Sermon de Mgr Lefebvre – Ordinations sacerdotales – 27 juin 1980

27 juin 1980
Ordinations sacerdotales

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Mes bien chers frères,

N’est-ce pas une joie pro­fonde pour nous tous, de nous trou­ver à nou­veau ras­sem­blés ici pour les ordi­na­tions sacer­do­tales annuelles. Beaucoup d’entre vous sont des pèle­rins fidèles qui viennent chaque année par­ta­ger nos prières, nos joies et nos peines.

Mais chaque fois aus­si de nom­breux pèle­rins viennent pour la pre­mière fois et cette année nous avons la joie, en par­ti­cu­lier d’accueillir un groupe venu du nou­veau conti­nent et qui, pour la pre­mière fois, assiste à cette céré­mo­nie et prennent connais­sance de notre sémi­naire d’Écône. Je suis per­sua­dé qu’ils retour­ne­ront chez eux rem­plis de conso­la­tion, rem­plis d’une grande joie, rem­plis de cette per­sua­sion, de cette convic­tion qu’ils ont vu l’Église vivante, l’Église mili­tante, l’Église de tou­jours. Et alors, ils retour­ne­ront et rap­por­te­ront ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont enten­du et réjoui­ront ain­si le cœur des fidèles qui n’ont pas pu venir, mais qui se sont joints à nous par la prière, par la pen­sée, par le cœur.

Mes bien chers frères, à l’occasion de cette ordi­na­tion sacer­do­tale, nous ne pou­vons pas nous empê­cher de pen­ser qu’il y a dix ans que la Fraternité Sacerdotale a été fon­dée. Dix années ! L’approbation de Mgr Charrière pour notre Fraternité sacer­do­tale nous a été don­née le 1er novembre 1970. Et voi­ci que nous sommes en 1980. Et nous pou­vons – en jetant un regard en arrière sur cette période de dix ans – nous ne pou­vons que chan­ter un hymne d’action de grâces. Ce serait mécon­naître les bien­faits du Bon Dieu ; ce serait man­quer de recon­nais­sance, de gra­ti­tude, vis-​à-​vis de Dieu Lui-​même, vis-​àvis de Notre Seigneur, de la très Sainte Vierge Marie, de nos saints Patrons et en par­ti­cu­lier de saint Pie X, que de ne pas aujourd’hui chan­ter dans nos cœurs un hymne d’action de grâces.

Oui, action de grâces pour tous les bien­faits, pour toutes les béné­dic­tions que nous avons reçus – nous en par­ti­cu­lier, membres de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X – et j’ajouterai même que ceux qui pour une rai­son ou une autre ont cru devoir nous quit­ter, eux-​mêmes ont tou­jours ren­du hom­mage à la Fraternité Sacerdotale. Eux-​mêmes, nous ont tou­jours écrit : Nous nous sou­vien­drons toute notre vie, des bien­faits et des grâces que nous avons reçus dans le sémi­naire d’Écône.

Alors, nous ne pou­vons pas ne pas pen­ser qu’aujourd’hui nous devons remer­cier le Bon Dieu – et nous en par­ti­cu­lier chers amis qui sommes membres de la Fraternité Sacerdotale, prêtres, futurs prêtres d’aujourd’hui, futurs sous-​diacres et tous les sémi­na­ristes ici pré­sents, sans comp­ter tous ceux qui vou­draient bien se joindre à nous, ceux d’Amérique, ceux de Buenos Aires, les prêtres de la Fraternité qui ont dû res­ter absents aujourd’hui et demeu­rer dans leur prieu­ré ou dans leur dis­trict. Certainement aujourd’hui ils sont unis à nous de cœur et par la prière.

Alors nous remer­cions Dieu des grâces que nous avons reçues sous la pro­tec­tion de notre saint Pape, le pape Pie X et de la très Sainte Vierge Marie, notre bonne Mère du Ciel. Que de grâces en effet, mes chers amis, grâces essen­tielles d’avoir gar­dé le tré­sor et les dons que Notre Seigneur JésusChrist à remis Lui-​même à son Église. Car c’est cela la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X ; ce n’est pas autre chose.

