13 novembre 466

Saint Mitre

Né en 433 à Thessalonique, en Grèce, et mort en 466 à Aix-en-Provence.

Saint Mitrius (Mitre ou Merre) est né en Thessalie[1] de parents chré­tiens aisés en 433. Vers 457, pour se consa­crer au ser­vice de Dieu, il se rend en Provence où la Providence l’avait mené. Ayant atteint la cité d’Aix, il entend par­ler d’Arvandus comme étant concu­bin et homme fourbe. Il conçoit alors le pro­jet de le conver­tir en deve­nant son ser­vi­teur. Saint Mitre fut pré­po­sé à une vigne d’Arvandus.

Saint Mitre adres­sait des reproches salu­taires à son maître, lequel fut nom­mé pré­teur en 464 par l’empereur Libius Severus et par Ricimer, suève, patrice des Romains. En 466, l’empereur étant mort et n’étant pas rem­pla­cé, Ricimer, bar­bare, gou­ver­nait seul l’empire. Cet inter­règne fut l’occasion pour l’administration impé­riale de prendre plus de lati­tude loca­le­ment. Arvandus vou­lut user d’un stra­ta­gème pour se ven­ger et condam­ner son ser­vi­teur. Il ordon­na aux autres ser­vi­teurs d’aller endom­ma­ger la vigne pré­po­sée à saint Mitre et de l’en accu­ser. Les ser­vi­teurs eurent l’idée de ven­dan­ger la vigne, d’en pres­ser les rai­sins dans des cruches et d’accuser saint Mitre auprès d’Arvandus d’avoir dis­tri­bué le vin aux pauvres. Ayant accom­pli leur déla­tion auprès d’Arvandus, celui-​ci cou­rut joyeu­se­ment à sa vigne pour consta­ter le for­fait, mais, miracle, il trou­va une vigne char­gée de rai­sins, les­quels don­nèrent un vin excellent.

Dépité, Arvandus traî­na saint Mitre au tri­bu­nal et l’accusa de sor­cel­le­rie. Saint Mitre fut jeté dans un cachot[2]. Il fut jugé et déca­pi­té dans la cour du pré­toire, mais aus­si­tôt déca­pi­té, il ramasse sa tête, la serre contre sa poi­trine et alla à l’autel de l’église Notre-​Dame de la Seds et expi­ra. C’était le 13 novembre 466. La foule recon­nut bien sûr la sain­te­té de ce mar­tyr et son corps fut pla­cé dans la Chapelle Saint-​Laurent jusqu’en octobre 1383 époque à laquelle il fut trans­fé­ré à l’église cathé­drale Saint-​Sauveur d’Aix-en-Provence. Saint Mitre est le patron d’Aix-en-Provence.

Saint Grégoire de Tours rap­porte que Francon, arche­vêque d’Aix-en-Provence jouis­sait d’une sei­gneu­rie sur un vil­lage que lui avait spo­liée Childéric, cour­ti­san du roi Sigebert 1er vers 566. Il s’en plai­gnit au tri­bu­nal qui le débou­ta. Furieux, Francon se rend au tom­beau de saint Mitre, en gêne l’accès, inter­dit de lui adres­ser des prières et de lui brû­ler des cierges. Le len­de­main, Childéric souffre d’un mal étrange ; au bout d’un an, il res­ti­tue la sei­gneu­rie du vil­lage à Francon, offre une bourse en or à saint Mitre, et décède dans l’heure qui suivit.

Un hameau près de St-​Maximin s’appelle encore St-​Mitre. Ce fut d’abord un prieu­ré construit par des céno­bites, mais il n’en reste plus aucune trace reli­gieuse aujourd’hui. Cette zone autour de St-​Maximin appar­te­nait au dio­cèse d’Aix-en-Provence jusqu’à la Révolution fran­çaise, puis fut démem­brée de ce dio­cèse pour être attri­buée au dio­cèse de Fréjus-​Toulon, en rai­son de l’importance des réac­tion­naires dans le dio­cèse d’Aix-en-Provence lors de la Révolution fran­çaise[3].

St Mitre est le patron des pri­son­niers. Au début du XXème siècle, les pri­son­niers du Pays d’Aigues fêtaient encore la Saint-Mitre.

Le Martyrologe romain cite le saint au 13 novembre, en troi­sième lieu, en ces termes : « A Aix, en Narbonnaise[4], le bien­heu­reux Mitre, mar­tyr très célèbre ».

Abbé Laurent Serres-Ponthieu

Notes de bas de page
  1. Pays grec au nord-​est d’Athènes.[]
  2. On pou­vait encore visi­ter ce cachot qui se trou­vait dans l’ancien palais com­tal jusqu’à ce que ce palais soit détruit en 1786.[]
  3. Pour la même rai­son, le dio­cèse de Toulon fut absor­bé par celui de Fréjus.[]
  4. Les Narbonnaises étaient deux divi­sions admi­nis­tra­tives romaines, dont l’une avait, pen­dant envi­ron un siècle, Aix pour capi­tale et com­pre­nait une par­tie occi­den­tale de la Provence.[]