19 décembre 1370

Le Bienheureux Urbain V

Né en 1310 au châ­teau de Grizac, près de Florac,
et mort le 19 décembre en Avignon.

Le Bienheureux pape Urbain V s’appelait avant son élec­tion Guillaume de Grimoard et naquit vers 1310 au châ­teau de Grizac, près de Florac, aux confins des Cévennes et du Gévaudan, non loin de la source du Tarn, au sud de Mende. Son par­rain fut saint Elzéar [1].

Il fit de brillantes études en lettres, sciences, phi­lo­so­phie et droit à Toulouse et à Montpellier.

Il entra à l’abbaye béné­dic­tine de St-​Victor à Marseille où il fut tel­le­ment appré­cié pour son ensei­gne­ment qu’il ensei­gna le droit à Montpellier, Paris, Avignon et Toulouse.

Clément VI, pape en Avignon de mai 1342 à décembre 1352, le nom­ma Abbé de l’abbaye St-​Germain d’Auxerre dont il réfor­ma et la règle et l’administration. L’Abbé Guillaume fut envoyé comme légat du pape en Italie.

Innocent VI, pape dès décembre 1352, nomme Guillaume Abbé de l’abbaye St-​Victor de Marseille où il était entré en reli­gion. Innocent décède le 12 sep­tembre 1362, et, le 27 ou le 28, les car­di­naux, qua­si­ment à l’unanimité, élisent pape Guillaume, qui n’est ni car­di­nal ni évêque.

Pape, il choi­sit le nom d’Urbain [2] et est sacré évêque de Rome et cou­ron­né pape le 6 novembre 1362. Cette suprême pro­mo­tion ne l’empêcha pas de gar­der l’austérité mona­cale : il cou­chait revê­tu de l’habit béné­dic­tin dans un appen­tis de planches.

C’est la guerre de Cent-​Ans entre la France et l’Angleterre. Le roi de France, Jean II le Bon, meurt à Londres en cap­ti­vi­té. Son fils Charles V peut comp­ter sur la bra­voure du che­va­lier Du Guesclin et du comte Jean de Bourbon, ancêtre d’Henri IV.

Le pre­mier des papes d’Avignon, Clément V, avait envoyé en 1307 trois évêques en Chine pour y secou­rir des chré­tiens dépor­tés par les Mongols. La Bible fut tra­duite en langue mon­gole, des cen­taines de mil­liers de chi­nois se conver­tirent au catho­li­cisme. C’est pour­quoi Urbain V envoya un légat à Pékin et y fon­da le pre­mier dio­cèse de Chine.

Urbain V obli­gea les évêques et les Abbés à rési­der sur leurs ter­ri­toires, et à reve­nir à l’observance de leurs règles. Il res­tau­ra l’abbaye du Mont-Cassin.

Urbain V ordon­na un pro­cès de cano­ni­sa­tion de la bien­heu­reuse Delphine [3] qui dura de mai à octobre 1363, mais res­ta inachevé.

Urbain V entre­tint une cor­res­pon­dance avec Pétrarque et Boccace, et éri­gea les uni­ver­si­tés de Genève, Cracovie, Vienne et Pecs (en Hongrie).

Urbain V, sixième des papes rési­dant en Provence, est le pre­mier à se rendre à Rome où il entre le 13 octobre 1367, accueilli par sainte Brigitte de Suède [4] qui l’y avait exhor­té. Le 21 octobre 1368, Urbain V cou­ronne empe­reur Charles IV de Luxembourg, qui avait été élu à la tête du Saint-​Empire ger­ma­nique en 1355.

Urbain V œuvra au vrai et bon œcu­mé­nisme en rame­nant dans l’Eglise Romaine des com­mu­nau­tés natio­nales orien­tales héré­tiques et schis­ma­tiques, notam­ment les Bulgares, les Hongrois, les Bosniaques, les Albanais, les Arméniens, et sur­tout l’empereur d’Orient Jean V Paléologue, lequel abju­ra à Rome l’hérésie et le schisme le 18 octobre 1369, et émit une pro­fes­sion de foi catho­lique [5].

En 1370, Urbain V cano­nise son par­rain saint Elzéar, et approuve la règle des Brigittines.

Excédé par les nou­velles que­relles ita­liennes, Urbain V quitte Rome le 5 sep­tembre 1370 vers Avignon. Là, le 19 décembre, souf­frant de la mala­die de la pierre, il décède.

Son suc­ces­seur, Grégoire XI, reçoit de nom­breuses demandes de cano­ni­sa­tion de la part de pré­lats et de princes, mais le schisme d’Occident de 1378 l’empêchera. Le pape Pie IX confir­me­ra le 10 mars 1870 le culte de bien­heu­reux attri­bué à Urbain V.

Abbé Laurent Serres-Ponthieu

Seigneur notre Dieu, nous Vous ren­dons grâce pour le ser­vi­teur que Vous avez pla­cé autre­fois à la tête de l’Eglise, le Bienheureux Pape Urbain V, qui a vécu sous la motion de Votre Esprit Saint. Vous l’avez sus­ci­té pour qu’il soit le sage réfor­ma­teur du cler­gé, qu’il défende les droits et la liber­té de l’Eglise et pro­page l’Evangile par­mi les nations infidèles.

Faites que sa mis­sion porte du fruit encore aujourd’hui ; nous Vous en sup­plions, accordez-​nous la grâce que nous deman­dons par son inter­ces­sion, et si telle est Votre Volonté, dai­gnez glo­ri­fier Votre ser­vi­teur par Jésus Christ Notre Seigneur. Ainsi soit-il.

Notes de bas de page
  1. L’Etoile de la Mer, sep­tembre 2016.[]
  2. Un siècle aupa­ra­vant, Jacques Pantaléon, ori­gi­naire de Troyes et de condi­tion modeste, deve­nait pape sous le nom d’Urbain IV.[]
  3. Epouse de saint Elzéar, L’Etoile de la Mer, novembre 2012.[]
  4. L’Etoile de la Mer, octobre 2015.[]
  5. Cette réunion des Orientaux à Rome dure­ra bon an mal an jusqu’à la prise de Constantinople en 1453 par les Turcs.[]