Garder, rece­voir, pro­fi­ter et nous sanc­ti­fier par les dons que Notre Seigneur Jésus-​Christ a remis dans les mains de ses apôtres ; que ses apôtres ont légués à la Sainte Église et que l’Église a tou­jours donnés.

Mais aujourd’hui, lorsque l’on consi­dère la situa­tion géné­rale des églises – on peut dire des paroisses, des sémi­naires, des congré­ga­tions reli­gieuses – alors ces dons prennent une valeur encore infi­ni­ment plus grande. Car nous aurions pu nous aus­si nous trou­ver dans ce milieu, com­plè­te­ment désar­çon­né, ce milieu jeté dans la confu­sion totale. Nous aurions pu nous trou­ver dans ce milieu.

Pourquoi le Bon Dieu nous a‑t-​il choi­sis ? Pourquoi le Bon Dieu nous a‑t-​il fait cette grâce de conti­nuer l’Église et de gar­der tous ces tré­sors de l’Église, tré­sor de foi, tré­sor de grâces, tré­sor du Saint Sacrifice de la messe, tré­sor des sacre­ments : tré­sors inappréciables.

Voilà ce que nous avons reçu, mes chers amis, et ce pour­quoi nous devons remer­cier le Bon Dieu aujourd’hui. Et je pense pou­voir dire que tous ceux qui se sont joints d’une manière ou d’une autre à la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X – je pense à nos reli­gieuses, reli­gieuses de Saint-​Michel-​enBrenne – je pense aus­si à toutes nos oblates, oblates régu­lières, oblates sécu­lières – je pense à toutes les per­sonnes qui vivent avec nous, dans nos mai­sons, par­tout et qui sont unies pro­fon­dé­ment à la Fraternité et qui par consé­quent, par­tagent aus­si les grâces de la Fraternité.

Et j’aurai garde d’oublier tous ceux, qui d’une manière ou d’une autre, ont gar­dé éga­le­ment cette fidé­li­té à l’Église et qui se sont joints à nous, ne serait-​ce que parce que cette uni­té de la foi de l’Église et dans les sacre­ments de l’Église, dans le Saint Sacrifice de la messe, nous a réunis.

Je pense à ces monas­tères, dont aujourd’hui cer­tains membres vont rece­voir l’ordination sacer­do­tale : Monastère de Dom Augustin, Monastère de Dom Gérard, ici pré­sent. Je pense éga­le­ment à tous ces monas­tères, à tous ces cou­vents de reli­gieuses qui elles aus­si ont vou­lu gar­der la foi ; ont vou­lu gar­der la Tradition et alors se sont jointes aux prêtres qui sont demeu­rés fidèles et qui tournent aus­si leurs regards – d’une cer­taine manière – vers nous, en nous deman­dant de les appuyer de nos prières, de nos encou­ra­ge­ments : Religieuses domi­ni­caines de Brignoles, de Fanjeaux, de Pontcallec, reli­gieuses car­mé­lites, reli­gieuses qui sont ici pré­sentes, reli­gieuses de Mainz, reli­gieuses de Schellenberg qui sont unies à nous dans la prière aus­si. Si elles n’ont pas pu venir, c’est qu’elles sont cloî­trées. Toutes ces reli­gieuses – et j’en oublie – com­bien de reli­gieuses sont unies à nous, dans la pen­sée, dans les convic­tions qu’il faut tenir notre foi de toujours.

Alors toutes ces grâces qui ont été don­nées, toutes ces voca­tions qui ont pu se réa­li­ser – voca­tions sacer­do­tales – voca­tions reli­gieuses de frères, de sœurs, voca­tions actives, voca­tions contem­pla­tives – voi­là l’Église, l’Église qui continue.

