius mourut subitement, rendant à Anastasie une liberté d’action.
C’était au temps de la persécution de Dioclétien, Chrysogone avait été arrêté et retenu longtemps dans les fers et dans les prisons. Sur ordre de Dioclétien à Aquilée[4], Chrysogone fut conduit pour y être décapité et jeté à la mer. Anastasie avait quitté Rome pour Aquilée soutenir les chrétiens martyrisés. Aidée des saintes femmes Thessaloniciennes Agape, Chionie et Irène, elle recueille le corps de saint Chrysogone et l’ensevelit. Elle suivit ses compagnes en Macédoine où, visitant les chrétiens captifs, elle fut interceptée comme chrétienne et remise à Florus, préfet d’Illyrie.
Florus dut l’envoyer, en raison de sa noblesse, à Dioclétien, lequel la méprisa et la rendit à Florus qui la confia à Ulpien, pontife du Capitole. Après menaces et promesses, Ulpien lui donna trois jours pour renier Jésus-Christ. Anastasie employa ce délai dans le jeûne et l’oraison. Au terme de l’ultimatum, Ulpien convoque Anastasie et porte sur elle une main lascive. La vierge repoussa Ulpien qui, devenu aveugle aussitôt, mourut un moment après.
Florus proposa à Anastasie de lui rendre sa liberté en échange de ses propriétés. Elle lui répond : « Si vous étiez dans la nécessité, je vous assisterais très volontiers, mais puisque vous êtes riche, je n’ai garde de vous faire cession des biens que la divine Providence m’a donnés pour le secours des malheureux. Il est vrai que vous êtes dans une très grande indigence des biens de la grâce, mais c’est à Dieu à les donner, et il n’en fait largesse qu’aux âmes qui les lui demandent avec ferveur. »
Irrité, Florus la fit languir dans un cachot sans guère de nourriture. Là, elle eut la vision consolante de sainte Théodota, qui avait été martyre le 2 août précédent à Nicée. Au bout de trente jours, elle paraissait saine, et Florus la transféra dans une prison tenue par des geôliers plus brutaux. Puis Florus ordonna qu’on la plaçât avec Eutychès, chrétien, et 120 païens dans une embarcation trouée qui devait submerger au large. Sainte Théodote apparut et ramena le bateau au rivage : les païens se convertirent.
Reléguée à Palmarola (au large du Latium dans la mer Tyrrhénienne) avec deux cents chrétiens et soixante-dix chrétiennes, Anastasie fut attachée à des pieux, les bras et les jambes étendus, on alluma autour d’elle un grand feu, au milieu duquel elle acheva son martyre le 25 décembre 304.
Une dame romaine de qualité, Apollonie, ensevelit son corps, et, plusieurs années après, fera construire une église en son honneur à Rome. Les papes ont longtemps célébré la seconde messe nocturne de Noël, dite de l’Aurore, en cette église basilique Ste-Anastasie, comme en témoigne le sermon prononcé par Léon 1er (pape de 440 à 461) contre l’hérésie d’Eutychès (378–454), hérésie monophysite niant l’humanité du Christ en prétendant que la divinité du Christ aurait absorbé son humanité au point qu’il n’en resterait que des apparences…
Un village sur l’Issole, entre Brignoles et le massif des Maures, porte le nom de Sainte-Anastasie ; l’église lui est aussi dédiée, néanmoins le village est sous le patronage de saint Just, martyr.
Abbé L. Serres-Ponthieu