Et je pense aus­si à tous ces prêtres qui sont ici pré­sents ; tous ceux qui nous ont mon­tré l’exemple de la fidé­li­té ; qui nous ont encou­ra­gé et qui je pense se trouvent aus­si un encou­ra­ge­ment de l’exemple de la Fraternité Sacerdotale. Tout cela c’est l’Église. C’est l’Église qui conti­nue. Et si nous devons remer­cier le Bon Dieu pour toutes les grâces qui ont été don­nées à la Fraternité, je pense que nous devons aus­si rendre grâces à Dieu pour les grâces qui ont été don­nées par la Fraternité.

Je ne peux pas m’empêcher de pen­ser à toutes ces mai­sons, main­te­nant répar­ties à tra­vers le monde : une bonne qua­ran­taine de mai­sons où se trouvent nos prêtres ; et autour de ces mai­sons, nom­breux lieux de culte qui ont été ouverts et qui sont des­ser­vis par nos Pères tous les dimanches.

Oh certes, je n’oublie pas tout ce que font aus­si ces chers prêtres qui comme nous défendent la foi et qui, eux aus­si, se dévouent de toute leur âme, de tout leur cœur, pour célé­brer la sainte Messe de tou­jours et don­ner les sacre­ments de tou­jours à leurs fidèles et gar­der ain­si la foi catho­lique. Oh non, je ne les oublie pas, mais je pense sur­tout à ce qui a été réa­li­sé par la grâce du Bon Dieu, par la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X, dont nous fêtons le dixième anni­ver­saire. Et alors nous ne pou­vons pas nous ima­gi­ner les grâces qui ont été répandues.

Quand je pense à tous ces mou­rants qui ont reçu un vrai prêtre, un prêtre qui est venu les aider, les aider à bien mou­rir ; qui est venu leur appor­ter la conso­la­tion, le sacre­ment de l’extrême-onction, la conso­la­tion de la com­mu­nion, du via­tique… Ces âmes ont été conso­lées et pré­pa­rées à rece­voir la grâce de la per­sé­vé­rance finale.

Et tous ces enfants, toutes ces écoles que nous avons – par la grâce du Bon Dieu – pu ouvrir ou encou­ra­ger ; autant d’enfants pré­ser­vés de la conta­gion du monde et qui ont gar­dé la foi. Et toutes ces familles qui se regroupent par mil­liers autour de ces paroisses sou­vent pro­vi­soires, petites paroisses des cata­combes, mais où luit la lampe du sanc­tuaire ; petites paroisses, mais tou­jours bien ornées, ornées de fleurs, tou­jours bien ordon­nées, petites paroisses dignes des saints Mystères qui sont célé­brés, où tout est beau, même dans sa pau­vre­té, par le soin que le prêtre met à gar­der fidè­le­ment les rites de l’Église et qui tient à ce que sa cha­pelle soit belle, belle pour Notre Seigneur Jésus-​Christ, belle pour les saints Anges qui l’habitent, belle pour la très Sainte Vierge Marie.

Alors les fidèles qui entrent dans ces cha­pelles, qui entrent dans ces églises, sont conso­lés, sont récon­for­tés, res­sentent là la grâce du Bon Dieu, la grâce du Saint-​Esprit et ils retournent chez eux récon­for­tés, per­sua­dés qu’ils ont reçu la vie de Notre Seigneur Jésus-​Christ en eux par la Sainte Communion, par l’Eucharistie. Et ain­si l’Église continue.

Voilà mes bien chers frères, ce qu’est la Fraternité : Écoles, prieu­rés, paroisses en défi­ni­tive, cha­pelles répan­dues dans le monde entier et demain avec la grâce du Bon Dieu encore – car tout se fait d’une manière presque mira­cu­leuse – demain ouver­ture de facul­tés uni­ver­si­taires à Paris.

À vrai dire, moi-​même je suis le pre­mier stu­pé­fait, je n’en reviens pas. Oh certes, nous le rêvions, nous sou­hai­tions un jour pou­voir ouvrir, com­men­cer une uni­ver­si­té par quelques facul­tés. Et aujourd’hui à Paris, demain peut-​être à Rome, après-​demain peut-​être aux États-​Unis, nous vou­drions don­ner la Vérité, com­mu­ni­quer la Vérité aux esprits qui ne l’ont plus, qui l’ont per­due, aux esprits éga­rés par les fausses phi­lo­so­phies modernes. Que va deve­nir demain ce monde, s’il n’y a plus d’intelligences connais­sant la Vérité, connais­sant la vraie phi­lo­so­phie, la vraie théo­lo­gie, la vraie Écriture Sainte et par consé­quent connais­sant Notre Seigneur Jésus-​Christ qui est la Vérité, la Vie, la Voie.

Alors quelle joie pour nous de pen­ser que ces jeunes gens, ces jeunes filles qui vien­dront s’éduquer dans ces facul­tés, seront des piliers de la Vérité, seront des lumières de véri­té par­tout où ils seront et dans des postes pro­ba­ble­ment impor­tants qui leur per­met­tront d’avoir un rayon­ne­ment autour d’eux afin de répandre la Vérité.

Alors nous remer­cions encore le Bon Dieu qui nous a envoyé Lui-​même les pro­fes­seurs dont nous avions besoin. Ce sont les pro­fes­seurs eux-​mêmes qui se sont pré­sen­tés à nous à Paris et qui nous ont dit : C’est cette année, ou pour nous ce n’est plus pos­sible. Oui, vous nous employez cette année, ou nous pre­nons un autre emploi et par consé­quent vous ne pour­rez plus comp­ter sur nous.

Que faire ? De bons pro­fes­seurs, des pro­fes­seurs convain­cus et qui ont dit : Désormais, après toutes les expé­riences que nous avons faites, nous vou­lons être sou­mis à la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X. Nous vou­lons ensei­gner sous l’autorité de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X. Nous vou­lons que l’un de vos prêtres soit là, pour nous diri­ger, pour nous conseiller, parce que nous sen­tons que là au moins se trouve l’Église, là se trouve la Vérité.

Alors que faire ? Devant cette pro­po­si­tion, mal­gré les dif­fi­cul­tés que tout cela repré­sente, nous avons déci­dé d’ouvrir ces facul­tés. C’est que le Bon Dieu le vou­lait. Une occa­sion unique, extra­or­di­naire. C’est cela que le Bon Dieu nous a don­né en quelque sorte comme cadeau, pour notre dixième anni­ver­saire. Remercions-Le.

Voilà, mes bien chers frères, ce que le Bon Dieu a per­mis de faire à tra­vers la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X. Et alors demain ? Qu’allons-nous deve­nir ? Eh bien nous serons tou­jours les mêmes. Nous n’avons pas à cher­cher notre route. Nous ne pou­vons pas demeu­rer autre chose que l’Église ; nous ne pou­vons conti­nuer autre chose que l’Église ; nous ne pou­vons pas conti­nuer autre chose qu’à prê­cher Notre Seigneur Jésus-​Christ, qu’à prê­cher la Vérité ; qu’à ensei­gner la Vérité.

Alors demain ? Eh bien si le Bon Dieu le veut – et je pense qu’Il le veut et qu’Il le vou­dra – si le Bon Dieu le veut, Il nous inté­gre­ra dans l’Église offi­cielle, tel que nous sommes – tel que nous sommes ! – il n’est pas ques­tion de chan­ger, d’aller ni à droite, ni à gauche, nous vou­lons res­ter d’Église. Et nous vou­lons res­ter ce que nous avons tou­jours été depuis le début de la Fraternité. Parce que nous n’avons pas d’autre idée que de conti­nuer l’Église.

Et par consé­quent, nous avons tou­jours pen­sé qu’un jour – quand le Bon Dieu le vou­dra, quand Il le déci­de­ra – eh bien nous ren­tre­rons dans l’Église offi­cielle, puisque l’on nous a jeté hors de cette Église offi­cielle qui n’est pas l’Église réelle ; une Église offi­cielle qui a été infes­tée de moder­nisme. Et alors, nous avons cru au devoir de la déso­béis­sance – si déso­béis­sance il y a – pour obéir à l’Église de tou­jours, obéir à tous les papes, obéir à toute l’Église catholique.

Alors nous avons cru de notre devoir de déso­béir à ces car­di­naux qui nous deman­daient d’adopter en par­tie les erreurs moder­nistes. Parce que nous n’avons pas vou­lu empoi­son­ner nos esprits et nos cœurs par les erreurs qui ont été condam­nées par notre saint Patron, saint Pie X. Et nous demeu­rons fidèle au ser­ment anti-​moderniste ! ser­ment que saint Pie X nous demande de pro­non­cer. Nous demeu­rons fidèle à cela. Et on nous rece­vra avec le ser­ment dans les mains, ou alors nous res­te­rons ce que nous sommes.

Applaudissements …

Et nous sommes per­sua­dé, nous l’espérons, nous prions pour cela et peut-​être, mes bien chers frères, les choses s’arrangeront bien­tôt. Cette chose qui paraît impos­sible, d’être reçu comme nous sommes avec ce que nous fai­sons, avec ce que nous réa­li­sons, avec notre foi. Cela paraît presque impos­sible, eh bien le Bon Dieu peut faire l’impossible !

Et nous avons plus d’espoir que jamais. Nous sommes peut-​être plus près que jamais de cette solu­tion, de pou­voir être recon­nus offi­ciel­le­ment dans la Sainte Église, comme Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X et avec tout ce que nous sommes, tout ce que nous pen­sons, tout ce que nous croyons, tout ce que nous faisons.

Et alors, par le fait même, tous ceux qui comme nous ont défen­du la même foi, le même Saint Sacrifice de la messe, les mêmes sacre­ments, vien­draient avec nous, seraient accep­tés avec nous. Cela ne fait pas de doute.

Alors nous devons prier aujourd’hui d’une manière toute par­ti­cu­lière pour ce résul­tat. Car vous pou­vez ima­gi­ner le nombre que nous serions ici, si nous n’étions plus per­sé­cu­tés par cer­tains membres de la Sainte Église. Ce ne sont pas cinq mille, six mille per­sonnes, ce serait vingt mille, cin­quante mille per­sonnes qui pro­fi­te­raient alors des grâces que le Bon Dieu nous donne, que la Sainte Église nous donne. Alors que main­te­nant, ils sont assoif­fés ; ils se perdent ; ils perdent la foi ; ils sont désem­pa­rés ; ils sont aban­don­nés. Alors nous devons pen­ser à toutes ces âmes et sou­hai­ter par consé­quent que cessent ces per­sé­cu­tions injustes, dont nous sommes l’objet.

Je ter­mine, mes bien chers amis, en m’adressant par­ti­cu­liè­re­ment à vous, vous qui allez être ordon­nés prêtres dans quelques ins­tants, en disant : Gardez la foi en Notre Seigneur Jésus-​Christ. Tout est atta­ché à Notre Seigneur Jésus-​Christ. Et rien n’existe sans Notre Seigneur Jésus-​Christ. Ni rien du monde natu­rel et rien du monde sur­na­tu­rel, sans Jésus il n’y a plus rien. Jésus est le Créateur de toutes choses ; Jésus est le Rédempteur de toutes les âmes. Sans Lui il n’y a aucun espoir ; sans Lui il n’y a aucun être, aucune exis­tence possible.

Alors quels sont les carac­tères essen­tiels de Notre Seigneur Jésus-​Christ que vous avez étu­diés dans votre théo­lo­gie : Jésus-​Christ c’est le Sauveur ; Jésus-​Christ c’est le Prêtre ; Jésus-​Christ c’est le Roi.

Voilà les trois attri­buts essen­tiels de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Par le fait même de son union hypo­sta­tique, c’est-à-dire de son union à Dieu Lui-​même dans une seule Personne.

Alors ces trois attri­buts : Sauveur Rédempteur, Prêtre, Roi, où sont-​ils concré­ti­sés ? Où les vivons-​nous ? Comment les apercevons-​nous ? Dans la Sainte Messe ! Dans la Sainte Messe, Notre Seigneur Jésus-​Christ est le Rédempteur. Qui pour­ra nier cela ? Le Sacrifice de la Croix, mais c’est sa Rédemption, c’est la rédemp­tion de Notre Seigneur. Par consé­quent, en offrant le Saint Sacrifice de la messe, vous contri­buez à la Rédemption de Notre Seigneur Jésus-​Christ, à la Rédemption que Notre Seigneur Jésus-​Christ a accomplie.

Prêtre : Mais où est-​Il plus prêtre que dans le Saint Sacrifice de la messe ? C’est Lui le Prêtre. Vous n’êtes que ses ministres ; vous n’agissez que dans la Personne du Christ, qui est le vrai Prêtre. Par consé­quent le Saint Sacrifice de la messe, c’est encore Notre Seigneur Jésus-​Christ dans ses attri­buts essentiels.

Et enfin Roi. Regnavit a ligno Deus. Notre Seigneur a régné par le bois de la Croix. C’est là son trône. C’est là sa cou­ronne ; c’est là qu’Il a conquis le monde et qu’Il a droit à la royau­té. Alors c’est aus­si dans le Sacrifice de la Messe que sa royau­té éclate d’une manière abso­lue et nous devons tous être sou­mis à Lui et nous devons tous le révé­rer et l’adorer et le remer­cier comme Roi.

Par consé­quent Rédempteur, Prêtre et Roi, c’est le Saint Sacrifice de la messe. Et par consé­quent toute votre vie et tous les jours vous retrou­ve­rez Notre Seigneur dans ses attri­buts essen­tiels et vous participerez.

Pauvres créa­tures que nous sommes ! Participer à ce que Jésus-​Christ a d’essentiel : Participer à sa Rédemption, par­ti­ci­per à son sacer­doce, par­ti­ci­per à sa royau­té, quelle res­pon­sa­bi­li­té ! Quelle res­pon­sa­bi­li­té devant tout le peuple fidèle ; quelle joie pour vous, pro­fonde, et dans quelle humi­li­té vous devez accom­plir ces saints Mystères. Et avec quelle joie vous devez faire par­ti­ci­per aus­si votre peuple fidèle de ces attri­buts de Notre Seigneur par la Sainte Communion, par l’Eucharistie, en don­nant Jésus-​Christ Lui-​même. Quelle joie ! Rien n’est plus beau que le prêtre dis­tri­buant la Sainte Eucharistie. Rien n’est plus grand ; rien n’est plus sublime ; rien n’est plus riche en ver­tus, en dons, en grâces. Les fidèles attendent cela de vous.

Alors, soyez fidèles, mes bien chers amis, soyez fidèles à tout ce qui vous a été ensei­gné ici à Écône et qui n’est autre que l’écho de ce que l’Église a tou­jours ensei­gné. Demeurez atta­chés à votre sémi­naire, demeu­rez atta­chés à ceux qui vous a fait prêtre ; demeu­rez atta­chés à la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X.

C’est de cette manière que vous serez vrai­ment prêtres et qu’ainsi vous conti­nue­rez la Saint Église, en atten­dant de rece­voir votre récom­pense au Ciel, auprès de votre bonne Mère du Ciel, Mère du sacer­doce, elle qui vous a accom­pa­gnés ici à Écône, chaque jour.

Ah comme nous sommes ému tous les soirs, lorsque nous vous voyons age­nouillés devant la très Sainte Vierge Marie. Avant de prendre votre repos, vous dites quelques invo­ca­tions à la très Sainte Vierge Marie, vous confiant à elle ; lui deman­dant de vous sou­te­nir ; lui deman­dant de vous aider à deve­nir de saints Prêtres.

Eh bien, désor­mais, vous voi­là prêts à par­tir, prêts à aller, comme dit Notre Seigneur : « Allez, ensei­gnez toutes les nations » (Mt 28,19), allez ensei­gner l’Évangile. Et c’est ce que vous ferez, accom­pa­gnés de toutes nos prières aujourd’hui, de la prière de vos parents, de vos amis, de tous ceux qui vous aiment et qui vous sont unis, ici-​bas et dans le Ciel.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

5 juin 1980 9 sep­tembre 1980

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.